Par Moon of Alabama – Le 28 mars 2018
Elijah Magnier a publié aujourd’hui un article en trois parties sur la guerre contre la Syrie et son rôle dans la compétition politique internationale.
Les États-Unis accepteront-ils leur défaite ou vont-ils défier l’ours russe et le dragon chinois ? Partie 1, 2, 3
La première partie décrit la situation actuelle sur les différents fronts en Syrie, et les développements ultérieurs les plus probables. Le gouvernement syrien est en train de gagner la guerre. Le général Votel de CentCom a reconnu que la stratégie américaine en Syrie avait échoué. Voilà la conclusion de Magnier à cette première partie :
« Les États-Unis ont perdu la ‘bataille extrême’ – ils se sont révélés incapables d’atteindre leur objectif de ‘changement de régime’ en Syrie. L’ours russe s’est réveillé de sa longue hibernation lorsqu’il a réalisé que les États-Unis essayaient de l’isoler. Moscou s’est rapprochée du dragon chinois, qui partage l’objectif de la Russie d’éliminer tous les extrémistes et les terroristes djihadistes en Syrie.
La Russie et la Chine travaillent maintenant en étroite collaboration pour modifier l’ordre unilatéral et mettre fin à la domination des États-Unis sur le monde entier. »
La deuxième partie examine l’évolution des relations entre les États-Unis et la Russie au cours de la dernière décennie, et le rôle que les politiques étasuniennes de « changement de régime » en Europe de l’Est et au Moyen-Orient y ont joué. L’attaque étasunienne contre la Syrie s’inscrivait dans le cadre d’un défi plus large à la Russie. Elle a donné naissance à une nouvelle coalition qui s’oppose maintenant aux mouvements étasuniens :
« Obama a vu l’État islamique se développer en Irak et s’installer en Syrie, il l’a regardé occuper l’Irak, il a laissé les djihadistes se rendre au Moyen-Orient, il a ouvert toutes les prisons saoudiennes à condition que les extrémistes djihadistes qui y étaient emprisonnés soient expédiés en Syrie. Pendant une année entière, malgré ’70 pays réunis dans une coalition luttant contre l’EI ‘ en Syrie, le groupe EI a augmenté son emprise et ses revenus en vendant des quantités croissantes de pétrole. Tout cela pour arrêter l’Iran et la Russie, créer des États faillis (comme en Libye) et faire se battre les musulmans entre eux.
Mais Moscou, Pékin et Téhéran savaient qu’il fallait arrêter les djihadistes au Levant avant qu’ils n’arrivent dans leur propre pays.
(…)
La Syrie ne sera pas une autre Libye, la Russie et la Chine ainsi que l’Iran ont décidé que la domination unilatérale des États-Unis s’arrêterait une bonne fois pour toutes aux portes du Levant. »
La troisième partie donne une vue d’ensemble encore plus large et montre comment la Chine et la coopération russo-chinoise parviennent à remettre en cause la domination unilatérale des États-Unis sur le globe :
« Pendant que les États-Unis vendaient pour 110 milliards de dollars d’armes à l’Arabie Saoudite pour tuer davantage de Yéménites et menacer leurs voisins (Qatar, Syrie et Iran), la Russie a signé des contrats pour 10 ans avec la Chine pour 600 milliards de dollars, et avec l’Iran pour 400 milliards de dollars. De plus, la Chine a signé avec l’Iran des contrats d’une valeur de 400 milliards de dollars. Ces contrats portent sur la coopération économique, les échanges énergétiques ; ils sont les prémices d’un avenir économique de très haut niveau pour ces pays bientôt libérés de la domination américaine.
Les États-Unis croient qu’ils peuvent isoler la Russie, la Chine et l’Iran : la Russie a une frontière de 7 000 kilomètres avec la Chine, l’Iran n’est pas l’Irak, et la Syrie n’est pas l’Afghanistan. En Syrie, il a été mis fin à la fatalité d’un monde gouverné unilatéralement par un empire hégémonique. Désormais le monde avance vers le pluralisme.
La grande question est celle-ci : Washington est-elle prête à accepter sa défaite, à reconnaître qu’elle a perdu son contrôle sur le monde, et à se retirer de Syrie ? »
En recevant récemment le dirigeant nord-coréen Kim Yong-un à Pékin, la Chine a remis en cause le rôle prépondérant des États-Unis dans les discussions sur la Corée du Nord. Il n’y aura pas de solution unipolaire de ce conflit – ni par des pourparlers, ni par la guerre. Un conflit au sujet de la Corée pourrait rapidement supplanter le conflit en Syrie en termes d’ampleur et de conséquences potentielles. Dans le contexte mondial, la guerre contre la Syrie n’est qu’un point de départ. Ce sera probablement en Corée, et peut-être à Taïwan, que se livrera la véritable bataille entre l’ordre unilatéral et l’ordre multilatéral.
Traduction : Dominique Muselet
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