Par le Saker original – Le 14 octobre 2015 – Source thesaker.is
Les développements spectaculaires en Syrie ont quelque peu éclipsé les événements en Ukraine sous occupation nazie. Certes, rien de véritablement primordial n’est arrivé là-bas, mais c’est en soi un développement primordial et un cas de pas de nouvelles, bonnes nouvelles.
Banderastan
Rappelez-vous combien nous étions proches d’une attaque ukronazie il y a seulement quelques mois ou quelques semaines ?
Cette attaque ne s’est jamais concrétisée.
Ce sont là, à mon avis, des nouvelles essentielles et quelque chose que la plupart d’entre nous n’a jamais osé espéré. Après tout, les Ukronazis avaient réuni des forces importantes (certains diraient gonflées) tout le long de la ligne de contact, la rhétorique venant de Kiev était même pire que d’habitude et tous les signes indiquaient que la junte était sur le point d’attaquer un jour ou l’autre. Puis deux choses se sont produites.
Premièrement, il est assez clair que Merkel et Hollande ont dit à Porochenko que s’il lançait une nouvelle attaque, il serait très probablement vaincu et qu’ils ne pourraient pas le sauver avec un Minsk-3.
Ensuite, des analystes militaires états-uniens et ukrainiens ont probablement dit à Porochenko que l’armée ukronazie n’avait tout simplement pas ce qu’il faut pour vaincre les Novorusses. Traduit en termes politiques, cela signifiait qu’une attaque de la junte sur le Donbass ne serait pas assez puissante pour forcer la Russie à intervenir directement et ouvertement, et que cela rendait seulement tout l’exercice futile.
Aparté et mise en garde : puisque nous traitons avec des individus maniaques et dirigés par la haine, nous devons présumer qu’ils sont capables, tout à fait littéralement, de tout à tout moment.
Depuis faire sauter une centrale électrique ukrainienne jusqu’à lancer une reconquête de la Crimée. Tout ce que je dis c'est que pour l'instant aucune attaque ne s'est concrétisée. Je ne fais aucune déclaration sur l’avenir. En fait, je m’attends vraiment à ce que le régime nazi à Kiev s’écroule dans une dernière grande orgie de violence.
S’il devait y avoir une explication, l’efficacité extraordinaire du très petit contingent de l’armée de l’air russe en Syrie (pour ne rien dire des attaques de missiles de croisière) ont probablement convaincu même l’Ukronazi le plus délirant qu’ils ne combattaient pas l’armée russe au Donbass, parce que si c’était le cas la guerre serait terminée en 24 heures.
Comme on pouvait le prévoir, l’impuissance militaire (et économique!) de la junte a déclenché une réaction compensatoire politique, qui s’est manifestée dans une série de mouvements extraordinairement stupides et contre-productifs : d’abord les voyous du Secteur Droit ont fermé la frontière avec la Crimée (dissimulant ainsi avec succès une mesquine guerre de truands pour les profits générés par l’imposition de taxes sur le transit, l’import et l’export en tant que mouvement patriotique). Et ensuite, pour ne pas être défait par ses alliés nazis, Porochenko a interdit à tous les transporteurs russes de voler dans l’espace aérien ukrainien. Certains ont dit que de tels gestes nuisaient à l’économie ukrainienne. Eh bien, alors que c’est évidemment vrai, je voudrais aussi soutenir que cela ne fait aucune différence pour une économie qui est déjà de toute façon en chute libre. La junte, fondamentalement, se fiche de l’économie ukronazie simplement parce qu’elle est au-delà des plans de sauvetage.
Il me semble certain que les Ukronazis sont en roue libre, comme une voiture qui n’a plus d’essence. Oui, il y a encore une dynamique qui la fait avancer, mais plus d’énergie [car la pente est descendante, NdT].
L’Empire anglo-sioniste
Mon sentiment est que l’Empire perd rapidement tout intérêt pour l’Ukraine. Rappelez-vous ce qui a déclenché le tout. Une envie de punir la Russie pour avoir stoppé l’attaque imminente des États-Unis sur la Syrie. Et aujourd’hui, au lieu de punir la Russie, les États-Unis tentent désespérément de conserver un peu de prise sur l’ensemble du Moyen-Orient. Bien sûr, il y a toujours un prix à payer pour des décisions politiques stupides, mais Obama & Co. Ont clairement espéré que cela n’arriverait pas ou, si cela arrivait, cela se passerait quelque part dans un futur lointain. Il s’avère que l’échéance, c’est aujourd’hui.
De plus, considérez ceci : tandis que les États-Unis ont incontestablement déclenché la crise ukrainienne, ils n’ont jamais vu venir la crise syrienne et, résultat, ils ne se sont pas précipités pour arriver avec une réponse. Je doute beaucoup que les États-Unis imposent une zone d’exclusion aérienne sur une partie quelconque de la Syrie, ne serait-ce que parce que la Russie ne permettra jamais à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies de l’autoriser – les Russes se rappellent de la zone d’exclusion aérienne qui a débouché sur un bombardement de la Libye par l’Otan. Les États-Unis pourraient-ils le faire sans une résolution du Conseil de sécurité ? Peut-être, mais ce serait extrêmement dangereux, à la fois politiquement et militairement.
Il y a des rumeurs selon lesquelles les États-Unis tentent de constituer une sorte de force avec les Kurdes pour prendre Raqqa. C’est possible, mais je ne vois pas les États-Unis envoyer des hommes sur le terrain de sorte que toute l’opération pourrait facilement se terminer avec les Kurdes travaillant avec les Syriens et les Iraniens.
Mon sentiment personnel est que SI l’armée syrienne réussit vraiment et, par exemple, parvient à libérer Alep (qui est actuellement encerclée), alors les amis de la Syrie demanderont immédiatement une conférence de paix à la Minsk-1 et Minsk-2 pour sauver al-Qaïda/EI d’une défaite totale. Vous vous rappelez comment l’Empire a négocié avec les Serbes de Bosnie sans leur parler ? Ou comment les Ukronazis sont maintenant supposés parler avec les Novorusses, mais ne le font jamais ? Cette fois, les Anglo-sionistes essaieront probablement d’amener les Russes à négocier au nom des Syriens ou, si cela échoue, d’avoir une délégation du gouvernement syrien qui n’inclurait pas Assad personnellement. J’espère évidemment que cette fois la Russie ne permettra pas ce non-sens. En fait, j’espère que les Russes lanceront LEUR PROPRE conférence de paix, qui inviterait le gouvernement syrien, bien sûr, mais aussi l’Iran (et l’Irak). Ce serait beaucoup plus productif.
Résultat : si les terroristes perdent trop gravement, attendez-vous à une offensive diplomatique anglo-sioniste pour les sauver d’une défaite totale.
Ce que cela signifie pour la junte de Kiev est que l’Oncle Sam se démène avec une crise beaucoup plus importante que la guerre civile en Ukraine. Non seulement cela, mais Oncle Sam pourrait devoir s’asseoir avec les Russes et être gentil. Plus important même, le fait que l’armée états-unienne devra maintenant faire beaucoup d’efforts pour contrôler la situation dans tout le Moyen-Orient et se préparer à toutes les éventualités. Donc alors que toutes sortes d’activités coopératives entre les États-Unis et le Banderastan continueront, ne serait-ce que pour des raisons politiques, le véritable centre des efforts militaires des États-Unis sera ailleurs.
L’Europe colonie US
Bon, les Européens sont toujours aussi désemparés que d’habitude. Ajoutez à cela la crise des réfugiés et il devient évident qu’ils n’ont pas l’estomac pour une confrontation majeure avec la Russie. Oui, je sais, le Parlement de l’UE est toujours occupé à émettre diverses menaces (la dernière sur l’intervention russe en Syrie !), mais la réalité est que pisser dans un violon est tout ce dont les Européens sont capables. Cela, et des décisions économiques vraiment stupides, comme celle des Polonais de cesser d’acheter du gaz russe (je posterai bientôt un article sur ce fiasco).
Il y a beaucoup de déception à Kiev à propos de l’Union européenne et c’est compréhensible : l’UE a promis beaucoup, mais n’a tenu aucune promesse, rien du tout (exceptées quelques parades Gay pride). Le Royaume-Uni a fourni quelques vieux véhicules blindés, les Polonais et les Lituaniens beaucoup de vent et l’Allemagne et la France ont essentiellement dit à Porochenko de se calmer. Autant dire rien, pour une Europe qui a laissé entendre que l’Ukraine rejoindrait l’UE dans un avenir proche. Porochenko est aujourd’hui si désespéré de tout cela qu’il a dû déclarer que l’UE ne «pourrait pas survivre» sans l’Ukraine.
Tout compte fait, la pression est mise sur Hollande et Merkel pour qu’ils fassent quelque chose par rapport à la Russie puisque les économies allemande et française souffrent directement des sanctions (illégales) que l’UE a introduites contre la Russie. Et pourtant, puisque les États-Unis ne permettront jamais que les sanctions soient levées, je ne m’attends pas à ce que les dirigeants de l’UE entreprennent quoi que ce soit prochainement. Et puisqu’on ne peut pas s’attendre à ce qu’aucun politicien occidental admette qu’il/elle s’est trompé(e), je n’attends aucun virage à 180 degrés de la part de quiconque en Europe. Mais ce que nous pourrions voir est est une lente érosion du camp anti-russe [c’est vrai qu’on n’entend plus trop les Poutine-Hitler, NdT] combinée à une baisse également lente de l’amour pour l’Ukraine occupée par les nazis et pour la junte qui la gouverne.
Conclusion : un centre de gravité qui se déplace
La guerre en Ukraine n’est en réalité qu’une bataille dans une guerre beaucoup plus vaste entre la Russie et les États-Unis et, dirais-je, pour des modèles civilisationnels et développementaux. Comme dans toute bataille/guerre, le centre de gravité s’est maintenant déplacé de l’Ukraine à la Syrie et tout le théâtre ukrainien devient maintenant ce que les Russes définissent comme une bataille d’importance locale. Bien sûr, tout cela peut aussi de nouveau changer rapidement. Par exemple, si l’actuelle offensive de l’armée syrienne (qui, selon les rapports russes, est moins que spectaculaire) s’enlise de nouveau dans une guerre de position/de tranchées, ou si, disons, il y a un soulèvement à Odessa ou un coup d’État à Kiev, alors le centre de gravité se déplacera de nouveau en Ukraine. Mais en ce moment, l’Ukraine est une scène secondaire par rapport à l’action principale en Syrie. C’est une très mauvaise nouvelle pour la junte puisque le temps ne joue certainement pas en faveur du camp nazi et chaque jour qui passe fait empirer la situation de l’Ukraine occupée par les nazis. En revanche, la Russie peut attendre, même longtemps.
Comme je l’ai écrit de nombreuses fois ici, la Russie a besoin de paix (dans le sens d’absence de guerre majeure) plus que de toute autre chose, puisque chaque jour qui passe aujourd’hui rend les États-Unis (et leurs alliés) plus faibles et la Russie (et ses alliés) plus forte : quand le temps joue pour vous, vous pouvez utiliser ce temps à votre plus grand avantage. La façon dont la Russie a attendu jusqu’à ce que tout soit en ordre avant d’intervenir en Syrie est un bon exemple de l’importance de jouer la montre selon l’expression consacrée dans le monde des échecs.
Enfin, je note aussi avec un mélange d’étonnement et de plaisir que dans de nombreuses sections de commentaires sur Internet, Poutine est de plus en plus respecté, sinon toujours aimé. Même ceux qui ne l’aiment pas semblent admettre qu’il est un brillant joueur et un grand homme d’État, en particulier par rapport à Obama, qui semble faible, démuni, impuissant et en général pathétique. Alors que dans un sens c’est dangereux car cela peut pousser Obama à prouver qu’il est un vrai homme et qu’il est plus dur que Poutine, et l’inciter à faire quelque chose de vraiment stupide, c’est aussi la preuve que lentement mais sûrement la diabolisation de Poutine par la machine à propagande occidentale vit des temps difficiles et que l’Internet a de l’effet sur l’opinion publique.
Une anecdote pour conclure : un ami de ma femme (mâle, blanc, baptiste sudiste, membre de la NRA [National Rifle Association, lobby des armes à feu, NdT], patriote américain) a regardé à la télévision le discours de Poutine à l’ONU et lui a dit : «Poutine sonne plus comme un défenseur des valeurs américaines que n’importe lequel de nos politiciens.» Non seulement je suis totalement d’accord avec lui, mais je suis étonné qu’un Américain loyal, téléspectateur, dise ouvertement cela. Cela montre le niveau de dégoût qu’éprouvent tant de gens aux États-Unis pour ceux qui les dominent.
Quant au Royaume-Uni, selon un récent sondage, 71% des Britanniques soutiennent l’opération russe en Syrie.
Extraordinaire, non ?
The Saker
Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone