Par Denis Griesmar,
Secrétaire Général de l’Association des Ouïghours de France, affiliée au Congrès Mondial Ouïghour. Ancien vice-président de la Société Française des Traducteurs.
Le 28 avril 2015 – Source Nouvelle Revue Universelle NRU, n° 38*.
Préambule du Saker Francophone
Dans sa démarche pour confronter les points de vue, le Saker Francophone donne aujourd’hui une tribune aux représentants du peuple ouïghour.
Cette initiative fait suite à l’article de Pepe Escobar Le Pakistan s’engage sur la Nouvelle Route de la Soie où il écrit :
Gabriele Battaglia, un analyste basé à Pékin, a détaillé comment la question du Xinjiang a été approchée selon le nouveau principe directeur de la politique ethnique du président Xi. L’idée clé, dit Battaglia, est de gérer le conflit ethnique entre les Chinois han et ouïghours [peuple turcophone et musulman sunnite, NdT] en appliquant les trois J : Jiaowang, Jiaoliu, Jiaorong, c’est à dire contact inter-ethnique, échange et mixage[version chinoise du melting-pot, NdT].
Pourtant, ce qui est essentiellement une poussée vers l’assimilation couplée à des incitations économiques est loin d’être un succès assuré; après tout, la politique au jour le jour du Xinjiang est menée par des cadres Han, non préparés, qui ont tendance à voir la plupart des Ouïghours comme des terroristes.
Beaucoup de ces cadres identifient toute agitation séparatiste dans le Xinjiang comme une provocation de la CIA, ce qui n’est pas totalement vrai. Il y a une minorité ouïghoure extrême, qui a été entraînée dans la mouvance du djihadisme wahhabite (j’avais rencontré certains d’entre eux dans les prisons de Massoud dans la vallée du Panjshir avant 9/11), et qui va se battre partout, de la Tchétchénie à la Syrie. Mais ce que l’écrasante majorité veut vraiment est le boom économique du rêve chinois.