Qui dirige la campagne médiatique sur les migrants et dans quel but ?

Moon of Alabama

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Le 3 septembre 2015 – Source moonofalabama

L’actuelle campagne médiatique de lamentations morales à propos des migrants syriens entretient quelques ressemblances avec les campagnes de propagande qui ont accompagné le putsch en Ukraine et l’attaque contre la Libye. Elle reprend les mêmes fausses informations, photos de provenance inconnue, histoires personnelles déchirantes mais boiteuses et aucune mention ni questionnement sur les raisons profondes qui font que ces gens migrent.

Le fait que les USA, la Turquie et les pays du Golfe mènent une guerre contre la Syrie et causent cette détresse n’est jamais abordé. Que ces réfugiés soient, pour la plupart, des migrants venant d’endroits relativement sûrs en Turquie est mis de côté. A la place nous avons, du moins en Europe, une avalanche de nouvelles du genre le ciel nous tombe sur la tête dans tous les médias.

Cela déclenchera, plus tard, un énorme retour de bâton contre les politiciens européens qui, comme Merkel, invitent carrément plus de migrants. En Europe, les salaires sont stagnants, voire en baisse, et le chômage encore bien trop élevé. La dernière chose que le peuple européen est prêt a accepter est une compétition accrue sur le marché du travail. Les partis d’extrême-droite vont en profiter et le centre droit perdre des votes. Pourquoi donc Merkel est elle prête à payer ce prix?

Mais si je ne peux le dire précisément, le sentiment que j’en ai, ainsi que d’autres, est que cette campagne médiatique est dirigée pour obtenir certains résultats.

Aidez-moi. Que cache cette campagne?

Est ce que Erdogan pousse les réfugiés hors de Turquie en rétorsion aux critiques contre sa politique?

Ou est ce que cette campagne a pour but d’obtenir le soutien du public européen pour une intensification de la guerre contre la Syrie?

Suite ci-dessous, mise à jour du 5 septembre.


Sous couvert d’une guerre contre EI, l’Occident se prépare ouvertement à attaquer la Syrie.

Le 5 septembre 2015 – Source moonofalabama

La chancelière allemande Angela Merkel a permis cette avalanche de migrants lorsqu’elle a déclaré que l’Allemagne avait ses portes ouvertes et qu’elle n’a plus respecté les accords de Dublin sur les demandeurs d’asile en Europe. Une campagne médiatique a suivi et des milliers de migrants syriens menés a travers l’Europe par des dizaines de journalistes qui enregistrent chacun de leurs mouvements pour les actualités du soir — avec même des photos montées (en allemand). Aucun de ces journalistes ne demande aux migrants pourquoi ils quittent la Turquie maintenant, alors que la plupart y ont passé les derniers mois ou années, et qui leur fournit de l’argent pour ce périple.

Je me suis demandé quel objectif visait cette campagne médiatique. Il me semble maintenant assez clair qu’elle est faite pour préparer le public européen à une guerre ouverte contre la Syrie, son gouvernement et son peuple.

Les éditoriaux du Guardian utilisent cette crise des migrants pour demander que «quelque chose soit fait». Sans se rendre compte de leur ridicule, ils nous rappellent en premier lieu que la fausse campagne de «non-survol aérien» sur la Libye a explosé le pays et créé plus de réfugiés pour ensuite demander la même campagne contre la Syrie. Des voix anglaises plus saines d’esprit nous ont rappelé que l’ingérence occidentale au Moyen-Orient est la cause et non la solution des catastrophes d’aujourd’hui.

Mais la BBC nous informe que le gouvernement britannique se prépare à une guerre contre la Syrie malgré un vote du parlement contre une telle action :

Les ministres vont commencer à présenter un plan d’action militaire en Syrie la semaine prochaine, avec Downing Street impatient de faire le prochain pas contre le dénommé État islamique, selon la BBC.

La France, bien sûr, est de la partie :

La crise des réfugiés en Europe, due en majeur partie au grand nombre de gens fuyant la guerre civile en Syrie, à l’échec à repousser État islamique et à la présence grandissante de la Russie dans la région pourrait provoquer un changement de politique rapporte Le Monde, précisant que Hollande a discuté de ce sujet avec son équipe chargée de la défense lors d’une réunion vendredi dernier.

La campagne militaire sera dirigée par les USA et ne ciblera pas État islamique. Les USA ont volontairement laissé État islamique prendre de l’ampleur et l’actuelle campagne de bombardements contre ce groupe en Irak est menée sans grande conviction. Elle empêche surtout les miliciens chiites d’Irak d’attaquer État islamique à Ramadi et Fallujah. Cette prochaine campagne sera donc contre le gouvernement syrien et son peuple, État islamique et la crise des réfugiés n’étant que le prétexte.

Pour en rajouter dans l’urgence artificielle de bombarder immédiatement et vite, vite, une campagne de rumeurs a été lancée pour prétendre que la Russie est en train d’expédier des avions de chasse et des troupes en Syrie. Il y a eu des informations concernant des avions de chasse russes arrivant en Syrie, même si personne ne les a vus. Un habituel transfert de matériel russe, à destination de l’armée syrienne, par des bateaux russes – ce qui arrive régulièrement depuis quelques années – est soudainement monté en épingle. D’anciennes photos, tirées des réseaux sociaux de quelques soldats russes en Syrie, et même des photos truquées, sont tout à coup découvertes et présentées comme preuves d’une intention maligne de la Russie. Les Russes ont nié tout déplacement d’avions de chasse ou de troupes vers la Syrie.

Les Russes ont aussi lancé quelques pourparlers avec différents leaders de l’opposition syrienne et quelques pays voisins de la Syrie. Poutine a proposé un nouveau plan qui unirait la Syrie et la Russie dans une campagne anti-État islamique et qui risquerait donc de saboter les plans américains pour un changement de régime :

Le président syrien Bachar El-Assad a accepté des élections parlementaires anticipées et un partage de pouvoir avec ses opposants, une concession qui pourrait faciliter une plus grande coalition internationale contre État islamique, a déclaré le président russe Vladimir Poutine.

La Russie considérerait donc sa participation à une telle coalition et le président russe en a déjà discuté avec le président américain Barack Obama, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président égyptien Abdelfattah El-Sissi, a annoncé Poutine aux journalistes, vendredi à Vladivostok. La Russie a poussé pour une plus forte campagne contre État islamique, campagne qui inclurait Assad, ce à quoi les États-Unis et l’Europe se sont toujours opposés.

Les USA n’ont encore pas donné de réponse officielle à ce plan. Cela semble bien sûr logique d’avoir les gouvernements syrien et russe impliqués dans toute action efficace contre État islamique. En annonçant publiquement un tel plan d’action, la Russie démontre que les USA ne sont en réalité pas intéressés à effectivement combattre État islamique, mais poursuivent toujours leur objectif initial de détruire la Syrie.

Poutine a aussi dénié les rumeurs sur des mouvements de troupe :

«Il est trop tôt» pour parler d’action militaire russe en Syrie, même si «nous envisageons les différentes options», a dit Poutine. La Russie aide de façon active le gouvernement Assad en fournissant des armes et de la formation militaire, a-t-il ajouté.

J’estime la remarque de Poutine qui considère les différentes options comme une clause d’avertissement. Mais je ne m’attends pas à ce que la Russie s’engage totalement en Syrie. Elle a raison de craindre un autre piège afghan tendu par les États-Unis. Mais elle peut avoir d’autres options comme celle de renforcer la défense aérienne syrienne ou d’autres manières de saboter les plans d’attaque américains. Pour le moment, instiller doutes et peurs dans ces plans est la meilleure façon de procéder.

Traduit par Wayan, relu par jj et Diane pour le Saker francophone

 

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