Par Jean-Luc Baslé – Le 13 juin 2022

Voilà ce que vient d’annoncer Jamie Dimon – le très médiatique président de JPMorgan Chase, première banque américaine dont la réputation a été sévèrement écornée non seulement par la performance de son titre en bourse mais aussi par ses nombreuses condamnations en justice1. Jamie fait cette révélation, plutôt inquiétante pour le bon peuple, de façon désinvolte, comme s’il s’agissait d’un évènement ordinaire imprévu. C’est un évènement ni ordinaire, ni imprévu. Il y a longtemps que lui et ses amis de Wall Street savent que la situation qu’ils ont créé avec la complicité de la Réserve fédérale et du Congrès qui rappelons-le supervise la banque centrale, savent qu’un tsunami économique et financier est en formation.
- JPMorgan Chase a payé 37 milliards de dollars à la justice américaine au titre des délits financiers de ces dernières années (JPMorgan Chase admits to two new felony counts, JPMorgan Chase admits to two new felony counts…). ↩



Confrontés à ce nouveau concept, né des théories monétaires de Milton Friedman, les banquiers centraux se sont tout d’abord montrés circonspects. Puis, devant le refus des gouvernements de ne pas accroître des déficits budgétaires déjà élevés pour enrailler la récession née de la crise des subprimes, ils s’y sont ralliés, puis y ont pris goût en raison du pouvoir qu’ils en tiraient au point de créer une situation économique et financière dont personne ne sait comment s’en sortir. Plusieurs personnes ont proposé des solutions dont Saule Omarova, future directrice du prestigieux Office of the Comptroller of the Currency, Mark Carney, ancien gouverneur de la Banque d’Angleterre, Michael Hudson, spécialiste des questions monétaires internationales, et Stéphanie Kelton, ancienne économiste en chef du Comité budgétaire du sénat. Avant d’étudier leurs propositions, examinons la politique monétaire des banques centrales ces dernières décennies et leurs conséquences sur l’économie pour cerner le problème.


En 2000, Robert J. Shiller, professeur d’économie à Yale et lauréat du prix Nobel, a publié un livre intitulé « Irrational Exuberance » dans lequel il expliquait que, contrairement à une croyance largement répandue, les marchés ne sont pas nécessairement rationnels. Parfois, ils se comportent de manière plutôt insensée. Nous sommes arrivés à l’un de ces moments. Wall Street a créé une bulle. La question n’est plus de savoir si elle éclatera, mais quand.