Par Ron Unz − Le 15 août 2016 − Source Unz Review
Il y a quelques années, quelques articles que j’avais écrits pour soutenir la thèse d’une forte hausse du salaire minimum m’avaient valu l’attention de James Galbraith, le célèbre économiste libéral, et nous eûmes quelques relations amicales. Il était président du groupe les Économistes pour la paix et la sécurité, et en tant que tel, il m’invita à parler de ces sujets lors d’une conférence qu’il organisait à Washington DC fin 2013. À l’issue de ces sessions, il avait convenu de retrouver un ami à lui, présentant quelque influence dans les cercles politiques de la capitale, pour que nous puissions, à deux, lui présenter mes propositions sur le salaire minimal.
Alors que nous attendions l’arrivée de notre taxi pour nous amener à cette rencontre, je saisis malgré moi quelques mots d’une conversation qu’il tenait avec un ami sur le trottoir. J’entendis des fragments de phrases tels que « attaquer la Russie », « frappe nucléaire préventive », et « Kennedy et les dirigeants des armées ». Je ne me souviens pas des termes exacts, mais ces bribes de conversation ne quittèrent pas mon esprit ; je continuais d’y repenser lors de mon vol retour ce soir-là ; je n’avais pas réagi sur le moment, mais je me demandai quels faits historiques remarquables il pouvait avoir évoqués sur ce trottoir. Son père n’est autre que l’économiste légendaire John Kenneth Galbraith, l’une des figures intellectuelles de premier plan aux USA pendant des décennies, et un personnage très influent au sein de l’administration Kennedy, si bien que je devinais que cette conversation n’était pas fortuite.
Après une ou deux semaines, ma curiosité l’emporta, et je me décidai à lui envoyer un message : je lui exposai avec précaution que j’avais saisi sans le vouloir le sujet de cette conversation, et je lui instillai l’idée qu’au cas où il serait en possession d’informations sur l’hypothèse incroyable que l’administration Kennedy aurait pu envisager de procéder à une frappe nucléaire préventive contre l’URSS, il était peut-être de son devoir de porter ces éléments à la connaissance du public, pour éviter que ces faits ne tombent dans les oubliettes de l’histoire.
Il me répondit qu’en effet, il disposait de preuves convaincantes que l’armée étasunienne avait soigneusement établi un projet de frappe nucléaire préventive contre l’Union Soviétique au début des années 1960, et convint de l’importance historique de ce sujet. Mais il avait déjà publié un article exposant ces faits. Vingt ans plus tôt. Dans le magazine The American Prospect, très respectable même si orienté vers le libéralisme. Je pus en trouver une copie sur l’internet :
L’armée étasunienne projetait-elle une attaque nucléaire préventive pour 1963 ?
Heather A. Purcell et James K. Galbraith, The American Prospect, Automne 1994.
Cet article a été traduit par les-crises.fr
Je dévorai l’article, et fus stupéfait de ce que j’y trouvai. Le principal document qu’il relatait était un mémo condensé classé Top Secret/confidentiel rédigé par Howard Burris, résumant une session de juillet 1961 du Conseil de sécurité national. Howard Burris était l’aide de camp du Vice-Président Lyndon Johnson, et ce mémo fut par la suite classé dans les archives Johnson, et finit par se voir déclassifié. La discussion qu’il relate s’intéressait à l’efficacité d’une première frappe nucléaire en projet, et indiquait que l’année 1963 constituerait l’année optimale pour une telle attaque, car c’est alors que l’avantage relatif étasunien en matière de missiles nucléaires intercontinentaux serait au plus haut. Heather A. Purcell, l’étudiante qui travaillait avec Galbraith, avait trouvé ce mémo dans les archives publiées et avait co-écrit l’article avec lui. Ils indiquaient dans cet article que cette réunion secrète avait eu lieu peu après que l’armée étasunienne ne découvre que les capacités soviétiques en matière de missiles étaient bien moindres qu’évaluées jusqu’alors ; c’est cette découverte qui avait amené à proposer cette attaque préventive, et cela prouve que la première frappe qui était discutée était bel et bien provoquée par le camp américain.
Ce fait historique divergeait significativement du cadre stratégique de dissuasion nucléaire américaine, auquel j’avais jusqu’alors constamment été exposé à en croire les journaux et les manuels d’histoire.
De toute évidence, une telle attaque nucléaire n’a pas eu lieu, et ce projet a dû se voir modifié ou abandonné, d’autant plus que le président Kennedy, selon diverses sources, se montrait très réticent dès le départ. Mais l’article expose tout de même qu’à l’époque, l’hypothèse d’une première frappe américaine était prise très au sérieux par les dirigeants politiques et militaires étasuniens de premier plan. Dès lors qu’on accepte cette idée, d’autres puzzles historiques deviennent plus aisés à assembler.
Voyons, par exemple, la campagne massive de « défense civile » que les USA lancèrent très peu de temps après, et qui avait amené à la construction en masse d’abris antinucléaires sur tout le pays – dont les célèbres abris pour jardin de maison de banlieue, qui avaient été à la source de diverses caricatures ironiques. Pour éloigné que je sois de constituer un expert en guerre nucléaire, la motivation de ces constructions ne m’avait jamais convaincu : dans leur immense majorité, les réserves dont ils disposaient aurait permis à leurs habitants de tenir au mieux quelques semaines, alors que les retombées radioactives induites par de multiples frappes thermonucléaires soviétiques sur les centres urbains américains auraient été bien plus longues. Mais une frappe préventive étasunienne changeait la donne. La réussite d’une attaque menée par les USA aurait garanti que bien peu, voire aucune bombe soviétiques n’atteindrait le sol américain, et l’utilité de ces fameux abris aurait donc été de protéger les Américains pendant quelques semaines des retombées radioactives mondiales (nuages de poussières radioactives) résultant de la destruction nucléaire de l’Union soviétique, qui n’auraient atteint le continent américain que sous une forme fortement diluée.
Nous devons également revoir notre lecture de la crise des missiles de Cuba de 1962, qui constitua sans doute l’un des événements les plus importants et les plus dangereux de cette ère. À supposer que les analystes militaires soviétiques soient parvenus aux mêmes conclusions que celles de leurs homologues étasuniens, il ne faut pas s’étonner que leurs dirigeants politiques se soient exposés aux risques immenses induits par le déploiement de missiles à portée intermédiaire, dotés de têtes nucléaires, au plus près des villes américaines : cela améliorait de manière importante la capacité de dissuasion nucléaire soviétique, en amont de leur principal point de vulnérabilité stratégique. Et la possibilité est bien réelle également que les agents de renseignements soviétiques aient pu collecter des indices des projets de première frappe nucléaire fomentés par les américains. Les médias étasuniens ont toujours exposé comme inimaginable l’idée que les USA pourraient frapper en premier ; cette idée n’aurait été qu’une fable paranoïaque développée par les Soviétiques. Mais dès lors qu’une telle hypothèse ne relève pas de l’imagination, mais que nous disposons de la preuve que des projets concrets on été développés par les USA, il nous faut revoir l’ensemble du récit de la Guerre froide que nous connaissons. Et peut-être bien que divers aspects importants de cette ère de confrontations entre les deux superpuissances doivent être totalement inversés.
Était-il possible qu’une découverte aussi capitale se voie totalement ignorée par nos journalistes et historiens établis, au point que je n’en aie jamais entendu parler au cours des 20 dernières années ? On faisait à l’occasion de nouveaux titres sur les rumeurs d’une nouvelle infidélité conjugale de JFK, mais pourquoi aucune discussion n’était-elle jamais menée quant au très sérieux projet étasunien de lancer une guerre thermonucléaire non défensive, dont l’issue probable aurait été la mort de personnes par millions ?
Ne disposant que d’une expertise limitée pour analyser la stratégie de guerre nucléaire ou interpréter les documents de sécurité nationale, je pouvais aussi me fourvoyer dans mon analyse de ce sujet. Mais un numéro ultérieur du magazine The American Prospect contenait une publication de William Burr et David Alan Rosenberg, des étudiants spécialisés dans ces domaines précis ; cette publication constituait une longue réfutation du premier article, et était suivie d’une réplique rédigée par Galbraith et Purcell. Et à mon avis, la critique émise par Burr/Rosenberg était peu convaincante.
Correspondance : la peur nucléaire
William Burr, David Alan Rosenberg, James K. Galbraith, Heather A. Purcell, The American Prospect, Printemps 1995
Dans leur argumentaire, ils insistaient sur le fait que le document principal ait été découvert dans les archives de la Vice-Présidence, alors que les Archives nationales ainsi que les archives du président Kennedy en personne constituent normalement une bien meilleure source d’information. Mais justement, c’est peut-être là un point intéressant. Nul n’a jamais remis en question l’authenticité du document rédigé par Burris, et Burr/Rosenberg ne présentent absolument aucun document d’archive contradictoire, ce qui semble indiquer qu’ils ne disposaient d’aucune preuve documentaire. Les documents établissant une thèse aussi explosive n’ont donc jamais été déclassifiés, ou ont pu se voir purement et simplement retirés des archives principales, le mémo de Burris, moins exposé, survivant seul à la purge, et se trouvant plus tard déclassifié, peut-être du fait que le traitement du sujet qu’il expose était beaucoup moins explicite.
En outre, une lecture attentive du mémo de Burris étaye fortement l’interprétation de Galbraith/Purcell, à savoir qu’en juillet 1961, le président Kennedy et les hauts dirigeants du pays ont discuté un projet d’attaque nucléaire totale, lancée de sang froid contre l’Union soviétique, prévu dans les deux ans, c’est à dire au moment où l’équilibre des forces stratégiques serait le plus favorable. La proposition apparaissait comme tout à fait concrète, loin de constituer une simple hypothèse parmi d’autres proposées à l’envi par l’ensemble des organisations militaires.
Galbraith, dans une note de bas de page un peu plus loin, mentionne même qu’il a vu son interprétation confirmée en personne par l’ancien conseiller en Sécurité nationale de Kennedy :
Lorsque j’interrogeai feu Walt Rostow pour établir s’il avait eu connaissance de la réunion du 20 juillet 1961 (au cours de laquelle ce projet fut présenté), il me répondit sans hésiter : « Vous voulez parler de celle où ils voulaient faire sauter la planète ? »
Dès lors que j’acceptai la vraisemblance de cette analyse, je me voyais choqué du peu d’attention dont cet article remarquable avait fait l’objet. En recherchant simplement sur Google le nom des auteurs « Galbraith Heather Purcell », ne remontèrent que de très brèves mentions ici et là, le plus souvent dans des ouvrages spécialisés ou des articles écrits par Galbraith lui-même ; rien du tout dans les grands médias. Cette révision de notre histoire, figurant peut-être parmi les plus importantes de toutes, concernant la Guerre froide – et ses immenses conséquences pour la crise des missiles cubains – semble n’avoir obtenu aucun écho significatif dans la sphère publique.
Mais ce sujet a fait l’objet de suites. En 2001, le rédacteur en affaires militaires Fred Kaplan publiait un article d’importance dans The Atlantic, sous le titre explicite « Le projet de frappe préventive de JFK ». Sur la base de toute une série de documents d’archive déclassifiés, il décrivait de la même manière comment l’administration Kennedy avait préparé un projet de première frappe nucléaire contre les soviétiques. Son analyse était sensiblement différente, plaidant l’idée que Kennedy en personne approuvait la proposition dans son ensemble, mais que l’attaque ne constituait qu’une option à envisager dans l’hypothèse d’une confrontation militaire ultérieure, et non pas un projet daté dans le calendrier.
Le projet de frappe préventive de JFK
Fred Kaplan, The Atlantic, Octobre 2001
Le projet gouvernemental déniché par Kaplan fait référence, de toute évidence, à la même stratégie que celle qui est discutée dans le mémo de Burris, mais dans la mesure où Kaplan ne republie aucun de ces documents sources, il est difficile d’établir si les preuves convergent avec l’interprétation divergente de Galbraith/Purcell. Il est également tout à fait étrange que le long article de Kaplan ne mentionne ni ne réfute nulle part sa connaissance des travaux préalables menés sur le sujet, ni de leurs conclusions. Il m’apparaît très difficile à croire qu’un spécialiste comme Kaplan n’ait jamais eu connaissance de l’analyse publiée dans The American Prospect plusieurs années avant ses propres travaux, même si cela pourrait s’expliquer, après tout, par l’absence totale de relais qu’en ont fait les médias. Avant l’arrivée de l’Internet, et même à ses débuts, des informations importantes restant ignorées par les médias pouvaient facilement s’évaporer sans presque laisser de trace.
Le long article de Kaplan semble avoir subi le même sort. Outre quelques mentions qu’il en fit lui-même dans des articles ultérieurs, je n’ai trouvé presque aucune référence à son travail sur les dernières 15 dernières années en cherchant sur Google. On peut penser que le calendrier a été particulièrement peu favorable, son article apparaissant dans l’édition de 2001 du magazine, publiée juste après les attaques du 11 septembre, mais le silence autour de cet article n’en est pas moins troublant.
On peut le déplorer, mais le fait que si une information d’importance de premier plan n’est publiée qu’une seule fois, sans faire l’objet de reprises, son impact peut rester très faible. Une toute petite frange du public reçoit cette annonce initiale, et le fait qu’elle ne soit pas reprise fait que les personnes qui en ont pris initialement connaissance finissent par l’oublier, ou font l’hypothèse semi-consciente que le silence qui suit indique que l’information était erronée ou s’est vue réfutée. Chaque narrative standard reprenant les années 1960, et continuant d’ignorer les sérieux projets de première frappe nucléaire étasunienne constitue une réfutation tacite de cette réalité importante, et suggère implicitement que les preuves n’en existent pas, ou auraient été réfutées. En conséquence, je doute que parmi le lectorat quotidien du New York Times et du Wall Street Journal, on trouve plus qu’une faible tranche qui soit informée de ces faits historiques importants, et il en va sans doute de même des journalistes-mêmes qui contribuent à ces publications renommées. Seules la répétition et la couverture continue permettent d’intégrer peu à peu un sujet dans la vision que nous nous faisons du passé et de l’histoire.
Il est facile d’imaginer comment les événements auraient pu prendre une autre tournure. Imaginons, par exemple, que des preuves solides du même ordre établissant l’existence d’un projet visant à déclencher une attaque nucléaire non défensive dévastatrice de l’Union soviétique sous le mandat présidentiel de Richard Nixon ou de Ronald Reagan. N’est-il pas hautement plus probable que cette information aurait été couverte de manière autrement plus sérieuse, et répétée sans fin par nos médias, jusqu’à devenir partie prenante de notre récit historique standard, et connue de tout citoyen informé ?
D’une certaine manière, remettre sur la table ces événements remontant à plus d’un demi-siècle en arrière n’a que peu d’intérêt pour nous aujourd’hui : les personnes impliquées ne sont plus que des noms dans nos livres d’histoire, et le monde a beaucoup changé. Aussi, malgré les différences importantes entre l’analyse de Galbraith/Purcell et celle de Kaplan, qui pourraient mobiliser les spécialistes académiques en la matière, les différences pratiques en seraient minimes pour ce qui concerne la connaissance que nous partageons du passé.
Mais, au contraire, le silence des médias sur ce sujet est absolument assourdissant. Si nos médias ne peuvent pas nous remonter les faits nouveaux majeurs remontant au début des années 1960, pouvons-nous réellement compter sur eux pour couvrir de manière fiable les événements contemporains importants, avec toutes les pressions et les intérêts politiques qui s’en mêlent ? Si l’histoire officielle des cinquante dernières années est fortement défaillante, qu’est ce qui nous indique que les articles que nous lisons chaque matin quant aux conflits en cours en Ukraine, en Mer de Chine du Sud, ou au Moyen Orient, sont d’une quelconque fiabilité ?
Essayons d’imaginer une expérience de pensée particulièrement dérangeante : imaginons que l’attaque nucléaire proposée contre la Russie ait eu lieu, que des dizaines de millions de personnes soient mortes sous les bombes et les retombées nucléaires mondiales, avec pourquoi pas un million ou plus de pertes humaines américaines, si la première frappe avait échoué à éradiquer toute capacité de réponse. Dans un scénario aussi dur, n’est-il pas probable que chaque organe médiatique américain aurait immédiatement été enrôlé pour promouvoir un récit nettoyé justifiant ces événements terribles, ne laissant place à aucune voix dissonante? Sans doute John F. Kennedy aurait-il été encensé comme l’un des présidents de temps de guerre les plus héroïques – plus grand que Lincoln et que Franklin Roosevelt réunis – le dirigeant qui aurait sauvé l’Ouest d’une attaque soviétique imminente, un Pearl Harbor nucléaire catastrophique. Comment notre gouvernement pourrait-il jamais admettre la vérité ? Même après des décennies, ce récit historique patriotique, adopté à l’unisson par les journaux, les livres, les films et la télévision serait devenu inattaquable. Seuls quelques individus marginaux et anti-sociaux oseraient avancer l’idée que les faits en auraient été différents, et ces marginaux seraient largement considérés comme excentriques ou même fous. Après tout, où le grand public pourrait-il trouver de meilleurs informations ? Je ne cesse de le répéter aux gens que je rencontre : les médias créent la réalité.
Je suis reconnaissant que le monde ait échappé à ce destin nucléaire terrible et désastreux. Mais je trouve profondément dérangeant le fait d’avoir lu chaque matin le New York Times pendant des dizaines d’années, pour en arriver à ne découvrir cet élément central de la Guerre froide que par hasard, à une station de taxi, en saisissant les bribes d’une conversation.
Le Professeur James Galbraith a souhaité ajouter une note, pour clarifier sa propre vision des sujets discutés dans cet article :
« Aux lecteurs n’ayant pas eu le temps de consulter les documents que nous avons utilisés comme sources, permettez-moi d’affirmer que je suis convaincu, sur la base de toutes les preuves que j’ai pu récolter, et sur la connaissance qu’avait mon père de Kennedy, que ce dernier n’aurait jamais envisagé d’accepter le projet de frappe nucléaire qui lui fut présenté en ce mois de juillet 1961 – ni tout autre projet ultérieur, tel que ceux qui sont présentés dans l’article de Fred Kaplan.
La meilleure preuve, provenant des mémoires de Rusk (que nous citons), de ma conversation avec Rostow, et d’autres sources, en est que Kennedy était irrité par les fondements mêmes du projet. Pour lui, le problème nucléaire était de savoir comment contrôler ces armes et en empêcher leur utilisation – pas la meilleure méthode pour en user. Ce point se voit confirmé dans l’excellent mémoire de Daniel Ellsberg, paru bien après notre article, sous le titre Secrets.
Je suis également convaincu que Lyndon Johnson partageait ces préoccupations quand il prit ses fonctions de président, ainsi que Robert McNamara tout au long de son mandat de secrétaire de la Défense. Johnson y fait allusion dans les toutes premières pages de son mémoire, et Rostow m’a confirmé, au cours de conversations personnelles que nous avons échangées lors de notre long séjour au Texas, qu’empêcher que la situation ne puisse s’envenimer – en particulier au Vietnam – au point d’en arriver à l’usage du feu nucléaire, constituait une préoccupation de premier plan tout au long de la présidence de Lyndon Johnson.
Ce n’est pas un secret que les généraux en chef de l’Air Force étasunienne avaient des vues différentes. Et nous convenons, bien entendu, de l’importance de cette question. Le contrôle de l’énergie nucléaire reste un sujet de préoccupation de premier plan à ce jour. Ceux qui veulent une bonne présentation peuvent s’intéresser au discours de Daniel Ellsberg au dîner annuel des Économistes pour la paix et la sécurité de janvier 2016, disponible à l’adresse http://www.epsusa.org
Traduit par Vincent pour le Saker Francophone