Par Ron Unz – Le 30 juillet 2018 – Source Unz Review
J’ai récemment publié quelques longs essais, et bien qu’ils soient principalement concentrés sur d’autres sujets, le sujet de l’antisémitisme en constituait un thème secondaire fort. J’y mentionnais le choc que j’ai ressenti lorsque j’ai découvert, il y a une douzaine d’années ou plus, que plusieurs des éléments les plus absurdes de la folie antisémite, que j’avais toujours rejetés sans considération, étaient probablement corrects. Il semble probable qu’un nombre significatif de juifs traditionnellement religieux ont en effet commis occasionnellement le meurtre rituel d’enfants chrétiens afin d’utiliser leur sang dans certaines cérémonies religieuses, et aussi que de puissants banquiers juifs internationaux ont joué un rôle important dans le financement de la révolution bolchévique.
Lorsque l’on découvre que des affaires d’une telle ampleur se sont apparemment passées mais aussi qu’elles ont été exclues avec succès de presque tous nos livres d’histoire et de notre couverture médiatique pendant la majeure partie des cent dernières années, il faut un certain temps pour digérer correctement ce fait. Si les « bobards antisémites » les plus extrêmes se révélaient probablement vrais, alors toute la notion d’antisémitisme méritait un réexamen attentif.
Nous acquérons tous notre connaissance du monde par deux canaux différents. Certaines choses, nous les découvrons à partir de nos propres expériences personnelles et directement par nos sens, mais la plupart des informations nous parviennent de sources externes, telles que les livres et les médias, et une crise peut se développer lorsque nous découvrons que ces deux voies sont en conflit aigu. Les médias officiels de l’ancienne URSS avaient l’habitude de vanter sans fin les énormes réalisations de son système agricole collectivisé, mais quand les citoyens remarquèrent qu’il n’y avait jamais de viande dans leurs magasins, « Pravda » devint un mot équivalent à « mensonges » plutôt qu’à « vérité ».
Considérons maintenant la notion d’« antisémitisme ». Au fil des ans, je suis sûr d’avoir vu ce terme des dizaines de milliers de fois dans mes livres et mes journaux, et je l’ai entendu sans fin dans les médias électroniques et même les films de divertissements. Mais en y repensant, je ne suis pas sûr d’avoir personnellement rencontré un seul cas d’antisémitisme, ni d’avoir entendu mes amis ou connaissances relater une expérience directe de ce fait. En fait, les seules personnes que j’ai rencontré faisant de telles affirmations étaient des personnes qui portaient des signes indubitables d’un grave déséquilibre psychologique. Lorsque les journaux quotidiens regorgent d’histoires horribles de démons hideux qui marchent parmi nous et attaquent les gens à chaque coin de rue, mais que vous n’en avez jamais rencontré, vous pouvez petit à petit devenir suspicieux.
En effet, au fil des années, certaines de mes propres recherches ont mis en évidence un contraste frappant entre l’image et la réalité. Pas plus tard qu’à la fin des années 1990, les principaux médias grand public, comme le New York Times, dénonçaient encore une grande école de la Ivy League, comme Princeton, pour l’antisémitisme supposé de sa politique d’admission à l’université, mais il y a quelques années, lorsque j’ai soigneusement étudié cette question en termes quantitatifs pour ma longue analyse sur la méritocratie, j’ai été très surpris d’arriver à une conclusion complètement opposée. Selon les meilleures preuves disponibles, les Gentils blancs étaient moins susceptibles d’être admis à Harvard et dans les autres Ivy leagues que les juifs ayant un rendement scolaire similaire, ce qui est vraiment remarquable. Si la situation avait été l’inverse et que les juifs étaient 90% moins susceptibles d’être admis à Harvard que ce qui semblait justifié par leurs résultats aux tests, ce fait serait sûrement cité à grands cris comme la preuve absolue de l’horrible antisémitisme qui hante les États Unis d’aujourd’hui.
Il m’est également devenu évident qu’une fraction considérable de ce qui passe pour de l’« antisémitisme » de nos jours semble être au-delà de toute réalité. Il y a quelques semaines, Alexandria Ocasio-Cortez, une socialiste Démocrate inconnue de 28 ans, a remporté une victoire primaire inattendue contre un Démocrate à la Chambre des représentants de New York, ce qui lui a naturellement valu une tempête médiatique. Cependant, lorsqu’il est apparu qu’elle avait dénoncé le gouvernement israélien pour le massacre récent de plus de 140 manifestants palestiniens non armés à Gaza, des cris d’« antisémite » sont rapidement apparus, et selon Google, il y a maintenant plus de 180 000 hits de ce type combinant son nom et ce terme accusatoire sévère. De même, il y a quelques jours à peine, le New York Times a publié un article important rapportant que tous les journaux juifs de Grande-Bretagne avaient publié une dénonciation « sans précédent » du Parti travailliste de Jeremy Corbyn, le décrivant comme une « menace existentielle » pour la communauté juive pour son encouragement à l’antisémitisme ; mais cela n’était apparemment rien d’autre que sa volonté de critiquer vivement le gouvernement israélien pour les mauvais traitements qu’il inflige depuis longtemps aux Palestiniens.
Une explication plausible de l’étrange contraste entre la couverture médiatique et la réalité pourrait être que l’antisémitisme avait autrefois pris une grande ampleur dans la vie réelle et, même s’il s’est dissipé il y a plusieurs décennies de cela, les organisations et les militants qui s’étaient chargés de la détection et de la lutte contre ce problème pernicieux sont restés en place, attirant l’attention du public sur des questions de plus en plus dérisoires, les militants juifs zélés de la Ligue anti diffamation (ADL) représentant un exemple parfait de cette situation. Comme illustration encore plus frappante, la Seconde Guerre mondiale a pris fin il y a plus de soixante-dix ans mais ce que l’historien Norman Finkelstein a si justement appelé « l’industrie de l’Holocauste » est devenue de plus en plus importante et de plus en plus ancrée dans notre monde académique et médiatique, de sorte qu’aucun jour ne passe sans qu’un ou plusieurs articles sur ce sujet ne soient publiés dans mes principaux journaux du matin. Compte tenu de cette situation, je me devais, pour une exploration sérieuse de la véritable nature de l’antisémitisme, de probablement éviter les simples fantômes médiatiques contemporains et de me concentrer sur le passé, quand cet état d’esprit pouvait encore être répandu dans la vie quotidienne.
De nombreux observateurs ont souligné que les lendemains de la Seconde Guerre mondiale marquent un tournant décisif dans l’acceptabilité publique de l’antisémitisme en Amérique et en Europe, de sorte qu’une évaluation adéquate de ce phénomène culturel devrait peut-être se concentrer sur les années précédant ce conflit mondial. Car le rôle écrasant des juifs dans la Révolution bolchévique et d’autres prises de pouvoir communistes sanglantes ont tout naturellement fait d’eux des objets de peur et de haine considérables pendant l’entre-deux-guerres, de sorte que la voie la plus sûre pouvait être de repousser un peu plus loin cette frontière et de limiter mon attention à la période précédant le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Les pogroms en Russie tsariste, l’affaire Dreyfus en France et le lynchage de Leo Frank dans le Sud des États-Unis faisant parti des exemples les plus célèbres de cette période.
En 1991, Cambridge University Press a publié The Jew Accused by Albert Lindemann, un éminent érudit des mouvements idéologiques européens, et son livre s’est concentré exactement sur cette époque et ce genre d’incidents. Bien que le texte soit assez court, moins de 300 pages, Lindemann a construit son étude sur une énorme base de littérature secondaire, avec ses notes de bas de page tirées des 200 ouvrages inclus dans sa vaste bibliographie. Pour autant que je sache, il semble être un érudit très scrupuleux, fournissant généralement des récits multiples et souvent contradictoires d’un incident donné, et arrivant à ses propres conclusions avec beaucoup de prudence.
Cette approche est certainement démontrée dans la première de ses grandes affaires, la fameuse affaire Dreyfus de la fin du XIXe siècle en France, probablement l’un des incidents antisémites les plus célèbres de l’histoire. Même s’il conclut que le capitaine Alfred Dreyfus était très probablement innocent de l’accusation d’espionnage, il note les preuves apparemment solides qui ont d’abord mené à son arrestation et à sa condamnation et ne trouve – contrairement aux mythes de nombreux écrivains ultérieurs – absolument aucune indication que ses origines juives aient joué un rôle quelconque dans sa difficile situation.
Cependant, il remarque bien le contexte social sous-jacent à cette féroce bataille politique. Bien que seulement un Français sur mille fût juif, quelques années auparavant un groupe de Juifs avait été le principal responsable de plusieurs scandales financiers qui ont appauvri un grand nombre de petits investisseurs et les escrocs ont ensuite échappé à toute punition par le biais de leur influence politique et de la corruption. Compte tenu de cette histoire, une grande partie de l’indignation des anti-Dreyfusards est probablement née de leur crainte qu’un espion militaire juif d’une famille très riche puisse être libéré en utilisant des tactiques similaires, et les affirmations publiques selon lesquelles le frère de Dreyfus offrait d’énormes pots-de-vin pour obtenir la libération de son frère ont certainement renforcé cette préoccupation.
Le travail de Lindemann sur l’affaire Leo Frank de 1913, dans laquelle un riche Juif du Nord travaillant à Atlanta a été accusé d’avoir agressé sexuellement et assassiné une jeune fille, est encore plus intéressant. Encore une fois, il note que, contrairement à la narrative traditionnelle, il ne semble y avoir absolument aucune indication que les antécédents juifs de Frank aient joué un rôle dans son arrestation ou sa condamnation. En effet, lors de son procès, ce sont plutôt ses avocats de la défense, très bien payés, qui ont cherché sans succès à « jouer la carte de la race » avec les jurés en tentant grossièrement de détourner les soupçons sur un travailleur noir local au moyen d’invectives racistes.
Bien que Lindemann considère Frank comme probablement innocent, ma propre lecture des preuves qu’il présente suggère la probabilité écrasante de sa culpabilité. Pendant ce temps, il semble indéniable que l’effusion de colère populaire contre Frank a été produite par le vaste océan d’argent extérieur juif – au moins 15 millions de dollars ou plus en dollars actuels – qui a été engagé dans les efforts légaux pour sauver la vie d’une personne largement considérée comme un meurtrier brutal. Il est fortement suggéré que des moyens beaucoup plus inappropriés ont également été employés, y compris la corruption et le trafic d’influence, de sorte qu’après la condamnation de Frank par un jury composé de ses pairs et le rejet de treize appels juridiques distincts, un gouverneur ayant des liens personnels étroits avec les avocats de la défense et des intérêts juifs a choisi d’épargner la vie de Frank quelques mois avant de quitter son poste. Dans ces circonstances, la foule qui a pendu Frank était considérée par le pays comme ayant simplement exécuté, de manière extrajudiciaire, sa peine de mort officielle.
J’ai également découvert que les figures de proue du mouvement anti-Frank avaient des points de vue beaucoup plus nuancés que ce que je pensais. Par exemple, l’écrivain populiste Tom Watson a été un ardent défenseur de l’anarchiste juive Emma Goldman, tout en dénonçant férocement les Rockefeller, Morgans et Goulds comme les « vrais destructeurs » de la démocratie jeffersonienne, si bien que son indignation à l’idée que Frank puisse échapper à la punition pour meurtre semblait motivée par l’extrême richesse de la famille de Frank et de ses partisans plutôt que par des sentiments antisémites préexistants.
La conclusion sans équivoque de l’analyse de Lindemann est que si les accusés dans les affaires Dreyfus et Frank n’avaient pas été juifs, ils auraient subi des arrestations et des condamnations identiques, mais sans la communauté juive, riche et politiquement mobilisée, pour se rallier autour d’eux. Ils auraient reçu leurs punitions, justes ou injustes, et auraient été immédiatement oubliés. Au lieu de cela, Theodor Herzl, le père fondateur du sionisme, a affirmé plus tard que l’antisémitisme massif révélé par l’affaire Dreyfus était à la base de son réveil idéologique personnel, tandis que l’affaire Frank a conduit à la création de l’Anti-Defamation League aux États-Unis. Et ces deux cas sont entrés dans nos livres d’histoire comme les exemples les plus notoires de l’antisémitisme qui sévissait avant la Première Guerre mondiale.
L’étude de Lindemann sur les relations souvent difficiles entre une minorité juive russe incontrôlable et une immense majorité slave est également très intéressante, et il fournit de nombreux exemples dans lesquels des incidents majeurs, supposés démontrer l’attrait extrêmement fort d’un sordide antisémitisme, sont tout à fait différents de ce que la légende suggère. Le fameux Pogrom de Kichinev en 1903 était évidemment le résultat de graves tensions ethniques qui régnaient dans cette ville, mais contrairement aux accusations répétés d’écrivains ultérieurs, il ne semble y avoir absolument aucune preuve d’une implication gouvernementale de haut niveau, et les 700 morts qui ont tant horrifié le monde entier ont été grossièrement exagérés, car seulement 45 personnes ont été tuées durant ces émeutes urbaines. Chaim Weizmann, le futur président d’Israël, a plus tard promu l’histoire selon laquelle lui-même et d’autres âmes juives courageuses avaient personnellement défendu leur peuple avec des revolvers à la main en défendant les corps mutilés de 80 victimes juives. Ce récit est totalement fictif puisque Weizmann se trouvait à des centaines de kilomètres de la ville au moment des émeutes.
Bien que la tendance au mensonge et à l’exagération ne soit pas une tendance inhérente aux partisans politiques du judaïsme russe, l’existence d’un puissant réseau international de journalistes juifs et de médias influencés par les juifs garantissait que de telles histoires de propagande fabriquées pourraient recevoir une énorme distribution mondiale, alors que la vérité suivrait loin derrière, voire même pas du tout.
Pour des raisons connexes, l’indignation internationale s’est souvent concentrée sur l’enfermement légal de la plupart des juifs russes dans le « Pale of Settlement », nom qui suggère une sorte d’emprisonnement sévère ; mais cette zone était en réalité le foyer traditionnel de la population juive russe et englobait une masse terrestre presque aussi grande que la France et l’Espagne réunies. L’appauvrissement croissant des juifs d’Europe de l’Est à cette époque était aussi considéré comme le résultat d’une politique gouvernementale hostile, mais l’explication évidente en était une fécondité juive extraordinaire, qui dépassait de loin celle de leurs compatriotes slaves et les amenait rapidement à dépasser les places disponibles dans l’une quelconque de leurs occupations traditionnelles qui étaient souvent d’être des « intermédiaires », une situation aggravée par leur totale réticence à s’engager dans l’agriculture ou d’autres activités de production primaire. Les communautés juives exprimaient leur horreur face au risque de perdre leurs fils pendant leur service militaire dans l’armée tsariste, mais c’était simplement le revers de la pleine citoyenneté russe qui leur avait été accordée, et ils étaient au même régime que leurs concitoyens non-juifs.
Certes, les juifs de Russie ont beaucoup souffert des émeutes généralisées et des attaques de foule dans la génération qui a précédé la Première Guerre mondiale, et ceux-ci ont parfois reçu des encouragements importants de la part du gouvernement, surtout après le très lourd rôle juif dans la Révolution de 1905. Mais nous devons garder à l’esprit qu’un complot juif était impliqué dans l’assassinat du tsar Alexandre II, et que des assassins juifs ont également frappé plusieurs ministres russes de haut rang et de nombreux autres responsables gouvernementaux. Si, au cours de la dernière décennie ou des deux dernières décennies, des musulmans américains avaient assassiné un président américain en exercice, divers membres influents du Cabinet et une foule de nos autres représentants élus et nommés, la position des musulmans dans ce pays serait certainement devenue très inconfortable.
Alors que Lindemann décrit franchement la tension entre la population juive russe, qui croît très rapidement, et les autorités gouvernementales, il ne peut éviter de mentionner la notoire réputation juive pour les pots-de-vin, la corruption et la malhonnêteté, de nombreuses personnalités de tous les milieux politiques notant que la remarquable propension des juifs à commettre des parjures dans les tribunaux entraînait de graves problèmes dans l’administration efficace de la justice. L’éminent sociologue américain E.A. Ross, écrivant en 1913, a caractérisé le comportement habituel des juifs d’Europe de l’Est en des termes très similaires.
Lindemann consacre également un court chapitre à la discussion de l’affaire Beilis de 1911, dans laquelle un juif ukrainien a été accusé du meurtre rituel d’un jeune garçon païen, un incident qui a suscité beaucoup d’attention et de controverse à l’échelle internationale. D’après la preuve présentée, l’accusé semble avoir été probablement innocent, bien que les mensonges évidents qu’il a répétés à maintes reprises aux interrogateurs de la police n’ont guère contribué à donner cette impression, et le « système a fonctionné » en ce sens qu’il a finalement été déclaré innocent par les jurés lors de son procès. Puis quelques pages sont également consacrées à un cas de meurtre rituel beaucoup moins connu à la fin du XIXe siècle en Hongrie, où les preuves de culpabilité juive semblaient beaucoup plus fortes, bien que l’auteur ait difficilement accepté la réalité possible d’un crime aussi étrange. Cette réticence est tout à fait compréhensible puisque la publication du remarquable volume d’Ariel Toaff sur le sujet ne se ferait qu’une douzaine d’années plus tard.
Lindemann a par la suite élargi son examen de l’antisémitisme historique dans un traité beaucoup plus épais, Esau’s Tears, qui fut publié en 1997. Dans ce traité, il a ajouté des études comparatives du paysage social en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie et dans plusieurs autres pays européens, et a démontré que la relation entre juifs et non-juifs variait considérablement d’un endroit et d’une période à l’autre. Mais bien que j’ai trouvé son analyse très utile et intéressante, les attaques extraordinairement dures contre son texte de la part de certains universitaires juifs outragés semblent encore plus intrigantes.
Par exemple, Judith Laikin Elkin a débuté sa critique dans The American Historical Review en décrivant le livre comme une « polémique de 545 pages », une étrange caractérisation d’un livre si remarquablement impartial et basé sur des faits. Dans Chronicles, Robert Wistrich s’est montré encore plus sévère, déclarant que la simple lecture du livre avait été une expérience douloureuse pour lui, et que ce traité semblait rempli d’une rage baveuse. À moins que ces personnes n’aient obtenu des exemplaires d’un livre différent, j’ai trouvé leurs réactions tout simplement étonnantes.
Je n’étais pas seul à être étonné. Richard S. Levy de l’Université de l’Illinois, un éminent spécialiste de l’antisémitisme, a exprimé le sien face à l’explosion apparemment irrationnelle de Wistrich, tandis que Paul Gottfried, dans Chronicles, a doucement suggéré que Lindemann aurait « touché quelques nerfs sensibles ». En effet, la propre évaluation de Gottfried critiquait raisonnablement Lindemann pour être peut-être un peu trop impartial, présentant parfois de nombreuses analyses contradictoires sans choisir entre elles. Pour ceux qui sont intéressés, une bonne discussion du livre par Alan Steinweis, un jeune chercheur spécialisé dans le sujet, est disponible en ligne.
La férocité remarquable avec laquelle certains écrivains juifs ont attaqué la tentative méticuleuse de Lindemann de fournir une histoire précise de l’antisémitisme peut avoir plus de signification qu’un simple échange de mots de colère dans des publications universitaires à faible tirage. Si nos médias dominants façonnent notre réalité, les livres et les articles savants qui s’en inspirent ont tendance à définir les contours de cette couverture médiatique. Et la capacité d’un nombre relativement restreint de juifs agités et énergiques à surveiller les limites acceptables des récits historiques peut avoir d’énormes conséquences pour notre société, dissuadant les chercheurs de rapporter objectivement des faits historiques et empêchant les étudiants de les découvrir.
La vérité indéniable est que, pendant des siècles, les juifs ont généralement constitué un segment riche et privilégié de la population dans presque tous les pays européens dans lesquels ils résidaient, et qu’ils ont souvent fondé leur subsistance sur l’exploitation oppressive d’une paysannerie opprimée. Même en l’absence de différences ethniques, linguistiques ou religieuses, de telles conditions provoquent presque toujours l’hostilité. La victoire des forces communistes de Mao en Chine a été rapidement suivie par le massacre brutal d’un million ou plus de propriétaires terriens chinois Han par les pauvres paysans chinois, Han eux aussi, qui les considéraient comme de cruels oppresseurs, le classique Fanshen de William Hinton décrivant l’histoire malheureuse qui s’est déroulée dans un village particulier. Lorsque des circonstances similaires ont conduit à des affrontements violents en Europe de l’Est entre Slaves et juifs, est-il vraiment logique d’employer un terme spécialisé tel que « antisémitisme » pour décrire cette situation ?
De plus, une partie du matériel présenté dans le texte plutôt inoffensif de Lindemann pourrait également conduire à des idées potentiellement menaçantes. Prenons, par exemple, les célèbres Protocoles des sages de Sion, presque certainement fictifs, mais extrêmement populaires et influents pendant les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale et la Révolution bolchévique. La chute de tant de dynasties païennes de longue date et leur remplacement par de nouveaux régimes tels que la Russie soviétique et l’Allemagne de Weimar, qui étaient fortement dominés par leurs minuscules minorités juives, a tout naturellement alimenté les soupçons d’un complot juif mondial, tout comme le rôle largement discuté des banquiers internationaux juifs dans la production de ces résultats politiques.
Au fil des décennies, on a vu beaucoup de spéculations sur l’inspiration possible pour ces Protocoles, mais bien que Lindemann ne fasse absolument aucune référence à ce document, il fournit un candidat possible très intrigant. Le Premier ministre britannique d’origine juive, Benjamin Disraeli, s’est certainement classé parmi les personnalités les plus influentes de la fin du XIXe siècle, et dans son roman, Coningsby, le personnage représentant Lord Lionel Rothschild se vante de l’existence d’un vaste et secret réseau de puissants Juifs internationaux situé proche des dirigeants de presque toutes les grandes nations et contrôlant discrètement leurs gouvernements depuis les coulisses. Si l’un des juifs les plus reliés politiquement au monde a ardemment promu de telles notions, Henry Ford était-il vraiment si déraisonnable en disant la même chose ?
Lindemann note également l’accent mis par Disraeli sur l’extrême importance de la race et des origines raciales, un aspect central de la doctrine religieuse juive traditionnelle. Il suggère avec raison que cela a certainement eu une influence énorme sur la montée de ces idées politiques, étant donné que le profil public et la stature de Disraeli étaient tellement plus grands que les simples écrivains ou activistes que nos livres d’histoire placent habituellement au centre de la scène. En fait, Houston Stewart Chamberlain, un théoricien racial de premier plan, a cité Disraeli comme source clé de ses idées. Des intellectuels juifs comme Max Nordau et Cesare Lombroso sont déjà largement reconnus comme des figures de proue dans la montée de la science raciale de cette époque, mais le rôle sous-estimé de Disraeli a peut-être été beaucoup plus important. Les racines juives profondes des mouvements racistes européens ne sont guère un sujet que beaucoup de juifs d’aujourd’hui voudraient faire connaître.
L’un des plus durs critiques juifs de Esau’s Tears a même critiqué Cambridge University Press pour avoir osé autoriser l’impression du livre et, bien que cette œuvre majeure soit facilement disponible en anglais, il existe de nombreux autres cas où une version importante mais discordante de la réalité historique a pu être interdite de publication. Pendant des décennies, la plupart des Américains ont classé Alexandre Soljenitsyne, lauréat du prix Nobel, parmi les plus grandes figures littéraires du monde, et son Archipel du Goulag s’est vendu à plus de 10 millions d’exemplaires. Mais son dernier ouvrage était un compte rendu en deux volumes des 200 ans tragiques d’histoire partagée entre Russes et juifs, et malgré sa parution en 2002 en russe et dans de nombreuses autres langues du monde, il n’y a pas encore de traduction autorisée en anglais, bien que diverses éditions partielles aient circulé sur Internet sous forme de samizdat.
À un moment donné, une version anglaise complète fut brièvement disponible à la vente sur Amazon et je l’ai achetée. Après avoir jeté un coup d’œil sur quelques chapitres, le travail m’a semblé assez impartial et inoffensif, mais il me paraissait fournir un récit beaucoup plus détaillé et non censuré que tout ce qui était disponible auparavant, ce qui était évidemment le problème. La révolution bolchévique a entraîné la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes dans le monde, et le rôle écrasant des juifs dans cette révolution deviendrait plus difficile à effacer de la mémoire historique si les travaux de Soljenitsyne étaient facilement accessibles. En outre, sa discussion franche sur le comportement économique et politique des juifs russes à l’époque pré-révolutionnaire était en conflit direct avec l’hagiographie largement promue par Hollywood et les médias populaires. Le livre primé de l’historien Yuri Slezkine, The Jewish Century, publié en 2004, a abordé de nombreux faits similaires, mais son traitement était beaucoup plus superficiel et sa stature publique ne fut pas du tout la même.
Vers la fin de sa vie, Soljenitsyne a donné sa bénédiction politique au président russe Vladimir Poutine, et les dirigeants russes l’ont honoré à sa mort, tandis que ses livres sur le Goulag sont maintenant inscrits comme lecture obligatoire dans le programme d’études secondaires standard de la Russie d’aujourd’hui, majoritairement chrétienne. Mais si son étoile s’est relevée dans son propre pays, elle semble avoir chuté dans notre pays, et cette trajectoire pourrait éventuellement le reléguer à un statut de quasi inconnu.
Quelques années après la publication du dernier livre controversé de Soljenitsyne, une écrivaine américaine nommée Anne Applebaum publiait une épais livre d’histoire portant le même titre, Goulag, et son travail a reçu une couverture médiatique extrêmement favorable et lui a valu un prix Pulitzer ; j’ai même entendu dire que son livre a régulièrement remplacé le précédent Goulag dans de nombreuses listes de lecture du collège. Mais bien que les juifs aient constitué une fraction énorme de la direction supérieure du système soviétique du Goulag pendant ses premières décennies, ainsi que celle du redoutable NKVD qui fournissait les détenus, presque toute l’attention qu’elle a portée sur son propre groupe ethnique à l’époque soviétique portait sur celui des victimes plutôt que celui des bourreaux. Et par une remarquable ironie du sort, elle partage son nom de famille avec l’un des plus grands dirigeants bolcheviks, Hirsch Apfelbaum, qui, à l’époque, cachait sa propre identité ethnique en se faisant appeler Grigory Zinoviev.
Le déclin frappant du statut littéraire de Soljenitsyne en Occident n’est survenu qu’une décennie ou deux après l’effondrement encore plus précipité de la réputation de David Irving, et pour la même raison. Irving s’est probablement classé comme l’historien britannique qui a connu le plus de succès à l’échelle internationale au cours des cent dernières années et comme un érudit renommé de la Seconde Guerre mondiale, mais le fait qu’il se soit largement appuyé sur des preuves documentaires de source primaire constituait une menace évidente pour le récit officiel promu par Hollywood et la propagande portant sur cette époque. Lorsqu’il a publié son magistral Hitler’s War, ce conflit entre le mythe et la réalité est apparu au grand jour, et une énorme vague d’attaques et de diffamation s’est déchaînée contre lui, conduisant graduellement à la perte de sa respectabilité et même à son emprisonnement.
De même, l’universitaire israélien Ariel Toaff, fils du grand rabbin de Rome, était considéré comme l’une des plus grandes autorités scientifiques du monde en matière de juifs médiévaux. Mais quand il a publié sa remarquable analyse de 2004 suggérant la réalité probable des meurtres rituels d’enfants chrétiens par des juifs tout au long de l’histoire, la tempête médiatique qui en a résulté a forcé à l’annulation de la publication du livre, et l’œuvre ne survit que sous forme de samizdat, et il y eut même des appels à son arrestation et à son incarcération.
Dans d’autres cas, les pressions de l’Anti Defamation League et autres groupes militants juifs ont conduit Amazon à éliminer complètement des catégories entières d’analyses historiques et à interdire les éditeurs qui produisent de telles œuvres, ce qui réduit considérablement leur disponibilité pour le public.
Tous ces cas forment le genre d’exemples très médiatisés qui sont bien connus de tous ceux qui s’intéressent à ces questions. Mais il doit certainement y avoir eu beaucoup d’autres incidents, impliquant des auteurs beaucoup moins en vue, qui n’ont jamais reçu de couverture médiatique significative, ainsi qu’un univers beaucoup plus vaste de cas dans lesquels les écrivains ont autocensuré leurs textes afin d’éviter de telles controverses. Au fil des décennies, j’ai progressivement découvert par de tristes expériences que je dois faire preuve d’une extrême prudence chaque fois que je lis quoi que ce soit concernant les juifs, le judaïsme ou Israël.
Ces exemples importants peuvent aider à expliquer le contraste troublant entre le comportement des juifs dans leur ensemble et les juifs en tant qu’individus. Les observateurs ont remarqué que même les minorités juives relativement petites peuvent souvent avoir un impact majeur sur les sociétés beaucoup plus grandes qui les accueillent. Mais d’un autre côté, du moins d’après mon expérience, une grande majorité des juifs ne semblent pas si différents dans leur personnalité ou leur comportement que leurs homologues non-juifs. Alors comment une communauté dont le comportement individuel n’est pas si inhabituel peut-elle générer ce qui semble être une différence si frappante dans son comportement collectif ? Je pense que la réponse peut impliquer l’existence de points d’étranglement de l’information et la capacité d’un nombre relativement restreint de Juifs particulièrement zélés et agités à influencer et à contrôler leurs compatriotes.
Nous vivons notre vie constamment immergés dans des récits médiatiques qui nous permettent de décider des droits et des torts d’une situation. La grande majorité des gens, juifs et gentils, sont beaucoup plus susceptibles de prendre des mesures énergiques s’ils sont convaincus que leur cause est juste. C’est évidemment la base de la propagande en temps de guerre.
Supposons maintenant qu’un nombre relativement restreint de partisans juifs zélés soient connus pour toujours attaquer et dénoncer les journalistes ou les auteurs qui décrivent honnêtement le mauvais comportement des Juifs. Au fil du temps, cette campagne d’intimidation continue peut faire en sorte que de nombreux faits importants soient laissés sur le plancher de la salle de montage, ou même expulsés progressivement des écrivains qui refusent de se conformer à de telles pressions de la respectabilité du courant dominant. Pendant ce temps, un petit nombre similaire de partisans juifs exagèrent fréquemment les méfaits commis contre les juifs, empilant parfois leurs exagérations sur les exagérations précédentes.
Finalement, ces deux tendances combinées peuvent aboutir à un dossier historique complexe et peut-être très mitigé et le transformer en une simple histoire morale, avec des Juifs innocents énormément blessés par des antisémites qui haïssent les juifs. Et à mesure que cette histoire morale s’établit, elle motive beaucoup d’autres militants juifs qui redoublent leurs demandes pour que les médias « cessent de vilipender les juifs » et exagèrent le moindre problème rencontré par leurs compatriotes. Un cercle malheureux de distorsions suivant des exagérations suivant des distorsions peut éventuellement produire un récit historique largement accepté qui ne ressemble guère à la réalité du terrain.
Par conséquent, la grande majorité des juifs tout à fait ordinaires, qui se comporteraient normalement d’une manière tout à fait ordinaire, sont induits en erreur par cette histoire largement fictive, et il est compréhensible qu’ils s’indignent grandement de toutes les choses horribles qui ont été faites à leur peuple qui souffre, dont certaines sont vraies et d’autres non, tout en restant complètement ignorants de l’autre face de l’histoire.
De plus, cette situation est exacerbée par la tendance commune des juifs à se « regrouper », ne représentant peut-être qu’un ou deux pour cent de la population totale, mais constituant souvent 20 %, 40 % ou 60 % de leur groupe de collègues immédiat, en particulier dans certaines professions. Dans de telles conditions, les idées ou l’agitation émotionnelle de certains juifs imprègnent probablement les autres autour d’eux, provoquant souvent des vagues supplémentaires d’indignation.
Comme analogie approximative, une petite quantité d’uranium est relativement inerte et inoffensive, et tout à fait inoffensive si elle est distribuée dans un minerai de faible densité. Mais si une quantité importante d’uranium de qualité militaire est suffisamment comprimée, les neutrons libérés par les atomes de fission entraînent rapidement la fission d’atomes supplémentaires, le résultat final de cette réaction en chaîne critique étant une explosion nucléaire. De la même manière, même un juif très agité peut n’avoir aucun impact négatif, mais si le groupe de ces juifs agités devient trop nombreux et se rassemble trop étroitement, il peut se transformer en une terrible frénésie, peut-être avec des conséquences désastreuses à la fois pour eux-mêmes et pour leur société en général. C’est particulièrement vrai si ces juifs agités commencent à dominer certaines clés de contrôle de haut niveau, comme les organes politiques ou médiatiques centraux d’une société.
Alors que la plupart des organismes vivants n’existent que dans la réalité physique, les êtres humains occupent également un monde d’idées, l’interaction de la conscience humaine et de la réalité perçue jouant un rôle majeur dans la formation des comportements. Tout comme les phéromones libérées par les mammifères ou les insectes peuvent affecter radicalement les réactions des membres de leur famille ou de leurs compagnons de nid, les idées sécrétées par les individus ou les médias-émetteurs d’une société peuvent avoir un impact énorme sur leurs semblables.
Un groupe organisé et de forte cohésion possède généralement d’énormes avantages par rapport à une masse fourmillante d’individus atomisés, tout comme une phalange macédonienne pouvait facilement vaincre un corps d’infanterie désorganisé beaucoup plus vaste. Il y a de nombreuses années, sur un site Web quelque part, je suis tombé sur un commentaire très perspicace concernant le lien évident entre « antisémitisme » et « racisme », que nos principaux organes de presse identifient comme étant deux des plus grands maux du monde. Dans cette analyse, l’« antisémitisme » représentait la tendance à critiquer ou à résister à la cohésion sociale juive, tandis que le « racisme » représente la tentative des Gentils blancs de maintenir une cohésion sociale similaire à la leur. Dans la mesure où les émanations idéologiques de nos organes médiatiques centralisés servent à renforcer et à protéger la cohésion juive tout en attaquant et en dissolvant toute cohésion similaire de la part de leurs homologues païens, les premiers auront évidemment beaucoup plus d’avantages dans la compétition pour les ressources que les seconds.
La religion constitue évidemment un important facteur d’unification des groupes sociaux humains et nous ne pouvons ignorer le rôle du judaïsme à cet égard. La doctrine religieuse juive traditionnelle semble considérer les Juifs comme étant dans un état d’hostilité permanente contre tous les non-juifs, et l’utilisation de propagande malhonnête est un aspect presque inévitable d’un tel conflit. En outre, comme les juifs ont toujours été une petite minorité politique, le maintien de ces principes controversés a nécessité l’emploi d’un cadre massif de subterfuges et de dissimulations afin de dissimuler leur nature à la société plus large qui les entoure. On a souvent dit que la vérité est la première victime de la guerre, et les influences culturelles de plus de mille ans d’hostilité religieuse intense peuvent continuer à influencer tranquillement la pensée de nombreux Juifs modernes, même ceux qui ont largement abandonné leurs croyances religieuses.
La tristement célèbre tendance juive à mentir sans vergogne ou à exagérer sauvagement a parfois eu des conséquences humaines horribles. J’ai découvert très récemment un passage fascinant dans le livre de Peter Moreira, The Jew Who Defeated Hitler : Henry Morgenthau Jr, FDR, et How We Won the War, qui porte sur le rôle politique important de ce puissant secrétaire au Trésor.
Un tournant dans les relations d’Henry Morgenthau Jr. avec la communauté juive est survenu en novembre 1942, lorsque le rabbin Stephen Wise est venu à son bureau pour dire au secrétaire ce qui se passait en Europe. Morgenthau connaissait les millions de morts et les abat-jour faits à partir de la peau des victimes, et il a demandé à Wise de ne pas entrer dans des détails excessifs. Mais Wise continua en racontant la barbarie des nazis, comment ils fabriquaient du savon à partir de la chair juive. Morgenthau, devenant plus pâle, l’implorait : « S’il te plaît, Stephen, ne me donne pas les détails sanglants. » Wise a continué avec sa liste d’horreurs et Morgenthau a répété son plaidoyer encore et encore. Henrietta Klotz avait peur que son patron ne s’effondre. Morgenthau a dit plus tard que cette entrevue avait changé sa vie.
Il est facile d’imaginer que l’acceptation naïve par Morgenthau de récits d’atrocités aussi ridicules a joué un rôle majeur lorsqu’il a plus tard prêté son nom et son soutien à des politiques d’occupation américaine remarquablement brutales qui ont probablement conduit à la mort, à la fin de la guerre, de millions de civils allemands.
Ron Unz
Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone.
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