La propagande US n’est pas toujours fausse, elle est aussi stupide !

Par Eric ZUESSE – Le 3 août 2015 – Source strategic-culture
 

La propagande US est tellement ridicule qu’aucune personne intelligente et éclairée ne lui donnerait la moindre considération sérieuse. Elle insulte l’intelligence du public.

Voici un exemple typique de ce ridicule : le 16 juillet, le Département d’État américain a publié un «Voyage en Ukraine Avertissement» qui dit :

«Le Département d’État des États-Unis conseille à ses citoyens de reporter tout voyage en Crimée et dans les régions orientales de Donetsk et Louhansk, et recommande à ceux qui vivent actuellement là-bas ou y sont en visite de les quitter…

Les séparatistes soutenus par la Russie continuent de contrôler les zones dans les oblasts de Donetsk et Louhansk. Malgré la signature d’un accord de cessez-le feu par les représentants de l’Ukraine, de la Russie et de l’OSCE, de violents affrontements entre les forces séparatistes russes combinées et les forces ukrainiennes continuent dans certaines parties de ces régions orientales de l’Ukraine, provoquant des milliers de blessés et de morts. L’accord de cessez-le feu a créé une ligne  de démarcation de facto entre les zones ukrainiennes contrôlées par le gouvernement et celles tenues par les séparatistes en Ukraine, avec de nombreux points de contrôle tenus par les uns ou les autres. Des individus, y compris des citoyens américains, ont été menacés, détenus ou enlevés pendant des heures ou des jours après avoir été arrêté aux points de contrôles séparatistes …

Le Département d’État des États-Unis conseille également à ses citoyens de reporter tout voyage dans la péninsule de Crimée, qui est occupée par la Russie. La Fédération de Russie est susceptible de prendre d’autres mesures en Crimée pendant le reste de l’année 2015 suite à son annexion illégale et à son occupation de cette partie de l’Ukraine. La communauté internationale, y compris les États-Unis et l’Ukraine, ne reconnaissent pas cette prétendue annexion. La Fédération de Russie maintient une présence militaire en Crimée et le long de la frontière orientale de l’Ukraine… »

Avant le renversement, par les États-Unis, du président démocratiquement élu de l’Ukraine en février 2014, il y avait la paix en Ukraine. Obama a remplacé le président ukrainien élu, Viktor Ianoukovitch, qui, comme tous ses prédécesseurs, était corrompu ; et la propagande de la machine US a médiatisé sa corruption, tout en ignorant pratiquement le fait de la normalité de la corruption dans l’Ukraine post-soviétique, corruption fortement financée par les États-Unis. Ces derniers ne l’ont pas remplacé parce qu’il était corrompu. Ils l’ont remplacé parce qu’il soutenait une Ukraine non alignée : ni un pantin des États-Unis, ni de la Russie. Barack Obama a affirmé à plusieurs reprises – récemment aux cadets de West Point, le 28 mai 2014 – «Les États-Unis sont et resteront la seule nation indispensable. [Donc on peut se passer de toutes les autres.] Cela a été vrai pour le siècle passé et ce sera vrai pour le siècle à venir.» Adolf Hitler et ses nazis ont résumé cela de façon plus succincte: «Deutschland über alles.» Sauf que Hitler a proclamé que son «Reich est là pour mille ans», pas seulement «pour le siècle à venir».

Les États-Unis ont commencé leur travail de changement de régime au début de 2013. A cette époque, M. Ianoukovitch étudiait toujours, d’une part l’offre pour d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne soutenue par les Américains, d’autre part l’adhésion à la Communauté économique eurasienne soutenue par la Russie. L’UE est beaucoup plus grande, mais il aurait été très coûteux pour l’Ukraine de rompre les liens établis depuis des siècles avec la Russie, et leurs extensions économiques (y compris le statut commercial de la nation la plus favorisée avec la Russie). L’économie de l’Ukraine a été longtemps basée beaucoup plus sur le commerce avec la Russie que sur le commerce avec le reste de l’Europe.

Selon le MIT, le «top 5 des destinations d’exportation» de l’Ukraine était : la Russie (24%), l’Égypte (6,5%), la Turquie (5,2%), l’Italie (3,8%) et le Kazakhstan (3,5%). Le «top 5 des origines d’importation» en Ukraine était : la Russie (31%), la Chine (9,0%), l’Allemagne (8,2%), le Bélarus (6,4%) et la Pologne (5,0%).

Le 19 novembre 2013, M. Ianoukovitch a rencontré le commissaire européen à l’Élargissement et à la Politique européenne de voisinage. Les économistes de l’Académie des sciences d’Ukraine avaient récemment livré leur rapport à Ianoukovitch, et celui-ci concluait que la perte nette due à l’adhésion à l’Union européenne serait de $160 Mds. Ianoukovitch a demandé au commissaire européen : «Si nous signons, allez-vous nous aider?» – de sorte que l’Ukraine ne serait pas seule à supporter la totalité de ce coût énorme. Le commissaire a répondu: «Désolé, non.» (Le commissaire a suggéré que l’Ukraine pourrait emprunter de l’argent au FMI. C’est effectivement le suicide national qui a eu lieu après le renversement de Ianoukovitch par les États-Unis. Le lendemain, Ianoukovitch a annoncé qu’il refusait l’offre de l’UE. Puis, selon Wikipédia, les manifestations du Maidan pour évincer du pouvoir Ianoukovitch ont commencé le 21 novembre 2013. Brandon Turbeville a décrit le long développement de la technologie du Regime Change que la CIA et le Département d’État ont élaboré pendant quarante ans.

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Mais, en fait, comme je l’ai documenté en février, «toute l’affaire des sanctions contre la Russie est un pur mensonge». Toute l’affaire est frauduleuse.

Donc : le département d’État des États-Unis rejette la légitimité du désir de la population de Crimée de quitter l’Ukraine, tout comme les scrutins qui ont à plusieurs reprises confirmé ce désir de façon écrasante, même si le département d’État américain accepte la légitimité du peuple écossais de déterminer si oui ou non il veut continuer à être britannique (ce qu’il est depuis 1707). Le droit démocratique souverain  est refusé à la Crimée, tandis que le droit souverain et démocratique des Scotts est confirmé. Il faut être un pigeon pour croire cela, mais il s’agit de la ligne officielle du gouvernement américain.

Pour ce qui concerne les résidents du Donbass (les oblasts de Donetsk et Louhansk), Obama a besoin de se débarrasser d’eux, parce qu’ils avaient voté à plus de 90% pour l’homme qu’il a renversé. S’ils restent en vie et en Ukraine, alors le régime installé par Obama sera récusé dans les urnes.

En fait, voilà la raison pour laquelle le président russe, Vladimir Poutine, a insisté pour que le Donbass reste en Ukraine, afin qu’ils votent pour virer les fascistes, racistes et anti-russes qu’Obama a installés au gouvernement, à côté de la Russie, en Ukraine. C’est comme si, pendant la crise des missiles de Cuba en 1962, le dirigeant de l’Union soviétique, Nikita Khrouchtchev, avait pris le contrôle non seulement de Cuba, mais aussi du Mexique juste sur la frontière des États-Unis. Ces derniers auraient-ils toléré cela, en ces temps-là ? Donc, Poutine ne le tolère pas non plus maintenant.

L’ironie c’est que Poutine veut voir les rebelles pro-russes rester dans le cadre de l’Ukraine ; et que c’est Obama qui n’en veut pas, même quand il prétend que Poutine est l’agresseur.

Par exemple, le 3 septembre 2014, Obama a déclaré :

«Cinquièmement, nous devons continuer à rester unis contre l’agression de la Russie en Ukraine. (Applaudissements.) Gardez à l’esprit que, à plusieurs reprises, le président Poutine a ignoré la possibilité de résoudre diplomatiquement la crise en Ukraine. Les États-Unis, l’Union européenne, nos partenaires à travers le monde ont tous dit que nous préférons une solution diplomatique. Mais à la lumière de la réticence de la Russie à saisir cette occasion, nous nous sommes résolus à imposer de lourdes sanctions à la Russie pour ses actions.»

Un pays plus diaboliquement menteur que les États-Unis d’aujourd’hui est difficile à imaginer. C’est même une dictature : son gouvernement ne représente pas le public (comme ses fondateurs l’avaient prévu), mais son aristocratie (que ces fondateurs avaient tenté de renverser, et l’avaient fait, à cette époque).

Le gouvernement américain a même le satané culot de vanter son succès à tromper tout le monde.

En fait, comme je l’ai titré le 7 octobre 2014, «un journaliste allemand réputé admet que la CIA l’a soudoyé, lui et d’autres dirigeants de la presse occidentale».

Le gouvernement américain méprise tous les publics, partout.

Eric Zuesse est historien il est l’auteur de They’re Not Even Close: The Democratic vs. Republican Economic Records, 1910-2010, et de CHRIST’S VENTRILOQUISTS: The Event that Created Christianity.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

 

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