Les oliviers de Palestine. La destruction d’un symbole de paix.


Par Cesar Chelala – le 3 novembre 2015 – Counterpunch

Depuis quelques années les oliviers palestiniens, un symbole universel de vie et de paix, sont systématiquement détruits par les colons israéliens. « Cela va même en augmentant. Ce qui peut paraitre comme un acte de violence est en réalité une méthode utilisée par les colons pour pousser les fermiers palestiniens hors de leurs propres terres », comme l’a déclaré, il y a déjà quelques temps, une porte parole de Yesh Din, ONG israélienne recensant les incidents en Cisjordanie.

L’arbre, et l’huile produite avec, ont une importance matérielle et symbolique dans tout le Moyen Orient. L’olivier forme un aspect essentiel de la culture palestinienne, de son identité et de son héritage. Il est mentionné dans la bible, le coran et la torah. De nombreuses familles vivent de cet arbre [Wikipédia : entre 35 ans et 150 ans, l’olivier atteint sa pleine maturité et sa production optimale, NdT]

L’huile d’olive est un produit phare de l’économie palestinienne, le produit numéro un de la production agricole, représentant à elle seul 25% de toute la production agricole en Cisjordanie. Les palestiniens y plantent environ 10 000 oliviers par an, la plupart sont de l’espèce produisant de l’huile. L’huile d’olive est en deuxième position de la liste des produits exportés de Palestine.

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Une palestinienne tente de protéger son olivier

Mais depuis quarante ans, plus d’un million d’oliviers et des centaines de milliers d’arbres fruitiers ont été détruits. L’armée israélienne a été accusée de déraciner les oliviers pour faciliter la construction de colonies, de routes et d’infrastructures. Le déracinement d’oliviers centenaires a entraîné des pertes considérables pour les fermiers et leurs familles. Parallèlement, les cueillettes sont gênées à cause des couvre-feux, des barrières de sécurité et des attaques de colons. Le déracinement des oliviers par l’armée et les colons a pour but officiel de protéger les colons car les lanceurs de cailloux ou autres tireurs les utilisent pour se cacher derrière. « L’arrachage d’arbre est pour la sécurité des colons…Personne ne doit venir me dire qu’un olivier est plus important qu’une vie humaine » a déclaré un colonel de l’armée israélienne, Eitan Abrahams.

Par peur des attaques de l’armée ou des colons les fermiers « ne peuvent se rendre sur leur terre pour les travailler. Les colons pourchassent les fermiers, tirent en l’air, les menacent, confisquent leurs cartes d’identité et détruisent les récoltes » déclare B’Tselem, une ONG israélienne.

Aucune plainte pour destruction d’oliviers déposée au cours des précédentes années n’a abouti à une inculpation. Les dommages ont atteint des milliers d’arbres répartis entre Susya, les collines au sud d’Hébron jusqu’à Salem, dans le nord de la Samarie.

Rien qu’en avril dernier, les colons ont déraciné 450 oliviers sur les terres de Deir Istiya, au nord de Salfit. Puis 120 oliviers à Wadi Qana. Depuis 1967, 800 000 oliviers ont été déracinés par l’armée israélienne et les colons en Cisjordanie, selon les données de l’Autorité Palestinienne et l’Institut de Recherche Appliquées de Jérusalem. Cela a touché les revenus financiers de 80 000 familles.

Dans une note écrite sur le sujet, Atyaf Alwazir, un jeune musulman américain, a fait remarquer que le déracinement d’arbres sur les terres palestiniennes violait les accords de Paris, de la Haye et la Convention de Genève ainsi que l’accord sur les droits économique, sociaux et culturels.

Selon Sonja Karkar, fondatrice de Women For Palestine à Melbourne, en Australie, déraciner les oliviers est contraire aux principes de la Halakha (les lois religieuses juives) qui trouve son origine dans la Torah et qui stipule que « même si vous êtes en guerre avec une ville…vous ne devez pas détruire ses arbres.»

Par contre, de nombreux activistes juifs aident à replanter de nouveaux oliviers et remplacer ceux arrachés par les colons israéliens. A plusieurs occasions, l’association Rabbins pour les Droits de l’Homme a donné de jeunes plants aux communautés palestiniennes affectées par les déracinements.

Mais que veulent les colons ? Continuer a détruire les moyens de subsistance des palestiniens en toute impunité ? Créer une terre stérile, impropre à la culture et aux hommes ? Intimider, terroriser et punir ceux qui résistent à leur stratégie  On devrait peut être leur rappeler ces vers de A.E. Housman

Give me a land of boughs in leaf,A land of trees that stand;Where trees are fallen there is grief;I love no leafless land. Donne-moi une terre de branches et de feuillages,Une terre d’arbres debout;Le deuil accable, là ou sont tombés les arbres, Je n’aime pas les terres sans feuilles.

 

Dr. Cesar Chelala est le co-auteur gagnant, en 1979, du prix du Overseas Press Club of America pour l’article “Missing or Disappeared in Argentina: The Desperate Search for Thousands of Abducted Victims.”

Traduit par Wayan, édité par jj, relu par jj pour le Saker Francophone

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