L’alliance a été relancée, mais elle ne peut pas sauver l’Occident.
Par Adam Tooze – Le 18 mai 2022 – Source New Statesman
En novembre 2019, depuis le salon doré du palais de l’Élysée, où Charles de Gaulle tenait jadis sa cour, Emmanuel Macron avertissait ses concitoyens européens que l’Otan, l’alliance transatlantique qui sécurise l’Europe depuis 1949, était sur le point d’être en « mort cérébrale ». L’administration du président Donald Trump, à l’horreur des propres soldats américains, venait de retirer unilatéralement son soutien aux forces kurdes du nord de la Syrie, les sacrifiant à Bachar el-Assad et Recep Tayyip Erdoğan. En l’espace d’un an, les États-Unis allaient imposer des sanctions à la Turquie, membre de l’Otan depuis 1952, pour son achat de missiles anti-aériens russes. La désunion régnait.
Nous devons prendre du recul et adopter une vision à long terme concernant l’Ukraine. Cependant, le point de départ – de façon un peu contre-intuitive peut-être – doit être l’Afghanistan. Pourquoi ? Parce que l’Afghanistan est – et reste – le modèle du bourbier déterré par un Occident qui a perdu ses cojones civilisationnelles pour se battre, autrement que par le biais de mandataires éloignés et d’une infoguerre sous faux drapeau. 
Par 
Les forces russes auraient saisi la majeure partie de la ville de Severodnetsk dans l’est de l’Ukraine, qui représente le dernier bastion ukrainien et la dernière grande ville de la région de Louhansk. Il y a moins de 24 heures, de nombreux médias internationaux rapportaient que les forces russes avaient pris la moitié de la ville.

Il est généralement bon d’éviter d’attribuer des intentions malveillantes à des actions qui s’expliquent par la simple stupidité. Mais dans le cas présent, la simple stupidité ne peut expliquer la longue et régulière procession d’erreurs de politique étrangère sur trois décennies, toutes visant spécifiquement à renforcer la Russie. Il n’est pas possible d’affirmer qu’un surplus d’orgueil démesuré, d’ignorance, de cupidité et d’opportunisme politique et un manque d’analystes de politique étrangère compétents peuvent produire un tel résultat, car cela reviendrait à affirmer que quelques singes armés de perceuses, de moulins et de tours peuvent produire une montre suisse. Mais la seule alternative serait de prétendre qu’il existe un réseau d’agents du Kremlin infiltrés dans les entrailles de l’État profond américain et qu’ils travaillent tous de concert pour promouvoir les intérêts de la Russie tout en maintenant méticuleusement un déni plausible à tous les niveaux de l’opération.