La Russie et l’Occident ont troqué leurs rôles, spirituel et culturel

«Les Russes sont de retour au christianisme dans un contexte moderne, contemporain et progressiste.

Ils connaissent bien le fruit amer de l'athéisme et n'ont pas d'appétit pour le désert morne et aride qu'il produit.

Les jeunes, les branchés, les sages et les riches expriment leur christianisme comme une chose tout à fait naturelle et simple.

Aujourd'hui, l'esprit du communisme se montre dans le culte occidental des droits de l'homme, de la liberté de parole et dans les notions utopiques de l'élite de la soi-disant société ouverte. Nous nous dirigeons vers le désert que les Russes ont été soulagés de laisser derrière eux.

Les Russes perçoivent les militants tels que Pussy Riot comme des bolcheviks des derniers jours.» Iben Thranholm

Par Iben Thranholm – Le 7 septembre 2015 – Source Russia Insider

Le sujet de cette interview est une journaliste danoise et théologienne qui a accueilli une série de cinq programmes, intitulés From Russia with Love sur la Radio nationale danoise de service public, Radio24syv, avec le sous-titre Un regard impartial sur la Russie de Poutine.

 

Dieu est à la mode en Russie

Inspirée par l’empereur Constantin, elle croit que le christianisme en Occident peut être rajeuni en regardant vers l’Est. Iben est consciente de l’énormité de cette tâche. «Telle est, hélas, la profondeur à laquelle la haine de l’Ouest pour le christianisme a coulé», explique la théologienne, qui ne craint pas de défendre le président Poutine, sur lequel les médias occidentaux se délectent à vomir la dérision et le mépris.

«Le cas de Pussy Riot m’a ouvert la porte de la Russie», explique t-elle.

J’ai compris que la Russie est un pays qui refuse de faire des compromis sur les valeurs chrétiennes. La Russie est non seulement un pays ou une nation, la Russie est un concept spirituel, un état d’esprit. La critique du président Poutine n’était pas le crime pour lequel les militantes ont été jugées et condamnées. Leur crime était l’invasion de la cathédrale du Christ Sauveur, le plus saint des lieux, et de se livrer à un acte blasphématoire devant les iconostases.

Thranholm lors d’un voyage récent à Moscou

En Occident, la liberté de parole est largement déployée dans le but de profaner la religion, mais la Russie ne permet pas de franchir la ligne rouge dans le blasphème. Cela m’a vraiment fascinée, et je me suis rendue à Moscou pour en savoir plus. Cela a finalement abouti à une série de programmes de radio pour essayer d’aider les Danois à aller au-delà des clichés caricaturaux fastidieux et inutiles et de leur offrir une vision nuancée de la Russie.

— Quelle est votre impression sur la Russie?

J’ai ressenti une formidable énergie, une énergie morale similaire à l’Amérique dans les années 1950, avec les anciennes valeurs morales. Je rencontrais des gens secourables, poétiques et cultivés avec un esprit de sacrifice, je ne l’ai pas vu avant. L’atmosphère à Moscou est complètement différente de celle de toutes les capitales en Europe, et à la différence d’ici dans l’Ouest, je me sens beaucoup plus libre spirituellement dans l’Est.

Alors que l’Occident se moque et renie le christianisme et que l’Europe se délecte du dégoût de soi, les Russes sont de retour au christianisme dans un contexte moderne et contemporain. Gardez à l’esprit que le christianisme a été supprimé sous le communisme, qui était athée. Les Russes connaissent bien le fruit amer de l’athéisme et n’ont aucun appétit pour le désert morne et aride qu’il produit.

La chose intéressante est que, en Russie, le christianisme est associé au fait d’être moderne et progressiste. Il est l’esprit de la jeunesse, des branchés, des sages et des riches, qui expriment leur christianisme comme une manière totalement naturelle et simple de vivre. Le christianisme est tout simplement à la mode, mais pas à la manière pop occidentale superficielle. Les racines du christianisme poussent en profondeur dans le sol de la vie russe, et ils regardent avec stupéfaction la façon dont nous protégeons, ou plutôt méprisons, notre héritage spirituel.

Non seulement cela : ils discernent, dans notre obsession de la rectitude politique et dans la police social-libérale exercée sur l’opinion par les médias en général et le monde universitaire en particulier, une nouvelle manifestation de la terreur du totalitarisme à laquelle ils se sentaient bénis d’avoir échappé après 75 années terribles. Après la guerre froide, Est et Ouest ont permuté leurs rôles spirituels, culturels et moraux. Le marxisme culturel domine aujourd’hui, sans frein, dans l’Ouest.

— Mais le communisme et la social-démocratie ne sont probablement pas comparables?

Permettez-moi de le dire d’une manière différente. Pendant le règne du communisme, la Russie se trouvait sous l’emprise d’une culture de la mort, mais elle est revenue à la vie, dans le sens de la culture chrétienne avec une forte prise de conscience des racines historiques et de la continuité.

La situation dans l’Ouest est tout le contraire. Nous célébrons la mort et nous avons vendu nos âmes à une vision satanique de l’homme dans une rage de bien-pensants et nous vociférons contre Dieu. Nous pouvons divorcer facilement en ligne sur internet. Nous privilégions le travail et la carrière par rapport aux responsabilités familiales, élever des enfants en particulier. Nous privilégions l’euthanasie, l’avortement sur demande, les droits des homosexuels et le mariage de même sexe alors que nos villes sont submergées par l’islam et une ségrégation croissante.

La Russie a choisi une direction complètement différente, et c’est l’une des raisons pour lesquelles beaucoup de Russes perçoivent les militantes de Pussy Riot comme des bolcheviks des derniers jours. Elles envahissent et profanent la sainteté de l’église, un lieu saint. L’Occident célèbre cela comme le progrès et la prospérité. Les Russes se souviennent que l’esprit du communisme est encore en vie. Il a simplement endossé de nouveaux habits et s’installe désormais dans l’Ouest, où les libéraux et les progressistes aiment et adorent Pussy Riot.

Aujourd’hui, l’esprit du communisme se montre dans le culte occidental des droits de l’homme, de la liberté de parole et dans les notions utopiques de l’élite de la soi-disant sociétés ouverte. Nous nous dirigeons vers le désert que les Russes ont été soulagés de laisser derrière eux.  Le patriarche Kirill a mis en garde l’Occident : «Ne prenez pas le chemin que nous avons pris. Nous avons essayé et cela conduit à la destruction!»

— Récemment, l’armée russe a mené un exercice basé sur le scénario d’une attaque au nord de la Norvège, Aaland, Gotland et Bornholm. Devons-nous juste tendre l’autre joue?

Eh bien, ce ne est pas la bonne manière de voir les choses. Les Russes font ces exercices en raison de la pression géopolitique que l’Otan crée par le déploiement de forces militaires hostiles le long de la frontière avec l’Ukraine et dans les anciens pays du Pacte de Varsovie.

La politique étrangère russe a longtemps été diabolisée. La Russie est obligé de répondre à une situation qu’elle n’a pas créée, ce qui n’est pas la même chose qu’une agression. Pourquoi la Russie devrait-elle accepter de se voir interdire un accès à la mer, de Saint-Pétersbourg à Vladivostok? Une telle chose est impensable. Avec une hypocrisie éhontée, l’Occident présente la Russie comme notre nouvel ennemi. La vérité est exactement le contraire. L’Occident est son propre pire ennemi.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone.

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