La culpabilité allemande pour la guerre et l’avenir de l’Europe
Par le capitaine Russell Grenfell − Publié en 1953 − Source Unz Review
Au fil du temps, on nous a répété et insinué que les aventures, les anxiétés et les austérités du demi-siècle écoulé avaient amené notre pays, en 1940, à son heure de gloire ; et peut-être que tel est bien le cas, mais alors il faut bien insister sur le fait qu’il ne s’agit pas de l’heure de gloire des hommes politiques qui, pour dire la vérité, ont fait preuve d’incompétence crasse, et ont de par leurs imbécillités amené la Grande Bretagne au bord de la catastrophe. Non, il faut bien préciser alors que l’on parle de l’heure de gloire des soldats.
Citation de Cecil Algernon dans La Reine Victoria et Ses Premiers Ministres – p. 338
Conclusions
Nous allons à présent résumer les principales de nos conclusions. Pour commencer, c’est une illusion dangereuse que de supposer que la guerre puisse être bannie du monde. Des problèmes existent entre les nations qui ne parviennent à aucune solution hors d’un défi par la force, tel le différend franco-prussien de 1870 : les deux parties estimèrent pouvoir s’emparer du même objet, la direction de l’Europe, par la force — et l’une d’entre elles s’avéra avoir tort.
Le monde connaît un état de changement permanent. À l’instar des individus et des familles, les nations et les Empires croissent en importance, et connaissent également le déclin ; et quand l’un de ces processus se produit, il semble n’exister d’autre moyen permettant l’expansion dans le premier cas, et la répartition des héritages dans le second, que ce qu’on appelle la politique de puissance ; ou, pour le dire de manière plus brutale, la puissance du glaive, qui donne raison au plus fort. Bien que les juifs se soient vus accorder un pays par vote des Nations Unies, ils ont du se battre pour le garder, et ils n’ont peut-être pas fini de se battre. Et parmi les nombreuses causes derrière la première guerre mondiale, l’une des plus fondamentales était le déclin graduel de l’Empire ottoman, qui ouvrit une porte de plus en plus large aux ambitions de compétitions parmi les slaves des Balkans, les russes, et les autrichiens. Le mouvement yougoslave des premières années du XXème siècle constitua la résultante naturelle de l’affaiblissement des turcs, dont les propres invasions antérieures du Sud-Est de l’Europe avaient elles-mêmes fait suite à l’affaiblissement de l’Empire Romain d’Orient. Il s’ensuit que les suppositions induites derrière l’attitude de l’Organisation des Nations Unies en condamnation d’agressions — voulant que le monde puisse rester perpétuellement stabilisé sur la base de l’instant politique actuel — s’apparente à vouloir commander au soleil de rester sans bouger dans les cieux.
Mais quoique les guerres apparaissent nécessaires, il est regrettable de les rendre plus sauvages, plus fréquentes, et plus universelles que ne l’impose la nécessité, et c’est clairement cela qui s’est produit au XXème siècle. Quel fut le problème de ces guerres récentes? Premièrement, la conception fausse, mais très répandue, de l’objectif de ces guerres. L’idée moderne, manifestée au cours de deux occasions majeures, qui veut qu’une fois qu’une guerre est commencée, elle doit embrigader le monde entier et se poursuivre jusqu’à ce qu’un des camps soit totalement battu ; appeler cela une victoire est aussi fantastique que considérer qu’un procès, quel qu’il soit, devrait être plaidé jusqu’à la ruine totale d’un des plaideurs. Où est la victoire que les britanniques sont déclarés avoir remportée sur l’Allemagne? Quel bien leur en est-il que le militarisme allemand ait été renversé, alors qu’eux-même se retrouvent désormais soumis à la conscription militaire en temps de paix, chose inédite dans notre histoire hormis quelques mois de 1939 ; quel bien cela leur fait-il que des soldats britanniques occupent l’Allemagne, pendant que, et ces soldats le reconnaissent eux-mêmes, les allemands les considèrent avec mépris? Le peuple allemand est bien mieux nourri actuellement que la population intérieure des britanniques victorieux, et l’économie allemande réalise d’importants progrès vers une totale restauration. Une victoire fort limitée, comme M. Churchill aurait pu le dire face au Sénat étasunien, s’il avait été plus clairvoyant.
La victoire de l’Amérique est-elle plus impressionnante? Guère plus. Elle est forcée de maintenir une présence militaire bien plus onéreuse qu’avant la guerre pour la défaite de l’Allemagne, et son peuple se voit taxé fortement pour subventionner les armements d’Europe de l’Ouest. Et pourquoi? Précisément parce que la politique de reddition inconditionnelle de l’Allemagne, menée par son président Roosevelt, a créé un vide militaire en Europe Centrale, que le président n’a pas anticipé, alors qu’il aurait pu le faire. La victoire totale s’est avérée constituer un triomphe du vide pour la Grande Bretagne comme pour les USA.
Ces conséquences lamentablement insatisfaisantes d’une guerre apparemment réussie sont attribuables à une cause principale — la partialité prononcée des politiciens des démocraties consistant à baser la stratégie militaire sur des slogans oratoires, au lieu de principes établis formulés par les experts. Ces politiciens, en temps de guerre, semblent fort peu — voire jamais — se poser les questions clés : Quel est exactement notre objet politique? S’agit-il d’un objet convenable, à la lumière de l’histoire? Est-il atteignable? Disposons-nous des ressources pour l’atteindre?
L’ objet britannique de la dernière guerre fut mal choisi dès le départ, et il fut au delà des forces du pays aussi bien avant qu’après que M. Churchill devienne premier ministre. Et l’objet commun du président Roosevelt et de M. Churchill, visant la reddition sans conditions, était erroné, aucun de ces deux hommes ne disposant d’une vision allant au delà de la victoire militaire. Le point le plus proche qu’ils réussirent à atteindre de celui d’un objet politique, l’extirpation de la tyrannie nazie, était bancal, car incapable de porter autre chose qu’une réussite temporaire, et il constituait une ingérence dans les affaires intérieures des allemands, sur lesquelles les démocraties n’avaient aucun mandat légitime. Son manque fondamental de sagesse a été encore souligné récemment quand, pour justifier une garantie au maréchal Tito, tyrannique et communiste, les autorités britanniques ont été contraintes de déclarer que désapprouver le système politique intérieur d’un autre pays n’empêchait pas de conclure des accords avec ce pays.
La reddition sans conditions est un objet militaire solide, pourvu que l’objet politique soit l’annihilation ou la conquête permanente. Mais si l’ennemi du moment doit être considéré comme voisin une fois la guerre terminée, l’opportunité de sa reddition sans conditions porte beaucoup plus à caution. Car la reddition sans condition n’est pas uniquement immensément humiliante en soi, elle laisse le vaincu ouvert aux plus sévères traitements choisis par les vainqueurs, qui, après avoir mis à bas un ennemi puissant, semblent de nos jours absolument adonnés à la pratique de le tenir en infériorité pour une durée indéfinie. La nation vaincue se voit ainsi offerte une incitation de premier ordre à récupérer sa liberté, son indépendance, et à retourner le jeu face à ses conquérants dès que possible, et dans le sang si nécessaire. La première chose essentielle, si vous désirez vivre en paix et amitié avec une nation, est de ne pas s’attaquer à son amour-propre. Plus un peuple se retrouve soumis au bon vouloir de ses ennemis, plus profond et durable en sera son ressentiment, et plus forte sera sa réaction finale. L’admission forcée de l’Allemagne à sa culpabilité dans le traité de Versailles aurait déjà constitué une bévue politique de taille si elle avait été fondée ; et elle ne l’était pas. Les procès de Nuremberg furent une autre bévue, plus importante encore.
Donc, pour traiter avec un ennemi qui constitue l’une des nations les plus importantes du monde, la reddition sans condition est un objet à approcher avec défiance, et à manier avec modération et générosité, et une paix négociée est généralement préférable. Même à l’égard d’un pays secondaire comme le Danemark, Nelson (qui, de tous les hommes, n’est pas le premier qu’il faudrait qualifier de pacificateur ou de dorloteur) déploya tous ses moyens pour rechercher cette dernière solution lors de la bataille de Copenhague de 1801, envoyant à terre un message de conciliation ainsi qu’une suggestion de pourparlers. La suggestion fut acceptée, et déboucha sur un accord entre les parties. De nos jours, on aplatirait sans aucun doute Copenhague sous les bombes, et on exigerait la reddition sans conditions.
On ne peut attribuer aucune défaillance au général Grant pour avoir adopté la reddition sans condition comme objet lors de la guerre civile étasunienne, car il relevait de l’intention de son gouvernement de détruire la Confédération du Sud nouvellement déclarée, et de réincorporer les États du Sud dans l’Union américaine. Mais le président Roosevelt essaya d’appliquer la formule de Grant aux circonstances très différentes d’une guerre contre l’Allemagne, probablement sans réaliser l’étendue des écarts entre les deux situations, et en quoi le traitement qui convenait à la première pouvait tourner au désastre pour la seconde.
Comme nous l’avons vu, la considération primordiale quant à décider de faire la guerre devrait être que les intérêts vitaux du pays en impliquent sa participation. Sur cette base, la Grande Bretagne aurait du rester hors des deux guerres mondiales, comme elle resta avec bonheur hors de la guerre franco-prussienne de 1870, car ses intérêts vitaux n’étaient impliqués ni en 1914, ni en 1939. De fait, l’objet de Sir Edward Grey d’empêcher que la Grande Bretagne soit détestée, méprisée, et ainsi de suite, constituait la raison la plus faible pour emmener son pays à la guerre que l’on aurait pu imaginer. Il y eut, bien sûr, l’épisode de dernière minute de l’invasion de la Belgique par l’Allemagne, qui donna au gouvernement britannique un cri de ralliement convenable pour une guerre déjà décidée pour d’autres raisons. Lowes Dickinson cite des articles de presse britanniques de 1887, dont on estime qu’ils étaient inspirés de sources officielles, à l’époque où la France et l’Allemagne étaient proches de la guerre et où la Grande Bretagne présentait un positionnement plus amical envers l’Allemagne qu’envers la France ; ces articles affirmaient que le devoir de la Grande Bretagne vis à vis des garanties apportées à la Belgique n’exigeaient d’elle que de s’assurer que le territoire belge resterait intact après une guerre1.
Certains propagandistes post-1918, il est vrai, prétendaient que la Grande Bretagne avait dû entrer dans la première guerre mondiale pour protéger les ports français de la Manche, dont la perte aurait selon eux (comme selon Haldane et Grey avant eux) été fatale à la Grande Bretagne. La seconde guerre mondiale, au cours de laquelle ces mêmes ports furent perdus, montra que cette supposition était illusoire, confirmant ce que l’auteur du présent ouvrage en avait exprimé avant la guerre, dans un livre publié en 1940 au plus haut des craintes quant aux ports de la Manche2.
Aussi, la Grande Bretagne aurait également pu se tenir à l’écart de la seconde guerre mondiale, qui n’aurait certainement pas éclaté sans la garantie polonaise délirante — cette garantie qui, en éclaircissant la position britannique, était supposée faire peur au tyran allemand d’entrer en guerre. Mais l’épouvantail ne fonctionna pas, et la Grande Bretagne se retrouva impliquée.
Si les intérêts vitaux de la Grande Bretagne avaient réellement été considérés aux deux occasions, elle se serait tenue à l’écart de ces hostilités par tous les moyens possibles. Les britanniques constituaient en entrant dans le XXème siècle le seul peuple parmi les grandes puissances à ne plus être capable de nourrir sa population des productions de leur propre sol, et leur qualité de vie ainsi que leur position économique en général dépendaient d’importants investissements accumulés à l’étranger, et d’une réputation commerciale bien établie. Que la Grande Bretagne liquidât comme elle le fit ces actifs commerciaux considérables, vitaux pour elle, en entrant dans non pas un mais deux conflits majeurs ruineux, alors qu’elle eût pu s’en abstenir et préserver ses positions, voilà qui releva du lunatisme stratégique et politique, d’autant plus que sa principale rivale commerciale, l’Allemagne, y fut impliquée en ces deux occasions.
Et même quitte à embarquer la Grande Bretagne dans deux guerres mondiales, les politiciens britanniques auraient pu et auraient dû — s’ils avaient connu leur métier — s’en tenir aux moyens les moins coûteux d’atteindre l’objet national ; que ce fût en coût du sang, ou en dépenses matérielles. Et par “ moins coûteux ”, je n’implique pas une politique de pingre où le contrôle par le Trésor laisserait les soldats sans armes, comme cela arriva si souvent par le passé. Je parle d’une stratégie du meilleur retour possible pour le plus faible investissement consenti, en cohérence avec l’ objet en vue.
L’ objet d’arrière-plan, voire de premier plan, dans l’esprit de Sir Edward Grey en 1914 était sans doute la préservation de l’équilibre des pouvoirs. Si tel était le cas, la Grande Bretagne aurait pu, en faisant un usage intelligent de sa position insulaire favorable, limiter à la fois ses propres efforts et le martyre subi par l’Europe. Au lieu de prévoir et d’œuvrer à une victoire totale, elle aurait pu proposer une restitution des colonies prussiennes, si les allemands acceptaient d’évacuer la France et de faire la paix sur la base du statu quo ante3.
Sauf que l’on ne considérait pas les prises coloniales comme des monnaies d’échanges, mais comme des butins de guerre. L’avarice chassa l’honneur, et la déclaration initiale du premier ministre, selon lequel la Grande Bretagne ne recherchait aucun agrandissement territorial pour elle-même, fut promptement oubliée. Les colonies furent gardées, et la Grande Bretagne poursuivit sa quête d’une victoire totale au prix d’un million de morts en provenance de l’Empire, et de dépenses financières handicapantes.
Quant à l’équilibre des pouvoirs, il fut mort et enterré ; l’intoxication de la victoire totale amenant les vainqueurs à détruire cet équilibre en éliminant l’Empire autrichien, en limitant la force militaire de l’Allemagne, et en remettant l’hégémonie de l’Europe à la France. La même politique de déséquilibre fut répétée en 1945, sous une forme plus extrême encore, et avec des résultats encore plus infortunés.
Lors de la seconde guerre, M. Churchill disposa de plusieurs opportunités de choisir un moyen relativement économique de poursuivre l’intérêt national fondamental de sécurité, mais préféra au lieu de les saisir rester sur un chemin de prodigalité sans fond, tout à fait téméraire. Le conflit entre la Grande Bretagne était prétendument causé par la dictature nazie. Donc, quand l’Allemagne s’attaqua à un autre pays gouverné par un dictateur, M. Churchill disposa là d’une bonne opportunité, s’il avait disposé d’une vision de la guerre digne de celle d’un chef d’État, de désengager son pays et de laisser les tyrannies allemande et russe s’affaiblir l’une l’autre sans que la Grande Bretagne n’en souffre. Et même en supposant que l’Allemagne eût vaincu la Russie, il était certes raisonnable d’estimer alors qu’il lui aurait alors fallu des années de travail pour organiser son nouveau Lebensraum4 à l’Est avant de pouvoir envisager quelque attaque contre la Grande Bretagne, attaque qui en outre n’avait pas eu lieu alors que les conditions en auraient été particulièrement favorables en 1940. On a par ailleurs déjà évoqué ici que, les choses étant alors ce qu’elles étaient, M. Churchill aurait pu envisager favorablement un accord avec l’Allemagne dans les dernières phases de la guerre.
Mais M. Churchill n’était pas un homme d’État défendant toujours l’avantage de son propre pays dans les remouds et les retournements d’un monde dangereux. Il était un croisé international, prêchant et menant une guerre sainte pour la destruction du régime de Hitler et du pouvoir militaire allemand à tout prix ; à tout prix pour son propre pays et pour le reste du monde. Pour reprendre ses propres mots, il n’est aucun sacrifice auquel il n’eût consenti pour se débarrasser de Hitler, malgré le fait que jusqu’à la déclaration de guerre britannique contre l’Allemagne en 1939, Hitler n’avait jamais causé de tort à la Grande Bretagne, et en réalité avait fait de son mieux pour apaiser celle-ci, non sans quelque sacrifice pour la fierté allemande, puisqu’il avait accepté de garder la flotte allemande à une force équivalente au tiers de la flotte britannique. La politique de guerre de M. Churchill ne fut pas nationale, elle fut religieuse.
Et il en fut de même du président Roosevelt. Nous disposons de cette interview révélatrice entre M. Hopkins et M. Churchill, mentionnée au chapitre 7, au cours de laquelle ce dernier décrivit son visiteur américain comme “ tout à fait éclatant de par sa compréhension raffinée de la Cause5. Il fallait parvenir à la défaite, à la ruine, et au massacre de Hitler, à l’exclusion de tout autre objectif, de toute autre loyauté, de tout autre but6 ”. À l’exclusion, par exemple, du fait que les États-Unis n’étaient pas en guerre contre l’Allemagne, que celle-ci ne leur avait, à eux non plus, fait aucun mal, et du fait que le maître de M. Hopkins venait de répéter aux mères américaines “ encore, encore et encore ” que leurs fils ne seraient pas envoyés se battre en Europe. M. Churchill montre donc que l’attitude du président Roosevelt à l’égard de la guerre avait bien peu à voir avec la poursuite des intérêts américains. Le président, à l’instar du premier ministre britannique, était un croisé.
En réalité, les dirigeants étasuniens se sont même montrés encore plus négligents envers leurs intérêts vitaux que leurs homologues britanniques. Les USA n’avaient aucun besoin d’entrer dans aucune des deux dernières guerres comme belligérants majeurs contre l’Allemagne, malgré la déclaration de guerre allemande contre eux à la seconde occurrence ; car en aucune de ces deux occurrences, les intérêts vitaux étasuniens n’exigeaient le renversement complet de l’Allemagne7. Le conflit entre les USA et l’Allemagne en 1917 étant dû à la guerre sous-marine, les hostilités entre elles auraient pu rester confinées à l’océan, comme ce fut le cas entre les anglais et les hollandais au XVIIème siècle. Dans les guerres anglo-hollandaises, les deux belligérants se satisfaisaient de tantôt convoyer leur flotte marchande hors de danger, et de tantôt établir un arbitrage maritime au moyen d’un combat naval. Mais aucune des parties ne raisonna jamais en des termes d’invasion militaire ou de victoire totale.
L’un des phénomènes les plus étranges de notre temps réside dans le refus des USA de croire en sa propre sûreté, pourtant si enviable. Car il s’agit, en vérité, de l’une des nations les moins vulnérables de l’histoire. Disposant de la Navy et de la force aérienne les plus importantes au monde, d’une puissance humaine considérable, et de réserves abondantes en matières premières, d’une productivité industrielle sans rivale, et gardée par des étendues d’eau de milliers de kilomètres des deux côtés. Les américains peuvent se payer le luxe de s’asseoir tranquillement et de considérer avec un détachement amusé les querelles des autres peuples, à leur plus grand avantage économique.
Au lieu de cela, ils s’adonnent à conjurer des dangers en grande partie ou totalement imaginaires, et à les utiliser comme raison de rejoindre le combat. Ainsi, au cours de la dernière guerre, le président Roosevelt déclara que la participation à la guerre était essentielle pour sauvegarder l’Amérique de l’invasion, en empêchant les allemands d’atteindre l’Afrique de l’Ouest. S’ils devaient y parvenir, déclara-t-il, ils pourraient sauter sur le Brésil ou le Mexique, et marcher sur les États-Unis par le Sud. Alors que le contrôle de l’Atlantique résidait fermement dans les mains étasuniennes, l’estimation du président de tels événements était ridicule, et aurait valu de piètres notes à un aspirant de marine passant des examens.
Le général Mac Arthur se distingua également de manière similaire, en déclarant face à un Comité du Sénat en 1951 que les États-Unis allaient “ perdre en pratique l’Océan Pacifique si Formose passait sous le contrôle des soviétiques ” ; et que ce dernier événement aurait mis la côte Ouest de l’Amérique en “ danger mortel8 ”. La Chine communiste ne disposant en réalité d’aucune flotte, l’officier de marine ne peut que rester ébahi qu’une telle opinion puisse se voir exprimée par un homme qui, en tant que Commandant Suprême, dispose du dernier mot quant à la stratégie de l’ONU en Extrême-Orient. La côte de l’Amérique ne serait en danger mortel du fait d’un Formose communiste que si des soldats chinois communistes étaient en mesure de traverser à la nage avec tout leur équipement les 9 500 kilomètres de distance.
L’une des manifestations les plus frappantes du complexe de vulnérabilité américain est la peur de recevoir une bombe atomique, qui, selon toute vraisemblance, semble effrayer toute la nation. Personne ne commettrait la sottise de déclarer que les USA sont immunisés à un tel bombardement. Mais il est en revanche absolument certain que ce pays ne sera pas vaincu de cette manière.
En soutien de l’opinion exprimée par l’auteur au chapitre 12, on peut citer feu l’Amiral Sir Herbert Richmond, qui déclara avant la guerre que “ les raccourcis vers la victoire, les tentatives visant l’objectif final, débouchent presque à chaque fois sur l’échec. La doctrine de la victoire par l’évasion, l’attaque directe de la vie des habitants sans défaire leurs armées, ne peuvent trouver aucun soutien dans l’expérience de la guerre. Il ne s’agit que d’une pure théorie, qui n’a pas connu l’épreuve des faits9 ”.
Elle n’a pas connu l’épreuve des faits. Rien n’est survenu, depuis que l’Amiral écrivit les mots ci-dessus, pour contredire son jugement. La pratique des bombardements aériens lors de la seconde guerre mondiale ne fut nullement décisive en Europe, et ses effets, comme le United States Strategic Bombing Survey l’établit clairement, furent bien moins importants que ne le prophétisèrent et que ne s’en réclamèrent les propagandistes à l’époque où ils furent décidés. Et ils ne furent pas non plus décisifs dans la guerre contre le Japon, la marine japonaise ayant déjà été vaincue, et, par conséquent, l’armée de l’air japonaise se retrouvant sans carburant, et le pays se retrouvant presque sans défense aucune contre les attaques aériennes avant que les bombes atomiques ne fussent lancées contre lui.
Ce fut la même chose quant à la guerre de Corée, au cours de laquelle les bombardements aériens débouchèrent sur des résultats insignifiants10; malgré les bombardements incessants par des avions de l’ONU, les coréens du Nord et les chinois furent en mesure jusqu’à la signature de l’armistice de mener des attaques importantes sur les soldats de l’ONU à proximité du 38ème parallèle. Mais la propagande familière quant à l’aspect décisif des bombardements aériens continue, en violation totale de tous les éléments tangibles. Ainsi, le 3 décembre 1952, Un vice-maréchal de l’armée de l’air britannique a été signalé déclarant que “ notre puissance aérienne inégalable domine la situation militaire en Corée, et continuera de la dominer11 ”.
Un an tout juste auparavant, M. Hanson W. Baldwin, correspondant militaire du New York Times en Corée, faisait état d’une situation exactement opposée. Dans le commentaire qu’il faisait quant aux échecs évidents de nombreux mois de bombardements constants sur les communications ennemies, il déclara que “ nous nous sommes fait des illusions — ou plutôt, les partisans super-enthousiastes de la puissance aérienne nous ont misé sur une illusion. Les centaines de sorties pratiquées quotidiennement pour viser les lignes d’approvisionnement ne signifient rien : ce sont les coups au but qu’il faut compter. Nombre de ces sorties… sont réalisées en pure perte. Nous ne frappons aucune cible importante12. ” Et M. Baldwin d’ajouter que ce sont les forces terrestres, pas la puissance aérienne, qui avaient constitué l’arme décisive en Corée, et qu’il était probable qu’il en reste de même partout.
En janvier 1953, le général Bradley, président du Comité des chefs d’États-majors interarmées à Washington, a fait part d’une opinion similaire, en faisant allusion au “ dangereux espoir ” animant de nombreuses personnes que la bombe atomique seule puisse remporter une guerre, et en ajoutant que cet espoir était illusoire13.
Nul ne peut douter que la bombe présente un pouvoir terrifiant. Il ne s’ensuit pas pour autant que ce pouvoir sera exercé au bon endroit. Elle peut ne jamais atteindre sa cible, malgré le fait que nombre de gens supposent sans y réfléchir que cela ne peut pas arriver. Une chose à ne jamais oublier en matière de stratégie est que la défense est constamment en chasse de l’attaque, et qu’elle peut parfois la surpasser. Malgré le niveau de secret et de confidentialité qui entoure le développement de la guerre atomique, les bribes d’information qui ont filtré à l’extérieur suggèrent que le développement du missile guidé et de la roquette atomique peuvent contrebalancer la situation au bénéfice de la défense, et d’inviter la conjecture que face à un ennemi technologiquement avancé, la bombe atomique pourrait constituer une grave déception pour ses supporters.
L’ancien fort instinct américain s’opposant résolument aux implications à l’étranger semble avoir laissé la place à un désir ardent, et presque contraire, des USA d’aller intervenir dans les conflits extérieurs, où qu’ils se produisent dans le monde. Ainsi, malgré la présence de soldats l’arme au pied en Europe, et une âpre guerre en Corée, le gouvernement étasunien se préoccupe des problèmes en Malaisie, en Inde, au Pakistan et dans le Moyen-Orient tout entier. Mais il est difficile de distinguer quels intérêts vitaux étasuniens provoquent de telles actions dans ces régions ; pas plus, d’ailleurs, qu’en Corée.
On ne saurait trop insister que le fait que les intérêts nationaux constituent les seuls facteurs valides justifiant une entrée en guerre. Malheureusement, une fois qu’ils se voient impliqués dans une guerre, même une guerre froide, les hommes politiques des démocraties tendent à se laisser emporter par une rhétorique idéaliste qui les grime en champions de l’humanité et en réformateurs du monde. Pourtant, réformer le monde constitue le pire du pire des objets qu’une guerre peut poursuivre. Car une guerre majeure ne rend jamais le monde meilleur ; bien au contraire, elle l’empire. Il en résulte que rechercher l’“ amélioration de l’homme ordinaire ” et d’autres concepts tout aussi béatifiants en amenant des tombereaux d’hommes ordinaires, de femmes ordinaires et d’enfants ordinaires à la mort, à se faire estropier, et à perdre leur maison n’est que pur non-sens.
Il existe une raison pour laquelle le slogan, si souvent répété depuis 1939, qui énonce que les nations ont le devoir de se battre pour telle ou telle cause, est aussi déplorable. Aucun pays n’a de devoir naturel de se battre où que ce soit, ni de tuer quiconque. Si quelque devoir moral existe en la matière, c’est plutôt de ne pas se battre et de ne point tuer. Chaque pays qui se tient éloigné d’une guerre mondiale est un pays où la paix et la civilisation sont sauvegardées. Si suffisamment de pays restent en dehors de la guerre, une guerre mondiale cesse de l’être, et rétrograde en conflit localisé, et une guerre localisée est moins dangereuse qu’une guerre générale, précisément du fait de l’existence de nombreuses parties non-belligérantes, qui peuvent adopter une vision, à défaut d’impartiale, détachée et tempérée du conflit, et qui peuvent exercer une influence utile pour décourager tout extrémisme de la part des belligérants. Voilà pourquoi le fait que les américains semblent incapables de réaliser la bénédiction stratégique que la Providence leur a accordée constitue un malheur international. Leur positionnement géographique fait de leur pays le neutre naturel du monde, et donc, du fait de leur force, les arbitres idéaux entre les parties en litiges à l’extérieur. Mais ils ne peuvent pas remplir cette fonction bénéfique s’ils sont constamment en train d’attaquer des étrangers qui ne sont pas en mesure de les atteindre, et ainsi constamment en train d’opter activement pour un camp ou un autre.
Mais M. Churchill semble ne pas croire non plus aux mérites d’une localisation du conflit. Alors que le maréchal Tito était en visite officielle à Londres en mars 1953, des communiqués officiels émis par Downing Street affirmaient catégoriquement qu’une guerre dans laquelle la Yougoslavie serait impliquée ne pourrait pas rester localisée. À son retour à Belgrade, le maréchal affirma que M. Churchill lui avait dit : “ Nous sommes vos alliés, et si la Yougoslavie est attaquée, nous nous battrons et mourrons ensemble. ” M. Churchill, s’exprimant plusieurs jours après que cette déclaration de Tito fût imprimée, ne la contesta pas.
Que ni au Parlement, ni nulle part ailleurs, presque aucune voix ne se soit fait entendre pour dénoncer cette révélation saisissante, que la Grande Bretagne avait une nouvelle fois émis une de ces funestes garanties à un pays lointain, voilà qui constitue une sombre indication de la terne lassitude qui semble s’être abattue sur l’esprit britannique quant aux affaires étrangères de notre pays. Avant la première guerre mondiale, Sir Edward Grey n’avait pas osé reconnaître les liens dont il savait qu’ils étaient noués entre son pays et les français. Dans un courrier à l’ambassadeur britannique à Paris en 1912, il écrivit :
Ce serait un tollé ici au Parlement, si j’énonçais des mots impliquant la possibilité d’un engagement secret… nous engageant dans une guerre européenne.
Il n’y eut aucun tollé au Parlement quand M. Churchill annonça l’engagement britannique de défendre la Yougoslavie jusqu’à la mort.
Mais pourquoi fallait-il supposer qu’une attaque russe contre la Yougoslavie ne pourrait pas rester localisée? L’absorption de la Tchécoslovaquie par la Russie était restée localisée. Localisées également, un certain nombre de guerres modernes, dont la guerre franco-prussienne de 1870, la guerre anglo-boer de 1899, la guerre russo-japonaise de 1904, les guerres des Balkans de 1912, et la guerre entre l’Inde et Hyderabad en 1949. Si les conflits pouvaient rester localisés dans toutes ces instances, pourquoi cela était-il impossible quant à la Yougoslavie?
Nul doute qu’un certain sentiment de sympathie pourrait être concocté dans l’opinion publique britannique pour la “ petite Yougoslavie ” impliquée dans une lutte contre le “ gros agresseur russe ”, malgré le fait que l’on assisterait à un État communiste s’en prenant à un autre, et malgré le fait qu’au cours de l’histoire, la Grande Bretagne n’a pas été la dernière à jouer le rôle du gros agresseur. Mais le sentiment en soi ne constitue pas une raison suffisante pour s’embarquer dans la guerre, comme la Reine Victoria l’illustra en enrayant la tentative de Lord Palmerston de se jeter dans une guerre contre l’Autriche et la Prusse en soutien du “ petit Danemark ” en 1864 ; par cette position, la Reine avait retardé une guerre générale européenne de cinquante ans.
Comme nous l’avons vu, et comme la Reine Victoria a pu insister à ce sujet à l’occasion citée ci-avant, un gouvernement ne devrait décider de la guerre qu’en poursuite des intérêts vitaux de son pays lui-même. Quels intérêts vitaux britanniques, donc, sont-ils impliqués dans la défense de la Yougoslavie contre la Russie? Une conquête russe du pays de Tito ne développerait pas le pouvoir russe à un niveau supérieur à celui d’aujourd’hui. Mais on pourrait objecter que, la Yougoslavie constituant un bastion vital anti-russe en Europe du Sud-Est, sa chute amènerait Constantinople ainsi que les célèbres voies maritimes du Bosphore et des Dardanelles entre les mains des russes, et la grande crainte présente dans tant d’esprits britanniques au siècle dernier de voir la Russie disposer d’un libre accès à la Méditerranée, deviendrait une réalité.
Mais pas forcément dans l’esprit de M. Churchill. L’étrangeté de ce croquemitaine, c’est qu’apparemment il cessa de nous terrifier durant la première guerre mondiale, quand le gouvernement britannique de 1915 promit Constantinople et les Détroits à la Russie, et ne revint sur ses promesses qu’après que la Russie conclut une paix séparée. Et, point tout à fait spécifiquement notable de cette promesse : elle fut faite par un gouvernement dont M. Churchill constituait l’un des membres. Et ce n’est pas tout, puisqu’il fut le principal instigateur de l’expédition des Dardanelles de 1915, qui visait à ouvrir les Détroits au bénéfice de la Russie.
Si, donc, l’exclusion de la Russie de la Méditerranée n’était à l’époque pas un point vital, pourquoi en serait-ce devenu un aujourd’hui? Le principal point vis à vis des intérêts britanniques est que cette mer a historiquement constitué la route commerciale via le canal de Suez. La préservation de cette “ ligne de vie impériale ” a souvent été déclarée essentielle aux intérêts britanniques, et l’on observa de nombreuses instances de cette déclaration au cours des années de tensions qui précédèrent la guerre de 1939. Mais quand la “ ligne de vie ” fut rompue pendant les 3 années séparant 1940 de 1943, les communications impériales furent détournées pour passer par le Cap, subissant l’inconvénient d’une distance allongée, qui n’était pas pratique, mais pas fatal non plus. La route de Suez, en fin de compte, n’était pas vitale.
Encore moins vitaux, le passage de l’Inde et de la Birmanie hors du contrôle britannique. La route vers l’Inde n’est plus impériale ; et les routes vers l’Australie et la Nouvelle-Zélande ne sont rallongées qu’en proportion négligeable en passant par le Cap plutôt que par le canal. À l’examen des faits, il semble n’exister aucune raison impérieuse pour que la Grande Bretagne se voie entraînée inévitablement dans une guerre yougoslave, et donc, du point de vue britannique, pour qu’une telle guerre ne garde pas un caractère localisé. Mais peut-être existe-il des facteurs plus obscurs en l’occurrence ; mais, si tel est le cas, le peuple britannique que l’on enverra se faire tuer devrait avoir quelque idée de la nature de ces facteurs. À la lumière du tribu immense payé pour l’engagement en France en 1914, et de la garantie accordée à la Pologne en 1939, il est tout à fait étrange que le Parlement ne trouve aucune question à poser quant à la garantie offerte en Yougoslavie en 1953.
Certains des plus grands des hommes d’État britanniques du XIXème siècle se déclarèrent absolument hostiles au principe des “ garanties ”. On s’accorda à l’époque avec Salisbury et Gladstone sur le fait que
l’Angleterre devrait conserver entre ses propres mains les moyens d’estimer ses propres obligations envers les différents événements au fur et à mesure que ceux-ci se produisent… L’Angleterre ne devrait pas verrouiller et restreindre sa propre liberté par des déclarations envers d’autres puissances, impliquant leurs intérêts réels ou supposés, dont ils pourraient considérer qu’ils en partagent l’interprétation. L’Angleterre, quoi qu’il arrive, devrait préférer promettre trop peu, plutôt que trop14.
En d’autres termes, attendez que la crise survienne avant de décider comment vous allez y réagir, et ne permettez pas, en vous engageant à l’avance, que votre destin national soit déterminé par des étrangers. Il s’agit d’un précepte que l’auteur considère comme empli de sagesse. La Grande Bretagne s’est fait attirer en guerre en 1914 du fait de politiques françaises et russes sur lesquelles elle n’avait aucun contrôle, en 1939 par l’action d’hommes politiques polonais, et en 1941 contre le Japon en raison de politiques étasuniennes auxquelles le premier ministre britannique avait publiquement remis un chèque en blanc.
Tout aussi important dans le traitement du problème de la guerre est la gestion de la preuve. Des données inexactes ne permettent pas de parvenir à de bonnes conclusions. Pourtant, les politiciens modernes succombent aux leurres d’une propagande si totale qu’ils ne font même aucune tentative sérieuse de présenter les données objectivement aux hommes de guerre. Loin s’en faut. Ils falsifient les éléments tangibles de la manière la plus éhontée. Le flot de distorsions, de demi-vérités, et de contes de fées absolus sur l’ennemi qui sont diffusés en temps de guerre sont appropriés pour engendrer la haine, mais ne permettent pas une évaluation froide des tenants et aboutissants de la situation par le peuple, et s’opposent donc à la formation d’un jugement public sensé et fiable, dont les intérêts nationaux dépendent.
Sœur jumelle de la propagande de haine, la ligne de l’innocence que les politiciens, aidés en cela par des historiens “ patriotes ” et des avocats internationaux, tracent sur les événements passés et présents. Chaque agression, chaque acte de piraterie, ou acte de sauvagerie commis par la maison est décrit comme faisant partie des “ grands processus historiques ” du développement humain, ou constitue quelque acte de représailles ou de sauvegarde. Mais les mêmes actions commises par le camp ennemi deviennent des crimes monstrueux contre la paix et l’humanité, passibles de mort.
Pour n’en citer qu’un seul exemple ; on se souviendra du raffut que provoqua en Grande Bretagne l’agression allemande sournoise contre la Norvège en 1940. À Nuremberg en 1946, le grand-amiral allemand Rader se vit accusé d’avoir participé à cette agression, ce qui lui valut une peine effrayante d’emprisonnement à vie — c’est à dire qu’il fut condamné à finir ses jours en prison. Mais la publication en 1952 de l’histoire officielle britannique de la campagne de Norvège révéla le fait honteux qui suit : des projets avaient été préparés dès novembre 1939 en vue d’une invasion anglo-française de la Norvège, sous couvert d’aider les finnois contre les russes ; et la seule raison pour laquelle ces projets ne furent pas mis à exécution fut que la guerre russo-finlandaise connut une fin rapide imprévue, avant que les agresseurs franco-britanniques ne soient prêts à mettre leur plan en œuvre.
La ligne de l’innocence constitue un expédient des plus précieux aux yeux des vainqueurs inclinés à la vengeance et des propagandistes distillateurs de haine, mais elle rend un bien mauvais service à la paix, en présentant l’histoire sous une forme déguisée et en obscurcissant la vérité, qui est que toutes les nations sont fondamentalement aussi mauvaises les unes que les autres, et que toute agression peut être considérée comme inscrite dans un long processus ininterrompu remontant à Caïn et Abel. Si les nations victorieuses qui ont récemment qualifié cette agression de criminelle se mettaient à creuser leur propre histoire afin d’obéir aux lois écrites par elles-mêmes à Nuremberg, les américains devraient prendre leurs cliques et leurs claques, quitter le nouveau monde et rentrer en Europe, et les anglais devraient en faire autant et retourner au Danemark et — assez étrangement — en Allemagne.
Inviter les hommes à croire que tous leurs problèmes résultent du mauvais œil de quelque puissance étrangère relève de la tromperie intellectuelle, calculée pour tenir les gens normaux dans la confusion et l’égarement, à leurs propres dépens. Le seul moyen sûr de combattre les afflictions de toute sorte est de remonter résolument à leur source réelle, et si un indice met en cause votre propre système de drainage, votre propre réseau d’approvisionnement en eau, ou votre manière de vivre, aller brûler des sorciers sur la place publique ne résoudra en rien vos épidémies. Les nations qui se laissent convaincre à tort par la propagande de leur propre pureté immaculée sont faciles à persuader qu’elles constituent les instruments de la justice divine, portant le devoir de châtier les méchants ; un état d’esprit dangereux propice au développement de haines fanatiques ainsi qu’à la brutalité excessive qui caractérise les guerres de religions. Il est également naturel de la part de nations se prenant pour les mandataires du Seigneur d’affirmer que si seulement elles se positionnent comme gardiennes de la vertu internationale, la paix pourra régner à jamais. Le résultat fantastique en est un appel à la guerre universelle à la première éclosion violente de quelque différend insignifiant. Au lieu d’adopter l’attitude de la police dans la gestion des troubles à l’ordre public : “ Circulez, il n’y a rien à voir ”, l’appel de l’Organisation des Nations Unies est d’inviter tout le monde à intervenir. Ainsi, le monde actuel est présenté sous la perspective d’une paix distante et fuyante, atteignable par la guerre universelle et perpétuelle.
Il est exact que la plus insignifiante des querelles peut être représentée comme un problème mondial, et en suivant la même logique chaque incident mineur dans une usine peut tenir lieu de raison à lancer une grève générale dans tout le pays. Mais l’expérience de 1926 semble avoir convaincu les unions syndicales britanniques qu’une politique d’isolation des problèmes est préférable à un soutien “ sympathique ” sans limite.
Il ne s’agit pas de dire qu’il n’existe pas de politiciens mauvais dans le monde, dont le comportement peut être considéré comme coupablement déplaisant. Mais jamais ils ne sont aussi mauvais que leurs accusateurs pas franchement innocents le laissent à penser, et bien souvent ils peuvent avoir de meilleures raisons pour leur conduite que ce qu’en savent les nations qui s’opposent à eux, ou, plutôt, que ce qu’on leur permet d’en savoir. La seule attitude sensée vis à vis de ces politiciens est de laisser les peuples dont ils sont responsables juger de leur morale, et conserver strictement ses propres manifestations de désapprobation aux menaces ou aux empiétements sur ses propres intérêts vitaux. Extirper par la force tous les mauvais politiciens du monde, juste pour cause de méchanceté, dépasse l’accomplissement humain, car la matière à travailler apparaît inépuisable, et le nombre d’extirpateurs totalement qualifiés apparaît tout à fait réduit. Exprimer des indignations morales vis à vis d’une autre nation est presque toujours inapproprié. Le dédain affiché par le Kaiser Wilhelm face au comportement britannique vis à vis des boers se retourna vite contre lui quand l’Allemagne viola la neutralité de la Belgique, et les épisodes sanglants récents15 dans les camps de prisonniers de l’ONU en Corée ne constituent pas non plus une suite heureuse aux nombreuses exécutions d’allemands par les vainqueurs de la guerre, pour des raisons très semblables.
Si les manières du monde doivent s’améliorer, cela se fera en montrant de bons exemples, et pas par la fission nucléaire, le pétrole gélifié16, les missiles, les bombes volantes, ou les bouquets bactériologiques. Ce n’est qu’après qu’une nation aura réussi à conduire ses propres affaires sans dévier sur le chemin droit et étroit de la rectitude qu’elle pourra se permettre de porter son attention critique sur la conduite intérieure de ses voisins. Mon petit doigt me dit que ces temps ne sont pas prêts d’arriver pour quiconque, et qu’entre-temps nous ne manquons pas d’ouvrage à domicile.
Je terminerai en citant une lettre de Sydney Smith à Lady Grey, femme du premier ministre dans les années 1830. Quoiqu’elle fût écrite il y a plus de cent ans, cette lettre aurait pu avoir été écrite aujourd’hui même.
Pour l’amour de Dieu, ne m’entraînez pas dans une nouvelle guerre! Je suis usé et épuisé par ces croisades et cette défense de l’Europe, et la protection de l’humanité : je dois penser un peu à moi. Je suis désolé pour les espagnols — je suis désolé pour les grecs — je déplore le sort qui est celui des juifs ; le peuple des îles Sandwich souffre de la plus détestable des tyrannies ; Bagdad est opprimée ; l’état courant du Delta ne me plaît pas ; le Tibet n’est pas pour me réconforter. Dois-je me battre pour tous ces gens? Le monde, partout, ploie sous le pêché et la peine. Dois-je devenir le Champion du Décalogue, et lever à l’infini des flottes et des armées pour rendre tous les hommes bons et heureux? Nous venons de sauver l’Europe, et j’ai peur déjà que la conséquence en soit que nous nous coupions la gorge les uns aux autres. Pas de guerre, chère Lady Grey! — Pas l’éloquence, mais l’apathie, l’égoïsme, le sens commun, l’arithmétique! Je vous en supplie, mettez en lieu sûr les épées et les pistolets de Lord Grey, comme l’écuyer mit en lieu sûr l’armure de Don Quichotte.
Annexes
Annexe 1 : Le télégramme d’Ems et le communiqué de presse de Bismarck
Le télégramme d’Ems envoyé par le Roi de Prusse :
Sa Majesté m’écrit : “ Le Comte Benedetti m’a parlé lors de la promenade, pour me demander, d’une manière très importune, que je l’autorise à télégraphier immédiatement mon engagement à ne jamais consentir de nouveau à l’avenir à ce que les Hohenzollerns puissent renouveler leur candidature. Je finis par refuser assez sévèrement sa demande, car il n’est à tout jamais 17 ni juste ni possible d’entreprendre des engagements de cette nature. Je lui dis que je n’avais pour l’instant reçu aucune nouvelle information, et comme il avait reçu plus tôt des informations en provenance de Paris et de Madrid, il put comprendre clairement que mon gouvernement n’avait plus d’intérêt dans le suivi de cette affaire. ” Sa Majesté a reçu depuis lors une lettre du Prince Charles Anthony. Sa Majesté ayant informé le Comte Benedetti qu’il attendrait des nouvelles du Prince, a décidé, en référence à la demande précitée, sur la suggestion du Comte Eulenberg et de moi-même, de ne plus recevoir le Comte Benedetti, mais uniquement de le tenir informé par l’emploi d’un aide de camp : “ Que sa Majesté a à présent reçu confirmation du Prince des nouvelles que Benedetti avait déjà reçues de Paris, et n’a rien de plus à dire à l’Ambassadeur. ” Sa Majesté laisse au soin de votre Excellence de décider si la dernière demande de Benedetti et son rejet devraient être communiquées immédiatement à nos ambassadeurs respectifs à l’étranger ainsi qu’à la presse.
La dépêche envoyée par Bismarck à la presse :
Après que la nouvelle de la renonciation du Prince héréditaire de Hohenzollern fut communiquée officiellement au gouvernement impérial de la France par le gouvernement royal d’Espagne, l’ambassadeur français demanda également à sa Majesté, le Roi, à Ems, qu’il l’autorise à télégraphier à Paris que sa Majesté, le Roi, s’engageait à ne jamais consentir de nouveau à ce que les Hohenzollerns renouvellent leur candidature. Sa Majesté, le Roi, décidé sur cette entrefaite de ne plus recevoir l’ambassadeur de France, et envoya l’aide de camp de service l’informer que sa Majesté n’avait rien de plus à communiquer à l’ambassadeur.
Annexe 2 : Les exigences autrichiennes face à la Serbie en 1914
- Suppression des publications anti-autrichiennes.
- Dissolution d’une société de propagande anti-autrichienne nommée.
- Élimination de la propagande anti-autrichienne de l’instruction publique
- Révocation de tous les agents et fonctionnaires coupables de cette propagande des services gouvernementaux, la liste de noms étant à définir par le gouvernement autrichien.
- La Serbie doit accepter la collaboration en Serbie de représentants du gouvernement austro-hongrois pour assurer la suppression du mouvement subversif dirigé contre l’intégrité territoriale de la monarchie.
- La Serbie doit engager des procédures judiciaires contre les accessoires au complot du 28 juin (l’assassinat) situés en territoire serbe ; des délégués du gouvernement austro-hongrois prendront part à l’enquête s’y rattachant.
- Procéder immédiatement à l’arrestation de deux hommes nommés.
- Empêcher le trafic d’armes illégal à la frontière.
- Fournir des explications à certaines déclarations de haut-dirigeants de la Serbie, qui se sont exprimés selon des termes hostiles envers le gouvernement austro-hongrois.
- Notifier à ce gouvernement, sans délai, de l’exécution des mesures précitées.
Le gouvernement serbe accepta toutes les demandes ci-avant, à l’exception des points 5 et 6. Les serbes rejetèrent formellement le point 6. Ils répondirent au point 5 de manière à sous-entendre leur rejet.
Annexe 3 : La résolution des ex-services armés allemands
À l’occasion du débat sur la Convention Générale et le Traité de Défense européenne, les association signataires, à l’égard du problème des “ criminels de guerre ”, ont adopté la résolution qui suit quant à la question de la contribution allemande à la Défense :
Les associations soussignées notent avec satisfaction que Theodor Blank, le Commissaire du Chancelier Fédéral, a adopté leur point de vue, à savoir qu’il ne peut être demandé à aucun allemand d’endosser un uniforme militaire tant que la question des “ criminels de guerre ” n’aura pas été réglée de manière satisfaisante.
L’article 6 de la “ Convention sur le règlement des questions découlant de la guerre et de l’occupation ” n’apporte aucune solution satisfaisante. Par ailleurs, il ne traite pas de la question des soldats allemands détenus hors de la République Fédérale d’Allemagne, ni des deux soldats allemands détenus à Spandau. L’article 6, en outre, prévoit qu’un procédure d’enquête longue et incertaine ne prendra effet qu’au moment de la ratification de la Convention, qui assujettit les allemands au service militaire.
En conséquence de quoi, des soldats allemands devraient se retrouver positionnés aux côtés de soldats appartenant à des Puissances qui — en violation de l’esprit de la Charte des Droits de l’Homme, en particulier de ses articles 5 à 7 — maintiennent injustement prisonniers d’anciens soldats allemands.
Un contingent allemand, constitué dans de telles circonstances au sein d’une armée européenne, serait nécessairement dépourvu du génie du soldat, qui constitue l’épine dorsale de toute armée, et se verrait exposé au mépris des contingents constitués par d’autres États. Sa propre nation, également, le considérerait plutôt comme une armée de mercenaires à la solde de l’étranger plutôt que l’expression concrète, émanant de la conviction générale, de la volonté allemande d’assurer une contribution à la défense de la liberté.
Nous insistons donc pour qu’une solution au problème des “ criminels de guerre ” soit trouvée préalablement à la formation de contingents allemands. Une amnistie générale, adoptée comme mesure politique, représente, à notre avis, la meilleure possibilité d’une solution rapide au problème. Nous soulignons le fait que les crimes commis pour des motivations indignes ne devraient pas être couverts par cette amnistie. Si une autre méthode devait être jugée plus pratique, nous n’y opposerions pas d’objection, pourvu qu’elle résolve le problème aussi rapidement et aussi complètement qu’une amnistie générale. Nous pensons par exemple à l’application d’une libération conditionnelle pour tous ceux qui étaient nécessairement convaincus de la légalité de leurs actions, adossée avec l’obligation de répondre ultérieurement au comité d’enquête. Nous en appelons à la Charte des Droits de l’Homme et insistons en particulier pour la libération immédiate de tous les soldats condamnés en vertu de lois rétroactives, ainsi que de tous ceux qui à ce jour n’ont pas été condamnés ou accusés.
La décision quant à une contribution allemande de défense est une décision politique, sur laquelle les opinions des partis politiques différent. Les associations soussignées, comptant parmi leurs membres des adhérents à tous les partis soutenant notre État, ne se considèrent pas compétentes à adopter une attitude positive ou négative sur le sujet de la contribution à la défense.
Cependant, les associations soussignées attendent du gouvernement fédéral et de chaque membre du Bundestag qu’ils rendent la ratification de la Convention dépendante d’une solution, dans l’esprit de la présente résolution, au problème des “ criminels de guerre ” :
Adoptée par les associations suivantes — représentant 2 millions de soldats allemands — listées par ordre alphabétique :
- Fédération des associations d’urgence des anciens membres professionnels des services du travail (Bund der Notgemeinschaften ehemaliger berufsmassiger Arbeitsdienstangehoriger) Bad Godesberg, Gerhard Rohlfsstr 4.
- Fédération des blessés de guerre allemands et des survivants en situation de dépendance (BdKK) (Bund Deutscher Kriegsbeschadigter und KriegshinterbKebener (BdKK), Dusseldorf, Adersstr. 47.
- L’association des anciens pilotes de chasse (Gemeinschaft ehemaliger Jagdflieger) Mlinchen, Schneckenburgerstr. 37 a
- Le cercle de l’armée de l’air (Luftwaffenring) Gutersloh/Westfalen, Ostring 10.
- L’association traditionnel pour une “ grande Allemagne ” (Traditionsgemeinschaft Grossdeutschland) Bosingfeld 394, Krs. Lemgo.
- L’association allemande des rapatriés, des prisonniers de guerre et des personnes dépendant de personnes disparues (Verband der Heimkehrer, Kriegsgefangenen und Vermissten-Angehorigen Deutschlands e.V.) Bonn, Sternstr. 63
- Association allemande des blessés de guerre, des proches survivants et des titulaires de pensions d’assurance sociale (Verband der Kriegsbeschadigten, Kriegshinterbliebenen und Sozialrentner Deutschlands e.V.) Bad Godesberg, Deutschherrenstr. 62.
- Association des soldats allemands/Fédération des soldats professionnels (Verband Deutscher Soldaten/Bund der Berufssoldaten) Bonn, Argelanderstr. 59
- Association des anciens membres de l’Afrikakorps allemand (Verband ehemaKger Angehoriger des Deutschen Afrikakorps) Iserlohn, Gartenstr. 75
- Association des anciens membres des corps en vol (Verband ehemaKger Fliegerkorpsangehoriger) Liibeck, Am Burgfeld 6-7.
F. D. R. der Abschrift. (Sgd) KEILIG Bonn, 14 juillet 1952.
Annexe 4 : Addenda
(p. a) Le London Times du 16 juillet 1870 avait ceci à dire au sujet de la Prusse :
Le plus grand crime national dont nous ayons à faire part dans ces colonnes depuis les jours du premier Empire français a été consumé. La guerre est déclarée — une guerre injuste, mais préméditée. La terrible calamité, qui couvre l’Europe de consternation, est, c’est à présent lumineux, l’acte de la France, d’un homme en France. Voici le résultat ultime d’une domination personnelle.
Aucun doute ne peut se faire quant au camp qui s’attirera les sympathies du monde, et, quelles qu’aient pu être par le passé les offenses de la Prusse, elle disposera dans cette instance de tout le soutien moral, car on ne saurait jamais refuser celui-ci à ceux qui ne prennent les armes que pour se défendre18.
(p 166) La publication en 1954 du volume du British Official History traitant de l’évacuation de Dunkerque a provoqué des doutes quant à la pertinence de l’affirmation sus-mentionnée du général Blumentritt. L’auteur du présent ouvrage a immédiatement pris contact avec le général, qui a répondu selon les termes suivants : Il ne garantirait pas, dit-il, que Hitler fit bien cette explication de ses motivations en arrêtant les blindés allemands en route vers l’attaque de Dunkerque au moment où il les arrêta. Il y avait, en vérité, d’autres raisons à ce moment-là pour motiver la décision de Hitler. Mais le général Blumentritt se montra affirmatif sur deux points. Le premier est qu’il s’agît de l’ordre de Hitler et de lui seul, fortement contesté par Runstedt, von Brauchitsch, Haider, et Guderian, qui arrêta les blindés. Le second est que quelques jours plus tôt, Hitler s’était entretenu plus d’une heure avec les officiers haut placés de son espoir de parvenir à un accord rapide avec l’Angleterre. Et Blumentritt ajouta que lui et de nombreux autres restent convaincus que cet espoir joua un rôle déterminant dans la décision de Hitler d’émettre cet ordre, un ordre que les plus hauts officiers trouvaient totalement inconcevable et contre lequel ils protestèrent amèrement.
Voir les chapitres précédents : chapitres 1 et 2 chapitres 3 et 4 chapitres 5 et 6 chapitres 7 et 8 chapitres 9 et 10 chapitres 11 et 12 chapitres 13 et 14 chapitres 15 et 16
Notes
- … guerre1
- The International Anarchy –— Alien & Unwin, p. 30… Manche2 Sea Power –— Cape (Londres) et Doubleday Doran (New York), Chapitre III
… ante3Les allemands émirent une offre de paix en décembre 1916, sur des termes très proches de ceux-ci, mais les alliés refusèrent de l’examiner
…Lebensraum4En allemand dans le texte — espace vital , NdT
… Cause5L’emploi de l’adjectif “ refined ” — raffiné — apparaît dans ce contexte comme singulier, du point de vue de l’auteur
… but6En anglais : “ absolutely glowing with refined comprehension of the Cause. It was to be the defeat, ruin, and slaughter of Hitler, to the exclusion of all other purposes, loyalties, and aims ”, NdT
… l’Allemagne7La sécurité des prêts financiers consentis aux pays de l’Entente aurait été mieux assurée par une paix de compromis en 1917 que par un effondrement allemand en 1918
… mortel8 The Times — May 5th, 1951
… faits9 Naval Warfare , p. 25 (Ernest Benn, Ltd, 1930)
… insignifiants10Insignifiance stratégique, car le bilan civil des bombardements de la Corée déboucha sur le résultat génocidaire de 20% de décès au sein de la population — voir https://www.les-crises.fr/voila-pourquoi-la-coree-du-nord-deteste-autant-les-etats-unis/ , NdT
… dominer11 Times — 3 décembre 1952
… importante12 Times , 3 décembre 1951
… illusoire13 Times , 12 janvier 1953
… trop14Algernon Cecil –— Queen Victoria and Her Prime Ministers , p. 338
… récents15L’auteur fait sans doute allusion aux épisodes violents du camp de prisonniers de Geoje, qui semble être un épisode fort peu glorieux de l’histoire de l’ONU, sauf à considérer comme une pratique honorable l’usage de lance-flamme sur des prisonniers de guerre, NdT
… gélifié16combustible des lance-flammes
… jamais17en français dans le texte, NdT
… défendre18Cité dans Gustav Stolper, German Realities , New York, Reynal & Hitch-cock, 1948, p. 218
Note du Saker Francophone Nous publions notre traduction du livre de Russell Grenfell, en 1953, sous le titre "Haine Inconditionnelle". L'ouvrage traite de géopolitique de l'Europe du XIXème - XXème siècle, et (surtout) analyse les grossières erreurs politiques britanniques ayant entraîné le Royaume-Uni dans les guerres mondiales. Ce livre est décapant, rafraîchissant, et très instructif. Le livre en anglais est proposé par Ron Unz à la lecture ici. Quand nous l'aurons finalisé, l'ouvrage au format PDF sera mis en ligne ici
Traduit par Vincent pour le Saker Francophone
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