Simone Weil, Marx et la Révolution


Par Michael Doliner – Le 21 décembre 2017 – Source CounterPunch

Photo by Engyles | CC BY 2.0

L’essai de Simone Weil « Allons-nous vers la révolution prolétarienne ? » figure dans le livre « Oppression et Liberté » publié en France en 1955, douze ans après la mort de Weil. Une traduction anglaise est sortie trois ans plus tard, en 1958. Elle est disponible en ligne ici. L’essai lui-même a été écrit en 1933 après que le noyau en fusion de la révolution internationale s’est refroidi pour devenir l’URSS et qu’Hitler a lancé la fusée vers le fascisme. Dans ce texte et d’autres du livre, Weil − qui a failli mourir de faim en partageant le sort des ouvriers français sous la domination nazie − critique Marx et soutient que son analyse matérialiste de la révolution, et son argument selon lequel la révolution est scientifiquement et historiquement inévitable, sont faux et dommageables. Elle fait valoir que déjà en 1933, une nouvelle évolution, la conduite de la société par une armée de gestionnaires, avait pris le pas sur la lutte des classes. Continuer la lecture

La technologie et le marxisme de Jack Ma


Par Caleb Maupin – Le 26 octobre 2017 – Source New Eastern Outlook

Jack Ma, le fondateur d’Ali Baba, premier site de vente en ligne chinois.

Le célèbre fondateur d’Alibaba est peut être un PDG milliardaire, mais les mots qu’il diffuse dans le monde entier ont des échos de Karl Marx, de Vladimir Lénine et de Mao Dzedong. Il peut être difficile pour une oreille non avertie de l’identifier, mais il n’est pas surprenant que cette vedette de l’économie planifiée chinoise soit en bons termes avec un parti au pouvoir profondément idéologique. Pour ceux qui connaissent le sujet en profondeur, des sous-entendus marxistes peuvent être retrouvés tout au long de l’optimisme technologique de Ma.

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Le déclin de l’Amérique : subversion interne, structurelle et culturelle

Par Norman Pollack – Le 29 juillet 2015 – Source CounterPunch

Soixante ans d’identification des ennemis ont fait sentir leurs effets. Depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui, l’Amérique est atteinte de la psychopathologie de l’anticommunisme qui veut que les ennemis assiègent partout la Forteresse de la Démocratie, alors qu’en réalité l’Ennemi est intérieur, rongeant, érodant les fondations démocratiques, qui sont elles-mêmes la base problématique d’une liberté authentique parce qu’alignée historiquement dès l’origine sur le capitalisme. La période du New Deal a quand même donné naissance à de grands espoirs que le capitalisme pourrait être démocratisé, l’avenir n’était pas encore fermé à la représentation populaire d’une citoyenneté active ouverte aux idées de la régulation des affaires, il existait un filet de sécurité sociale prospère conçu comme un droit humain attaché à l’individu en tant que tel, et une politique étrangère dédiée à la paix, non millénariste ou arrogante dans sa portée et son orientation, rejetant l’exceptionnalisme comme l’idéologie d’une ambition et d’une conquête illimitée. Une Amérique différente à tous égards de celle que nous connaissons aujourd’hui, un véritable enfer que nous avons créé, dont nous avons ensuite projeté l’image sur les autres, et d’abord les Chinois et les Russes, mais en fait sur tout mouvement social recherchant l’autonomie et la justice sociale pour leur pays hors de l’influence et de la portée de la domination américaine.

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