Par Bryan Jung − Le 16 juin 2023 − Source Zero Hedge
Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a proposé un « Global Digital Compact » (GDC) pour faire adopter par les pays membres des lois interdisant « la haine et les mensonges » sur internet.
« La prolifération de la haine et des mensonges dans l’espace numérique provoque des dégâts au niveau mondial. Cette menace mondiale, claire et présente, demande une action globale claire et coordonnée. Nous n’avons pas une minute à perdre, » écrit-il dans un tweet annonçant ce projet.
Le résumé politique de l’ONU, publié le 12 juin, appelle à remettre le contrôle de l’Internet aux institutions internationales, dans le cadre de l’Agenda 2030 de l’ONU.
Guterres fait également référence à un autre résumé de l’ONU, « Information and Integrity on Digital Platforms » (IIDP), dont il affirme qu’il va servir comme guide pour coordonner les efforts mondiaux contre « la haine ».
L’IIDP lance l’alerte sur ce qui est dénommé la « face sombre de l’écosystème numérique, » qui pourrait permettre « la propagation rapide de mensonges et de haine, provoquant de véritables dégâts à une échelle mondiale. »
Guterres affirme que l’Internet fait l’objet d’utilisations détournées pour réfuter la science et propager de fausses informations et la haine à des milliards de personnes, et fait référence de manière voilée aux personnes sceptiques envers les vaccins et aux mouvements populistes croissants.
« La prolifération de la haine et des mensonges dans l’espace numérique provoque de graves dégâts à l’échelle mondiale. Cette menace claire et présente demande une action globale claire et coordonnée. Nous n’avons pas une minute à perdre, » déclare-t-il dans son appel à une censure mondialisée.
L’ONU appelle les nations à supprimer la désinformation en ligne
Le pacte GDC se concentre sur l’élimination des « divisions en groupes par régions, par genre, par niveau de revenu, par langue, et par âge » pour ce qui concerne l’accès à internet et dénonce le fait que « quelque 89 % des Européens sont connectés, mais seules 21 % des femmes dans les pays à bas revenus utilisent internet. »
« Les inégalités sont en croissance », affirme-t-il et d’ajouter que « les énormes investissements en matière de technologie n’ont pas été accompagnés de dépenses sur l’éducation publique et les infrastructures. »
« La technologie numérique amène à des gains massifs en matière de productivité et de valeur, mais ces bénéfices ne débouchent pas sur une prospérité partagée, » énonce le document.
Le GDC accuse « les discours de haine » et « la désinformation » et les impute aux pirates malveillants, aux activités criminelles, aux contrôles effectués par des États autoritaires, ainsi qu’aux « modèles d’affaires prédateurs, » tout en les considérant comme de « graves risques envers les droits de l’homme. »
Il estime que la seule solution est de développer « de robustes critères de responsabilité et des standards à suivre pour les plateformes numériques et leurs utilisateurs, afin de gérer la désinformation, les discours de haine et les autres contenus en ligne dommageables. »
L’IIDP développe ce point en affirmant que « les discours de haine et la désinformation permis par les plateformes en ligne peuvent amener à la violence et à la mort. La capacité de répandre de la désinformation à grande échelle contre des faits établis scientifiquement constitue un risque existentiel pour l’humanité. »
Cependant, les auteurs du rapport de l’ONU reconnaissent que « faire la distinction entre informations erronées et désinformation peut être subtile et difficile à déterminer, » sans prodiguer d’autre détail.
Ces énoncés ont alarmé les personnes qui se préoccupent de la liberté d’expression, ainsi que les opinions publiques de pays présentant une longue tradition de débat et d’expression libres.
Certains pays disposant de médias contrôlés par l’État, à l’instar de la Chine communiste, pourraient utiliser l’outillage du corps international sur la censure en ligne pour écraser les oppositions s’exprimant depuis l’étranger à leurs visions et politiques mondiales.
Les climato-sceptiques et vaccino-sceptiques en ligne de mire
Le document de politique émis par l’ONU condamne toute critique de la politique internationale de changement de climat, considérée par l’organisation comme une science établie.
Les personnes qui doutent de la politique verte sont accusées de « greenwashing », défini comme « trompant le public pour l’amener à penser qu’une entreprise ou une entité agit davantage pour protéger l’environnement, et agit moins pour l’abîmer que ce qu’elle fait réellement. »
Le rapport appelle également à interdire la « désinformation » en ligne durant les élections clés, au cours desquelles « la propagation de fausses informations et de désinformation peut saper la confiance du public dans les institutions électorales et envers le processus électoral lui-même. »
Cette proposition promet de s’ingérer dans les politiques intérieures des États souverains, et à une période où l’on discute âprement des différends électoraux, comme au cours des élections de 2020 et de 2022 aux États-Unis.
L’ONU a également proposé un code de conduite numérique, qui présente quelques règles parmi celles qui étaient proposées, mais ne prodiguent guère de détails sur la manière dont elles seraient mises en œuvre ou sur celle dont les transgresseurs seraient jugés.
Le code de conduite se contente de suggérer que les États membres « assurent que les réponses aux mauvaises informations et aux désinformations, ainsi qu’aux discours de haine, sont cohérentes avec le droit international, y compris les lois internationales des droits de l’homme, et ne sont pas utilisées à tort pour bloquer toute expression légitime ou d’opinion. »
« Les plateformes numériques devraient s’éloigner des modèles d’affaires qui accordent davantage la priorité à l’engagement par rapport aux droits de l’homme, à la vie privée et à la sûreté, », énonce-t-il en outre.
Et le document conclut que « de la santé et à l’égalité de genre, à la paix, à la justice, à l’éducation et à l’action climatique, les mesures qui limitent l’impact des mauvaises informations et des désinformations, ainsi qu’aux discours de haine, vont doper les tentatives de parvenir à un avenir durable et ne laisser personne sur le chemin. »
Bryan Jung
Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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