La théorie de l’échec – par Orlov

Par Philippe Grasset – Le 6 mars 2015 – Source dedefensa.org

Préambule

Philippe Grasset analyse en détail un texte d’Orlov en le connectant à ses propres intuitions, bien connues de ceux qui suivent depuis longtemps l’évolution de ses conceptions méta-historiques. Le côté décalé et paradoxal de l’approche d’Orlov, persifleur comme dirait Philippe Grasset, ne doit pas masquer le fait, par ailleurs relevé par un lecteur dans un commentaire de son article sur dedefensa.org , que la conduite par les Américains des affaires de la planète n’est pas un échec pour tout le monde. La théorie du chaos pour les 99% et des intérêts pour le 1% restant n’étant finalement que les deux faces de la même pièce de monnaie.

Le commentaire en question

Echec de qui, de quoi ?
Frédéric GUILLIEN 06/03/2015

Quand on consulte l'évolution des transnationales et de leurs pouvoirs, on ne peut que constater que la politique système est un énorme succès. Y compris quand une campagne militaire comme l'Irak ou l'Afghanistan se termine en fiasco géopolitique (et encore, est-ce tant un fiasco que cela ? Le chaos est-il tant un fiasco que cela ? il permet de justifier d'autres ponctions sur le grand nombre, au nom de la lutte contre le chaos...)

Le Saker Francophone

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Un assassinat pour notre temps de crise

Par Philippe Grasset – Le 2 mars 2015 – Source Dedefensa

 Il y avait une logique attendue face à cette sorte d’événements, dans tous les cas la raison nous le disait. Mais il faut se méfier de l’emploi exclusif de la raison pour la prévision, parce qu’elle est devenue, plus ou moins développée, la raison-subvertie par le Système ; même chez ceux qui parviennent à lutter contre l’influence du Système et qui le font en toute conscience, leur raison n’en subit pas moins quelques effets (et en général ils le savent et s’en gardent à mesure). C’est pourquoi il faut se garder de sacrifier à la prévision selon le mode classique rationnel (refuge de l’inconnaissance) et, une fois placé devant l’événement, encadrer strictement sa raison de l’expérience et surtout de l’intuition dont on doit espérer qu’elle est haute. Nous faisons ces considérations générales à propos de l’assassinat de l’opposant à Poutine Boris Nemtsov, vendredi soir, en plein cœur de Moscou, à quelques jets de pierre du Kremlin.

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Le «spectre de la guerre nucléaire» s’installe

Par Philippe Grasset – Le 12 février 2015 – Dedefensa

Il commence à apparaître que la conscience de la possibilité d’une guerre totale, c’est-à-dire la possibilité d’une guerre nucléaire, existe dans la logique folle de la crise ukrainienne. Les causes de cette prise de conscience sont sans doute diverses mais tournent autour de la politique US – non-politique assimilable à la politique-Système fondée sur le développement incontrôlé d’une surpuissance agressive, marquée dans son plus récent spasme par l’exploration de la possibilité de livrer des armements avancés à Kiev. Paul McAdams, du Ron Paul Institute, propose cette explication à l’absence des USA dans les négociations du quartet de Normandie qui contient en soi la cause de cette prise de conscience du risque nucléaire, sous la forme d’un rapport dont le Système a le secret. (Rassembler des noms prestigieux à Washington – Ivo Daalder, Michele Flournoy, l’amiral Stavridis, Strobe Talbott, etc.; sous l’égide de trois prestigieux think tanks évidemment complètement indépendants – Brookings Institution, Chicago Council on Global Affairs, Atlantic Council; conclure qu’il faut livrer très, très vite des armes à l’Ukraine pour défendre glorieusement son indépendance; la note de ces fournitures est même détaillée, selon une répartition qui fait honneur au sens de l’équité entre eux des généreux donateurs du complexe militaro-industriel, lesquels ont, pour ajouter la générosité au symbole, financé ce rapport… La conclusion est qu’il faut $3 milliards de quincaillerie pour l’Ukraine.)

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L’Allemagne, entre deux eaux très agitées

 

Par Philippe Grasset – Le 10 février 2015 – Source dedefensa

La rencontre Merkel-Obama à Washington, après les folies non autorisées par Washington de la semaine dernière, montre ce que nous nommerions un réalignement marginal sur les thèses US. Une autre interprétation est de parler de divergence tactiques, suggérant que les deux pays sont stratégiquement alignés. C’est l’image du verre à moitié vide ou du verre à moitié plein ; notre image du réalignement tactique indique que nous choisissons l’option du verre à moitié vide, non parce que nous aurions confiance dans le comportement pseudo-ferme de cette chancelière plutôt de fer-blanc, mais parce que nous ne voyons rien, dans les événements à venir et dans l’intransigeance-Système du fondement de la non-politique US, matière à remplir un peu plus ce verre vide – et plutôt diablement le contraire, certes.

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US-Ukraine dilemme:
Armer ou pas armer?
Là n’est plus la question

Par Philippe Grasset – Le 5 février 2015 –  Source Dedefensa

Des armes pour Kiev ? L’odyssée de l’An-124/UR-82072

Le commentateur US Wayne Madsen donne un intéressant article, le 3 février 2015 sur Strategic-culture.org. Cet article, extrêmement minutieux quant à l’odyssée d’un exemplaire précis de l’avion de transport stratégique ukrainien An-124, permet de comprendre combien le débat actuel lancé par les USA pour la livraison d’armes létales au régime de Kiev est de pure communication. (La différence entre armes létales et non létales est, à ce point, également pur artifice de communication. Un monstre de la taille de l’An-124 en pleine activité depuis de nombreux mois, d’une façon clandestine, indique sans aucune hésitation qu’il suffit de parler d’armes, ou de systèmes d’arme, sans précision hypocrite nécessaire.) L’article de Madsen s’attache à cette odyssée clandestine, ou disons non officielle puisque Madsen l’a mise à jour, de cet avion de transport Antonov An-124 immatriculé UR82072 appartenant à l’armée de l’air ukrainienne, sur plusieurs mois sinon plus d’une année (disons, depuis fin 2013). Il permet de comprendre que les livraisons d’armes à Kiev, y compris éventuellement en préparation du putsch de Kiev de février 2014, sont une routine stratégique complètement établie. Là, il ne s’agit plus de communication mais bien de réalités stratégiques en cours.

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Comment Victoria Nuland protège Russia Today

Par Philippe Grasset – le 28 janvier 2015 Source Dedefensa

On a vu ce que nous percevons comme l’alarme considérable que le succès du groupe RT (Russia Today) provoque au sein du bloc BAO [Bloc Américaniste-Occidentaliste], et surtout chez les anglo-saxons qui se jugent en général, d’une manière qu’ils prétendraient presque sincèrement objective tant ils sont touchants dans leur conviction, comme étant de très loin les maîtres de la communication. (Voir le 23 janvier 2015 et le 24 janvier 2015.) Le débat, aux USA toujours, continue, cette fois avec une voix inattendue pour défendre l’installation et la diffusion de RT aux USA, selon l’argument que l’influence et la diffusion de RT sont négligeables et sans effet réel d’influence. Cette “voix inattendue”, c’est celle de Victoria Nuland, meneuse de l’importante faction neocon/R2P au département d’État et particulièrement mise en vedette dans les entreprises extérieure de subversion des USA, particulièrement en Ukraine où elle fut la principale architecte du putsch US de février 2014. L’argument de Nuland est que RT n’ayant qu’une influence négligeable, ne présente aucun danger dans le système de la communication aux USA, et dans ce cas il faut appliquer le principe de la “liberté d’expression”, présenté constamment comme un droit fondamental constitutif de la spécificité de l’américanisme.

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L’Europe de Tsipras et le “coup d’État” de l’UE

Par Philippe Grasset – le 26 janvier 2015 – Source Dedefensa

La victoire du parti de Tsipras en Grèce est évidemment un événement d’une importance extrême, ne serait-ce que parce qu’il interrompt cinq années d’un traitement indigne et inadmissible de la Grèce. Pendant ce laps de temps, la Grèce a été soumis à une politique déstructurante et dissolvante dont l’essence même relève de la barbarie postmoderne toute entière opérationnalisée par le Système. La société grecque a été systématiquement déstructurée et dissoute au nom de l’austérité, avantageant les habituelles forces-Système et les milieux transnationaux à la fois coupables et profiteurs de l’opération, transformant le citoyen qui se place dans un ensemble collectif d’une société dépendant d’une nation et du bien public qu’elle doit assurer, en un individu isolé, sans la moindre protection, considéré comme un pion souvent inutile et coûteux pour le Système. Si ce n’est une barbarie dépassant tout ce qui a été fait jusque là par le caractère insidieux et totalitaire de la déstructuration et de la dissolution, alors le mot n’a guère de sens.

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Auschwitz, Russia Today et la guerre de la communication

 

Par Philippe Grasset – le 23 janvier 2015 – Source dedefensa

Le système de la communication étant la force dominante des relations internationales aujourd’hui, c’est dans ce champ particulièrement volatile et insaisissable que s’exercent les principaux événements. Eux-mêmes, ces événements, sont évidemment massivement sujets à des interprétations, à des manipulations, à des déformations, non seulement selon les intentions des acteurs politiques mais aussi, et plus simplement mais fondamentalement, selon leurs perceptions.

Ainsi la politique réinterprétée par la communication est-elle soumise aux contingences extrêmes de la psychologie comme principal instrument de la perception – et une psychologie elle-même soumise aux pressions de la communication. Ainsi les événements politiques constituent-ils aujourd’hui une matière extraordinairement malléable, de véritables artefacts élastiques, modelables, changeant de forme et échappant à toute classification. Nous nous attachons à deux épisodes actuels qui mettent en évidence cette situation d’une extraordinaire instabilité, où les enjeux se trouvent soumis à des pressions diverses qui ne cessent de brouiller leur véritable nature, sinon leur identification même. Le Système, qui est l’initiateur de cette situation, est loin d’en être le bénéficiaire…

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Charlie et le “retour” de Greenwald

Par Philippe Grasset, Dédefensa

Nous parlons d’un “retour” de Glenn Greenwald, le héros avec Poitras et Snowden de la crise NSA/Snowden parce que, depuis à peu près un an, ce polémiste et homme de communication qui a été la cheville ouvrière de cette énorme crise n’est plus dans nos préoccupations, ni dans le domaine des informations qui nous importent, – que nous jugeons, pour notre compte, d’une importance suffisante pour suivre l’évolution de la crise générale d’effondrement du Système. Il y a eu deux raisons à l’effacement de Greenwald pendant ce laps de temps. (Nous écartons l’hypothèse toujours présente dans le soupçon permanent d’un montage général, d’un “complot” qui auraient constitué le matériel de “fabrication” d’une crise-bidon NSA/Snowden. Nous jugeons l’hypothèse décidément d’aucun intérêt pour notre propos, – inconnaissanceregnante, – à partir du moment où les effets réels, gigantesques de la crise NSA/Snowden, ont effectivement eu lieu.) Continuer la lecture