Nemtsov est un Boeing malaisien écrasé contre les murs du Kremlin

Par Mikhail Delyagin – Le 28 février 2015 – Source Fort Russ

Hello, chers amis,

Il est 3 heures du matin, donc je ne serai peut-être pas très cohérent.

Il y a trois heures et dix-sept minutes, une bonne personne et un très mauvais politicien, pas un politicien intelligent, Boris Nemtsov, a été assassiné.

J’ai été son son conseiller pendant un an et demi [lorsque Nemtsov était vice-Premier ministre de Russie dans le gouvernement Eltsine, qui a conduit le pays à la faillite et à une grave crise dans les années 1990 après les réformes libérales, Note de Kristina Rus] et, un jour avant le défaut de paiement, j’ai été viré, pas par sa faute, il a même essayé de me soutenir.

Ce qui est arrivé aujourd’hui est un sacrifice classique. Nemtsov ne comprenait pas à quoi il servait et où il était conduit. A mon avis, il n’a en tout cas pas compris ce qu’il lui arrivait.

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L’économie russe
Un mort encore bien vivant.

Par M K Bhadrakumar – Le 27 février 2015 – Source Bhadrakumar

Une phase d’intense propagande anti-russe par l’Occident, sans précédent dans l’ère de l’après-guerre froide, touche probablement à sa fin. Les propagandistes devaient nous faire croire que l’économie russe est en lambeaux ou en chute libre ou réduite à un déchet en raison des intelligentes sanctions occidentales ourdies par les Etats-Unis, et que tard ou tard Moscou serait contrainte de s’aligner sur le diktat de l’Occident au sujet l’Ukraine.

Mais rien de tel ne s’est produit. Ou plutôt si, la Russie a affirmé encore plus fort sa volonté de sauvegarder ses intérêts légitimes de sécurité. Sur le terrain, la Russie a manœuvré à partir d’une position de force alors que l’opinion occidentale est fracturée, avec une partie importante de son opinion publique qui se soulève, en Europe, contre des politiques de sanctions qui ne mènent nulle part mais font du tort aux intérêts européens. L’Union européenne est appelée à se prononcer dans les prochains mois sur la poursuite des sanctions ou sur une restauration souhaitable des relations commerciales, compte tenu des tendances encourageantes constatées dernièrement grâce à l’accord de Minsk qui, lentement mais sûrement, gagne du terrain dans l’est de l’Ukraine.

Maintenant que la marée de la propagande commence à refluer, l’opinion rationnelle fait surface. Bloomberg a rédigé un article d’opinion intitulé Non, Obama, l’économie de la Russie n’est pas en ruines, avertissant que les rapports prédisant la disparition imminente de l’économie russe pourraient s’avérer prématurés.

Le magazine d’intérêt national en ligne a publié un rapport, dans une veine quelque peu similaire, concernant un colloque intitulé Le Secteur de l’énergie en  Russie et la chute du prix du pétrole, qui s’est tenu mardi à Washington sous les auspices du Centre pour l’intérêt national. Les opinions exprimées étaient que l’impact des sanctions et la baisse des prix du pétrole sur l’économie russe ne doivent pas être exagérés, même si les opinions divergent pour prévoir que les prix du pétrole seront revenus aux alentours de $80 le baril d’ici la fin de l’année. Le rapport est ici.

En effet, l’avenir de la coopération énergétique de la Russie avec l’Europe devient ici le point central du débat. Sans doute, l’Europe cherche-t-elle à diversifier ses sources d’approvisionnement hors de la Russie, à réduire le niveau élevé de dépendance moyenne actuel de 30% pour l’approvisionnement en gaz. Mais une analyse récente du professeur James Henderson, senior fellow à l’Institut d’Oxford pour les études sur l’énergie, arrive à une conclusion surprenante, je vais le citer longuement:

«Alors que l'idée même d'un partenariat énergétique stratégique entre la Russie et l'UE a disparu, en fait, les relations commerciales resteront solides. La Russie ne veut pas devenir dépendante des exportations vers un seul client puissant, comme la Chine, et utiliser ses options européennes comme un élément d'équilibrage de la même manière que les ventes vers l'Asie sont actuellement utilisées pour faire un contrepoids géopolitique et commercial aux dirigeants européens. En outre, les ventes totales en Europe vont probablement rester la plus grande source de revenus pour Gazprom, car même si la Chine devenait le plus gros client unique, et bien que la relation entre la Russie et ses clients à l'Ouest soit susceptible de rester politiquement houleuse dans un avenir prévisible, les avantages mutuels d'une issue commerciale rationnelle dans le secteur de l'énergie empêcheront probablement toute rupture importante dans le commerce du gaz. En outre, si Gazprom poursuit sa stratégie de croissance par des livraisons aux plate-formes de redistribution [hubs, NdT] plutôt que par la livraison au consommateur final, sa position de négociation puissante, en tant que producteur à faible coût, avec de vastes ressources de gaz proches de l'Europe, pourrait finalement aboutir à une part de marché en pleine expansion sur le long terme plutôt que par un déclin qui semble actuellement être le résultat souhaité par l'UE.»

De toute évidence, la Russie continue de poursuivre une politique de l’énergie très ciblée, sans se laisser décourager par les prévisions apocalyptiques de chute libre de l’économie, politique fondée sur une estimation avisée qui est loin d’impliquer une cessation des relations avec l’Europe. Vue sous cette perspective, l’annulation par Moscou du projet de gazoduc South Stream devient un tournant dans sa stratégie d’exportation de gaz à long terme, provoqué par un concours de circonstances (comme la faiblesse de la demande de gaz, la législation anti-monopole de l’UE dans le secteur de l’énergie et le sentiment que Gazprom est moins bien accueilli que par le passé sur le marché européen), tournant qui invite à travailler sur une nouvelle plate-forme, à la frontière entre la Turquie et la Grèce, pour livrer du gaz dans l’Europe du Sud.

En effet, ceux qui se moquaient de la notion dite de Turkish Stream, d’abord vue comme un simple bluff de la Russie, sont de plus en plus nombreux à se taire et à comprendre que le projet est vital pour la Russie et pourrait être aussi réaliste que le projet Blue Stream existant pour la fourniture du gaz russe à la Turquie. Comme je l’ai laissé entendre dans un blog précédent – la Russie s’invite bruyamment dans la tente de l’UE – à propos de la possibilité d’extension des relations énergétiques entre la Russie et Chypre, la Russie se positionne ainsi intelligemment entre la Turquie et la Grèce comme un ami commun et un nouvel axe de l’énergie entre les trois pays pourrait bien se dessiner, ce qui renforcerait le profil de Moscou dans la région méditerranéenne.

Même une analyse récente par la Fondation Jamestown, un vétéran redoutable de la guerre froide, admet à contrecœur qu’«il est également de plus en plus évident que la coopération centrée sur l’énergie entre la Russie et la Turquie se traduira à Ankara par des mouvement politiques de rapprochement avec Moscou… à partir d’un point de vue stratégique encore plus large, la coopération énergétique de la Turquie et de la Russie apparaît comme un sérieux défi à la communauté euro-atlantique et à ses partenaires régionaux proches».

M K Bhadrakumar

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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M. Khazin, économiste russe:
Remarques pertinentes sur la situation grecque

Par Mikhail Khazin- Le 27 février 2015 – Source vineyardsaker

Un bref aperçu de la situation post-électorale en Grèce


Il y a un nouveau gouvernement en Grèce. Un gouvernement de gauche qui a une relation plutôt compliquée avec le droit sacré de la propriété privée, en particulier quand il s’ agit de la dette souveraine grecque. En d’autres termes, il se dirige vers le déclenchement d’une grosse crise de la dette dans l’UE (et peut-être avec un impact sur le monde entier). Mais, comme on nous l’a enseigné en 2008, une crise n’apporte pas seulement des problèmes, elle procure aussi de nouvelles opportunités. C’est pourquoi il est important d’avoir une compréhension en profondeur de la politique grecque, en particulier pour être en mesure de reconnaître qui bénéficiera de ces nouvelles opportunités. Pour pouvoir analyser la situation correctement, il est nécessaire d’expliquer un point très important, crucial même pour comprendre les événements qui se déroulent aujourd’hui dans l’UE.

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Les magasins de Kiev commencent à limiter la vente des aliments

Le 27 février 2015 – Source Fort Russ

Premières mesures de rationnement alimentaire à Kiev

De nombreux supermarchés de Kiev ont introduit des restrictions sur la quantité de produits alimentaires qui peuvent être achetés par un seul individu.

Le prix des produits dits de première nécessité [pour les groupes sociaux les plus démunis] a augmenté au cours des dernières semaines et les commerçants introduisent des restrictions sur les achats.

Ces restrictions ont déjà été mises en place par plusieurs supermarchés.

Une seule personne ne peut acheter en une seule fois que :

— 2 bouteilles d’huile de tournesol
— 2 paquets de sarrasin
— 3 à 5 Kg de farine (selon le magasin)
— 3 à 5 Kg de sucre (selon le magasin)

Beaucoup de chaînes de magasins ont affiché des annonces sur la nature des restrictions.

Il n’y a pas de limites sur le pain, les pommes de terre, le lait ou les produits carnés. Mais la variété des produits de ces catégories a considérablement diminué récemment.

L’Ukraine connaît également une croissance rapide des prix des denrées alimentaires et de l’essence. La Surveillance des prix a noté une augmentation des prix des légumes de 13 à 18 %, du pain et des pâtes de 3 à 5 %, du sucre de 2%, et du carburant de 18 %.

Commentaire de J. Hawk (Traducteur du russe à l’anglais):

Ce genre de chose mérite un examen approfondi.

Rien n’a plus de chance de faire sortir des millions de personnes dans les rues pour protester contre le gouvernement que le prix élevé des aliments et, plus encore, la pénurie alimentaire. Nous verrons bientôt si c’est un problème temporaire provoqué par la chute de la hryvnia et les achats de panique qui s’en sont suivis, ou si c’est le signe avant-coureur de problèmes plus graves.

Du point de vue politique, c’est la raison (pas une raison, mais LA raison), d’après moi, pour laquelle Kiev ne reprendra pas les combats de sitôt. Les crédits du FMI sont maintenant une question de vie ou de mort pour Kiev, et le FMI n’aime pas verser de l’argent à des pays qui minent leur propre solvabilité en menant des guerres civiles.

Ce qui ne veut pas dire qu’il y aura la paix.

Traduit par Dominique, relu par jj pour le Saker Francophone

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Brève financière:
Le rebond du rouble, jusqu’à quand?

Le 26 février 2015 – Source –  Russia Insider

MOSCOU, 26 Février (Reuters) – Le rouble russe s’est renforcé en dessous de 60 roubles par dollar jeudi, pour la première fois depuis le début du mois de janvier.

rub

A 10:05 GMT, le rouble a chuté légèrement, en recul à 60.07, mais toutefois encore en hausse de 2% sur la journée.

Le rouble est soutenu par un rebond du prix du pétrole, le Brent continue à se raffermir jeudi autour de $62.5 le baril.

[Pour rappel, le rouble russe était tombé à 70 RUB pour un 1 USD le 2 février 2015. Tombant même brièvement à 78,79 USD sur la journée.]

Traduit par Toma, relu par jj pour le Saker Francophone

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Bonnes nouvelles des BRICS

Le 26 février 2015 – Source Russia Today

L’Inde est favorable à la négociation d’une zone de libre échange avec l’union douanière dirigée par la Russie

Reuters/Ahmad Masood

L’Inde s’apprête à négocier un accord de libre échange avec l’Union douanière russe, la Biélorussie et le Kazakhstan au cours de ces six prochains mois, a annoncé le vice-ministre indien du Commerce et de l’Industrie Rajeev Kher.

Un groupe de travail russo-indien, constitué en novembre 2014, va étudier la négociation d’un accord global entre l’Inde et l’Union douanière.

Kher a expliqué que le groupe de travail avancerait des propositions ces six prochains mois et que le processus de négociations commencerait ensuite, rapporte l’agence TASS.

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L’Ukraine entre en hyperinflation

« bientôt nous nous promènerons avec des valises de billets »
Ukraine  - usa

Le vice-président US, Joe Biden et le premier ministre ukrainien Yatseniuk

 

Le mardi 24 février nous avions résumé la situation économique, politique et sociale en Ukraine comme suit :

« Un an après le coup d’état, l’ancien premier ministre ukrainien Serguey Arbuzov a déclaré à l’agence Tass, faisant écho à un mécontentement populaire croissant: «Un nouveau coup d’état ne peut pas être exclu en Ukraine». Alors que le cessez-le-feu de Minsk est déjà parti en lambeaux dans le vent de Debalstevo, la nation est en ruine: une nouvelle crise du gaz se profile alors que Gazprom menace de stopper à nouveau les livraisons en raison de retards de paiement, le contrôle des capitaux a été resserré alors que le prêt du FMI de 17,5 milliards de dollars sera insuffisant pour financer le budget, le gouverneur de la banque centrale fait face à des poursuites judiciaires alors que l’économie continue de s’effondrer. Tous ces facteurs ont entraîné une fuite massive des capitaux et la Hryvnia s’est crashée à 33 dollars US, un record (elle a perdu 70% de sa valeur). »

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Ali Khamenei, Guide Suprême de la Révolution Islamique: l’arme nucléaire est illicite en Islam

Par Sayed7asan

l’Occident craint un Iran développé et indépendant

Vidéo sous-titrée en français

https://www.youtube.com/watch?v=DIa8TfK0yDg

Dans ces extraits, Sayed Ali Khamenei révèle les véritables raisons de l’acharnement occidental contre l’Iran sur le dossier nucléaire. Il est utile de les rappeler au moment où un accord semblerait plus proche que jamais, ce d’autant plus que la voix iranienne n’est que rarement entendue. L’hostilité suscitée par l’Iran est en réalité due au fait qu’il s’agit d’un pays souverain qui, depuis la Révolution Islamique de l’Imam Khomeini en 1979, refuse de se soumettre à l’hégémonie politique, économique et culturelle des États-Unis et a atteint un très haut niveau de développement de manière indépendante. La question nucléaire n’est qu’un prétexte, car une fatwa de l’Imam Khomeini interdit catégoriquement les armes nucléaires, ce que personne ne pourrait remettre en cause en Iran. L’Imam Khomeini, et à sa suite l’Imam Khamenei, ont ouvertement déclaré la superpuissance impériale américaine et son cheval de Troie qu’est Israël comme des ennemis irréductibles, et ont œuvré de manière cruciale contre leur influence au Moyen-Orient. Tels sont leurs crimes impardonnables.

Version anglaise : khamenei.ir

Traduction française : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

 

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L’assassinat de la Grèce

 

James Petras

Par James Petra – Le 23 février 2015 – Source voltaire.net

James Petras a été directeur du Centre d’études européennes à Athènes (1981-1984) et conseiller du Premier ministre Andreas Papandreou (1981-1984). Il analyse la crise grecque et ses enjeux par rapport à l’Union européenne.

Yánis Varoufákis and Aléxis Tsípras

Le gouvernement grec est actuellement pris dans un combat pour la vie ou la mort avec l’élite de l’Union européenne qui domine les banques et les centres de décision. L’enjeu, ce sont les moyens de subsistance de onze millions de Grecs, ouvriers, employés et petits entrepreneurs, et la viabilité de l’Union européenne. Si le gouvernement de Syriza capitule devant les demandes des banquiers européens et accepte de poursuivre les programmes d’austérité, la Grèce sera condamnée à des décennies de régression, à la misère et à la domination coloniale. Si la Grèce décide de résister et se trouve contrainte de sortir de l’Union européenne, il lui faudra répudier 270 milliards d’euros de dettes étrangères, envoyant les marchés financiers internationaux au crash et provoquant l’effondrement de l’UE.

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Les US regardent la Chine
La Chine regarde le monde

Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 20 février 2015 – Source Russia Today

Proverbe chinois: quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt

La première économie mondiale est à la fête au moment d’entamer une nouvelle année du zodiaque chinois. Bienvenue dans l’année du mouton. Ou de la chèvre. Ou du bélier. Ou, techniquement, le mouton (ou la chèvre) de bois vert. Même les meilleurs linguistes chinois ne parviennent pas à s’entendre sur la traduction en anglais. Mais qui s’en soucie?

Reuters/Bobby Yip

Le Chinois moyen hyper-connecté – qui jongle avec ses cinq appareils intelligents (smartphones, tablettes, liseuses) – avance bravement vers une véritable révolution commerciale. En Chine (et dans le reste de l’Asie), les transactions en ligne représentent maintenant le double de la valeur combinée des transactions aux Etats-Unis et en Europe.

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