La vie et la dignité de la vie


Par Marc Rameaux – Le 25 mars 2018 – Source Le troisième homme

Donner sa vie. Se sacrifier. N’en tressons pas plus de louanges : ceux qui ne pensent qu’à eux-mêmes nous jouent déjà cette comédie. Pour faire oublier qui ils sont. Pour que le soleil du combattant ne jette pas un contraste trop crû sur leur lâcheté.

Non. Ne pensons qu’à cet acte, au souvenir de ceux qui l’ont accompli et pourquoi ils l’ont fait. À ceux qui nous disent que la dignité de la vie doit être au-dessus de la vie elle-même. Dans des circonstances où l’extrême bassesse se voit répondue par l’extrême noblesse.


Déjà des cerveaux malades font un parallèle que seule leur petitesse leur a fait imaginer. Le sacrifice n’est pas une valeur en soi nous disent-ils. Après tout, les « djihadistes » font aussi le sacrifice de leur vie et pensent mourir en combattant.

Les esprits faussés trouvent des raisons là où leur seule lâcheté est présente. Ils ne voient pas cette évidence : seul celui qui a eu le courage d’affronter la vie, sa vie durant, montre de la noblesse à affronter la mort. Le sacrifice n’a de sens et de valeur que parce qu’il provient d’hommes et de femmes qui se sont accrochés à la vie, ont eu la ténacité et l’amour de la poursuivre, de tenir bon pour elle et pour les autres. Ils ont affronté durant des années le dilemme entre la vie et la dignité de la vie.

Le djihadiste ne donne pas sa vie, il la jette. Comme ceux qui n’ont aucun courage, car il n’a jamais montré auparavant qu’il savait tenir quoi que ce soit face à la vie. Face aux duretés de l’existence, il a toujours fui, s’est toujours défaussé, a constamment triché. Et se compose une attitude héroïque qui n’est que son ultime démission, l’aboutissement de sa lâcheté face à la vie dont il n’a pas le courage de tenir la tension. Tel est le visage de l’islamisme, qui ne doit pas être craint : comment avoir peur de ce qui n’est composé que de faibles et de lâches ?

Le courage ultime vient de celui qui s’est accroché autant qu’il le peut à la vie, durant toute sa vie. Et qui malgré son histoire et pour cette histoire, choisit à ce moment de la donner. Pour affirmer que la dignité de la vie surpasse la vie même. La mort de celui qui représente cette dignité répond à la mort de celui qui n’en a aucune.

Colonel Arnaud Beltrame, vous rejoignez dans la légende le Père Maximilien Kolbe, le roi Léonidas, Arie Wilner et les légionnaires de Camerone. Vous êtes ce que l’humanité produit de plus noble.

En ce dimanche des Rameaux, un chevalier chrétien est tombé. Il perpétue le souvenir de Celui qui a donné sa vie pour tous les autres, qui a coupé son temps pour que le temps des hommes se poursuive.

Il faut donc se réjouir. Comme la foule l’acclamant par les rameaux, à son entrée dans Jérusalem. La mort l’attendait, mais il n’y a rien d’étonnant à ce que cette dernière semaine de sa vie ait été saluée par l’allégresse. Il est entré en vainqueur et sa mort ne fut en rien une défaite, tout au contraire.

Car aujourd’hui Colonel Arnaud Beltrame, vous redonnez vie et espoir. Vous défendez tout à la fois la vie et la dignité de la vie, dans une tension que seuls les plus braves ont su affronter. Vous montrez qu’ils ne sont rien et qu’ils ne valent rien : ils le savent et vivent déjà dans la crainte. Aujourd’hui, grâce à vous, nous sommes vainqueurs.

Marc Rameaux

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