US-Nazis, le retour du refoulé

Afin de compléter votre culture historique, en ce qui concerne les apparentements terribles des Occidentaux et de l'Allemagne nazie, nous vous conseillons les lectures suivantes :

1945, les prémices de la Guerre Froide ?

La Seconde guerre mondiale organisée par les ploutocrates anglo-américains
Première partie
Deuxième Partie

Le Saker Francophone

Par Ekaterina Blinova – Le 15 mai 2015 – Source Russia Insider

Un professeur américain explique comment l’Occident s’engage dans un révisionnisme sournois pour occulter son passé obscur.

1941 : les nationalistes ukrainiens
saluent leurs partenaires nazis

L’Occident détourne les yeux de la décision de la Verkhovna Rada [parlement ukrainien, NdT] assimilant le communisme au nazisme, et déclarant que les infâmes collaborateurs nazis de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et de l’ Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) avaient «combattu pour l’indépendance de l’Ukraine».

La Loi 2558, adoptée par la Verkhovna Rada le 9 Avril, 2015, stipule que ceux qui nient «le caractère criminel du régime totalitaire communiste de 1917 à 1991 en Ukraine» peuvent faire face à des poursuites pénales.

Dans le même temps, le parlement ukrainien a proclamé l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) «combattants pour l’indépendance ukrainienne», et interdit la mise en cause de la légitimité de leurs actions au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Curieusement, la majorité des dirigeants occidentaux n’ont pas été pressés de condamner l’initiative de Kiev, à l’exception de quelques universitaires et experts de premier plan, qui ont exprimé leurs profondes préoccupations concernant cette façon d’honorer les collaborateurs nazis notoires.

Ceci n’est pas surprenant, estime le professeur Grover Furr Carr, un éminent historien américain, auteur et spécialiste de l’histoire soviétique.

«Cela n’a rien de nouveau. Les États-Unis ont incité les fascistes ukrainiens à fuir l’Armée rouge vers les États-Unis, le Canada et ailleurs après la Seconde Guerre mondiale. La CIA a financé des groupes de recherche nationalistes ukrainiens, des journaux, et bien sûr des espions, a déclaré le professeur à l’agence de presse Spoutnik. En bref, les États-Unis (et le Canada, encore plus) ont dépensé beaucoup d’argent pour soutenir les fascistes ukrainiens après 1945. Lorsque l’URSS a éclaté, les États-Unis ont commencé récolter les fruits de leurs actions. Les nationalistes ukrainiens – ayant appartenu à l’OUN, anciennement l’UPA, et d’autres – sont retournés en masse en Ukraine après 1991. Ils ont rapidement investi les universités et l’éducation en général», a ajouté le professeur Furr.

L’historien a souligné que les revendications de l’OUN-UPA, après la guerre, d’avoir combattu l’Allemagne nazie, se sont effondrées après un examen minutieux.

«Certains chercheurs ont investigué pour trouver des preuves que l’OUN-UPA a combattu les Allemands, mais n’en ont pas trouvé. Les nazis ont sorti de prison les dirigeants de l’OUN, [Stepan] Bandera et [Roman] Shukhevich  en 1944 [et 1943, respectivement] afin de les enrôler pour lutter contre l’Armée rouge. Si l’OUN-UPA avait été en lutte contre les Allemands, ils auraient été abattus, pas libérés», fait remarquer le professeur.

L’OUN, et son aile militaire UPA, étaient responsables du massacre d’environ 100 000 Polonais en Volhynie et en Galicie orientale, de l’assassinat en masse de Khatyn en Biélorussie et impliqués dans le génocide de l’Holocauste.

«Les combattants ukrainiens OUN-UPA étaient des collaborateurs nazis et des assassins fascistes. Ils ne méritent aucun respect», a déclaré le professeur Grover Furr.

Malgré cela, «Mykola Lebed [qui était responsable de l’assassinat des Polonais en Volhynie et Galicie orientale] a vécu dans le Queens, à New York, jusqu’en 1990, totalement soutenu par la CIA et le Département d’État. Pourquoi les Etats-Unis changeraient-ils  maintenant de politique?», a noté le professeur Grover C. Furr avec une ironie amère.

La nouvelle législation de Kiev n’est pas la première tentative visant à assimiler le communisme et le nazisme : les chercheurs ukrainiens pro-nationalistes ont systématiquement répandu des mythes sur les crimes soviétiques contre les Ukrainiens depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une de ces tentatives connues pour réécrire l’histoire soviétique est une fiction nommée l‘Holodomor.

«En 1987, est sorti le film Harvest of Despair. Ce fut le début de la mystification Holodomor. Le film a été entièrement financé par des nationalistes ukrainiens, principalement au Canada. Un chercheur canadien, Douglas Tottle, a exposé le fait que le film a pris des photographies de la famine en Volga en 1921-1922 et les a utilisées pour illustrer la famine de 1932-33. Tottle tard a écrit un livre, La fraude, la famine, et le fascisme : Le Mythe du génocide ukrainien, de Hitler à Harvard, à propos de la question bidonnée de  l’Holodomor », a expliqué le professeur Grover Furr à Spoutnik. En outre, le professeur américain Mark B. Tauger a fait des recherches approfondies sur la famine de 1932-1933, pour arriver à la conclusion que la catastrophe était due à des circonstances environnementales de l’époque et n’était pas liée à la politique soviétique dans la région», a souligné le professeur Furr .

Varsovie, qui étrangement ne s’est pas insurgée suite à l’initiative visant à honorer les fascistes de OUN-UPA, soutient également le sentiment anti-soviétique de l’Ukraine.

Varsovie a ses propres squelettes dans le placard : par exemple, condamnant [à juste titre, NdT] le gouvernement soviétique pour le massacre de Katyn, les historiens polonais restent silencieux sur le sort de 18 000 à 60 000 soldats de l’Armée rouge, qui sont morts en captivité en Pologne dans les années 1920. «Il y a une bonne documentation sur le fait qu’ils [les prisonniers de guerre soviétiques] ont été traités brutalement, affamés, gelés, et que beaucoup d’entre eux ont été assassinés purement et simplement», a souligné Grover C. Furr .

Éreintant l’URSS pour le traité de non-agression germano-soviétique, signé en 1939, les chercheurs polonais ont apparemment oublié que le maréchal polonais Jozef Pilsudski avait conclu le pacte germano-polonais avec Hitler cinq ans plus tôt, en janvier 1934. Oubliant qu’en 1938, la Pologne avait pris part à la tristement célèbre partition de la Tchécoslovaquie avec l’Allemagne nazie.

«Ensuite, il y a tous les crimes de la résistance polonaise, l’Armia Krajowa, qui a collaboré avec les nazis. Ils ont continué à assassiner les Juifs et les communistes, principalement des Polonais, après la guerre pendant des années», a souligné le professeur.

«La seule façon de couvrir le plus possible toute cette histoire honteuse, et de rationaliser le reste, fut de prétendre que l’URSS était aussi mauvaise que les nazis», a conclu Grover Furr.

Pendant ce temps, en 2010, un autre chercheur américain Timothy Snyder a publié une étude, traduite en plus de 25 langues, dans laquelle il a ouvertement assimilé l’Union soviétique à l’Allemagne nazie. En réponse, Grover C. Furr a écrit son livre Mensonges sanglants pour déboulonner une série de mythes largement répandus sur l’URSS et l’exposition d’un étonnant manque de preuves pour un grand nombre d’accusations anti-russes présentées par le professeur Snyder.

En réécrivant l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, en minimisant l’importance du rôle de l’Union soviétique dans la défaite de l’Allemagne nazie et la manipulation du passé soviétique, l’Occident vise la Russie d’aujourd’hui.

Ekaterina Blinova

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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