Ukraine : un jeu de go


Par Jean-Luc Baslé – Le 3 avril 2023

Forget Chess. A.I. Masters Wickedly Complex, Chinese Game Of 'Go' : The Two-Way : NPR

En Ukraine, ni les États-Unis ni la Russie ne peuvent perdre la guerre. Pour les États-Unis, la perdre signifierait la fin de leur prééminence, pour la Russie, la vassalisation. Poursuivre la guerre conduit à l’affrontement direct – une éventualité que les deux parties refusent. Vladimir Poutine lancera-t-il une grande offensive ou laissera-t-il l’OTAN s’épuiser dans une guerre qu’elle ne peut gagner, évitant ainsi d’être accusé à tort d’utiliser des bombes sales implantés par ses adversaires sur un territoire qu’il ne souhaite conquérir ? Sur le terrain, la guerre est dans une mauvaise passe, reconnaît le général Mark Milley, chef d’état-major de l’armée américaine1. Ne pouvant la perdre, Washington doit changer la nature du conflit. De local et meurtrier, il devient mondial et géopolitique. Le but n’est plus de vaincre l’adversaire mais de l’encercler pour mieux le détruire.

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  1. Ukraine Victory Unlikely This Year, Defense One, 31 Mars 2023.

Pour qui sonne le glas ?


Par Jean-Luc Baslé – Le 8 mars 2023

Poème de John Donne, 1624.

« La guerre est perdue. Négociez. » C’est en substance, le message d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz à Volodymyr Zelensky, lors de leur entretien à l’Élysée, début février, selon le Wall Street Journal1. De son côté, Joe Biden aurait fait des propositions de paix, selon Newsweek2. Information immédiatement qualifiée de « complètement fausses » par la Maison Blanche. Y a-t-il désaccord entre alliés ? A la Conférence sur la sécurité de Munich (17-19 février), l’optimisme prévalait officiellement. En privé, c’est le pessimisme qui l’emportait. « Personne ne pense que l’Ukraine puisse regagner les territoires perdus », note Stephen M. Walt, professeur de géopolitique à Harvard, présent à la conférence3. L’objectif n’est plus la victoire mais une négociation aussi favorable que possible à l’Ukraine.

Il n’y a pas désaccord sur l’issue de la guerre, seulement sur la façon d’y mettre fin. Les Européens souhaitent entamer des négociations dans les plus brefs délais, les néoconservateurs espèrent obtenir quelques succès sur le terrain au préalable. Illusion. Les Leopard allemands et les Abrams américains – s’ils sont livrés un jour– ne changeront rien à l’affaire4. Bakhmout est sur le point de tomber5. La guerre est perdue. Les conséquences de cette défaite sont désastreuses pour les États-Unis et l’Europe. Washington, Londres, Paris et Berlin entrent donc dans une phase de « damage control » pour en minimiser les effets. L’ordre mondial qui prévalait depuis la chute de l’Union soviétique, n’est plus.

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  1. NATO’s Biggest European Members Float Defense Pact with Ukraine. The Wall Street Journal, February 24, 2023.
  2. Joe Biden offered Vladimir Putin 20 percent of Ukraine to end war. Newsweek, February 2, 2023.
  3. The Conversation About Ukraine Is Cracking Apart, Stephen M. Walt, Foreign Policy, February 28, 2023.
  4. Scrounging for Tanks for Ukraine, Europe’s Armies Come Up Short, New York Times – February 28, 2023
  5. Ukraine : Bakhmout plie l’échine sous l’assaut russe. Ouest France, 4 mars 2023.

Les mensonges de l’Amérique


Par Jean-Luc Baslé – Le 13 février 2023

C’est une affaire entendue : les dirigeants politiques mentent. Ils mentent à leur peuple. Ils mentent sur la scène internationale. Si le rire est le propre de l’homme, le mensonge l’est aussi. Les dirigeants américains mentent. Ils le font quasiment en toute impunité grâce à la complicité des médias. Fort heureusement, parfois la vérité éclate fortuitement ou grâce aux révélations de lanceurs d’alertes, comme Edward Snowden, exilé en Russie, de journalistes d’investigation comme Julian Assange emprisonné à Londres, ou de personnes courageuses qui ne supportent pas ces mensonges, comme Chelsea Manning, emprisonnée pendant sept ans pour avoir dévoilé les exactions américaines en Irak. Ces derniers jours, quatre mensonges américains ont été révélés ou confirmés : Russiagate, le dossier Twitter, les Accords de Minsk et Nord Stream II. Nous les reprenons brièvement.

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Ukraine : le temps est venu de négocier ?


Par Jean-Luc Baslé – Le 2 janvier 2023

Russia-Ukraine war: What happened today (April 4) : NPR

Dans un article publié par The Spectator le 17 décembre, Henry Kissinger recommande d’entamer des négociations avec un double objectif : confirmer la souveraineté de l’Ukraine et définir une nouvelle structure internationale. Cet article fait écho aux propos du général Mark Milley, chef d’état-major des armées américaines, à mi-novembre. L’avancée de l’armée russe étant arrêtée, il recommande de « saisir le moment » pour négocier. D’autres observateurs sont arrivés à la même conclusion dont Jeffrey Sachs, professeur à l’université de Columbia, et ancien conseiller de Boris Eltsine. Selon lui, les négociations devraient porter sur quatre points principaux : la souveraineté de l’Ukraine, l’Otan, la Crimée et le Donbass. Officiellement, Washington considère que la décision de négocier appartient aux Ukrainiens. William Burns, directeur de la CIA, et ancien ambassadeur à Moscou, considère que les Russes ne sont pas prêts à négocier.

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Une méthode inorthodoxe pour réduire l’endettement


Par Jean-Luc Baslé – Le 28 novembre 2022

How big is America's public debt? | World Economic Forum

Les États-Unis, l’Europe, et le Japon ainsi que d’autres pays sont confrontés à un double défi : un endettement élevé et une résurgence de l’inflation. Réduire l’un et l’autre ne peut se faire sans une modification profonde de la politique économique de ces nations.

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États-Unis : de l’apparente bienveillance à l’hégémonie


Par Jean-Luc Baslé – Le 21 novembre 2022

Le siècle américain selon Henry Luce (1941) – Langlois • Histoire &c.

L’indifférence de Washington à l’égard des Européens qui souffriront du froid cet hiver en raison du conflit ukrainien et du sabotage d’un gazoduc en mer Baltique, sans parler de la destruction de leur économie1, en a surpris quelques-uns. C’est ignorer la nature des relations internationales qui fait peu de cas du sort des peuples et plus encore l’évolution profonde de la politique américaine ces dernières décennies qui se résume en deux mots : néoconservatisme et néolibéralisme. Ces néologismes sont entrés dans le vocabulaire courant dans les années 1980/90 sans que leur impact ne soit perçu initialement. Avec le recul du temps, il est plus facile de voir qu’il s’agit d’idéologies à l’origine d’un changement profond de la politique américaine. Le néoconservatisme est l’affirmation d’une hégémonie décomplexée. Le néolibéralisme est un empiètement du marché sur les prérogatives de l’État. Cette mutation de la politique américaine est l’une des clés de compréhension des évènements du monde d’aujourd’hui.

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  1. Germany’s Position in America’s New World Order, Michael Hudson, Nov. 2, 2022

Le dilemme de la Réserve fédérale


Par Jean-Luc Baslé – Le 28 Octobre 2022

Graphique 1

En réponse à l’inflation, la banque centrale américaine a relevé son taux directeur pour le porter de 0,25% le 17 mars à 3,25% le 22 septembre par touches successives (graphique 1). A noter que la Fed 1 a été lente à réagir puisque l’inflation a fait son apparition au printemps 2021 (graphique 2)2. Certains économistes le lui ont reproché. Cette remontée des taux a engendré une baisse du cours des actions de 25% depuis le début de l’année (graphique 3), et fait craindre à certains qu’elle enfonce l’économie dans une longue récession. La Fed fait face à un dilemme : doit-elle ou non poursuivre sa politique de remontée des taux ? Sa décision ne peut nous laisser indifférents car elle aura des répercussions sur l’économie européenne.

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  1. Réserve fédérale
  2. Ce graphique cache une réalité beaucoup plus sombre : l’action d’entreprises ‘vedettes’ comme Meta (anciennement Facebook) est tombée à $105, soit une chute de 73% depuis son point haut de septembre 2021, celle de d’Amazon de 39% depuis juillet 2021, et Alphabet (Google) de 38% depuis novembre 2021

Ukraine : un cataclysme au regard de l’Histoire


Par Jean-Luc Baslé – Le 30 juin 2022

Report: BRICS Countries Told to Consider Countering the Dollar's Global  Hegemony – Economics Bitcoin News

En Ukraine, la Russie met-elle un coup d’arrêt à la politique hégémonique des États-Unis ? Le déclin de l’Amérique – illustré par son humiliante retraite d’Afghanistan – va-t-il s’accentuer et donner lieu à la création d’un monde multipolaire, pacifique en apparence mais instable en réalité ?

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Un ouragan économique et financier arrive


Par Jean-Luc Baslé – Le 13 juin 2022

Jamie Dimon hates bitcoin. But he's OK with the money it makes. - Protocol

Voilà ce que vient d’annoncer Jamie Dimon – le très médiatique président de JPMorgan Chase, première banque américaine dont la réputation a été sévèrement écornée non seulement par la performance de son titre en bourse mais aussi par ses nombreuses condamnations en justice1. Jamie fait cette révélation, plutôt inquiétante pour le bon peuple, de façon désinvolte, comme s’il s’agissait d’un évènement ordinaire imprévu. C’est un évènement ni ordinaire, ni imprévu. Il y a longtemps que lui et ses amis de Wall Street savent que la situation qu’ils ont créé avec la complicité de la Réserve fédérale et du Congrès qui rappelons-le supervise la banque centrale, savent qu’un tsunami économique et financier est en formation.

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  1. JPMorgan Chase a payé 37 milliards de dollars à la justice américaine au titre des délits financiers de ces dernières années (JPMorgan Chase admits to two new felony counts, JPMorgan Chase admits to two new felony counts…).