Par James Howard Kunstler – Le 11 avril 2016 – Source kunstler.com
Le mystère est enfin révélé: pourquoi l’ensemble des candidats pour le poste de président se trouve-t-il à un niveau si uniformément bas côté confiance, crédibilité, antipathie? Pourquoi n’y a-t-il pas de candidats avec une véritable substance, des principes, et surtout du charme dans cet écheveau de basilics politiques? (Certes, il y a beaucoup de gens avec un fond et des principes ailleurs en Amérique – ils n’osent pas chercher le travail de responsable symbolique de ce bordel fait de rackets chancelants.) La raison en est que les problèmes sont insolubles, au moins pas dans les conditions acceptables de l’air du temps, à savoir le désir secret de garder tous ces rackets à tout prix.
C’est vrai, d’ailleurs, de toutes les parties concernées, des 0,001% de cette classe de milliardaires arnaqueurs, aux étudiants de deuxième année illusionnés et pleurant pour obtenir des «espaces sécurisés comme des utérus» dans leurs maisons étudiantes, aux multitudes banlieusardes accros au porno-sport, coincées avec un prêt impossible à rembourser, une voiture et des dettes dues à leurs études supérieures (et tout à coup, sans emploi rémunéré) et enfin aux bandes d’illusionnés des Black_Lives_Matter, qui n’ont pas remarqué que la vie des Noirs importe encore moins aux Noirs s’entretuant pour des baskets et des affronts personnels. Aucun de ces groupes ne veut vraiment changer quoi que ce soit. Ils veulent en fait préserver leurs prérogatives.
Les intérêts du 0,001% sont évidents: maintenir les flux de richesse théorique non gagnées et leurs rentes aussi longtemps que possible et les convertir aussi vite que possible dans des biens durables (îles des Caraïbes, paysages de Cézanne, lingots d’or), qui théoriquement les isoleraient de la colère de l’Histoire lorsque le centre ne tiendra plus. Les pauvres (et toujours plus pauvres) serfs de la dette, la classe moyenne d’autrefois habitant en banlieue, avec toutes les difficultés qu’ils traversent, ne peuvent pas imaginer vivre d’une autre manière, en mettant moins leur capital érodé dans la matrice du tout voiture dans la joie. Les étudiants maoïstes, guerriers de la justice sociale, apprécient la puissance surprenante et les sensations fortes de la coercition, d’autant plus qu’elle est dirigée contre leurs professeurs minaudant et leurs présidents de collèges rampant et soucieux de maintenir l’illusion que quelque chose comme l’apprentissage se passe dans les opérations de blanchiment d’argent que sont les études supérieures. La foule des Black_Lives_Matter veut seulement être excusée de son non-respect des normes de bonne conduite et de ses intimidations des autres groupes ethniques de l’Amérique comme tribut matériel et politique.
Il doit être évident que le prochain occupant de la Maison Blanche présidera à l’implosion de tous ces arrangements étant donné que, comme dans les mots immortels de l’économiste Herb Stein, si une chose ne peut pas durer éternellement, c’est qu’elle va s’arrêter. Donc, les seules personnes qui restent en position éligible sont:
- un bouffon de télé-réalité désarticulé [Trump, NdT];
- un maniaque évangélique ayant la guerre joyeuse [Cruz, NdT];
- un monstre narcissique du «c’est mon tour de tenir la plus haute fonction du pays» [Clinton, NdT];
- un cocker socialiste vaillant mais donquichottesque auto-proclamé, qui aurait pu se faire virer d’une télé réalité multi raciale [Sanders, NdT].
Ce sont ceux qui restent debout à mi-parcours des conventions. Personne d’autre, sain d’esprit, ne veut participer à ce jeu de malheur.
Samedi, l’impayable démocrate Hillary a perdu son septième affrontement d’affilée face au seul Don Quichotte éligible du Vermont, Bernie Sanders. Ce fut une semaine après que le Huffington Post a rapporté que l’équipe de campagne de Clinton avait littéralement acheté et payé l’ensemble des super-délégués des 50 États, pour soi-disant compenser son incapacité à gagner autrement des votes avec l’ancienne manière, visiblement démodée, des bulletins de vote exprimés. Je me demande pourquoi cela n’a pas provoqué de réaction dans les médias par la suite. Parce que c’est le pays où tout arrive mais où rien ne compte, et c’est vraiment tout ce que vous devez savoir sur la façon dont les choses fonctionnent aux États-Unis par les temps qui courent.
Les mandarins républicains sont apparemment en plein délire au sujet des sondages concernant Donald Trump dans les États où il reste des primaires. Si Trump se plante, pensez-vous qu’ils vont seulement remettre à Ted Cruz l’ensemble Couronne plus Sceptre de Ronald Reagan? (Ils préfèreront enfermer Ted à l’arrière d’un fourgon Chevy avec cinq narcos mexicains et une tronçonneuse.) Les initiés de l’establishment du Parti républicain ont déjà allumé des cigares en préparation de la plus grande salle enfumée de l’histoire politique des États-Unis, à Cleveland, le 20 juillet. Mais quel pauvre bougre vont-ils faire monter sur le podium pour obtenir une chose aussi odieuse? Qui veut être le gars dans le bureau ovale, quand Janet Yellen viendra un matin brumeux à Washington DC et dira: «Euh, Monsieur (Madame) … ce bordel dont vous avez entendu parler qui allait se casser la gueule …? Eh bien, euh, il vient de tomber.»
Quant aux démocrates, ils sont sur le point d’oindre le candidat le plus impopulaire de notre temps. Les foules de Black_Lives_Matter ont promis de mettre le chaos dans les rues des congrès du parti, et ne pensez pas qu’ils vont épargner Hillary à Philadelphie, peu importe combien de mensonges elle a débité le mois dernier en Caroline [fausses promesses aux populations noires, NdT]. Ce qui va se passer à Philadelphie va libérer et révéler toute la puissance mortelle des escadrons de la NSA du président Obama, quand la police militarisée circonscrira les émeutes et qu’Hillary sera étiquetée coupable par association.
Et voilà comment Kim Kardashian sera élue présidente.
James Howard Kunstler
Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone.