L’UE doit faire plus d’enfants, la Chine va payer pour ça !


andrew-korybkoPar Andrew Korybko – Le 22 septembre 2017 – Source Oriental Review

La politique de l’UE en matière de « migration de remplacement » est un échec économique et menace de compromettre la stratégie de la Chine pour les Nouvelles routes de la soie en Europe en diminuant le potentiel du marché grand public du continent. Cela devrait servir d’impulsion à Pékin pour envisager d’investir dans des programmes sociaux dans l’UE comme moyen d’encourager la fertilité de ses citoyens.

Les origines de la « migration de remplacement »

L’élite dirigeante progressiste libérale de l’UE a aidé et contribué à la crise des migrants pour encourager les « migrations de remplacement » afin de compenser le déclin de leurs populations, croyant naïvement au dogme de l’idéologie de facto du marxisme culturel de leur bloc occidentaliste, à savoir que les migrants de civilisations différentes s’adapteraient parfaitement à leurs nouvelles sociétés d’accueil et deviendraient rapidement des citoyens productifs. Ils s’attendaient à ce que les Nouveaux Européens, en grande partie pauvres et peu valorisés en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud, qui ont déferlé de manière incontrôlable sur l’Europe, n’auraient aucun problème à grimper l’échelle du succès socio-économique en un jour, en remplacement de leur homologues européens disparaissant dans toutes les sphères professionnelles.

Il convient également de rappeler, dans cette veine, que ces Nouveaux Européens ne viennent pas de nulle part, mais sont le produit d’une part des guerres unipolaires qui les ont créés et d’autre part des réseaux de traite des êtres humains, assistés par des ONG, qui ont ensuite importé ces « armes de migration de masse » en Europe, deux activités dont l’élite de l’UE a été complice. Comme aurait pu l’anticiper un observateur objectif qui ne serait pas sous l’influence du marxisme culturel, cette politique multi-niveaux irresponsable a totalement échoué dans ses intentions économiques présumées, après avoir, cyniquement, réussi à semer les graines d’une ré-ingénierie socioculturelle massive de la démographie de certains pays européens de premier plan.

L’enjeu stratégique de la Chine dans l’UE

Bien qu’on puisse être amené immédiatement à penser que les conséquences de cette catastrophe épique seraient limitées uniquement aux frontières du bloc de l’UE, peu de gens se rendent compte que cela affectera également la grande stratégie de la Chine en privant finalement Beijing du marché robuste, axé sur le consommateur, dont elle a besoin dans l’UE afin de s’assurer que ses investissements à grande échelle dans les infrastructures soient rentables. La vision mondiale de la Chine One Belt One Road concernant la nouvelle connectivité de la Route de la Soie est motivée par le désir de Beijing de développer et de sécuriser les nouveaux marchés de consommation sur lesquels elle pourrait décharger sa surproduction, car à défaut, avec le temps, cela entraînerait des conséquences socio-économiques pour la République populaire de Chine, en tant que marraine des sociétés d’État, comme le licenciement d’innombrables travailleurs si elles réduisent considérablement leur production ou ne peuvent plus joindre les deux bouts.

Le nouveau corridor économique du pont terrestre eurasien


Le pont terrestre eurasien, le projet de connectivité de la Route de la Soie au Kazakhstan et en Russie, ainsi que le chemin de cette route, des Balkans en Grèce jusqu’en Europe centrale, sont destinés à relier les producteurs chinois d’Asie de l’Est aux consommateurs d’Europe occidentale. Mais si l’Europe n’est plus la puissance consommatrice qu’elle était autrefois après une décennie de migration de remplacement, alors toute la stratégie chinoise est à l’eau avec des conséquences potentiellement désastreuses pour Pékin. Bien qu’il soit politiquement incorrect d’admettre cela en Occident, les Nouveaux Européens en provenance du Sud globalisé consomment plus en subventions gouvernementales qu’en produits réels et quand, dans de nombreux cas, s’ils entrent dans la population active, c’est habituellement dans des secteurs inférieurs et peu rémunérés qui ne sont en aucun cas capables de remplacer les consommateurs toujours plus vieillissants qui disparaissent continuellement.

En outre, bon nombre des Nouveaux Européens s’isolent eux-mêmes en refusant l’assimilation et l’intégration dans leurs pays d’accueil, ce qui augmente en même temps les tensions domestiques, ceci sans tenir compte de la vague de criminalité que certains d’entre eux ont contribué à apporter. Lorsque la population de remplacement, nouvellement importée, acquiert un peu d’argent supplémentaire à dépenser dans l’économie, elle est plus encline à fréquenter les magasins de quartier locaux gérés par leurs compatriotes ethniques ou religieux  – généralement des migrants eux-mêmes – à l’intérieur de leurs communautés d’ancrage. Dans l’ensemble, ces habitudes socio-économiques compromettent l’esprit d’intégration de la Route de la Soie et sont extrêmement problématiques pour la Chine en raison de la dépendance future du pays aux tendances de consommation de l’UE, qui doivent rester aussi fortes qu’elles l’ont été traditionnellement.

Des migrants en Europe

Problèmes en vue

En laissant hors de contrôle la migration de remplacement dans l’UE, la performance  économique du bloc diminuera inévitablement, ce qui compromettra la grande stratégie de l’Europe d’utiliser ses Nouvelles routes de la soie – et en particulier les liaisons UE-Chine du pont terrestre eurasien et de la route des Balkans – comme un moyen pour réaligner les tendances du commerce mondial, et donc construire le cadre durable nécessaire à l’émergence de l’ordre mondial multipolaire. Cependant, dans ce qui peut être considéré à la fois comme une bénédiction et une malédiction, la montée du sentiment populiste dans l’UE pourrait détourner la trajectoire mondialiste actuelle du bloc vers un cours plus nationaliste dans ses deux manifestations socio-culturelles et économiques interconnectées. D’une part, les masses pourraient réussir à pousser l’élite à réduire ou à suspendre définitivement leurs politiques de migration de remplacement, mais d’autre part, elles pourraient également préconiser des mesures commerciales semi-protectionnistes telles que le « cadre de sélection des investissement » que le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, a proposé récemment.

Cette initiative vise à donner aux gouvernements de l’UE le pouvoir d’empêcher sélectivement la vente d’actifs économiques stratégiques à des sociétés étrangères contrôlées par l’État ou financées par l’État. Cette initiative vise essentiellement la Chine. Bien que fondés sur des préoccupations de sécurité nationale plausibles, et déjà mis en œuvre à des degrés divers dans certains pays de l’UE, et hors de l’UE, le calendrier et la nature de la proposition de Junker suggèrent qu’il s’intéresse davantage à la capture des marchés européens par les principales sociétés allemandes, françaises et italiennes du bloc, en élaborant une législation qui pourrait dénier aux concurrents chinois un accès égal au leur. Même si, à la tête de cette dernière, se trouve l’un des bureaucrates les plus vils de l’UE, ainsi que des ennemis déclarés du populisme, on s’attend à ce que cette législation profite d’un niveau surprenant de soutien de la base, en raison de sa canalisation artificielle et superficielle de l’énergie populiste, en particulier en ce qui concerne la perception que les étrangers non européens prennent le dessus sur le continent.

La Chine est donc confrontée à un dilemme, car il est sans doute possible qu’elle perde à long terme si la politique de migration de remplacement prônée par le marxisme culturel est autorisée à prospérer et commence à dégrader systématiquement les capacités de consommation des populations de l’UE, mais elle profite également, par ailleurs, de la politique globaliste associée qui permet les investissements non régulés des entreprises chinoises affiliées à l’État dans les industries stratégiques de l’UE. Du point de vue inverse, en ce qui concerne le populisme, la stratégie chinoise de la Nouvelle route de la soie serait protégée si la migration de remplacement était supprimée et remplacée par des initiatives populistes encourageant l’accroissement de la fertilité de la population, bien que Pékin doive se méfier du nationalisme économique manifesté par le populisme, qui pourrait voir des restrictions sévères sur ses plans visant à investir encore plus dans les industries stratégiques de l’UE et à maintenir l’accès à leurs marchés nationaux.

Les premiers trains de marchandises chinois arrivent à Hambourg

Une solution populiste pour la Route de la soie

La meilleure approche que la Chine pourrait mettre en place pour promouvoir des taux de natalité plus élevés dans son marché principal sur la Route de la soie, tout en inventant des façons créatives permettant à ses entreprises, liées à l’État, de s’intégrer dans leurs états hôtes, c’est reproduire le modèle économique utilisé par l’Ouest dans le Tiers Monde, mais en l’appliquant au contexte du Premier Monde. Ce que l’on entend par là, c’est que la Chine devrait adoucir ses accords commerciaux avec la promesse d’investir dans des projets d’infrastructures sociales tels que les écoles, les établissements de santé et les programmes de formation professionnelle afin d’améliorer la qualité de vie des citoyens du pays partenaire. Les entreprises occidentales mettent rarement en œuvre cette stratégie comme elles le devraient, parce qu’elles sont plus préoccupées d’utiliser celle-ci sous forme de relations publiques pour stimuler leur attractivité sur d’autres marchés et les gouvernements hôtes ne les tiennent généralement pas responsables parce que le parti – ou l’élite au pouvoir – est souvent soudoyé par le biais de ces transfert d’argent, plausiblement déniables, pour se taire.

La Chine, cependant, ne doit pas tomber dans ce piège à court terme et pourrait ordonner à ses sociétés liées à l’État de respecter ce modèle, comme c’était initialement prévu, pour améliorer les conditions de vie de l’État bénéficiaire et « gagner des cœurs et des esprits » par ce moyen.

Dans le contexte du populisme contemporain, et gardant à l’esprit l’intérêt à long terme de Beijing dans la Route de la soie pour protéger le potentiel futur du marché des consommateurs de l’UE, la Chine pourrait même subventionner – ouvertement ou discrètement – les incitations financières que les gouvernements populistes distribuent à leurs citoyens pour encourager une fertilité plus élevée.

Après tout, la Chine sait que les taux de natalité de remplacement produisent de meilleurs consommateurs que les migrations de remplacement, et la stratégie de Pékin sur la Route de la soie dépend de l’UE, qui doit conserver son impressionnant potentiel de consommateurs. En même temps, les populistes sont contre la migration de remplacement et en faveur de l’amélioration de la fertilité des citoyens, ce qui représente théoriquement une solution gagnant-gagnant pour les deux parties.

Le commerce de la Chine

Résumé pour conclure

Pour réitérer le point principal exprimé dans cette proposition, la Chine doit trouver un moyen de faire face aux deux défis de la baisse attendue du potentiel de l’UE en matière de consommation suite à la mise en œuvre réussie de sa politique de migration de remplacement, et aussi concevoir une stratégie créative pour empêcher ses entreprises affiliées à l’État de se voir refuser l’accès aux industries stratégiques du bloc en raison d’initiatives superficiellement populistes telles que le « cadre de sélection des investissements » de Juncker. Cela nécessite que la Chine mette au point une politique globale qui affiche ses facteurs clés spécifiques de valeur ajoutée en faisant appel à l’air du temps populiste en Europe, qui a déjà vu deux pays d’Europe centrale, la Pologne et la Hongrie promouvoir des taux de natalité plus élevés grâce à des subventions de l’État, ce qui pourrait probablement devenir le standard du continent au cours de la prochaine décennie, si la politique de migration de remplacementaprès son échec, est finalement abandonnée.

Mais cela ne se produira que si les pays de l’UE connaissent une poussée de naissances au cours des prochaines décennies. Un bon nombre d’entre eux, cependant, pourraient ne pas se permettre les coûts sociaux que cela implique et devraient donc chercher un soutien financier à l’étranger s’ils veulent avoir une chance de mettre en œuvre durablement cette proposition.

Par conséquent, la solution idéale gagnant-gagnant dans laquelle la Chine et les populistes pourraient s’engager – que ce soit dans chaque pays de l’UE ou dans le bloc – serait que Pékin accepte un arrangement pour financer une politique ambitieuse d’augmentation de la fertilité et ses exigences sociales (écoles, établissements de santé, programmes de formation professionnelle, etc.) en échange d’un accès continu et préférentiel à leurs industries et marchés stratégiques. Compte tenu du retard du taux de remplacement de la population dans l’UE, la Chine et ses partenaires devraient mettre l’accent sur une politique de trois enfants que la République populaire aiderait à financer en canalisant son « esprit communiste » pour redistribuer une partie de la richesse de ses entreprises soutenues par l’État aux citoyens du pays hôte afin d’assurer les intérêts à long terme de Pékin concernant la Route de la soie. Tant que la Chine parviendra à préserver la force du marché de consommation de l’UE et même à renforcer sa capacité, Pékin n’aura plus à s’inquiéter de sa stratégie à long terme pour l’Eurasie de l’Ouest. Mais si les marxistes culturels gagnent leur pari de la migration de remplacement, tout cela sera ruiné, alors la Chine sera confrontée à une menace majeure qui pourrait compromettre ses futurs plans de leadership mondial.

Andrew Korybko

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker francophone

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