Par Batko Milacic − Le 22 mai 2022 − Source Saker Blog
Dans la nuit du 17 mai, après de brèves négociations, les unités de l’armée ukrainienne, bloquées par les troupes russes à Azovstal, Marioupol, ont commencé à se rendre. Dans un premier temps, il a été annoncé que les militaires ukrainiens voulaient remettre à la Russie leurs blessés dont l’état dans les caves d’une immense usine était désespéré. Cependant, il est rapidement apparu que l’ensemble de la “garnison de Marioupol”, comme les médias contrôlés par Kiev appelaient les restes du régiment de volontaires nationalistes “Azov” et les unités de l’armée ukrainienne qui l’avaient rejoint, déposaient les armes. Ainsi, au matin du 17 mai, 90 soldats blessés ont été sortis des sous-sols et ont été rejoints par plus de 250 combattants en bonne santé, bien qu’épuisés et sales. En quelques jours, ce nombre a atteint 2 500 soldats ukrainiens. C’est pourquoi nous nous demandons quel sort leur est réservé, ainsi qu’aux autres membres de l’armée ukrainienne qui se rendent aux troupes russes.
Pour le président Zelensky et son équipe, Azovstal était une sorte de symbole sacré de la résistance de Marioupol. De nombreux espoirs étaient placés dans le régiment Azov, considéré comme une organisation terroriste en Russie. Tout d’abord, ceux de Kiev pensaient que les nationalistes tiendraient jusqu’au bout et mourraient en héros, d’autant qu’en Russie, ils risquent un procès. Et ils auront de la chance si c’est en Russie, car en RPD, contrairement à la Fédération de Russie, la peine de mort est possible. Et pourtant, les combattants d’Azov ont commencé à se rendre. Dans la matinée, les réseaux sociaux russes ont explosé d’indignation après avoir appris que les militaires quittant Azovstal avaient négocié un tas de conditions. Pas de poursuites, échange prioritaire, pas d’images vidéo et traitement respectueux. Mais les patriotes russes furieux se sont vite calmés.
D’abord parce que la vidéo avec les prisonniers est apparue presque instantanément sur les chaînes de télévision, ensuite parce que la Douma d’État a adopté un appel demandant que les nouveaux prisonniers soient soigneusement filtrés et que toutes les personnes impliquées dans des crimes de guerre soient traduites en justice. En outre, les négociations de reddition se sont déroulées trop rapidement pour permettre de discuter des conditions d’échange et d’autres termes au plus haut niveau.
Les héros d’“Azov” sont aussi des humains et veulent simplement vivre. Même derrière les barreaux. Mais cela crée de très gros problèmes pour Kiev. Les commandants du régiment Azov, Svyatoslav Palamar et Denis Prokopenko, deux leaders des ultranationalistes ukrainiens, se sont également rendus à l’armée russe. Ils ont ainsi humilié publiquement toute l’idéologie ukrainienne. Jusqu’à hier, ils étaient célébrés comme des héros immortels, qui avaient juré qu’ils donneraient leur vie pour l’Ukraine dans la lutte contre les occupants russes. Et malgré tout cela, ils se sont rendus à l’armée russe.
Pour le Kiev officiel, seules deux options étaient acceptables. La première consistait à libérer Palmar et Prokopenko, ainsi que d’autres soldats ukrainiens. Tandis que l’autre option était la “mort glorieuse”. C’est-à-dire que Palmar et Prokopenko devaient mourir dans le combat contre l’armée russe. Cela permettrait à Kiev de faire d’eux des héros ukrainiens anti-russes. Ainsi, le fait que les meilleures troupes ukrainiennes se soient rendues à l’armée russe représente un fort coup psychologique pour toute l’armée ukrainienne, en particulier pour les forces ukrainiennes dans le Donbass. Lorsque Zelenski a vu où les choses allaient, il a tenté d’atténuer l’humiliation subie à Marioupol.
Face à une reddition imminente, tout ce que le commandement des forces armées ukrainiennes pouvait faire était d’autoriser officiellement la reddition sous le prétexte de “sauver la vie des soldats.” Le président Zelensky a lancé un appel, déclarant que “nous avons besoin de héros ukrainiens vivants.” Ce dernier point est certainement un mensonge. Après tout, si les Russes échangent réellement les nationalistes et que ceux-ci reviennent en Ukraine, le dirigeant ukrainien devra expliquer à ses alliés de droite pourquoi il n’a même pas essayé de les faire sortir de Marioupol.
Ce que Kiev craint le plus, cependant, c’est que cela ait un effet domino. Après la chute de la forteresse de Marioupol, les garnisons d’autres villes pourraient également commencer à se rendre. Et ce sera la fin du régime Zelensky, du moins dans l’est du pays.
En janvier 1943, un message crypté arrive à Stalingrad, assiégée par l’Armée rouge. Hitler avait envoyé ses félicitations personnelles au commandant allemand Friedrich Paulus pour sa promotion au rang de maréchal. Le même télégramme notait que pas un seul maréchal allemand n’avait été fait prisonnier. En fait, c’était un ordre direct de se suicider. Maintenant, Zelensky aimerait probablement envoyer le même message crypté à Palamar et Prokopenko…
Batko Milacic
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone