«Soumission» de Houellebecq : la peur de l’islam au service de la soumission à l’Empire.

Par Rosa Llorens, le 13 février 2015.

Les livres de Houellebecq se lisent toujours aussi facilement, grâce à son écriture blanche hypnotique, et à ses incursions dans le réel quotidien: ses mini-reportages (ici, à Rocamadour) et les adresses réelles et précises attribuées à ses personnages (rue des Arènes, avenue du Cardinal Mercier) offrent le charme de la maquette, on retrouve en petit, au format livres, des lieux proches. Mais ces dehors rassurants cachent (à peine) un pamphlet anti-musulman, à l’unisson de la déferlante médiatique.

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La voix de la France, l’ONU et la Russie
Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République.

Le 29 janvier 2015.

Monsieur le Président de la République,

Le fascisme est partout renaissant en Europe, singulièrement dans les pays désormais indépendants de l’ex-URSS, où des forces obscures très puissantes utilisent le néonazisme comme vecteur idéologique de leur émancipation nationale et de leur souveraineté territoriale. Dans ces milieux et au-delà, la crise ukrainienne, politiquement et diplomatiquement surexploitée pour dénigrer la Fédération de Russie, sert de prétexte à de multiples tentatives de réhabilitation du III° Reich, en particulier dans les pays baltes où les monuments commémorant la victoire de 1945 sont régulièrement profanés, avec la complicité passive ou explicite des gouvernements concernés.

L’Occident n’est nullement à l’abri de ces très dangereux débordements. Au mépris de ses statuts historiques, l’Union européenne tolère, en son sein, des formations qui ont pu impunément envoyer au Parlement plusieurs députés légalement élus quoique nazis autoproclamés.

Face à cette situation, qu’alimente et qu’aggrave une crise économique sans fin sur le vieux continent, la Russie soumet tous les ans, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, une résolution appelant à ne pas admettre «cette glorification des nazis et de leurs acolytes qui, en brandissant des croix gammées et en défilant le bras tendu, font ouvertement l’apologie de la xénophobie et de la supériorité raciale

Hélas, les États-Unis, le Canada et les îles Marshall votent systématiquement contre ce texte, et l’Union européenne – dont la France –, qui paraît en l’occurrence renouer avec le funeste esprit de Munich, choisit de s’abstenir. Opposants et abstentionnistes allèguent… le respect de la liberté d’expression pour justifier leur décision ! Sous le même prétexte, ils bloquent l’adoption de décisions similaires à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Lamentable et périlleuse attitude qui peut s’interpréter comme un blanc-seing délivré aux mouvements fascistes pour poursuivre leurs criminelles activités.

Le prétexte invoqué cette année pour le vote contre le texte ou l’abstention est la crise ukrainienne et l’« annexion » de la Crimée. Il faudrait faire comprendre à Vladimir Poutine que l’Occident ne tolèrera pas une Russie expansionniste. Ceci n’est bien entendu qu’un prétexte puisque en novembre 2013, alors que la crise ukrainienne commençait à peine et qu’il n’était pas question des mouvements séparatistes de l’est de l’Ukraine ni de la Crimée, le vote avait été le même. Plus remarquable encore le vote de décembre 2010, alors que le président russe était Dmitri Medvedev, réputé pour être plus proche de l’Occident que l’actuel président russe.

Il n’est pas acceptable que les initiatives russes sur le plan diplomatiques soient ainsi méprisées. L’énorme tribut payé par l’ex-URSS durant la Deuxième guerre mondiale l’interdit moralement. Les Résistants d’Europe, et en particulier français, savent ce qu’ils doivent à l’Armée rouge. Sans ses victoires décisives sur Hitler, la bataille mondiale pour la liberté n’aurait pas été possible et les Alliés n’auraient jamais débarqué en Italie ni sur les côtes de Normandie. Faut-il rappeler qu’à la date du jour J, le 6 juin 1944, la Wehrmacht était partout en déroute sur le front de l’Est et qu’Hitler avait donc, déjà, perdu la guerre ? Faut-il rappeler que, sans les sacrifices soviétiques, la France n’aurait jamais recouvré sa liberté ? Faut-il rappeler que, sans les victoires de Moscou, de Stalingrad et de Koursk – principales défaites militaires nazies – le monde n’aurait jamais pu s’affranchir du fascisme ni l’Organisation des Nations unies voir le jour ?

Nous voudrions aussi vous rappeler, Monsieur le Président, qu’au printemps et en été 1942, le général de Gaulle a en vain essayé de persuader les alliés d’ouvrir le « second front ». Si le général de Gaulle avait été écouté, ce sont des millions de personnes, en Union Soviétique et dans les camps de concentration, qui n’auraient pas perdu la vie. Faut-il vous rappeler que le débarquement en France proposé par le général de Gaulle a été remplacé par un débarquement en Afrique du Nord et que la première version du désormais célèbre « regime change » américain a eu lieu à ce moment là, les Américains ayant choisi le général Giraud à la place du général de Gaulle ?

La France qui, comme membre permanent du Conseil de sécurité, dispose d’un droit de veto, ne doit pas oublier l’histoire et ses enseignements. Elle ne doit pas oublier les responsabilités que lui confère le fait d’avoir pu, en 1945, s’asseoir à la table des vainqueurs. Elle ne doit pas oublier que sans la Résistance, sans l’engagement personnel du général de Gaulle sauvant depuis Londres l’honneur de notre pays, elle ne jouirait pas sur le plan diplomatique du poids et du prestige qui sont les siens. Par conséquent, sa voix, si écoutée dans le monde lorsqu’elle s’appuie sur ses principes historiques, repris et exaltés par le Conseil national de la Résistance, sa voix donc, ne doit pas se taire et doit se joindre au combat contre la renaissance du nazisme, c’est à dire défendre ses valeurs. Valeurs que vous avez invoquées lors de vos multiples interventions publiques, en particulier lors de la commémoration des débarquements en Normandie et en Provence. Il vous appartient donc de rompre, en tant que chef de l’État, avec la prudence coupable et veule d’une Europe dont l’inconsistance en politique étrangère ne cesse d’altérer le rayonnement.

En conséquence, les signataires vous demandent d’ajouter l’an prochain la signature de la France à celles des nations ayant déjà soutenu la résolution de la Fédération de Russie.

Armand Conan, résistant, membre du Comité départemental de libération du Morbihan

René Jassaud, résistant, ravitailleur du maquis «Camp Robert» (Var)

Colette Lacroix, résistante, membre du réseau SOE «Pimento» (Ain)

Antoine Payet, résistant, membre du groupe de «Saint Fons» (Rhône)

Paul Raybaud, résistant, membre du maquis «Camp Robert» (Var)

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L’OTAN tente une explication sur les propos de M. Poutine par la voix M. Stoltenberg, convaincant?

Par Toma – le 26 janvier 2015 – pour le Saker Francophone

M. Jens Stotlenberg, nouveau Secrétaire Général de l’OTAN et de ses légions s’activant aux frontières de l’Empire, semble éprouver des difficultés à apporter une réponse au commentaire de M. Poutine. L’OTAN aurait-elle quelque chose de commun avec l’Empire romain sous Néron?

On peut lire, en particulier sur le site de dedefensa.org qui théorise la rapidité des mutations dans notre (contre-)civilisation à l’aide de plusieurs concepts, dont la théorie du chaos constructif [1a], et la construction des narratifs de communication qui l’accompagnent aveuglement [1b]. Des concepts intéressants que l’on peut utilement mobiliser dans le cas qui nous occupe.

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Lettre ouverte du prêtre syrien Elias Zahlaoui à tous les Français…

Mes amis,
Qui que vous soyez et où que vous soyez, permettez-moi, devant le terrible assassinat de vos douze compatriotes de «Charlie-Hebdo», de vous présenter mes condoléances, particulièrement, à leurs familles, parents et amis.

Ce matin, (8 janvier), durant la Sainte Messe, je ne cessais de penser à ces malheureuses victimes, à leurs proches, et à vous tous, ainsi qu’à mes si nombreux amis et connaissances, que j’ai connus, lors de mes nombreux séjours et voyages, dans votre pays, voulus et organisés par l’Église de France, afin de répandre le message de Notre-Dame de Soufanieh de Damas, un message d’amour, d’unité et de paix.

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Quelle politique étrangère pour l’Allemagne?

Par Toma pour le Saker Francophone – 17 janvier 2015

Du milieu du XIXe siècle jusqu’en 1989, la question allemande a été au cœur de la diplomatie et des conflits européens et donc la politique étrangère de l’Allemagne a joué un rôle important dans la formation de l’Europe contemporaine.

Pourtant, l’Allemagne en tant qu’État-nation n’a véritablement existé que depuis 1871, lorsque le Reich a été proclamé dans la galerie des Glaces du château de Versailles. Mais la construction de l’unité allemande a été un enjeu important des relations européennes avant cette date, avec la révolution de 1848 d’une part, et l’arrivée au pouvoir de Bismarck d’autre part. Elle a conditionné les relations austro-prussiennes puis les relations franco-prussiennes. Otto von Bismarck, chancelier prussien à partir de 1862, a voulu faire l’unité allemande par « le fer et le sang », ce qui a provoqué des tensions avec les États susceptibles de faire obstacle à cette unité et à la grandeur de l’Allemagne. Le jeune Empire allemand n’aura ensuite de cesse d’être reconnu à l’égal des autres nations dans la diplomatie européenne. Cette volonté est une constante de la diplomatie allemande même si, de 1945 à 1990, elle n’a pu s’exercer que dans le cadre d’une « souveraineté limitée. » (1)

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Hypnose et vérité

Disons-le d’emblée, la vérité, ça n’existe pas. Ce qui existe, c’est la réalité. Même si Kant nous a appris qu’elle était inconnaissable. La vérité, ce serait le discours qui dirait la réalité sans la trahir. Or cela est impossible, puisque le discours, par nature, trahit ce dont il parle. Le mot n’est pas la chose. Et c’est parce que le mot n’est pas la chose, que le discours sur la réalité ne sera jamais la vérité. Mais alors, pourquoi parle-t-on de vérité ? On sent bien qu’il y a dans cette notion quelque chose d’essentiel, de capital, et en même temps d’insaisissable. On a besoin de la vérité comme de l’air qu’on respire. Renoncer à la vérité, ce serait comme accepter de vivre dans un air vicié.
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Du rêve américain au cauchemar de l’humanité
Le Patriot Act en action
Français, voilà ce qui vous attend au quotidien

15  janvier 2015

Préambule

Je me souviens d’une époque, où les mots États-Unis et America sonnaient comme une promesse, avaient une consonance de liberté.
C’était le pays ou tout était possible, comparé à notre vieille Europe, avec ses frontières, ses règles, ses traditions immuables. Il y avait même un sens religieux. N’était-ce pas en effet vers les États-Unis que les Pères pèlerins (Pilgrim Fathers), avec leur voilier le Mayflower [1], s’étaient enfuis d’une Europe oppressive, avec ses rois ou républiques ne respectant pas la liberté de conscience ? Qu’est-ce qui a donc changé pour qu’en 2014, tellement de gens se réveillent comme des résistants à ce qui est perçu aujourd’hui comme l’Empire du Chaos, participant chacun à sa façon au mouvement alternatif, comme nous ici via le Saker francophone ? [4]

Jefke pour le Saker francophone

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Sommaire

Le précédent historique de la mort d’une constitution
La Constitution des États-Unis : les éléments de la liberté
États des lieux en 2014
La persécution aux États-Unis depuis la guerre du Vietnam
Les États-Unis, état policière
Témoignage du front : la répression en place
Conclusion : l’Amérique ne fait plus rêver

De l’euphorie au doute

Comme mon père me le répétait souvent : « les Américains nous ont libérés des Nazis, y ont mis le paquet avec le Plan Marschall [2] et nous ont permis de devenir riches, de développer la pauvre Flandre ». Oui, je suis né dans les Flandres, en Belgique, non loin de la mer du Nord, à Bruges. Les restes de la Seconde Guerre mondiale se trouvaient juste à coté de chez moi, sous la forme de sinistres bunkers allemands. Il y en avait aussi dans les dunes à Zeebruges.

Ma mère et sa sœur faisaient partie de ces jeunes femmes allemandes qui se sont mariées avec un soldat Belge, la mienne avec un Flamand, sa sœur avec un militaire belge Wallon. Elle me parlait en allemand, je répondais en flamand. Dès que j’ai pu lire, les livres sur la guerre, le nazisme et ses atrocités se sont présentés naturellement à moi.

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Liberté d’expression
Dommages collatéraux

Voilà déjà quelques temps que les partis néo-fascistes européens ne sont plus voués aux gémonies et s’installent dans le paysage idéologique européen. De l’Aube Dorée en Grèce à Pravy Sektor en Ukraine en passant par le Vlams Blok flamand et le Front National chez nous. Le brouillard se dissipe, reste un champ de ruines dans un état policier européen en devenir.

Contribution de Thomas pour le Saker Francophone. Le 14 janvier 2015.

Avant le brouhaha qui a suivi l’exécution de Charlie, une chose mirifique était déjà apparue en France et en Europe.

On avait déjà commencé, avant que ce drame n’ait lieu, à accepter, par ci par là, les partis néo-fascistes européens.

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