Par Lawrence Davidson – Le 30 octobre 2015 – Source Consortiumnews
Les boycotts économiques et culturels ont aidé à isoler l’Afrique du Sud de la suprématie blanche et ont encouragé son évolution vers une démocratie multiraciale. Une stratégie semblable a intensifié la pression sur Israël pour parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens. Mais aujourd’hui, il y a un nouvel effort pour contrer cette stratégie, note Lawrence Davidson.Continuer la lecture →
Pas d’espoir de liberté pour le peuple palestinien
Le gouvernement israélien ne veut pas leur laisser le moindre espoir et l’Autorité palestinienne n’a pas les moyens de leur en donner.
Depuis le début de l’explosion actuelle de violence en Israël et en Palestine occupée, de nombreux dirigeants étrangers, ainsi que le Conseil de sécurité des Nations unies, ont insisté sur l‘urgence de rétablir le calme. Au lieu d’appels au calme, un euphémisme pour la soumission palestinienne, il faudrait plutôt redonner un véritable espoir de liberté aux Palestiniens par des mesures de justice crédibles et efficaces.Continuer la lecture →
Vers une troisième Intifada : pourquoi Israël n’a aucun avenir au Moyen-Orient
Par Salah Lamrani (Sayed Hasan) – Le 19 octobre 2015 – Source sayed7asan
Le 9 septembre 2015, Sayed Ali Khamenei, le Guide suprême de la République islamique d’Iran, a réaffirmé la détermination inaltérable de son pays à libérer la Palestine et à mettre fin au soi-disant État d’Israël, la dernière colonie au monde, aussi barbare qu’elle est anachronique. Il a déclaré que malgré l’accord nucléaire, il serait illusoire et suicidaire pour quiconque de placer la moindre confiance dans les États-Unis, le Grand Satan et ennemi des peuples, pires que le Diable lui-même, dont la nature est telle qu’ils ne peuvent en aucun cas renoncer à leurs politiques impérialistes, et doivent par conséquent toujours être considérés comme des ennemis avec lesquels toute négociation ou contact sont interdits. Ce n’est pas là le langage du fondamentalisme religieux mais celui de la lutte des peuples pour leur auto-détermination, et Che Guevara ou Hugo Chavez n’ont pas utilisé d’autres termes pour décrire l’Empire américain. L’Iran ne peut et ne doit se baser que sur son développement et sur propre peuple pour se préserver des menaces et agressions extérieures, a-t-il déclaré.
Par Israel Shamir – Le 25 septembre 2015 – Source Unz Review
Ces jours d’automne sont les plus importants du calendrier au Moyen-Orient. Les musulmans célèbrent l’Aïd al-Adha, la Fête du sacrifice ; les juifs jeûnent à Yom Kippour, le Jour du Grand pardon ; et les chrétiens orthodoxes d’Orient se réjouissent de la nativité de Notre-Dame Marie. Il semble, de façon surprenante, que l’endroit à la mode en ce moment soit Moscou, où Poutine a reçu successivement, à un rythme soutenu, le Premier ministre Bibi Netanyahou, le président palestinien Mahmoud Abbas et le dirigeant turc Recep Erdogan.
Par Nadia Hijab et Alaa Tartir – Le 5 septembre 2015 – Source Ma’an News
AFP
Le Conseil national palestinien (CNP) doit se réunir ce mois-ci pour la première fois depuis 2009 pour accepter la démission de Mahmoud Abbas du poste de président de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), avec plus de la moitié des 18 membres du Comité. Le PNC a bien sûr la possibilité de rejeter tout ou partie de la démission et, en tout cas, Abbas gardera plusieurs autres casquettes : il restera le chef de l’État, le président de l’Autorité palestinienne, le commandant en chef et le chef du parti Fatah. De plus, tous ceux qui ont démissionné sont libres de se représenter.
Les Palestiniens, qu’ils résident dans leur pays ou qu’ils soient en exil, ne savent pas s’ils doivent rire ou pleurer devant ce spectacle qui pourrait annoncer un processus de succession. Abbas, qui a 80 ans, semble avoir choisi Saeb Erekat, qui a lui-même un lourd record de démissions, pour s’occuper de la communauté internationale, et le chef du renseignement Majid Faraj pour contrôler les affaires intérieures.
Les documents palestiniens ont révélé qu’Erekat s’était plié en quatre pour satisfaire Israël, au point de largement abandonner le droit au retour des réfugiés dans leurs foyers et leurs terres. Quant à Faraj, il a stabilisé la Cisjordanie d’une main de fer et il supervise la haïssable collaboration sécuritaire avec Israël qui maintient les Palestiniens sous le joug de l’occupation. Quel que soit le Comité exécutif qui est élu (ou réélu) par la PNC, il est peu probable qu’il aura beaucoup d’influence dans ces domaines.
Où tout cela laisse-t-il le peuple palestinien dans sa quête de justice et de droits humains? Le paysage est sombre, même s’il y a quelques lueurs d’espoir.
Sur le front politique, le fossé entre les deux principales factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas, se creuse de jour en jour. Le bruit court que le Hamas, qui n’est pas représenté au PNC, négocie un cessez-le feu à long terme avec Israël en dépit des démentis.
Au sein du Fatah lui-même, il y une lutte acharnée pour les plus hauts postes à l’approche de la septième assemblée générale prévue en novembre. On peut même craindre que les rivalités ne gagnent les rues et que les Palestiniens de Cisjordanie ne se retrouvent à se satisfaire d’un homme fort comme Faraj pour de simples raisons de sécurité.
Ces conflits internes handicapent la direction palestinienne et la rendent encore plus incapable de régler les nombreux problèmes rencontrés par les réfugiés palestiniens dans les pays arabes. Les réfugiés palestiniens de Syrie ne sont pas protégés par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et ne peuvent compter que sur ce que l’impécunieux Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) peut leur fournir. Les réfugiés palestiniens dans le camp de Ain Al-Hilweh, le plus grand du Liban, fuient les combats acharnés entre le Fatah et un groupe islamiste.
Le désarroi politique des Palestiniens dont Abbas a la charge laisse la voie libre à Israël pour poursuivre sa colonisation incessante de la terre palestinienne. Le vol de terre par les colons juifs et la destruction de secteurs palestiniens sont coutumiers. Israël n’a aucun mal à balayer les protestations de l’Union européenne et des États-Unis.
La nomination de Danny Danon pour représenter Israël à l’Organisation des Nations Unies montre bien que l’extrême-droite gouvernementale israélienne se moque bien de ce que peut dire la communauté internationale. Danon prône l’annexion de «la plus grande partie» de la Cisjordanie «avec le minimum de Palestiniens».
Il est difficile de voir quelle différence le plan de succession d’Abbas fera pour la protection des Palestiniens ou l’exercice de leurs droits. Les Palestiniens ont fait beaucoup de sacrifices pour que l’OLP soit reconnue comme leur seul représentant légitime. La légitimité de l’OLP, cependant, a été sérieusement ébranlée depuis que Yasser Arafat a signé les accords d’Oslo avec Israël. Sous le mandat de M. Abbas, la représentativité de l’OLP s’est réduite à des enclaves disloqués en Cisjordanie, où les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne ont servi de sous-traitant à Israël et favorisé son projet de colonisation illégale.
Il y a néanmoins quelques lueurs d’espoir. Les citoyens palestiniens d’Israël en offrent une. La façon dont ils ont surmonté leurs différences pour devenir le troisième plus grand parti aux élections israéliennes de mars dernier sous un leadership intelligent, sage et unifié devrait être un modèle pour le reste du peuple palestinien.
La société civile palestinienne en offre une autre : elle s’est relevée encore et encore de ses cendres avec détermination et créativité. Le Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) palestinien, qui a été institué il y a 10 ans, a contribué à consolider et à développer les actions dispersées de boycott et de désinvestissement aux États-Unis et en Europe. Il a mis les partisans d’Israël aux États-Unis sur la défensive et les a forcés à dépenser des millions pour contrer la lutte non violente des Palestiniens pour leurs droits.
Pourtant, il y a des limites à ce que la société civile peut faire. À l’heure actuelle, elle est assez forte pour contribuer à empêcher que les droits des Palestiniens ne soient laminés dans un accord avec Israël. Plus important encore, elle peut garder la flamme allumée jusqu’à ce qu’il y ait un renouveau significatif du corps politique. Les Palestiniens savent que, plus que toute autre chose, ils doivent recréer des institutions représentatives qui englobent Gaza assiégée et martyrisée et la Cisjordanie, les réfugiés dispersés à travers le monde arabe et les exilés désireux de rentrer à la maison.
Nadia Hijab et Alaa Tartir sont, respectivement, directeur exécutif et directeur de programme d’Al-Shabaka : Le Réseau politique palestinien.
Note du Saker FrancophoneCe rapport de l’ONU détaille la catastrophe humanitaire quotidienne que subissent les Palestiniens, en particulier à Gaza, et qui fait partie de l’une des plus grandes taches sur la conscience collective de l’humanité. Une véritable honte. Pendant combien de temps encore la France et l’Europe continueront-elles à soutenir un tel scandale?
«... J'en suis arrivé à reconnaître la sagesse de l'approche qu'avait Gandhi de la politique. Sa doctrine exprimait l'idée que la politique ne devait pas chercher à changer l'opinion publique, mais devait tenter d'amener les gens à agir sur ce qu'ils estimaient mauvais... L'un des dangers qui menacent les politiques radicales est leur aspiration à aller au-delà du sentiment populaire. Vous définissez vos propres conceptions du bien et du mal, et vous tentez de vous distinguer d'un public ignorant. Au final, vous aurez une posture politique des plus impressionnantes, mais au détriment de son efficacité.» Norman Finkelstein
Voir aussi la série d'articles de Finkelstein publiée par le Saker Francophone sur les rapports d'Amnesty concernant l'opération israélienne Protective Edge à Gaza en juillet 2014 évoqués dans cette entrevue.
Le Saker Francophone
Norman Finkelstein est un grand connaisseur, bruyant et controversé, du conflit israélo-palestinien, et l’un des critiques d’Israël les plus assumés et les plus incisifs. Aux côtés du célèbre historien israélien Benny Morris, il a récemment annoncé son association avec Byline, une plate-forme de financement participatif pour le journalisme indépendant. Il a l’intention d’utiliser ses articles pour récolter 100 000 dollars, qui seront donnés à l’hôpital Al-Awda de Gaza. Vous pouvez soutenir son travail et la campagne de financement à cette adresse. Nick Mutch a pu parcourir un premier jet de l’étude de Norman centrées sur les rapports émis par Amnesty International concernant la guerre de Gaza, et a pu discuter avec lui de ce nouveau projet par téléphone.
Nick Mutch (NM) : Votre dernier article présente une critique acérée des rapports émis par Amnesty International à propos de l’opération Bordure Protectrice, l’assaut israélien contre Gaza, l’été dernier. Vous vous attaquez notamment aux différences de traitement entre «des attaques de mortiers et de roquettes, illégales et meurtrières, par un groupe armé palestinien» (Unlawful and Deadly: Rocket and Mortar Attacks by Palestinian Armed Groups) et «Des familles sous les décombres : attaques israéliennes sur des maisons habitées» (Families Under the Rubble – Israeli Attacks on Inhabited Homes). Pourriez vous nous en dire plus?
Norman G. Finkelstein (NGF) : Je me suis plongé dans les rapports d’Amnesty, plein d’espoir et avec des attentes élevées, car j’avais en mémoire leur rapport 22 jours de massacres et de destructions (22 Days of Death and Destruction), qui avait été publié après l’opération Plomb Durci en 2008-2009. Je m’attendais à lire un rapport rigoureux, honnête et légalement cadré de ce qui a pu se passer sur place. Dans la bataille menée pour gagner l’opinion publique, nous avons besoin d’organisations comme Amnesty, qui possèdent une autorité morale certaine, pour faire pièce à la propagande israélienne qui fonctionne comme une machine bien huilée.
Mais je suis un lecteur des liens donnés dans un article, et je n’ai pu m’empêcher de remarquer que certaines sources, par exemple le ministère des Affaires étrangères israélien, étaient citées de façon extensive. Cette véritable antenne de propagande était citée comme une source sûre, alors que les enquêtes par des organisations humanitaires gazaouies respectées, comme al-Mezan, n’étaient même pas mentionnées. J’en suis arrivé à réaliser que les rapports d’Amnesty ne faisaient que reprendre la propagande israélienne, c’est à dire une image retouchée et embellie des horreurs infligées par Israël à Gaza.
Israël a détruit ou rendu inhabitables 18 000 maisons. Dans ‘Des familles sous les décombres’, Amnesty insinue que dans l’intégralité des cas étudiés, Israël ciblait des objectifs militaires, mais a utilisé une force disproportionnée. C’est un alibi parfait pour Israël. Toute personne familière avec le droit humanitaire international (les lois de la guerre), sait qu’il est impossible de prouver la disproportion. C’est un concept sans pré. Comment faites vous pour estimer combien de vies civiles valent un objectif militaire? C’est un cas classique de comparaison entre des pommes et des oranges.
Y avait-il vraiment 18 000 militants du Hamas dans ces 18 000 maisons? Si vous vous référez aux témoignages de combattants israéliens publiés par l’organisation Breaking the Silence, vous verrez qu’ils montrent qu’Israël avait deux objectifs à Gaza. Tout d’abord, lorsque les troupes entraient sur le champ de bataille, les règles d’engagement qui leur étaient imposées étaient les suivantes : tirez sur tout ce qui bouge, voilà tout. En d’autres termes, il n’y a pas de civil dans les zones de guerres identifiées comme telles. Ensuite : à chaque fois que vous entrez dans une maison, détruisez-là en sortant. Leurs bulldozers blindés D-9 fonctionnaient jour et nuit pour détruire les maisons rencontrées. En quoi cela avait-il un quelconque rapport avec le fait de prendre des militants pour cible?
Tirez sur tout ce qui bouge, voilà tout.
NM : Vous indiquez dans votre article qu’«Amnesty retombe dans ses vieux travers», mais vous considérez également que l’opinion publique dans le reste du monde est en train de se tourner contre Israël. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
NGF : De façon extraordinaire, malgré la propagande médiatique et l’immense pouvoir du lobby sioniste, l’opposition populaire à la politique d’Israël ne fait que croître. De plus en plus de gens ont vu au travers de la toile des mensonges, et sont en mesure de discerner la vérité. Quand les partisans d’Israël ont compris qu’ils avaient perdu la bataille pour l’opinion publique dans les segments libéraux des sociétés, comme les campus des universités et les organisations humanitaires, ils ont cessé d’agir avec des pincettes. Ils se sont mis à accuser quiconque était vaguement critique de la politique d’Israël d’être antisémite, et se sont mis à appliquer toutes sortes de pressions en sous-main. Par exemple, sur les campus universitaires, où l’opinion majoritaire s’oppose avec vigueur à la politique israélienne, des réseaux d’anciens étudiants juifs ont été mobilisés pour menacer de retirer leurs subventions.
Vous pouvez aussi vous référer au conseil d’administration d’Amnesty au Royaume-Uni, qui a récemment contribué à une nouvelle campagne anti-antisémitisme. Ils ont donné leur accord à la mise en place d’une campagne absurde. Avez-vous jeté un œil aux statistiques à ce sujet? D’après tous les sondages menés par des sources sérieuses, comme Pew, l’antisémitisme au Royaume-Uni concerne moins de dix pour cent de la population. Par contre, soixante pourcent de la population du Royaume-Uni a des préjugés envers les gitans, et quarante pour cent envers les musulmans. Et l’autre jour, une manifestation nazie au Royaume-Uni a été l’occasion d’un grand ramdam médiatique. Savez-vous combien de nazis se sont vraiment rendus à cette manifestation? Vingt. Mais le Guardian a tout de même cru bon de présenter en une un sondage a la fiabilité douteuse, annonçant des taux d’antisémitismes alarmants dans le pays. Les gens ont plus de préjugés envers les gens gros, petits ou laids [qu’envers les juifs]. Je suis prêt à parier que si vous demandez à n’importe quel Britannique s’il préfère être chauve ou juif, il choisira juif.
NM : Avez-vous déjà été personnellement en contact avec des manifestations d’antisémitisme ?
NGF : J’ai grandi dans un environnement totalement judaïsé, de la maternelle à l’université. Je ne connaissais pratiquement que des juifs. C’était comme si les non-juifs de l’école étaient inexistants, car les meilleures classes étaient entièrement constituées de juifs. Je connaissais bien quelques non-juifs, comme ça, mais nous ne nous mélangions pas. Ma génération de faisait pas grand cas de l’antisémitisme. Nous étions trop occupés à préparer nos plans pour nos futures carrières. En fait, beaucoup de mes anciens camarades ont brillamment réussi. Un grand nombre d’entre eux ont pu faire carrière dans leurs champs respectifs et ont fini directeurs de département dans une université de l’Ivy League, professeurs à l’Ecole médicale de Harvard, gérants de grandes corporations, directeurs de fonds spéculatifs, sénateurs. Ils étaient intelligents, bien sûr, vous aurez du mal à trouver votre place dans le monde, en partant d’en bas, si vous n’êtes pas intelligent. Mais ils étaient également très ambitieux, sans doute trop. Déjà, à l’époque, et je doute que cela ait changé, il ne s’agissait pas de gens très sympathiques. Ils n’auraient rien laissé se mettre en travers de leur ascension de l’échelle de la gloire, que ce soient des sentiments ou des principes. L’antisémitisme n’était même pas un sujet de discussion, car nous étions persuadés, et la suite à prouvé que nous avions raison, que si nous travaillions assez dur, tous les chemins vers le pouvoir et les privilèges nous seraient ouverts.
NM : Par le passé, vous avez émis des positions extrêmement critiques envers le mouvement Boycott, Divestment and Sanctions [BDS pour Boycott, Désengagement et Sanctions, NdT], le qualifiant de culte et d’«historiquement criminel». D’où vient votre désaccord avec ce mouvement?
NGF : Je suis en accord avec quatre-vingt-quinze pour cent des actions menées par BDS, mais pas avec leur charte officielle. La tactique qui consiste à utiliser divers instruments nonviolents comme les boycotts, le désengagement, les sanctions économiques, est évidemment appropriée. Il est inutile de tenter de convaincre les Israéliens au moyen d’arguments rationnels ou moraux. Vous ne pourrez pas plus les convaincre de la validité de la lutte palestinienne que vous n’auriez pu convaincre un blanc du Sud des USA de la pertinence des mouvements pour les Droits Civiques. Toute approche critique de l’action de BDS doit commencer par reconnaître la ténacité, l’ingéniosité et l’intelligence des activistes qui forment la base de BDS, et qui ont pu remporter un nombre impressionnant de victoires contre Israël.
Mon différend avec BDS vient du fait que je considère qu’il est impossible de gagner l’opinion publique sans affirmer clairement le droit à l’existence de l’État d’Israël, à l’intérieur des ses frontières reconnues par des accords internationaux. BDS refuse catégoriquement de prendre une telle position : ils affirment n’avoir aucune opinion quand au droit d’Israël à exister. C’est le meilleur moyen de se couper d’une grande partie du public.
BDS affirme être ancré sur le droit international, mais le droit international admet l’existence de l’État d’Israël. C’est pourquoi le pays est membre de l’ONU. Vous ne pouvez à la fois demander la reconnaissance des Palestiniens au nom du droit international et refuser cette reconnaissance à d’autres. Vous ne pouvez pas choisir quelle partie de la loi accepter, et en refuser le reste. Vous devez admettre l’ensemble de ce que stipule le droit international concernant les deux parties du conflit, et pas seulement vous occuper du côté qui a votre préférence. Si vous demandez que vos droits soient respectés, alors vous avez automatiquement l’obligation de respecter les droits des autres. Au final, chaque victoire atteinte par BDS l’a été en dépit de leur charte.
Vous ne pouvez pas choisir quelle partie de la loi accepter.
Les diverses résolutions votées dans les campus US américains, qui demandent le désengagement, s’attaquent à l’occupation [de Gaza par Israël], tout en reconnaissant explicitement l’État d’Israël. Si BDS se définit par sa charte officielle (ce que ses dirigeants affirment), il est difficile d’admettre que ces résolutions puissent être considérées comme des victoires pour BDS. En effet, celles-ci soutiennent directement la solution de deux États, sans que cette solution soit reconnue par la charte de BDS, et alors que de nombreux dirigeants et activistes du mouvement s’y opposent fortement.
De plus, BDS entretient l’illusion qu’en agissant seul, et sans le soutien d’une résistance populaire massive dans les territoires occupés, le mouvement sera capable de libérer la Palestine. Un dirigeant de BDS est allé jusqu’à proclamer récemment que ‘«BDS pourrait bien être la plus puissante forme de résistance du peuple palestinien jamais formée‘». Vraiment? Cela suppose donc que le nombre de Palestiniens qui ont participé activement à BDS est plus important que ceux qui ont prix part à la Grande Révolte arabe de 1936-1939 ou à la première intifada? Ce dirigeant semble confondre le peuple palestinien avec les ONG financées par l’étranger qui fleurissent à Ramallah. Un autre dirigeant de BDS vient d’affirmer: «Concernant Gaza, nous considérons que le seul espoir restant passe par un boycott d’Israël, et son isolation complète, jusqu’à ce que les résidents des camps de réfugiés gazaouis, qui forment la majorité de la population sur ce territoire, puissent retourner dans leurs villes et villages dont ils ont été chassés en 1948.»
Il est étrange d’entendre ces gens qui d’une part, fustigent les colons-impérialo-racistes-blancs-libéraux-sionistes occidentaux pour leur négligence envers la volonté palestinienne, alors que d’autre part, ils souhaitent voir la Palestine libérée, non pas par son peuple, mais par des pressions exercées depuis l’étranger. Ces affirmations, et les nombreuses autres semblables, provenant de la direction du BDS, s’apparentent à des illusions, mâtinées de délire et entrelacées de mégalomanie. Le révolutionnaire africain Amilcar Cabral a un jour affirmé : «Ne pas mentir, ne pas revendiquer les victoires faciles.» A mon avis, ce sage conseil devrait être mieux médité.
NM : De nombreux étudiants britanniques ont exprimé un soutien massif au mouvement BDS. Que pensez-vous du soutien apporté par les étudiants à ce mouvement ?
NGF : Je peux comprendre ces jeunes gens qui soutiennent la charte de BDS et la solution de l’État unique. Dans ma jeunesse, j’aurais agi comme eux. Cela vient en partie de l’idéalisme inhérent à une jeune personne. Un État séculier unique, sous lequel chacun puisse bénéficier des mêmes droits, est bien plus attirant à une sensibilité éclairée, que deux États basés sur des critères ethniques. Mais il s’agit aussi d’une posture qui se veut radicale : on cherche plus de pureté, à être plus en avant que tous les autres, quand une solution à deux États semble triste et pleine de compromis. L’âge n’a pas éteint mon radicalisme, mais mon investissement en politique se concentre moins sur moi-même, sur mon ego et mon souhait de présenter une pose radicale à la face du monde. Je cherche bien plus à trouver une solution efficace.
J’en suis arrivé à reconnaître la sagesse de l’approche qu’avait Gandhi de la politique. Sa doctrine exprimait l’idée que la politique ne devait pas chercher à changer l’opinion publique, mais devait tenter d’amener les gens à agir sur ce qu’ils estimaient mauvais. Chacun sait que le système a déjà une multitude de défauts inacceptables. Le problème vient du fait qu’il est rare que les gens agissent à ce propos. L’un des dangers qui menacent les politiques radicales est leur aspiration à aller au-delà du sentiment populaire. Vous définissez vos propres conceptions du bien et du mal, et vous tentez de vous distinguer d’un public ignorant. Au final, vous aurez une posture politique des plus impressionnantes, mais au détriment de son efficacité.
NM : Pourriez-vous nous parler de vos parents et de l’influence qu’ils ont eu sur vous ?
NGF : Cette année marque le vingtième anniversaire de leur mort. Mon père est mort en janvier 1995, et ma mère en octobre de la même année. J’aimerais pouvoir poser une plaque en leur mémoire dans un hôpital de Gaza (ce que je tente d’accomplir avec Byline.com). Bien sûr, il me faut considérer la possibilité qu’Israël, dans son délire abyssal, puisse bombarder l’hôpital pour détruire cette plaque. Cela s’appelle «apprendre les leçons de l’Holocauste».
Tout ce que j’ai pu accomplir dans ma vie l’a été en rétribution des souffrances que leur a causé la Seconde Guerre mondiale, et qui les ont marqués pour le restant de leur vie. J’ai eu l’occasion de dîner un soir avec deux honnêtes vétérans de la Seconde Guerre mondiale et leurs femmes, nées allemandes. La conversation en est venu à leur mariage avec ces deux vétérans, en Allemagne, après la guerre. Elles avaient toutes deux participé aux Jeunesses hitlériennes. Cela ne me dérangeait pas fondamentalement. De nombreuses personnes avaient rejoint l’organisation pour gravir les échelons de la société nazie, tout comme ils auraient rejoint les boys scouts. Ils avaient dû faire des compromis moraux, tout comme le reste d’entre nous. Mais à un moment, l’une de ces femmes s’est exclamée, avec comme un gémissement dans la voix: «Combien de temps les allemands auront-ils à vivre avec cet Holocauste?» Ma première pensée a été: «Mes parents ont dû vivre avec jusqu’à la fin de leur vie, alors peut-être est-il juste que les Allemands de votre génération (elle devait avoir 70 ans) vivent aussi cela le reste de leur vie.»
Au moins, faites briller le soleil, je vous en prie, rien qu’un rayon de soleil.
NM : Seriez-vous capable de nous parler d’un moment qui vous a profondément marqué ?
NGF : Il n’est pas exagéré d’affirmer que l’Holocauste nazi était partout présent chez mes parents, depuis ce nombre bleu tatoué sur le bras de mon père, en passant par les images de la famille de ma mère, accrochées au mur du salon, la vision de ma mère scotchée à l’écran de télévision durant le jugement d’Eichmann, et jusqu’à sa réaction hystérique en voyant des vidéos du Viêt Nam au journal du soir. A chaque fois que je coupe une échalote, je vais jusqu’à la racine, me rappelant la valeur que pouvait prendre le moindre légume dans la soupe qui était distribuée dans les camps de concentrations.
Hier, je faisais visiter le Washington Square à un ami néerlandais. Je lui parlais de tous ces hippies qui venaient s’y retrouver dans les années 1960. Puis je lui ai montré une vidéo de Hair, le spectacle de Broadway. La chanson la plus connue de la pièce était Let the Sun Shine (Laissez briller le soleil), qui était filmée au Washington Square dans la vidéo. Pourquoi est-ce que je vous parle de cela? Parce que lorsque ma mère entendait cette chanson, qui parle de hippies adorant le soleil, à chaque fois elle s’effondrait en larmes. Elle se revoyait déambuler dans les rues du ghetto de Varsovie, et prier «Au moins, faites briller le soleil, je vous en prie, rien qu’un rayon de soleil».
Et moi, qui ai atteint l’âge mûr de 61 ans, lorsque j’entends cette chanson, je ne pense pas aux hippies. Mais je pense à ma mère, parcourant le ghetto de Varsovie, dévastée, ravagée, sa famille exterminée, toute en os et sans muscles, contemplant les cadavres qui couvraient les rues, et elle qui ne pouvait que supplier: «Faites briller le soleil.»
NM : Le soleil est-il jamais revenu dans sa vie ?
NGF : Non. Elle a porté ce fardeau jusqu’à son dernier jour. Elle n’a jamais pu admettre l’idée que sa famille avait été exterminée. Ses deux sœurs, son frère, sa mère, son père. Elle n’a jamais pu l’accepter. En fait, même si elle l’avait pu, elle n’aurait pas laissé s’apaiser sa peine, elle ne voulait pas laisser leur disparition et continuer son chemin. Même arrivée à un âge où ses parents seraient morts de morts naturelle (elle est morte à 74 ans, mon père à 75), elle continuait à porter leur mémoire à chaque minute de chaque jour, et ce jusqu’à la fin de sa vie.
NM : Cela met-il nos problèmes en perspective ?
NGF : J’ai mon ego, j’ai mes bassesses, je souffre de chacune des faiblesses humaines, de nos afflictions narcissiques. Je suis bien souvent incapable de voir le choses de haut. Nihil humani a me alienum put, rien d’humain ne m’est étranger, était la maxime favorite de Marx. Nous sommes ainsi faits ; vous ne pouvez supprimer l’ego pour vous libérer et voir les choses de haut.
Traduit par Etienne, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone.
La vidéo (en anglais) ci-dessous vous en dit plus sur la campagne de financement lancée par Norman Finkelstein sur Byline, pour soutenir l’hôpital Al-Awda de Gaza
«Entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur, vous aurez la guerre.» (Citation attribuée à Winston Churchill ; il l’aurait prononcée après les accords de Munich, pour dénoncer l’abandon de la Tchécoslovaquie par la France.)
Par Sayed Hasan – Le 17 août 2015 – Source sayed7hasan
Le projet obscène de célébration de l’État terroriste d’Israël sur les rives de la Seine, tout juste un an après le dernier massacre à Gaza, a été conçu en mai 2015 par les maires de Paris et de Tel-Aviv, et fut préparé avec un soutien actif des gouvernements français et israélien. Révélé au public une semaine avant sa tenue, prévue le 13 août 2015, il a déchaîné une telle tempête d’indignation en France – politique, médiatique, sociétale, etc. – qu’il est rapidement apparu que l’ambiance de cet événement serait bien plutôt explosive que festive. Si bien que moins de 48 heures avant sa tenue, un collectif d’organisations de soutien au peuple palestinien 1 a été reçu par la Préfecture de police de Paris, et a obtenu un espace immédiatement adjacent à Tel-Aviv-sur-Seine et de longueur égale pour y organiser une contre-manifestation nommée Gaza-sur-Seine, en même temps que le projet soutenu par la ville de Paris.
CAPJPO-EuroPalestine, Droits Devant, Enfants de Palestine, PALMED France, L’Association des Palestiniens d’Ile de France, Les Amis d’Al-Rowwad, Nanterre Palestine, Saint-Ouen Palestine, Muslim-Mag, Collectif Judéo-Arabe et Citoyen pour la Palestine, Collectif contre le Racisme et l’Islamophobie. ↩
Matthieu 25 40
«Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche: Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges...»
Tous les Israéliens sont coupables d’avoir brûlé une maison palestinienne et ses enfants
Il est tout simplement impossible d’applaudir quand le commandant d’une brigade tire sur un adolescent palestinien, puis d’être choqué par des colons qui lancent une bombe incendiaire sur une maison habitée.
La France et la résurgence de l’indéracinable parti de l’étranger : la tradition collaborationniste française*
*NDLR: Ce n’est pas l’éternel entarté qui nous contredira : L’idéologie française (B-H Lévy)
Par Sayed Hasan – Le 12 août 2015–- Source sayed7asan
Le 13 août 2015, Paris-plages deviendra, pour 12 heures, Tel-Aviv-sur-Seine. Une idée brillante et, n’en doutons pas, très courageuse de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. Elle vient à point nommé pour commémorer le massacre israélien à Gaza durant l’été 2014, dans lequel plus de 2200 Palestiniens ont péri, dont 551 enfants, et alors même que les cendres du bébé palestinien Ali Dawabcheh, brûlé vif par des colons israéliens, sont encore fumantes. Il est vrai que cette fois-ci, ce n’était pas du phosphore blanc, mais de simples cocktails Molotov, et qu’ils ont causé à peine deux victimes : il faut décidément être aveugle pour ne pas voir qu’Israël est réellement engagé dans une saine voie de modération de sa politique palestinienne.