Netanyahu dépeint un sombre avenir économique pour Israël. Que cela veut-il dire ?


Par Yves Smith – Le 17 septembre 2025 – Source Naked Capitalism

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou est un politicien extrêmement rusé. Alors, que penser de ce qui ressemble à un aveu majeur en sa défaveur dans un discours prononcé face au comptable général du ministère des Finances, discours dans lequel il explique qu’Israël est acculé économiquement et n’a pas d’issue toute tracée ? Comme nous en discuterons, Netanyahou a tenté de revenir sur ses remarques le lendemain, quand le marché boursier israélien a subi un passage à vide et que les chefs d’entreprise et les politiciens ont protestés.

Mais ce que Netanyahou a dit ne peut pas être passé sous silence, en particulier à la lumière des preuves que l’économie israélienne a subi de graves dommages sous sa ligne de flottaison. Et quiconque possède une cellule cérébrale opérationnelle sait qu’Israël ne peut pas devenir une autarcie, ni même une autarcie en termes de sa propre fourniture d’armes. Larry Wilkerson, qui lit régulièrement la presse israélienne et y a de nombreux contacts, a répété à plusieurs reprises qu’Israël avait subi des dommages économiques et sociétaux si graves qu’il prédit que le pays n’existera plus dans dix ans.

Alors, qu’est-ce qui aurait pu amener Netanyahou à admettre une grave faiblesse tout en l’emballant dans un papier cadeau du genre “Israël est le David qui l’emportera contre vents et marées” ? Est-ce que la prédiction de Wilkerson commence maintenant à devenir douloureusement évidente même au plus haut niveau en Israël ? Ou Netanyahou essaye-t-il de créer une justification pour des actions encore plus radicales ?

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Pourquoi l’Iran est-il prêt à conclure un accord avec l’AIEA ?


Par Larry C Johnson – Le 19 septembre 2025 -– Source Son of the new american revolution

Grossi, l’inspecteur de l’AIEA,  en train de signer l’accord du Caire avec le ministre iranien des Affaires étrangères

On dirait que Donald Trump, avec ses laquais européens à la remorque, a dit à l’Égypte de foutre le camp. Après de laborieuses négociations, l’Égypte a négocié un accord entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), désormais connu sous le nom d’Accord du Caire. Il s’agit d’un accord technique, conclu le 9 septembre 2025 au Caire, entre l’Iran et l’AIEA, qui permet à l’AIEA d’inspecter les installations nucléaires iraniennes.

Voici les principales dispositions de l’Accord du Caire :

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Le service de renseignement israélien, le Mossad : le mythe des longs bras et la réalité de l’échec


Par Elijah J Magnier − Le 18 septembre 2025 − Source Blog de l’auteur

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a juré de « traquer » les dirigeants du Hamas où qu’ils se trouvent, avertissant que « leur vie sera courte si un seul cheveu des otages israéliens à Gaza est touché ». Dans le même temps, Israël bombarde la ville d’un million d’habitants en préparation d’une invasion terrestre, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir. Pourtant, le Hamas et d’autres groupes palestiniens ont clairement indiqué qu’ils ne quitteraient pas leurs positions. Les huit otages environ retenus à Gaza ont donc peu de chances de survivre à l’avancée israélienne, qui implique la destruction de quartiers entiers. En réalité, Netanyahou et la société israélienne savent que l’invasion équivaut à une condamnation à mort pour les captifs. Anticipant cela, Netanyahou déplace déjà la responsabilité : chaque fois que le Hamas annonce la mort d’un otage, il la présente comme un déclencheur de vengeance, promettant d’éliminer les dirigeants du Hamas et se vantant des « longs bras » du Mossad. En vérité, les longs bras du Mossad, si souvent célébrés, sont moins une preuve de force qu’une mesure de la complaisance dont bénéficie Israël.

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Le dominant génie « Israël d’abord » est sorti de sa lampe


Par Alastair Crooke – Le 18 septembre 2025 – Source Conflicts Forum

« Gaza est en feu ; l’État juif ne cédera pas« , proclame avec enthousiasme le ministre israélien de la Défense Katz : « Tsahal frappe d’une main de fer les infrastructures terroristes« . En fait, au cours des dernières semaines, Israël a frappé des « infrastructures » en Cisjordanie, en Iran, en Syrie, au Liban, au Yémen et en Tunisie en plus de Gaza.

Le soi-disant plan directeur de « l’Ordre fondé sur des règles » (s’il a vraiment existé, au-delà du narratif) a été déchiré en faveur d’un sionisme violent et génocidaire, d’attaques sournoises sous couvert de négociations de paix en cours, d’assassinats et de décapitation des dirigeants politiques. C’est une guerre sans limites, sans règles ni lois et au mépris total de la Charte des Nations Unies. Les frontières éthiques, plus particulièrement, sont rejetées comme étant du simple « relativisme moral« .

Quelque chose de profond est en train de remodeler la politique étrangère israélienne. La transformation doit être comprise comme un demi-tour au cœur même de la pensée sioniste (un voyage de Ben Gourion à Kahane), comme l’a écrit Yossi Klein.

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Le Pacte de défense entre l’Arabie Saoudite et le Pakistan est une perte stratégique pour les États-Unis d’Amérique


Par Moon of Alabama – Le 18 septembre 2025

En 2012, les analystes de politique étrangère étasunienne s’inquiétaient d’une éventuelle alliance nucléaire entre l’Arabie saoudite et le Pakistan. Des chercheurs de l’École d’études internationales avancées de l’Université Johns Hopkins et du Stimson Center ont écrit un essai à ce sujet :

L’arme nucléaire pakistano-saoudienne et comment l’arrêter – The American Interest, mars 2012

Le paragraphe d’ouverture :

Un matin, peut-être dans un avenir pas trop lointain, le président des États-Unis pourrait se réveiller en apprenant que, compte tenu des nouveaux dangers au Moyen-Orient, le gouvernement saoudien a demandé le stationnement de troupes pakistanaises sur le sol saoudien. L’annonce pourrait ensuite expliquer que ces troupes apporteront également avec elles l’ensemble des armes conventionnelles et stratégiques nécessaires pour assurer leur sécurité et celle de l’Arabie saoudite. La nouvelle viendrait rapidement d’Islamabad annonçant que le Pakistan a accepté un programme d’aide généreux et du pétrole à bas prix en provenance d’Arabie saoudite. Les deux parties soulignent que l’accord réaffirme simplement une relation spéciale qui dure depuis des décennies.

Le Pakistan étant un État doté d’armes nucléaires, il fallait supposer qu’un tel pacte fournirait à l’Arabie saoudite des armes nucléaires. C’était quelque chose qui préoccupait beaucoup les États-Unis et son acolyte Israël.

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Ce qui était évident est maintenant officiel. Israël commet un génocide


Par Moon of Alabama – Le 17 septembre 2025

En ce qui concerne les attaques le long des itinéraires d’évacuation et à l’intérieur des zones de sécurité désignées, la Commission a constaté que les forces de sécurité israéliennes avaient clairement connaissance de la présence de civils palestiniens, y compris d’enfants. Néanmoins, les forces de sécurité israéliennes ont tiré sur des civils et les ont tués, y compris des enfants qui tenaient des drapeaux blancs de fortune. Certains enfants, y compris des tout-petits, ont été abattus d’une balle dans la tête par des tireurs embusqués.

L’extrait ci-dessus (IV. B. ii. f. 215.) est tiré de ce rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme :

Analyse juridique de la conduite d’Israël à Gaza conformément à la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (pdf)

par la Commission d’enquête Internationale indépendante sur le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël

  1. 3 Dans ses précédents rapports au Conseil des droits de l’homme et à l’Assemblée générale, la Commission a constaté que les forces de sécurité israéliennes avaient commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre à Gaza, notamment des exterminations, des tortures, des viols, des violences sexuelles et d’autres actes inhumains, des traitements inhumains, des transferts forcés, des persécutions fondées sur le sexe et la famine comme méthode de guerre. En outre, la Commission a constaté que les autorités israéliennes ont (i) détruit en partie la capacité de reproduction des Palestiniens de Gaza en tant que groupe, notamment en imposant des mesures destinées à empêcher les naissances; et (ii) des conditions de vie délibérément infligées calculées pour entraîner la destruction physique des Palestiniens en tant que groupe, qui sont toutes deux des actes de génocide sous-jacents dans le Statut de Rome et la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide (Convention sur le génocide)
  1. 4 Ayant conclu que les forces de sécurité israéliennes avaient commis des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et l’actus reus de deux actes de génocide sous-jacents à Gaza, la Commission aborde maintenant la question du génocide. …

S’ensuit une analyse des événements. La définition juridique du génocide exige l’intention. Après avoir examiné les déclarations officielles du gouvernement israélien, la Commission conclut :

1.220 Sur la base de preuves pleinement concluantes, la Commission conclut que les déclarations des autorités israéliennes constituent une preuve directe de l’intention génocidaire. De plus, sur la base de preuves circonstancielles, la Commission conclut que l’intention génocidaire était la seule déduction raisonnable qui pouvait être tirée sur la base du comportement habituel des autorités israéliennes. Ainsi, la Commission conclut que les autorités israéliennes et les forces de sécurité israéliennes ont l’intention génocidaire de détruire, en tout ou en partie, les Palestiniens de la bande de Gaza.

Mais que pouvons-nous faire ?

Chapitre VI. B. 246.

L’obligation de prévenir et de punir le génocide s’applique non seulement à l’État responsable, mais à tous les États Parties à la Convention sur le génocide et, en fait, à tous les États en vertu du droit international coutumier.

Nous pouvons, et devons bien sûr, boycotter personnellement l’entité sioniste dans toute la mesure du possible. Mais il nous incombe également de faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils donnent suite à ce rapport. Il y a des obligations qui doivent être remplies.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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L’armement nucléaire de l’Iran


Par Emmanuel Todd – Le 9 septembre 2025 – Son blog

Voici la traduction en français d’un entretien donné récemment au Japon. M’exprimer régulièrement au Japon sur les questions géopolitiques (depuis vingt ans au moins) m’a aidé à développer une vision désoccidentalisée du monde, une conscience géopolitique non-narcissique. On verra ainsi dans cet entretien que c’est ma réflexion déjà ancienne sur l’éventuelle acquisition par le Japon de l’arme nucléaire qui m’a conduit à une vision plutôt sereine de la question iranienne.

Les démocraties européennes ne vont pas bien. Elles ne peuvent plus être décrites comme pluralistes pour ce qui concerne l’information géopolitique. La possibilité de m’exprimer dans les grands médias japonais m’a permis d’échapper à l’interdit qui pèse en France sur toute interprétation non conforme à la ligne occidentaliste. Les chaines d’État (France-Inter, France-Culture, France 2, France 3, la 5, France-Info etc) sont des agents particulièrement actifs (et incompétents) du contrôle de l’opinion géopolitique.

Je profite de cette occasion pour dire ma gratitude envers le Japon, ce pays qui m’a permis de rester libre. Sans la protection de Tokyo, les chiens de garde nourris à Paris auraient sans doute réussi à me faire passer pour un agent de Moscou.

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Snapback ou recul ? L’Europe risque la guerre au lieu de la paix


Par Elijah j. Magnier − Le 2 septembre 2025 − Source Blog de l’auteur

À New York, le compte à rebours a commencé. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni — le fameux E3 — ont officiellement déclenché le mécanisme onusien du « snapback » contre l’Iran, réactivant le régime de sanctions suspendu par l’accord nucléaire de 2015. Cette décision enclenche un processus de 30 jours au terme duquel, sauf blocage, des sanctions spécifiques de l’ONU seront automatiquement rétablies. Pour l’E3, il s’agit d’une étape jugée nécessaire afin de sauver la diplomatie nucléaire et d’éviter une nouvelle guerre après les douze jours de bombardements israélo-américains contre l’Iran. Les sanctions seront automatiquement rétablies le 27 septembre 2025, à moins que le Conseil n’intervienne pour bloquer la procédure.

Pour Téhéran, il s’agit d’un test des intentions réelles de l’Europe : s’agit-il de créer une pression pour négocier, ou simplement d’une nouvelle escalade déguisée en diplomatie afin de complaire à Washington et de fournir un prétexte supplémentaire pour une seconde guerre ? L’exigence de l’E3 est claire : l’Iran doit reprendre une pleine coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), révéler l’emplacement de ses 408 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 % et revenir à la table des négociations avec les États-Unis.

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Le Moyen-Orient se dirige vers la guerre


Par M.K. Bhadrakumar – Le 30 aout 2025 – Source Indian Punchline

Il y a des nouvelles extrêmement alarmantes sur la situation autour de l’Iran. En consultation avec l’administration Trump — ou plutôt par déférence pour le commandement de Washington — les pays du E3 (Grande-Bretagne, France et Allemagne) qui sont les signataires occidentaux restants de l’accord nucléaire iranien de 2015 connu sous le nom de JCPOA, ont lancé le processus de déclenchement du soi-disant mécanisme de relance dans le but de réimposer toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran au motif qu’il a violé les termes de l’accord vieux de dix ans.

Une déclaration conjointe publiée jeudi dans les trois capitales européennes a notifié au Conseil de sécurité des Nations Unies que Téhéran était “en non-exécution significative de ses engagements en vertu du JCPoA” et ont donné un préavis de 30 jours “avant le rétablissement éventuel des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies précédemment annulées.”

La déclaration de l’E3 est manifestement un acte de sophisme puisque ce sont les États-Unis qui ont unilatéralement abandonné la JCOPA en 2018 et les trois puissances européennes elles-mêmes avaient négligé d’ignorer leurs propres engagements de lever les sanctions contre l’Iran au cours des 15 dernières années, ce qui avait finalement incité Téhéran à reprendre l’activité d’enrichissement d’uranium – bien que la partie iranienne était prête à rétablir la JCOPA depuis décembre 2022.

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Le nouveau « sionisme violent » d’Israël est un signe avant-coureur d’une géopolitique impériale de soumission et d’obéissance


Par Alastair Crooke – Le 28 août 2025 – Source Conflicts Forum

La stratégie d’Israël des dernières décennies continue de reposer sur l’espoir de parvenir à une chimérique « déradicalisation« , transformatrice à la fois des Palestiniens et de la région, en gros une déradicalisation qui rendra « Israël sûr« . C’est l’objectif du « saint graal » pour les sionistes depuis la fondation d’Israël. Aujourd’hui, le nom de code pour cette chimère est « les Accords d’Abraham« .

Ron Dermer, le ministre des Affaires stratégiques de Netanyahu, ancien ambassadeur d’Israël à Washington et principal « chuchoteur » aux oreilles de Trump, a écrit Anna Barsky dans Ma’ariv le 24 août, « voit la réalité avec des yeux politiques froids. Il est convaincu qu’un véritable accord [sur Gaza] ne sera jamais conclu avec le Hamas, mais [seulement] avec les États-Unis. Ce qu’il faut, dit Dermer, c’est que les américains adoptent les principes d’Israël ; les mêmes cinq points que le Cabinet a approuvés : désarmement du Hamas, retour de tous les otages, démilitarisation complète de Gaza, contrôle de la sécurité israélienne dans la Bande – et un gouvernement civil alternatif qui n’est ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne”.

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