Par Tom Engelhardt – Le 14 juin 2018 – Source UNZ Review
Voyez-le comme une version typiquement américaine de la comédie humaine : une grande puissance qui sait toujours ce dont le monde a besoin et offre ses nombreux conseils malgré sa totale surdité ; image qui serait humoristique, si elle n’était pas si sinistre. Si vous regardez bien, vous en trouverez des exemples à peu près partout. En voici un exemple, un extrait d’un article du New York Times sur les négociations alambiquées qui ont précédé le sommet de Singapour. « Les Américains et les Sud-Coréens », écrit le journaliste Motoko Rich, « veulent persuader le Nord que le fait de continuer à canaliser la plupart des ressources du pays vers ses programmes militaires et nucléaires compromet le bien-être économique de ses citoyens. Mais le Nord ne considère pas que les deux s’excluent mutuellement. »
Réfléchissez-y un instant. Les États-Unis ont, bien sûr, entrepris une mise à niveau de leur arsenal nucléaire déjà colossal (et ce malgré les dépassements de budgets). Depuis des années, leur Congrès et leur président se sont montrés empressés d’injecter au moins 1000 milliards de dollars par an dans le budget dans cet État sécuritaire (un chiffre qui continue d’augmenter et dépasse de loin celui de toute autre puissance sur la planète), tandis que leurs propres infrastructures domestiques s’effondrent. Et pourtant, ils trouvent le comportement des Nord-Coréens étrange lorsque ceux-ci suivent eux aussi une politique aussi extrême.