La Pravda Américaine : le Hamas, les Nazis et le droit de violer



Par Ron Unz — Le 12 août 2024 — Source unz.com

Il y a vingt-cinq ans, en 1999, le film Matrix a été projeté dans nos cinémas et est instantanément devenu un classique ainsi qu’un blockbuster colossal, remportant presque 500 millions de dollars au box office. La notion selon laquelle le monde que nous connaissons ne serait qu’une illusion générée par une simulation informatique, dissimulant la lugubre réalité sous-jacente, a présenté des implications épistémologiques intéressantes. L’expression pilule rouge — permettant de percer ces illusions et d’entrer dans la véritable existence — est rapidement entrée dans notre lexique politique populaire, avec une recherche Google qui révèle que la “pilule rouge” et ses variations apparaissent sur plus de 5 millions de pages web, et le terme a même inspiré les notions relativement proches de “pilule noire” et de “pilule blanche,” qui induisent respectivement la désespérance et l’espoir.

J’ai trouvé le film stupéfiant la première fois que je l’ai vu au cinéma, et au fil des années il a conservé le même niveau à mes yeux lorsque je le voyais à la télévision, bien que les suites qu’il a rapidement inspirées me soient apparues comme plutôt médiocres.

Cependant, j’ai toujours trouvé un peu injuste que le succès éclatant remporté par ce film ait totalement éclipsé un autre film de Hollywood, sorti la même année, et traitant d’un thème similaire. J’ai vu Passé virtuel plusieurs fois, et bien qu’on ne puisse certes pas le classer aussi haut que son rival bien plus connu, j’ai trouvé que l’intrigue intégrait des idées intéressantes, et je pense qu’il aurait pu obtenir davantage d’attentions en d’autres circonstances.

Ce film nettement moins mouvementé, puisqu’il ne dispose pas des séquences de combat par armes à feu hautement stylisées de Matrix, est centré sur une entreprise de réalité virtuelle installée à Los Angeles en 1999, qui a réussi à créer une simulation par ordinateur d’une société des années 1930 dont les personnages vivent leur vie sans avoir aucune conscience d’être des constructions purement logicielles. Le meurtre subi du directeur de l’entreprise, couplé à d’autres événements étranges, amène l’un des chercheurs employés par l’entreprise à finir par découvrir que la société au sein de laquelle il évolue n’existe que sous forme de simulation dans l’ordinateur d’un monde de plus haut niveau. Les indices qui amènent à cette découverte proviennent de la puissance de l’analogie, car lui et d’autres employés remarquent que certains événements inexplicables propres à perturber les personnages des années 1930 qu’ils ont créés sont semblables à ceux qu’ils rencontrent eux-mêmes dans leur propre monde, dont ils avaient toujours supposé qu’il était le monde réel.

À partir du moment où l’on a réussi à passer outre le faux narratif construit par nos médias malhonnêtes, on devrait toujours envisager la possibilité que l’on reste pour autant prisonnier d’un autre niveau narratif, bien plus profond mais tout aussi faux, et utiliser le pouvoir de l’analogie comme outil pour dissiper ces illusions. Telles sont les idées que l’on peut conserver à l’esprit lorsque l’on examine les nombreux mensonges, dangereux et désastreux, qui entourent le conflit entre Israël et Gaza, qui a entamé son onzième mois.

J’ai publié la semaine dernière un article qui décrit les crimes de guerre innommables commis par les forces militaires israéliennes contre des civils palestiniens sans défense, et certains de ces incidents ont enfin commencé à fait l’objet d’une couverture de la part des organes médiatiques étasuniens dominants.

Selon des médecins étasuniens interviewés par le Magazine Politico et par CBS News Sunday Morning, des tireurs d’élites de l’armée israélienne se sont régulièrement appliqués à exécuter des bambins palestiniens en leur tirant directement dans la tête et dans le cœur ; de fait, depuis de nombreuses années, les Israéliens ont fièrement vendu des T-shirts se vantant du meurtre de femmes enceintes et d’enfants. Un article du New York Times a également rapporté que les forces de défense israéliennes avaient capturé et torturé jusqu’à la mort les chirurgiens palestiniens les plus en vue ainsi que d’autres médecins, et certains des survivants ont décrit les terribles tourments qu’ils ont subis alors qu’ils étaient entre les mains de leurs brutaux ravisseurs israéliens.

Toutes ces atrocités barbares ont été justifiées et encouragées par les déclarations publiques radicales professées par les hauts dirigeants israéliens. Par exemple, le premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement identifié les Palestiniens à la tribu d’Amalek, dont le dieu hébreu a commandé l’extermination jusqu’au dernier des nouveau-nés. Il y a quelques jours à peine, Bezalel Smotrich, le ministre des finances israélien, a déclaré qu’il serait “juste et moral” qu’Israël extermine totalement les deux millions de Palestiniens vivant à Gaza, pour souligner ensuite que l’opinion publique mondiale empêchait pour le moment son gouvernement de mener cette action importante.

“Personne au monde ne va nous laisser affamer deux millions de citoyens, bien que cela soit juste et moral”
Le ministre d’extrême droite Bezalel Smotrich exprime sa frustration qu’Israël n’ait pas le droit d’affamer jusqu’à la mort deux millions de Palestiniens à Gaza
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— Palestine Highlights (@PalHighlight) 8 août 2024

Bien que l’objectif officiellement énoncé par Israël d’éradiquer l’ensemble des hommes, femmes et enfants palestiniens n’ait pas encore été atteint, plus de dix mois de bombes, de balles et de famine ont permis de progresser de manière significative dans cette direction. Le Lancet est l’un des journaux médicaux les plus anciens et les plus prestigieux au monde, et il a publié il y a quelques semaines un court article, qui estime de manière prudente que les attaques sans relâche lancées par Israël ainsi que la destruction totale des infrastructures civiles de Gaza ont pu tuer presque 200000 civils, un nombre nettement plus important que les totaux jusqu’alors mentionnés dans les médias.

Le massacre massif en cours pratiqué contre la population civile palestinienne, couplé aux déclarations publiques explicites et diffusées à grande échelle prononcées par les hauts dirigeants israéliens, ont amené les éminents juristes de la Cour de Justice internationale à émettre une suite de décisions quasiment unanimes explicitant qu’Israël apparaît comme ayant entrepris de mener une campagne de génocide contre les Palestiniens de Gaza. À la fin du mois de juillet, même les rédacteurs notoirement pro-israéliens des notices en langue anglaise de Wikipédia étaient parvenus à la même conclusion.

Outre ces massacres qui sont encore en cours, ce sont des milliers de captifs civils palestiniens qui ont été faits prisonniers, sans qu’aucun d’entre eux n’ait été jugé ni condamné de quoi que ce soit. Mais comme la place est venue à manquer dans les prisons israéliennes, Itomar Ben-Gvir, le ministre de la sécurité nationale, a proposé qu’ils soient tous exécutés sommairement d’une balle dans la tête, afin de libérer de la place pour de nouvelles vagues de prisonniers.

Certes, de nombreux pays ont pu voir leur armée s’abaisser à commettre des massacres ou des atrocités en temps de guerre, parfois même avec l’approbation silencieuse de leurs dirigeants politiques. Mais il apparaît comme très inhabituel de voir ces derniers soutenir publiquement et se faire les avocats de cette ligne de conduite ; en vérité aucun exemple de cela en dehors d’Israël ne me vient à l’esprit pour ce qui concerne les siècles récents de l’histoire humaine. Je ne doute pas que si des journalistes de la télévision avaient interviewé Genghis Khan alors qu’ils ravageait l’ensemble de l’Eurasie avec ses hordes mongoles, il aurait tranquillement pu produire ce type de déclarations, mais j’avais toujours supposé que les standards internationaux décrivant ce qu’est un comportement acceptable avaient changé considérablement au cours du dernier millénaire.

Lorsque de hauts dirigeants prononcent de manière habituelle ce type de déclaration sanguinaire, certains de leurs subordonnés les plus enthousiastes peuvent naturellement décider de mettre en œuvre à leur niveau les mêmes objectifs. Les terribles atrocités israéliennes récentes n’ont guère fait que prolonger ce schéma depuis bientôt une année, et des Israéliens ont d’eux-mêmes documenté ces crimes sur les réseaux sociaux, dans leur désir de souligner la terrible punition qu’ils parvenaient à infliger à leurs adversaires palestiniens honnis. Comme je l’ai écrit il y a quelques mois :

De fait, les Israéliens ont continué de générer une avalanche de contenus saisissants pour ces vidéos. Des foules d’activistes israéliens bloquaient de manière répétée le passage des camions apportant des denrées alimentaires et, en quelques semaines, des dirigeants de l’ONU déclaraient que plus d’un million de Gazaouis étaient au bord de la mort faute d’alimentation. Lorsque des Gazaouis désespérés et affamés se sont rués sur l’un des rares convois ayant pu se frayer un chemin, l’armée israélienne a ouvert le feu et a tué plus de 100 personnes dans le “Massacre de la farine”, et cette scène s’est ensuite répétée. Toutes ces scènes terrifiantes de mort et de famine délibérée ont été diffusées à l’échelle mondiale sur les réseaux sociaux, certains des pires exemples provenant des comptes de soldats israéliens enchantés de les diffuser, comme la vidéo prise par eux du corps d’un enfant palestinien dévoré par un chien affamé. Une autre image montrait les restes d’un prisonnier palestinien entravé qui avait été écrasé vivant par les chenilles d’un char israélien. Selon une organisation européenne des droits de l’homme, les Israéliens ont de manière répétée utilisé des bulldozers pour enterrer vivants des Palestiniens en grand nombre. Les dirigeants de l’ONU ont rapporté la découverte de fosses communes aux abords de plusieurs hôpitaux, et les victimes apparaissaient comme dévêtues et encore entravées, ce qui fait penser à des exécutions par arme à feu. Comme l’a indiqué Andrew Anglin, un provocateur sur Internet, le comportement des Juifs israéliens n’apparaît pas simplement comme “méchant” mais comme digne de “méchants de bande dessinée”, avec des crimes patents qui semblent suivre le scénario de films de propagande absolus, mais dans la vie réelle.

La description faite par en Anglin d’un comportement israélien semblable à celle d’un “méchant de dessin animé” m’est apparue comme très vraie, et je l’ai utilisée dans le titre de mon propre article à ce sujet.

Rien de semblable ne s’était jamais produit dans le monde moderne, en tous cas pas à ma connaissance. Par exemple, début 2020, les dirigeants des administrations Trump (sortante) et Biden (entrante) se sont assemblés pour condamner avec force la commission d’un “génocide” par la Chine contre les Ouïghours de la province du Xinjiang sans pouvoir citer un seul exemple d’une mort civile violente.

J’ai noté dans mon article que ce comportement très inhabituel des Juifs israéliens semblait s’expliquer le mieux par les traits religieux et idéologiques du Judaïsme traditionnel, qui a durant presque deux mille ans considéré tous les non-Juifs comme des sous-hommes, dont la seule valeur est de pouvoir tenir lieu d’esclaves aux Juifs :

Si ces questions rituelles constituaient l’élément central du judaïsme religieux traditionnel, nous pourrions le considérer comme une survie plutôt colorée et excentrique des temps anciens. Mais malheureusement, il y a aussi un côté beaucoup plus sombre, impliquant principalement la relation entre les Juifs et les non-Juifs, avec le terme très désobligeant de goyim souvent utilisé pour décrire ces derniers. Pour le dire franchement, les Juifs ont des âmes divines, pas les Goyims ou Gentils, ces derniers étant simplement des bêtes de forme humaine. En effet, la principale raison d’être des non-Juifs est de servir d’esclaves aux Juifs, certains rabbins de très haut rang affirmant parfois ce fait bien connu. En 2010, le plus haut rabbin séfarade d’Israël a utilisé son sermon hebdomadaire pour déclarer que la seule raison d’être des non-Juifs est de servir les Juifs et de travailler pour eux. L’asservissement ou l’extermination de tous les non-juifs semble être un but implicite ultime de la religion.

La vie juive a une valeur infinie et la vie non-juive n’a aucune valeur, ce qui a des implications politiques évidentes. Par exemple, dans un article publié, un éminent rabbin israélien expliquait que si un Juif avait besoin d’un foie, il serait parfaitement normal, et même obligatoire, de tuer un innocent Gentil et de prendre le sien. Peut-être ne devrions-nous pas être trop surpris qu’Israël soit aujourd’hui largement considéré comme l’un des centres mondiaux du trafic d’organes.

Ces paragraphes ont été publié pour la première fois dans l’un des articles que j’ai produits en 2018 pour discuter des traits véritables de la religion juive traditionnelle, et le comportement qui en a résulté de la part des Juifs au fil des siècles. Je pense que les événements qui sont en cours à Gaza auraient quasiment pu être prédits de manière implicites sur la base de ces éléments du passé :

L’un de nos commentateurs les plus pertinents et les plus sagaces vit en Islande, et il est parvenu aux mêmes conclusions ; il suggère que le gouvernement israélien semble tout à fait décidé à valider ces analyses extrêmement controversées, par moi publiées il y a six ans.

Assurément, beaucoup de ce que M. Unz a écrit sur les Juifs est pour le moins controversé. Aux yeux d’un gars normal comme moi, il est difficile de savoir qu’en penser car tout cela est tellement étrange et en contraste si marqué avec mes maigres connaissances sur le sujet. Il s’ensuit que je n’ai pas non plus grand-chose à en dire…

C’est presque comme si Israël avait décidé de donner raison à M. Unz. La suprématie, le mépris patent pour les vies humaines (non juives). C’est comme s’ils abattaient du bétail. Et c’est de pire en pire. Et il n’ont que peu ou pas d’excuses, car leur existence n’est pas vraiment menacée, ils disposent de la force militaire supérieure, avec le soutien des États-Unis pour les protéger.

Il serait difficile d’imaginer un scénario mieux ficelé pour soutenir les écrits passés de M. Unz lorsque des affirmations aussi sauvages sur le Judaïsme se retrouvent subitement exposées à la connaissance de chacun — en direct — depuis Israël.

J’ai remercié ce commentateur, et ai abondé en son sens, en notant que :

C’est tellement stupéfiant de voir l’analyse controversée que l’on a écrite se retrouver revendiquée aussi ouvertement dans la vie réelle.

C’est comme si un astronome calculait l’orbite d’une planète non découverte sur la base de la perturbation des orbites d’autres planètes, pour découvrir ensuite que ladite planète se trouve précisément à l’endroit prédit.

J’ai également suggéré que la quasi-place forte que les Juifs favorables à Israël avaient peu à peu édifiée au sein de la société étasunienne, surtout dans les domaines politiques, académiques et médiatiques, montrait des conséquences très funestes. Par exemple, le massacre délibéré par Netanyahu de dizaines voire de centaines de milliers de civils de Gaza ont bel et bien amené à le faire inviter récemment à s’exprimer devant une session plénière du Congrès des États-Unis pour la quatrième fois, un événement sans précédent puisque son discours grandiloquent a été interrompu par pas moins de 58 ovations debout, soit plus d’une à la minute.

Dans le même temps, les étudiants étasuniens s’étaient faits endoctriner depuis des générations par une horreur absolue du génocide, des crimes de guerre, de l’Apartheid et de l’oppression raciale. Mais lorsqu’ils ont réagi contre le soutien total du gouvernement étasunien aux pires exemples de ces phénomènes constatés dans le monde depuis des décennies, leurs manifestations pacifiques au sein des campus d’élite ont été sévèrement réprimées par des raids policiers brutaux. Ce problème s’est soulevé en raison du fait que leurs instructeurs moraux n’avaient pas souligné comme il se doit que toutes ces interdictions étendues à tous intègrent la mention en petites lettres “sauf lorsque ce sont des Juifs qui les commettent.”

Au cœur d’un des incidents récents les plus grotesques et les plus visibles, des médecins israéliens ont rapporté qu’un prisonnier palestinien avait été grièvement blessé après avoir subi un violent viol en bande organisée et des sodomies par neuf soldats des forces de défense israéliennes. Les dirigeants militaires israéliens sont désormais menacés par des mandats d’arrêt émis par la Cour Criminelle Internationale, si bien qu’ils ont décidé de montrer leur adhésion au droit international en faisant arrêter et juger les soldats, mais une immense foule violente constituée d’activistes juifs a envahi la base militaire pour les libérer, et le gouvernement a par la suite ordonné leur libération. La télévision israélienne a diffusé à grande échelle des images de prisonniers palestiniens alors qu’ils se faisaient violer et sodomiser par des soldats des forces de défense israéliennes, en affirmant que ces scènes brutales étaient parfois même diffusées en temps réel pour contribuer à l’édification de dirigeants politiques israéliens allègres.

DERNIÈRES NOUVELLES : des images de vidéo surveillance de soldats israéliens qui violent en bande un otage palestinien à Sde Teiman, publiées par la chaine 12 israélienne
Les soldats déploient leurs boucliers anti-émeutes pour dissimuler leurs actions à la caméra.
pic.twitter.com/QwGiEaPQQM
— Richard Medhurst (@richimedhurst) 7 août 2024

Mike Whitney a résumé une grande partie des éléments clés choquants à la fin juillet, après que le premier récit est sorti dans les médias israéliens, et un article plus récent, écrit par le journaliste Jonathan Cook a assemblé de nombreux éléments de contexte. Cook a noté que selon des groupes de droits de l’homme, les soldats et la police d’Israël présentent un long historique de viols et d’agressions sexuelles contre des Palestiniens, y compris contre des enfants, et ces comportements ont été soutenus par les plus hautes autorités religieuses du pays :

En 2016, par exemple, l’armée israélienne a nommé le colonel Eyal Karim comme rabbin en chef, après même qu’il a déclaré que les Palestiniens étaient des “animaux” et a approuvé le viol de femmes palestiniennes pour doper le moral des soldats.

The Grayzone est un canal vidéo populaire animé par Max Blumenthal et Aaron Maté, de jeunes journalistes juifs progressistes, et je regarde régulièrement leurs diffusions hebdomadaires en direct, qui se sont concentrées ces dix derniers mois sur divers aspects du conflit en cours entre Israël et Gaza.

À partir de 31m40s sur leur émission de ce vendredi, ils consacrent plus de 15 minutes à la couverture de ce récit de viol anal, qui, bien que les médias israéliens l’aient couvert lourdement depuis 15 jours, est resté totalement ignoré par le New York Times et la quasi-totalité des organes médiatiques étasuniens dominants. Ils expliquent que le soutien du public pour cette politique de viol et de torture systématiques des prisonniers civils palestiniens s’est fortement répandu dans une grande partie de la population israélienne, au point qu’un commentateur influent de premier plan a publiquement déclaré à la télévision israélienne qu’il était parfaitement justifié et correct que des soldats israéliens violent des prisonniers palestiniens, comme revanche pour les attaques du 7 octobre, et que cela constituait également une dissuasion puissante contre tout soulèvement à venir.


Lien vers la vidéo

Les éditeurs de The Grayzone soulignent que cette politique israélienne très largement soutenue, consistant à violer et torturer des prisonniers palestiniens, est justifiée publiquement par l’idée que les militants du Hamas avaient pratiqué du viol de groupe contre les femmes durant leur raid du 7 octobre. Mais bien que ces prétendus viols ait reçu une couverture massive de la part du New York Times et des autres organes de presse occidentaux, absolument aucune preuve n’a jamais été produite pour étayer leur existence, et il semble qu’on ait inventé ce récit de toutes pièces, et qu’il soit désormais largement démystifié.

Les partisans des viols de Palestiniens qui s’expriment à la télévision israélienne font parfois également référence aux enfants israéliens brûlés vivants par des combattants du Hamas, un bobard encore plus ridicule qui n’en fut pas moins largement diffusé dans les médias occidentaux, ainsi que les affirmations selon lesquelles 40 bébés israéliens avaient été décapités. Bien que les médias aient fini par retirer ces récits absurdes, je soupçonne qu’une grande partie du public israélien continue d’y croire, ce qui contribuerait à inspirer cette soif de sang d’une durée remarquablement longue.

Comme je l’ai indiqué dans divers articles, tous ces récits d’atrocités sont presque certainement faux, car l’on trouve des témoignages personnels ainsi que de puissants et divers éléments qui donnent une version des événements totalement différente :

J’avais déjà fait mention de la brève interview d’une femme israélienne avec deux enfants, qui indiquait que les militants du Hamas qui avaient occupé sa maison durant quelques heures s’étaient montrés très respectueux envers sa famille. J’avais également rapporté le témoignage oculaire d’un survivant d’un Kibboutz près de Gaza, qui expliquait que les civils avaient été tués lorsque l’armée israélienne avait attaqué les combattants du Hamas qui les gardaient.

En outre, la liste officielle des morts israéliens indique que presque toutes les victimes étaient des adultes dans la force de l’âge, dont une importante partie étaient des soldats et des agents de sécurité, ce qui ne suggère pas du tout une politique de massacre indiscriminé.

La dernière vague d’affirmations très douteuses s’est centrée sur des récits rapportés de viols en groupes et de mutilations sexuelles qu’aurait commis le Hamas. Ces récits n’ont émergé que deux mois après les événements en question, et ne sont étayés par aucun élément judiciaire, et nombre de ces affirmations proviennent des mêmes personnes qui étaient derrière le bobard des bébés décapités, ce qui suggère qu’il s’agit de stratagèmes propagandistes désespérés. Max Blumenthal, Aaron Maté et d’autres journalistes ont discuté l’extrême crédulité du Times et d’autres organes médiatiques pour promouvoir ces récits manifestement frauduleux. Nombre de ces points sont résumés dans une courte discussion en vidéo :

Inspiré par mon rapportage pour @TheGrayzoneNews, ce rapport excellent livré par @propandco présente la réfutation la plus puissante et la plus accessible de la propagande foireuse d’atrocités, concoctée par Israël pour justifier sa campagne génocidaire à Gaza
Visionnez et partagez largement pic.twitter.com/Q8XawKN07Y
— Max Blumenthal (@MaxBlumenthal) 27 décembre 2023

Par ailleurs, examinons les éléments très forts qui crient leur silence. Selon les bulletins d’informations, les militants du Hamas qui avaient pratiqué l’attaque portaient de petites caméras GoPro, qui ont enregistré toute leurs activités, et les Israéliens ont récupéré ces caméras en grand nombre sur leurs corps et ont commencé à examiner minutieusement les centaines d’heures d’enregistrements qu’elles contenaient. On aurait sans aucun doute rapidement vu émerger une compilation vidéo, montrant toute les preuves de ce qu’ils avaient découvert, et pourtant je n’ai connaissance d’aucun clip public montrant ces atrocités brutales ou tueries de masse, ce qui suggère fortement que fort peu de ces atrocités auraient été véritablement commises. De fait, le Grayzone a découvert que la principale photographie montrant supposément une femme israélienne violée et assassinée s’était avérée en réalité être celle d’une combattante kurde, prise des années plus tôt et récupérée sur Internet, ce qui démontre le désespoir et la malhonnêteté apparents des propagandistes pro-israéliens qui promeuvent ces récits.

Au fil des derniers mois, on a peu à peu reconnu qu’environ la moitié, voire plus, des quelque 1100 Israéliens tués le 7 octobre étaient probablement morts des mains de leurs propres forces militaires en panique à la gâchette facile, et parfois même délibérément ciblés en raison de la controversée Directive Hannibal émise par Israël, et que ces victimes d’un feu ami étaient en grande majorité civiles. Il semble donc très plausible que le nombre de civils israéliens désarmés tués par des militants du Hamas ne soit que de l’ordre de 100 ou 200, et bien souvent de manière accidentelle. Cela souligne l’extrême disproportion par rapport au nombre de 200000 morts civils dans la population palestinienne.

Dans cette même émission diffusée en direct, Blumenthal et Maté se sont également concentrés sur les méthodes utilisées pour maintenir les dirigeants élus étasuniens alignés sur ce sujet, en notant qu’il y a quelques jours, des milliardaires sionistes avaient dépensé la somme jusqu’alors quasiment inégalée de 8 millions de dollars pour vaincre la représentante Cori Bush au sein de sa propre primaire démocrate, furieux d’avoir vu la membre noire et progressiste du “squad” appeler à un cessez-le-feu à Gaza. Quelques semaines plus tôt à peine, c’était à peu près le double qui avait été versé par les mêmes donateurs pour des raisons très similaires, afin d’éliminer son proche allié politique, le représentant Jamaal Bowman.

Ces deux campagnes pour des primaires ont été de loin les plus chères de toute l’histoire des États-Unis, et il s’en est très certainement suivi que la plupart des membres du Congrès ont compris que les seuls à conserver leur poste étaient ceux que tolérait le lobby de l’AIPAC et ses alliés idéologiques. Bien que la représentante progressiste Alexandria Ocasio-Cortez ait dénoncé le rôle des gros donateurs dans ces courses aux primaires, elle a d’évidence eu trop peur des donateurs pro-Israël pour oser même faire mention du bord auquel appartenaient ces gros donateurs. Les éditeurs de The Grayzone se sont montrés bien plus honnêtes et ont décrit avec précision les dollars comme provenant “des agents étrangers d’un État d’Apartheid.”

Au mois de mai dernier, j’avais décrit certaines déclarations ironiques que j’avais remarquées dans une précédente émission de Grayzone :

Cette suppression massive de toute opposition politique au sionisme, mise en œuvre au travers d’un mélange de moyens légaux, quasi-légaux et illégaux a fait l’objet de peu de critiques outragées et diverses. Max Blumenthal et Aaron Mate, de jeunes progressistes juifs très critiques envers Israël et les attaques qu’il mène contre Gaza, ont émis l’idée dans une récente vidéo postée en ligne juste avant le vote du Congrès que les Sionistes constituaient la plus grande menace envers la liberté aux États-Unis, et que les États-Unis subissait une “occupation politique” par “le Lobby israélien”.

On ne saurait dire s’ils ont conscience que leur dénonciation agacée est très proche de l’une des phrases les plus célèbres produites par l’extrême-droite lors du dernier demi-siècle, qui avait condamné le système politique en place aux États-Unis, qualifié de ZOG, “Zionist Occupation Government”. Au fil du temps, la réalité factuelle commence à apparaître, indépendamment des prédispositions idéologiques de tout un chacun.

Cet article écrit par moi s’est avéré assez populaire, et il est possible que mes remarques aient pu parvenir, directement ou non, à ces personnalités. Quel cela soit ou non le cas, ils ont fait mention dans leur dernière émission que bien qu’ils aient toujours repoussé l’expression “ZOG” comme ridiculement antisémite, les événements récents avaient démontré sa réalité, et que les Étasuniens vivaient désormais de toute évidence dans “une nation sous ZOG.” Je pense que ce point a marqué un jalon important dans leur compréhension de notre monde.

Ces tentatives d’intimidation de dirigeants élus, couronnées de succès, ont correspondu avec d’autres efforts menés par le gouvernement pour cibler les journalistes ou d’autres citoyens qui remettent en question notre politique favorable à Israël. Bien que cela n’ait pas été évoqué dans leur podcast, au cours des derniers jours, cette campagne semble avoir connu une forte escalade, car le domicile de Scott Ritter a fait l’objet d’un raid de vingt agents du FBI au motif qu’il aurait pu violer la FARA, la Foreign Agents Registration Act.

Ritter, un ancien agent des Marines à la dure, a passé une partie des années 1990 comme inspecteur en chef des armes en Irak. À ce poste, il a travaillé étroitement avec ses collègues israéliens, et ses nombreuses années de service au Moyen-Orient et ses nombreuses visites en Israël lui ont permis de construire une grande admiration pour ce pays et pour son peuple. Dans plusieurs émissions qu’il a diffusées cette année, il a expliqué à quel point les émotions l’avaient submergé, ainsi que son épouse, lors de leurs premières visites en Terre Sainte, le lieu de naissance de leur religion chrétienne.

Au cours des dernières années, Ritter est devenu très critique envers la politique menée par les États-Unis à l’égard de la Russie et de l’Ukraine, et durant la même période, il se peut qu’il ait peu à peu pris conscience de la face sombre de la relation entre les Israéliens et les Palestiniens, et de la terrible oppression subie par les populations palestiniennes. Ensuite, la réponse militaire massive lancée par Israël à l’issue des attaques du 7 octobre lui ont fait traverser la ligne, et il s’est mis à critiquer avec force et emphase le gouvernement israélien et le nombre colossal de crimes de guerre commis par ce dernier.

La nouvelle position radicalement adoptée par Ritter va même jusqu’à exprimer une certaine admiration envers le Hamas, malgré la classification officielle de cette organisation comme groupe terroriste par le gouvernement étasunien. Il décrit raisonnablement l’attaque du 7 octobre comme l’une des opérations d’infanterie légère les plus réussies de l’histoire moderne du monde, avec des combattants du Hamas disciplinés faisant face à des unités de combat israéliennes sur le champ de bataille et leur infligeant des pertes importantes. Certaines des interviews vidéos récentes de Ritter sur ces sujets ont été visualisées deux ou trois cent mille fois chacune.

Un grand nombre d’Étasuniens travaillent ou écrivent pour le compte de publications étrangères, y compris des publications gouvernementales comme la BBC ou la Canadian Broadcasting Corporation. Mais comme Ritter écrit de manière régulière pour le journal russe RT, il se trouve désormais confronté à des poursuites sélectives, et un ancien agent du FBI a dénoncé ces accusations comme absolument ridicules, violant clairement les droits énoncés par notre Premier Amendement. Que ces accusations soient maintenues ou non, l’objectif est évidemment d’intimider Ritter et toute autre personne voulant dénoncer publiquement la politique suivie par le gouvernement. Dans le même temps, comme on l’a beaucoup fait remarquer, les dizaines ou centaines de millions de dollars injectés dans la machine politique étasunienne pour le compte d’agents étrangers au service d’Israël sont totalement restés sous le radar.

Durant des décennies, la FARA est restée presque totalement inappliquée, et je n’avais jusqu’ici jamais entendu parler d’un vaste raid du FBI ciblant une personne privée accusée uniquement d’écrire des articles ou de pratiquer des interviews en podcast, si bien que ce développement pourrait nous faire franchir d’un seul coup quelques marches dans l’escalier qui descend vers une société totalitaire.

Chas Freeman, un ancien ambassadeur, est considéré depuis plus d’un demi-siècle comme l’un des meilleurs experts en politique étrangère, et il a dénoncé fortement cette attaque contre les droits constitutionnels de Ritter, et l’a condamnée comme une réminiscence de nos Palmer Raids anti-radicaux en 1919 et de l’ère McCarthy des années 1950 ; mais je pense qu’il se trompe. Presque toutes les arrestations de 1919 ciblaient des ressortissants non-étasuniens, souvent des immigrés étrangers arrivés depuis peu, dont un grand nombre étaient ouvertement engagés dans un renversement du gouvernement étasunien et l’établissement d’un régime de type bolchevique à la place, une situation totalement différente de celle qui implique Ritter. De même, bien que des nombres considérables d’agents soviétiques, réels ou supposés, eurent à subir des enquêtes ou des procès durant les années 1950, Ritter n’est accusé pour aucun des mêmes motifs, et je n’ai non plus jamais entendu parler de raids du FBI à domicile à cette époque. L’attaque lancée par le gouvernement contre Ritter semble donc bien pire que tout ce que Freeman peut suggérer.

Mais je pense cependant qu’il existe bien une analogie historique bien plus proche de nous, quoique oubliée de longue date. Dans le Grand Procès pour Sédition de 1944,”, des dizaines d’auteurs, d’intellectuels et d’activistes indépendants qui s’opposaient à la politique étrangère étasunienne et à notre implication dans la seconde guerre mondiale ont été traînés en justice pour les punir d’avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et à la critique de notre gouvernement ; même si les accusations ont fini par s’effondrer. Lawrence Dennis, un intellectuel public et ancien dirigeant de premier plan du Département d’État, faisait partie de ces accusés, et bien que je ne l’ai pas lu, il a par la suite co-écrit un long livre en 1946, A Trial on Trial, pour dénoncer et tourner en ridicule ces poursuites judiciaires.

De toute évidence, l’analogie n’est pas parfaite, car notre pays se trouvait en guerre en 1944, et des millions d’Étasuniens se battaient et mouraient à l’étranger, mais à de nombreux égards, cette affaire semble sinistrement semblable aux États-Unis d’aujourd’hui. Les accusés constituaient un groupe extrêmement hétérogène, la plupart d’entre eux n’avais jamais eu de contacts entre eux, et ils furent publiquement diabolisés comme isolationnistes antisémites, fascistes, et laquais d’un gouvernement étranger hostile, l’objectif des accusations lancées contre eux étant évidemment d’intimider quiconque s’opposerait fortement à la politique étrangère des États-Unis. Au vu des tendances politiques actuelles, il est facile d’imaginer des accusations de même nature dans l’avenir des États-Unis, et l’accusation publique de “sympathisant envers des terroristes” pourrait sans doute être ajoutée à ce mélange.

Ritter et Freeman apparaissent tous les deux fréquemment sur la chaîne Youtube populaire de Judge Andrew Napolitano, dont les autres invités comprennent une longue liste de personnalités très notables tirées du monde académique, de l’appareil de sécurité nationale, et du journalisme, parmi lesquels on trouve Jeffrey Sachs, John Mearsheimer, Ray McGovern, Douglas Macgregor, Larry Wilkerson, Max Blumenthal, Aaron Maté, Larry Johnson, and Philip Giraldi. Je visionne en général plusieurs heures par semaine d’interviews de tous ces experts, qui me permettent de prendre connaissance de beaucoup d’informations importantes. Et pourtant, j’ai également remarqué que certaines de ces personnalités peuvent présenter certains angles morts historiques.

L’année passée, le Hamas est devenu la cible d’un barrage médiatique massif, visant à le diaboliser totalement et à le dépeindre comme l’une des pires organisations terroristes de l’histoire mondiale. Sans doute que des dizaines de millions d’Étasuniens crédules, allant des hauts dirigeants élus aux citoyens ordinaires, continuent vaguement de penser que les militants du Hamas ont décapité diaboliquement 40 bébés israéliens et en ont fait rôtir d’autres, encore vivants, dans des fours, tout en violant en groupe et en mutilant sexuellement de nombreuses femmes israéliennes sans défense. Considéré comme le cerveau et l’organisateur de cette attaque lancée par le Hamas, Yahya al-Sinwar passe sans doute pour l’un des pires monstres de l’histoire de l’humanité.

Mais des personnalités bien renseignées, parmi lesquelles tous les invités de l’émission de Napolitano, ont bien conscience que ces histoires ne constituent apparemment que des bobards de propagande, concoctées par des activistes pro-israéliens et par leurs moteurs médiatiques pour inspirer une haine colossale à l’encontre du Hamas, et contribuer à justifier et excuser les énormes massacres lancés en représailles par Israël contre les civils sans défense de Gaza. De fait, étant donné cette compréhension bien plus juste, l’histoire d’al-Sinwar pourrait peut-être être racontée sous un jour très différent, voire héroïque.

Cependant, exactement comme dans le film de 1999 Passé virtuel, il arrive que des personnes qui réussissent à découvrir et à passer outre une couche constituant une version créée de manière artificielle de réalité puissent échouer à comprendre qu’il existe encore une autre couche, plus profonde, cachée derrière celle-ci. Je pense qu’ils devraient examiner l’idée suivante : si nos médias ont pu, toute honte bue, promouvoir des mensonges aussi absurdes sur ce qui s’est passé ici et maintenant, il faut faire très attention avant d’accepter sans remettre en question tout ce que ces mêmes médias et leurs alliés universitaires dominants ont à dire sur des événements qui se sont produits il y a longtemps et loin d’ici.

De nombreuses personnes des plus décentes ont été horrifiées par les atrocités actuellement commises par le gouvernement israélien au grand jour, et face au monde entier. Nombreux sont ceux qui expriment naturellement cette révolte en comparant les Israéliens avec l’exemple suprême de mal à l’état pur que nos médias ont construit au cours des dernières générations, à savoir l’Allemagne nazie d’Adolf Hitler. Ritter, Wilkerson, McGovern, et de nombreux autres observateurs accusent souvent Israël sur ce terrain et en menant ce type de comparaison, et j’ai entendu que celle-ci est devenue tellement courante que Facebook censure de manière automatique toute comparaison entre les Israéliens et les Nazis.

Mais il faut se souvenir que ceux qui ont construit la “légende sombre” de l’Allemagne nazie il y a quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans partagent en réalité de nombreux traits avec ceux qui ont construit plus récemment une “légende sombre” autour du Hamas. Aussi, si nous pensons désormais que ces derniers ont eu tort, peut-être ferions-nous bien d’enquêter soigneusement sur les premiers également. C’est exactement ce que j’ai fait au cours des dix dernières années, et je considère mes découvertes comme assez édifiantes.

Ray McGovern est un ancien professionnel des renseignements jouissant d’une excellente réputation, qui a régulièrement assuré le briefing d’une demi-douzaine de présidents étasuniens durant sa longue carrière en tant qu’analyste de la CIA, et j’accorde une très grande confiance en son jugement franc sur les affirmations de nos médias malhonnêtes et compromis au sujet des événements actuels se déroulant à Gaza, en Ukraine et partout ailleurs dans le monde.

Mais durant la seconde guerre mondiale, celui qui fut plus ou moins l’homologue de McGovern fut peut-être le professeur John Beaty, qui en tant qu’officier élevé des Renseignements Militaires préparait les rapports de briefing de renseignements quotidiens distribués à la Maison-Blanche ainsi qu’à l’ensemble de nos haut dirigeants politiques et militaires.

Quelques années après la fin de la guerre, Beaty a publié un best-seller conservateur très populaire sous le titre Le Rideau de Fer sur l’Amérique, au sein duquel il explique que les véritables origines et circonstances du conflit étaient totalement différente de celles qui furent dépeintes par notre gouvernement et ses médias aux ordres, et les affirmations frappantes qu’il avance ont été soutenues par une longue liste de nos commandants militaires de l’époque de la guerre. Les mensonges récents énoncés par le gouvernement étasunien au sujet de la Russie, de l’Iran et du Hamas semblent remarquablement semblables aux mensonges passés que les gouvernements étasuniens précédents ont avancé sur l’Allemagne et le Japon.

La vision entretenue par Beaty n’était pas du tout une opinion solitaire. Durant cette même guerre, le professeur de philologie classique Revilo Oliver a été directeur des recherches de l’unité de renseignements du Département de la Guerre, avec 175 professionnels sous ses ordres, et il a été décoré à la fin de la guerre pour ses brillants services. Des dizaines d’années plus tard, il a publié ses mémoires acerbes sous le titre Déclin américain : l’Éducation d’un Conservateur, exprimant des opinions très semblables à celles de Beaty. Il est cinglant dans ses descriptions des terribles crimes de guerre commis par son propre pays et ses alliés britanniques contre l’Allemagne :

La Grande-Bretagne, en violation de toute l’éthique de la guerre civilisée qui avait jusque-là été respectée par notre race, et en violation traîtresse des engagements diplomatiques solennellement assumés sur les “villes ouvertes”, avait secrètement bombardé intensivement de telles villes ouvertes en Allemagne dans le but affirmé de tuer suffisamment d’hommes et de femmes désarmés et sans défense pour forcer le gouvernement allemand à répliquer et à bombarder les villes britanniques et à tuer ainsi suffisamment d’hommes, de femmes et d’enfants britanniques sans défense pour susciter chez les Anglais l’enthousiasme pour la guerre folle dans laquelle leur gouvernement les avait engagés.

Il est impossible d’imaginer un acte gouvernemental plus vil et plus dépravé que d’inventer la mort et la souffrance pour son propre peuple – pour les citoyens mêmes qu’il exhortait à la “loyauté” – et je soupçonne qu’un acte de trahison aussi infâme et sauvage aurait rendu malade même Genghis Khan ou Hulagu ou Tamerlan, barbares orientaux universellement décriés pour leur folie sanguinaire. L’histoire, si je me souviens bien, n’indique pas qu’ils aient jamais massacré leurs propres femmes et enfants pour faciliter la propagande mensongère[…] En 1944, les membres du renseignement militaire britannique ont tenu pour acquis qu’après la guerre, Sir Arthur Harris serait pendu ou tué pour haute trahison contre le peuple britannique…

De manière très semblable à l’Iran aujourd’hui, l’Allemagne de Hitler avait fait absolument tous les efforts possibles pour éviter la guerre contre les États-Unis, et elle avait par le passé tenté de parvenir à un règlement négocié avec la Pologne en 1939. Mais pour des raisons de politique intérieure, Franklin Delano Roosevelt avait personnellement orchestré l’éclatement de la seconde guerre mondiale, et il était déterminé à y impliquer les États-Unis :

Son premier plan a été défait par la prudence du gouvernement allemand. Tandis qu’il geignait contre le mal provoqué par l’agression contre les Américains blancs qu’il méprisait et détestait, Roosevelt utilisa la marine américaine pour commettre d’innombrables actes d’agression furtifs et traîtres contre l’Allemagne dans une guerre secrète et non déclarée, cachée au peuple américain, espérant qu’un jour, une piraterie si massive exaspérerait tellement les Allemands que ceux-ci déclareraient la guerre aux États-Unis, dont on pourrait alors gaspiller les ressources et les hommes pour punir ceux qui tentent de garder un pays souverain. Ces actes odieux de criminel de guerre étaient connus, bien sûr, des officiers et des hommes de la Marine qui exécutaient les ordres de leur commandant en chef, et étaient couramment discutés dans les cercles informés, mais, pour autant que je sache, ils ont d’abord, et que beaucoup plus tard, été relatés par Patrick Abbazia dans Mr. Roosevelt’s Navy: the Private War of the U.S. Atlantic Fleet, 1939-1942, publié par la Naval Institute Press à Annapolis en 1975…

Bien que les actes de piraterie scandaleuse de la marine américaine en haute mer aient été dissimulés avec succès à la majorité du peuple américain avant Pearl Harbor, ils étaient, bien sûr, bien connus des Japonais, et expliquent en partie le succès de Roosevelt à les tromper avec ses “confidences” à l’ambassadeur du Portugal… ils supposaient que lorsque Roosevelt serait prêt à les attaquer, son pouvoir sur la presse américaine et les communications lui permettrait de simuler une attaque qu’ils n’avaient pas faite en réalité. Le succès de cette tromperie a bien sûr été démontré en décembre 1941, lorsqu’ils ont fait un effort désespéré pour éviter le coup traître qu’ils craignaient.

Une fois les États-Unis entrés en guerre, Oliver a centré son attention sur la manière terrible suivant laquelle nous l’avons menée, massacrant délibérément la population civile allemande :

Tant les Britanniques que les Américains ont toujours prétendu être humains et ont condamné haut et fort les effusions de sang inutiles, les massacres de masse et le plaisir sadique d’infliger de la douleur … en 1945, ces prétentions pouvaient encore être crédibles sans aucun doute, et cela signifiait qu’ils seraient frappés de remords pour un acte de sauvagerie sans précédent dans l’histoire de notre race et sans précédent dans les archives de toutes les races. Le bombardement de la ville non fortifiée de Dresde, au moment opportun pour assurer une mort atroce d’un maximum de femmes et d’enfants blancs, a été décrit avec précision par David Irving dans La Destruction de Dresde (Londres, 1963), mais l’essentiel de cette atrocité répugnante fut connu peu après son exécution. Certes, il est vrai qu’un tel acte aurait pu être ordonné par Hulagu, le célèbre Mongol qui a eu le plaisir d’ordonner l’extermination de la population de toutes les villes qui ne lui ont pas ouvert leurs portes – et de certaines qui l’ont fait – afin que les têtes coupées des habitants puissent être empilées en pyramides, monuments périssables mais impressionnants pour sa gloire. Les Américains et les Britanniques, cependant, se considèrent plus civilisés que Hulagu et moins sadiques.

Il a également condamné l’occupation très brutale de l’Allemagne par les États-Unis qui a suivi la fin de la guerre :

… avec l’invasion américaine du territoire allemand ont commencé les innombrables atrocités contre sa population civile – les atrocités contre les prisonniers ont commencé encore plus tôt – qui ont valu à notre peuple la réputation des hordes d’Attila. Les outrages étaient innombrables et, pour autant que je sache, personne n’a même essayé de dresser une liste des incidents typiques de viol et de torture, de mutilation et de meurtre. La plupart des atrocités innommables, il est vrai, ont été commises par des sauvages et des Juifs en uniforme américain, mais beaucoup, il faut bien l’avouer, ont été perpétrées par des Américains, des voyous de notre propre société ou des hommes normaux fous de haine. Toutes les armées victorieuses, il est vrai, contiennent des éléments qui veulent outrager les vaincus, et peu de commandants dans les guerres “démocratiques” peuvent maintenir la discipline serrée qui a fait des armées de Wellington les merveilles de l’Europe ou la discipline qui a généralement caractérisé les armées allemandes dans les deux guerres mondiales ; ce qui nous fait honte, c’est que les atrocités ont été encouragées par notre commandant suprême en Europe, dont les ordres, probablement donnés quand il n’était pas ivre ou occupé avec ses prostituées, ont rendu difficile ou dangereux pour les généraux américains responsables d’observer ce qui avait été les règles civilisées de la guerre. Presque tous les soldats américains en Allemagne avaient été témoins du traitement barbare des vaincus, des citoyens de l’une des plus grandes nations de la civilisation occidentale et de nos propres parents, et – malgré les efforts pour les inciter à la haine inhumaine par la propagande juive – beaucoup de nos soldats ont été témoins de tels actes de violence avec pitié et honte. L’effet cumulatif de leurs rapports à leur retour dans leur propre pays aurait dû être important. Il n’est pas nécessaire de multiplier les exemples, dont certains se trouvent dans Advance to Barbarism de F.J.P. Veale (Londres, 1953).

Il affirme que les Tribunaux de Nuremberg ont entaché son propre pays d’une honte éternelle :

J’ai été, bien sûr, profondément choqué par les meurtres odieux de Nuremberg qui ont fait honte au peuple américain. Les sauvages et les barbares orientaux tuent normalement, avec ou sans torture, les ennemis qu’ils ont vaincus, mais ils ne sombrent pas si bas dans l’échelle de l’humanité en accomplissant la farce obscène de tenir des procès de parodie de justice avant de les tuer. Les Américains, étant donné leur pouvoir absolu, en assument la responsabilité et leur culpabilité ne peut être transférée à leurs supposés alliés. Si les Américains, je dis, avaient simplement massacré les généraux allemands, ils pourraient prétendre ne pas être moralement pire que les Apaches, les Balubas et autres primitifs. Les peuples civilisés épargnent la vie des vaincus, montrant à leurs chefs une considération respectueuse, et les instincts les plus profonds de notre race exigent une courtoisie chevaleresque envers les braves adversaires que la fortune de la guerre a mis en notre pouvoir.

Punir les guerriers qui, contre toute adversité, ont combattu pour leur pays avec un courage et une détermination qui ont suscité l’émerveillement du monde, et les tuer délibérément parce qu’ils n’étaient pas des lâches et des traîtres, parce qu’ils n’ont pas trahi leur nation – voilà un acte d’infamie dont nous avons longtemps cru notre race incapable. Et pour accroître l’infamie de notre acte, nous les avons stigmatisés comme “criminels de guerre”, ce qu’ils n’étaient certainement pas, car si cette expression a un sens, elle s’applique aux traîtres qui impliquent sciemment leurs nations dans une guerre visant à infliger la perte, la souffrance et la mort à leur propre peuple, qui sont ainsi forcés de lutter pour leur propre défaite effective – traîtres tels Churchill, Roosevelt et leurs complices blancs. Et pour ajouter une ultime obscénité au crime sadique, des “procès” ont été organisés pour condamner les vaincus selon des “lois” inventées à cette fin, et sur la base de faux témoignages extorqués aux prisonniers de guerre par la torture…

Et à l’instar du professeur Beaty, Oliver tourne particulièrement en ridicule le supposé Holocauste juif, qui fut concocté sur la base des mensonges les plus ridicules, très semblables à de nombreux égards aux histoires qui circulent actuellement au sujet des 40 bébés israéliens décapités :

Les Américains… hurlaient d’indignation devant la prétendue extermination par les Allemands de quelques millions de Juifs, dont beaucoup avaient profité de l’occasion pour se glisser aux États-Unis, et … on aurait pu supposer en 1945 que lorsque le canular, conçu pour encourager le bétail qui était expédié depuis l’Europe, aurait été exposé, même les Américains se seraient indignés d’avoir été si complètement embobinés.

L’exposition rapide de l’escroquerie sanglante semblait inévitable, d’autant plus que les agents de l’OSS, communément connus dans les milieux militaires sous le nom d’Office of Soviet Stooges [Bureau des larbins soviétiques, NdT], qui avaient été envoyés pour conquérir l’Allemagne afin d’y installer des chambres à gaz pour prêter une crédibilité au canular, avaient été si paresseux et insensibles qu’ils n’avaient envoyé que des images de bains douche, ce qui était tellement absurde que pour éviter tout ridicule elles ont dû être supprimées. Personne n’aurait pu croire en 1945 que le mensonge serait utilisé pour extorquer trente milliards de dollars aux Allemands sans défense et qu’il serait enfoncé dans l’esprit des enfants allemands par des “éducateurs” américains grossiers – ou que les hommes civilisés devraient attendre 1950 pour que Paul Rassinier, qui avait lui-même été prisonnier dans un camp de concentration allemand, puisse contester le fameux mensonge ou 1976 pour que le professeur Arthur Butz démentit en détail et de manière exhaustive l’imposture venimeuse de la crédulité aryenne.

Au cours des dernières années, j’ai discuté de ces sujets dans les grandes longueurs dans divers articles et diverses interviews. Quiconque a mis au jour les mensonges récemment racontés sur la Russie, l’Iran, le Hamas et le Hezbollah devrait envisager qu’une grande partie de ce qu’il tient pour acquis au sujet de l’histoire du dernier siècle a fort bien pu être fondée sur des mensonges tout à fait semblables, congelés de longue date dans l’histoire acceptée.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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