Par Andrew Korybko − Le 13 mai 2020 − Source oneworld.press
George Soros, milliardaire philanthrope, et financier des infâmes révolutions de couleur, a récemment développé sa vision quant aux relations internationales dans le contexte de guerre mondiale contre le coronavirus, dans le cadre d’une interview accordée au journal britannique The Independent. Sa conclusion, quelque peut inattendue, est que l’arbitrage récent établi par la cour constitutionnelle allemande, opposé à l’achat d’obligations nationales par la banque centrale européenne constitue une « menace existentielle » pour l’Union européenne, et donc à sa « précieuse » vision d’une « société ouverte ». Une menace plus grande que celles supposément posées par le COVID, par Trump, par la Chine, sur lesquels il ne s’était précédemment pas privé de se montrer alarmiste.
Les relations internationales connaissent actuellement des modifications profondes et multiples, résultant de la guerre mondiale contre le coronavirus, et il est donc tout à fait instructif de prendre connaissance des interprétations qu’ont les personnages influents quant à ces développements. George Soros, milliardaire philanthrope et financier des infâmes révolutions de couleur, est l’un de ces individus dont la voix est particulièrement écoutée dans le monde entier, et à qui il faut prêter attention, ne serait-ce que pour se faire une idée de la prochaine cible de ses machinations. Pour être honnête, l’analyse de sa dernière interview, accordée au journal britannique The Independent ne constitue en rien une approbation quant à sa personne, ses activités, ou encore ce qu’il représente ; nous le faisons afin de laisser connaître au public les sujets qui préoccupent le plus ce personnage. Au vu de son emprise sur le monde, ce qui suit est un résumé point par point des principales affirmations qu’il a avancées cette semaine :
Le COVID-19 « menace vraiment la survie de notre civilisation »
Bien que les vues divergent quant au niveau de létalité du COVID-19, le contexte dans lequel Soros a énoncé ce commentaire s’intéresse plus aux perturbations mondiales évoquées par lui dans la phrase précédente de sa réponse ; il faut comprendre que la menace n’est pas tant sanitaire ou physique que socio-économique et politique.
L’impréparation des gouvernements nationaux face à une pandémie est lamentable
Soros se lamente de ce que les gouvernements nationaux n’étaient pas prêts pour cette pandémie en particulier, et ce malgré l’histoire de l’humanité, jalonnée de précédents en la matière, notablement la dite « grippe espagnole », ce qui laisse à paraître qu’il pourrait investir certaines de ses ressources pour renforcer leurs capacités futures et ainsi continuer d’intégrer son réseau dans l’État.
Le vaccin contre le COVID-19 devra changer chaque année
En faisant une comparaison entre le vaccin contre le COVID-19 et le vaccin contre la grippe, Soros affirme qu’il faudra le re-concevoir chaque année pour suivre les mutations du virus, ce qui suggère que des vaccinations annuelles pourraient finir par devenir obligatoires dans l’hypothèse où se verraient institués et normalisés des « passeports immunitaires » pour travailler, voyager, etc.
L’avenir du capitalisme est incertain
Selon les mots du milliardaire : « Je ne pense pas que quiconque puisse savoir comment le capitalisme va évoluer », ce qui peut être interprété comme une préoccupation sincère quant au système qui l’a rendu riche, et comme un mauvais augure quant à l’idée que le socialisme pourrait le remplacer (il pourrait lui-même investir dans le socialisme, certains l’accusent déjà de le faire, pour des raisons intéressées).
Un gouvernement mondial pourrait naître des cendres de l’ordre mondial pré-COVID
Lorsqu’on lui a demandé si « cette crise pourrait rapprocher entre eux les peuples — et les États-nations », Soros a répondu que tel sera le cas « à long terme », lorsque « les individus et les institutions, les nations, et l’humanité elle-même » dépasseront la « crainte » qui « très souvent [les] amène à se causer du tort à elles-mêmes », en référence à un gouvernement mondial.
La « société ouverte démocratique » ne devrait pas coopérer avec une Chine « autoritaire »
Bien que constituant l’un des ennemis les plus libéraux de Trump, et qu’affirmant littéralement qu’il « fait confiance à Trump pour s’auto-détruire », Soros résonne avec la frange de supporters de Trump la plus à droite en plaidant pour que la soi-disant « société ouverte démocratique » ne coopère en aucune circonstance avec la Chine « autoritaire ».
Le président Xi est « vulnérable » au milieu des « luttes » de pouvoir et le soutien populaire pour une « société ouverte »
Ne laissant jamais passer la moindre chance de fomenter des problèmes, Soros émet pour théorie que les « luttes » de pouvoir, ainsi que ce qu’il dépeint comme un soutien populaire croissant pour ses idéaux de « société ouverte » ont rendu le président Xi — qu’il dépeint comme un « dictateur » — extrêmement vulnérable, laissant à supposer l’existence de multiples scénarios de changements de régime.
L’Union européenne pourrait cesser d’être, à moins de devenir une union plus complète
Soros est extrêmement préoccupé par la possible fin de l’UE « parce qu’il s’agit d’une union incomplète » également « fondée sur l’État de droit », qu’il considère comme encombrant car « les roues de la justice tournent très lentement, pendant que les menaces telle que le COVID-19 évoluent très rapidement » ; la solution qu’il n’expose pas est donc d’aller vers une centralisation accrue.
La cour constitutionnelle allemande « pourrait détruire l’Union européenne »
Un récent jugement établi par la plus haute instance juridique du pays dirigeant de facto l’UE, statue que les achats d’obligations nationales par la banque centrale européenne (BCE) sont en partie inconstitutionnels dans leur justification. Soros profère de manière dramatique que ce jugement pourrait mettre à mal les projets de rétablissement financier de l’union.
Le précédent allemand pourrait déclencher une réaction en chaîne de politique pro-souveraines en Europe
L’un des scénarios qui inquiète Soros le plus est que sa Hongrie natale, la Pologne, et d’autres pays puissent s’appuyer sur le précédent allemand pré-cité pour s’opposer avec plus de poids aux jugements de l’UE s’ingérant dans leurs affaires intérieures. Il craint que « ce serait la fin de l’UE telle que nous la connaissons » si le bloc ne parvient pas à enrayer ce scénario.
Seuls des « Consuls » (des obligations permanentes) peuvent sauver l’UE
Soit par une préoccupation sincère voulant sauver l’UE, soit suivant des intentions plus intéressées quant à son réseau qui lui en fait tirer bénéfices, Soros recommande que le bloc émette des soi-disant « consuls » (des obligations permanentes) qui « seraient émis par l’UE comme entité, seraient automatiquement proportionnels, et le resteraient à jamais. » [Rien n’est éternel, mon cher George, surtout les humains nés en 1930… Pas sûr que tu nous manques quand tu casseras ta pipe. Avec un peu de chance le COVID-19 pourra jouer un rôle dans ton départ, NdT]
L’Allemagne fait obstacle au projet de Soros
Si sa condamnation du jugement de la cour constitutionnelle allemande ne suffisait pas, Soros lance directement un appel à ce pays ainsi qu’à son allié hollandais, « catégoriquement opposés » à son projet de « consuls », et les exhorte à « reconsidérer » la question. On pourrait envisager qu’il provoque des désordres de type révolution de couleur à ces fins.
Les « avantages déloyaux » de l’Allemagne sur la marché unique sont au détriment de l’Italie.
Essayant de dépeindre l’Italie comme à la tête de la coalition d’États pro-« consuls » opposés à la résistance allemande à ses propres projets, Soros s’emploie à créer un fossé entre ces pays en émettant l’avertissement selon lequel l’« avantage déloyal » de l’Allemagne sur le marché unique est au détriment de l’Italie, chose qui encourage dangereusement les projets anti-UE populistes de Salvini dans ce pays.
La racine des « dangers existentiels » de l’UE n’est pas le COVID, Trump, ou la Chine, mais le jugement de la cour constitutionnelle allemande
À en croire Soros, pendant que « L’Europe fait face à plusieurs dangers existentiels », le jugement susnommé de la cour constitutionnelle allemande est non seulement le plus récent, mais aussi celui qu’il va falloir résoudre le premier pour que l’UE « puisse se montrer capable de tirer parti de l’occasion » pour survivre les autres menaces implicites que sont le COVID, Trump et la Chine.
L’élément clé de l’interview de Soros pour le journal The Independent est qu’il (et avec lui, par extrapolation, le colossal réseau transnational de révolution de couleur qu’il a édifié) considère la décision récente de la cour constitutionnelle allemand comme une plus grande menace pour l’UE que toute autre chose, et pourrait donc essayer de s’ingérer dans les affaires internes allemande pour renverser ce jugement. Cela en dit beaucoup, car l’homme s’est jusqu’ici présenté comme bien plus opposé à Trump et à la Chine (ces deux oppositions sont de plus en plus dosées de manière égale) qu’au pays porte-drapeau de l’UE euro-libérale ; il s’agit ici d’une illustration de la vitesse à laquelle les relations internationales changent en ce moment, au cœur de la guerre mondiale contre le virus, tout ceci parce que l’Allemagne a eu l’outrecuidance d’émettre un jugement soutenant sa propre souveraineté. Par un coup du sort, Soros pourrait bien se retourner subitement contre ses alliés de longue date, s’il estime qu’ils « trahissent » sa « précieuse cause » d’une « société ouverte », qui subirait une « menace existentielle » si l’UE ne se centralisait pas toutes affaires cessantes sous le prétexte de contrer le COVID-19, du fait d’une décision de justice totalement inattendue.
Andrew Korybko est un analyste politique américain, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.
Traduit par José Martí pour le Saker Francophone
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