Permis de tuer (les noirs et les pauvres) pour les policiers US

Par Niles Williamson et André Damon – Le 11 mars 2015 – Source WSWS

Vague d’assassinats par la police aux États-Unis, suite à l’acquittement d’un policier meurtrier

Dix-sept personnes ont été tuées par la police dans la semaine depuis que le ministère de la Justice d’Obama a annoncé qu’il ne porterait pas d’accusations fédérales contre Darren Wilson, le flic de Ferguson, au Missouri, qui a tué un adolescent désarmé, Michael Brown, en août 2014.

Lundi après-midi, un agent de police de Géorgie a abattu Anthony Hill, 27 ans, dans la cité où il habitait à Chamblee, une banlieue d’Atlanta. Hill était nu et sans arme, il souffrait visiblement de troubles mentaux.

Ce meurtre a suivi l’assassinat de Naeschylus Vinzant, 37 ans, un autre homme non armé afro-américain, le vendredi à Aurora, Colorado, une banlieue de Denver. Lundi, la police a déclaré que Vinzant a été abattu par une équipe de SWAT [police militarisée, NdT] lourdement armée appelée pour lui signifier un mandat d’arrêt. Aucun de ceux qui sont impliqués dans l’arrestation n’a été blessé.

Continuer la lecture

Le Moyen- Âge? Les oubliettes?
Que nenni, la démocratie US en action

Le 8 mars 2015 – Source Russia Today

Manifestation à Chicago pour la fermeture d’une prison secrète et la fin des disparitions de civils.

Un activiste devant le « black site » de Chicago. (Reuters / Jim Young)

Des manifestations ont eu lieu à Chicago pour demander que la police ferme un entrepôt autrefois abandonné et qui est apparemment utilisé pour interroger des suspects sans qu’ils aient accès aux recours légaux.

Ce lieu de détention, qui fut porté a la connaissance du public par un article du Guardian en février dernier, est un ancien entrepôt situé à l’ouest de Chicago et connu sous le nom de Homan Square, qui a «longtemps été la scène d’activités secrètes par les unités des Forces spéciales», a révélé le journal.

Même si beaucoup d’Américains sont au courant de la militarisation de leurs forces de police, avec le soutien du gouvernement fédéral qui permet à ces forces de recevoir de l’équipement militaire, dont des tanks et des armes à feu puissantes, la nouvelle que des méthodes d’interrogation spéciales sont aussi utilisées a scandalisé.

L’activiste Brian Jacob Church, qui prétend avoir été incarcéré dans cet endroit en 2012, s’est adressé à la foule rassemblée à Homan Square samedi dernier.

«Pendant trop longtemps, nous les Américains avons été soumis à la brutalité policière… Spécialement les noirs, les pauvres et les latinos, selon les propos de Church rapportés par The Guardian. Ce bâtiment doit être fermé.»

Une manifestation identique s’était déjà tenue le 1er mars.

Cet endroit controversé ne semble pas fonctionner comme un poste de police normal où les suspects sont inscrits dans un registre accessible au public.

A Homan Square, pas d’enregistrement visible, si bien que les personnes comme Chuch qui s’y trouvent emprisonnées, quel que soit le motif, disparaissent sans laisser aucune trace.

«Homan Square est vraiment un endroit pas comme les autres, a dit Church au Guardian le mois dernier. Cela rappelle les centres d’interrogatoire qu’ils utilisent au Moyen-Orient. La CIA les appelle des Black Sites. Celui-ci est un black site domestique. Lorsque tu y rentres, plus personne ne peut savoir ce qui t’arrive

«Ils disparaissent, tout simplement » affirme Anthony Hill, un avocat, jusqu’à ce qu’ils réapparaissent devant une cour ou soient juste relâchés dans la rue.»

Au moins une association civile a critiqué le maire de Chicago, Rahm Emanuel,  occupé actuellement par sa campagne électorale, pour ne pas prêter attention à de possibles violations des droits humains dans ce site.

«C’est un sujet sensible maintenant, car le maire actuel est en campagne pour sa réélection dans quelques semaines et qu’il ne désire pas faire la moindre déclaration à propos de la situation à Homan. Ni sur le côté secret des arrestations, ni sur les possibles tortures lors des interrogatoires», selon Donald Goldhamer le trésorier du comité de défense des droits civils, cité par Sputnik.

Goldhamer dit que le sujet des interrogatoires abusifs à Homan a été soulevé depuis des années par les avocats, mais la ville n’en a jamais tenu compte.

«Le fait que la police cache certaines personnes qu’elle arrête a été discuté avec la police de Chicago et le comité de surveillance, mais ces efforts n’ont amené aucun résultat», dit encore Goldhamer.

Le Département de police de Chicago nie toute participation à ces internements et interrogations supposés à Homan Square.

Traduit par Wayan, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

   Envoyer l'article en PDF   

L’extrémisme violent est le symptôme, la répression autoritaire, la maladie

Par Omar Ashour – Le 3 mars 2015 – Source Al Araby

Soit vous retroussez vos manches et vous en prenez plein la gueule
Soit vous vous couchez et vous en prenez plein la gueule.


Dans un contexte politique où les répressions autoritaires, les coups d’État militaires, les guerres civiles et autres formes de violence politique et d’instabilité sociale se multiplient, il est presque sûr de voir apparaître une forme ou une autre d’extrémisme violent.


Quand les plateaux de la justice ne pèsent plus.
On ne peut retrouver son honneur que par le sang.
Quand jeter des pierres ne marche plus.
Les canons prennent toute leur importance.
Soit vous retroussez vos manches.
Et vous faites face.
Soit vous vous couchez et vous en prenez plein la face.

La violence politique nourrit le violence extrémiste. AFP

Les paroles de la nouvelle chanson du chanteur révolutionnaire égyptien, Ramy Essam – un militant qui s’est fait connaître lors du soulèvement de janvier 2011 – reflètent parfaitement le niveau de frustration des jeunes militants en Egypte, qu’ils soient religieux ou laïques.

La répression brutale de la dissidence a causé plus de 3 248 morts, 18 535 blessés et 41 163 arrestations depuis le coup d’État militaire de juillet 2013 (et jusqu’en janvier 2014). Elle a conduit à la conviction croissante chez de nombreux jeunes militants que les tactiques de résistance civile non violentes ont leurs limites et que, pour provoquer un véritable changement, il faut utiliser la force. Et du fait des dernières mauvaises nouvelles – notamment les centaines de condamnations à mort prononcées par des tribunaux fantoches et au moins 226 décès en garde à vue depuis le 30 juin 2013 – l’atmosphère est particulièrement propice à la violence.

Historiquement, la répression brutale des dissidents en Égypte et dans le monde majoritairement arabe a non seulement provoqué des vagues de violence politique et la prolifération d’entités illégalement armées, mais aussi la propagation d’idéologies qui légitiment diverses formes de violence politique, du coup d’État militaire au terrorisme urbain. Étant donné le contexte politique, cela ne surprenait personne. Dans la plus grande partie du Moyen-Orient post-colonial, les armes et la religion se sont révélés les moyens les plus efficaces pour conquérir le pouvoir politique et s’y maintenir, comme c’était le cas à l’époque pré-moderne, à peu de choses près.

Le vote, la Constitution, la bonne gouvernance et les réalisations socio-économiques sont des moyens secondaires, quand ils ne sont pas carrément relégués au rang des accessoires cosmétiques. Dans un tel environnement, une radicalisation violente et des idéologies soutenant le militantisme armé sont susceptibles de se développer, de persister et de prospérer.

De la dictature à la démocratie

Ce qui est plus problématique pour les démocraties, c’est que les cadres idéologiques nés sous les dictatures peuvent être utilisés pour légitimer la violence politique dans des contextes où le degré de violence subie n’est pas du tout le même et où, au moins, les moyens de s’en protéger sont disponibles.

Le djihadisme et le takfirisme sont tous deux nés dans les années 1960 dans les prisons politiques égyptiennes, où la torture s’exerçait tantôt quotidiennement tantôt périodiquement. C’est la même chose dans l’Égypte d’aujourd’hui. Les idéologies ultra-conservatives et extrémistes telles que le salafisme et le wahhabisme sont également nées et se sont développés sous des régimes autoritaires. Aucune des idéologies susmentionnées n’est sortie d’une démocratie solide ou mature. Mais elles y ont certainement été importées.

L’impunité dont ont bénéficié ceux qui ont porté atteinte à la sécurité des états ou des particuliers a largement contribué à allumer et alimenter le feu de la radicalisation armée. Cela remonte au théoricien islamiste Sayyid Qutb qui a considérablement modifié sa pensée après avoir été témoin d’un massacre dans les prisons de Gamal Abdel Nasser en 1957.

«John, le djihadiste»

Mais l’hypothèse répression-radicalisation, dans un contexte où armes + religion / hyper-nationalisme = pouvoir politique, ne s’applique généralement pas aux démocraties. L’affirmation récente selon laquelle le terroriste surnommé John, le djihadiste a été radicalisé dans des rencontres avec les services de sécurité britanniques est absurde. Alors que toutes les allégations de harcèlement ou d’abus doivent être prises au sérieux et faire l’objet d’une enquête approfondie, John, le djihadiste n’a certainement pas été témoin du massacre de plus de mille manifestants en moins de dix heures par les services de sécurité britanniques. Il n’a certainement pas non plus assisté à la torture de prisonniers au moyen de décharges électriques à répétition dans les organes génitaux (une pratique régulière des enquêteurs des divers régimes arabes) ni au léger délit dont se rend coupable la police en battant à mort un militant de l’Internet en public.

Cela dit, il convient également de mentionner que le but, le degré, la portée, la durée, l’intensité et les objectifs des actions armées diffèrent. Les arguments idéologiques que le djihadisme et le takfirisme donnent, pour justifier la multiplication significative des cibles civiles, sont fondés principalement sur leurs croyances religieuses, sectaires et idéologiques. Le but principal de ces deux idéologies est de créer un État qui applique certaines des interprétations les plus controversées de la loi islamique. C’est un objectif très éloigné – par exemple – de la justice sociale idéale et du système libéral pour lequel les compañeros espagnols et leurs brigades étrangères se battaient dans les années 1930, ou même des révolutionnaires armés libyens et syriens en 2011.

Le maintien d’autocrates répressifs en Afrique du Nord est une mauvaise nouvelle pour la démocratie occidentale, en particulier pour l’Europe géographiquement proche. Dans le moyen et le long terme, ces régimes sont plus susceptibles de donner lieu à des atteintes à la sécurité et des crises humanitaires qu’à de la coopération et des réformes. Et quand le contexte politique se caractérise par la répression autoritaire, les coups d’État militaires, les guerres civiles et d’autres formes de violence politique et d’instabilité sociale, il est infiniment probable que l’extrémisme violent fera son apparition. Mais il s’agit là du symptôme, pas de la maladie. Et il faudrait s’en souvenir lorsqu’on prend des décisions politiques.

Traduit par Dominique Muselet, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

   Envoyer l'article en PDF   

Norman Finkelstein sur Gaza, Israël, les Juifs et l’antisémitisme

Par Sayed7asan

Interview de Norman Finkelstein sur Russia Today par Afshin Rattansi
23 février 2015 – Voir plus bas la vidéo sous-titrée en français

Dans cet extrait, Norman Finkelstein, intellectuel juif américain dont les parents sont des rescapés d’Auschwitz et du ghetto de Varsovie, référence internationale sur le conflit israélo-palestinien, s’exprime sur Gaza, Israël et l’antisémitisme.

Il commence par récuser l’argumentaire selon lequel Israël ne ferait que répondre aux attaques palestiniennes en rappelant que même durant la première Intifada, un mouvement de résistance palestinienne populaire massif et non-violent à l’Occupation, Israël a répondu de manière très violente, réprimant la population civile de manière meurtrière et recourant systématiquement à la torture. De plus, durant les agressions militaires contre Gaza, les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont établi qu’Israël a délibérément ciblé les populations civiles et s’est rendu coupable de crimes de guerre voire de crimes contre l’Humanité.

Norman Finkelstein récuse l’idée d’une montée de l’antisémitisme en Europe, et dénonce la responsabilité d’Israël: ce pays se réclamant comme l’Etat de tout le peuple juif, et Netanyahu, le fou furieux, proclamant que toutes ses actions se font au nom de la communauté juive mondiale dans son ensemble, il est prévisible que certaines personnes le prennent au mot et puissent avoir un sentiment d’hostilité envers les Juifs en général. Mais la responsabilité en incombe avant tout à Israël et ses thuriféraires. 

Continuer la lecture

La police française stoppe abusivement une manifestation contre les violences policières

Par Ramin Mazaheri – Le 15 février 2015 – Source Press TV, Paris

Manifestation contre les violences policières le 15 février 2015 à Paris

Manifestation contre les violences policières le 15 février 2015 à Paris

Suite à de nombreux incidents de violence policière restés impunis, des militants ont défilé à l’extérieur de Paris et de plus grandes manifestations sont prévues dans les semaines à venir.

Après les attaques terroristes de Charlie Hebdo, beaucoup s’alarment de l’augmentation des armes à feu et autres armements mis à la disposition de la police, ainsi que du déploiement massif de l’armée du pays dans les rues des villes.

La police française est déjà lourdement armée; l’utilisation de gaz lacrymogène lors de toutes sortes de manifestations est courante et les accusations de violence nombreuses.

Les flics français sont souvent critiqués pour leur usage disproportionné de la force et leur racisme par l’ONU, Amnesty International et d’autres organisations, mais en vain. Les officiers de police accusés de brutalité sont rarement traduits en justice, les musulmans et les immigrés continuent de souffrir des lois qui autorisent la police à les arrêter pour les fouiller au corps par palpation, et les minorités occupent 70% des prisons françaises.

L’automne dernier, une grenade paralysante lancée par un policier a tué un manifestant écologique pacifique, suscitant la condamnation du monde entier et près de trois semaines consécutives de manifestations quotidiennes. Les gouvernements locaux ont interdit les manifestations et supprimé les transports en commun pour tenter d’empêcher les rassemblements.

Aujourd’hui, alors que la marche était à mi-parcours, la police a abusivement arrêté la manifestation contre les brutalités policières et a coincé les manifestants dans une zone peu fréquentée où on ne pouvait pas les voir ni les entendre.

Les militants disent qu’ils vont poursuivre leur lutte – malgré les risques – parce que beaucoup d’entre eux savent par expérience personnelle que c’est une question de vie ou de mort. Ils disent à ceux qui ne sont pas d’accord avec eux : attendez d’être vous-même victime de violences policières !

Traduit par Dominique, relu par jj pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF