Trump essaye d’obtenir un soutien de la Russie pour une guerre contre l’Iran


Le 19 mars 2025 − Source Moon of Alabama

J’ai trouvé préoccupant le contenu du compte-rendu du coup de téléphone du 18 mars entre les présidents Trump et Poutine, car on y trouve la possibilité d’une nouvelle guerre au Moyen-Orient.

Le compte-rendu russe compte 674 mots. Il est très spécifique au sujet des sujets ukrainiens. On y trouve deux phrases au sujet du Moyen-Orient :

Vladimir Poutine et Donald Trump ont également abordé d’autres sujets internationaux, parmi lesquels la situation au Moyen-Orient et dans la région de la Mer Rouge. Des efforts conjoints seront menés pour stabiliser la situation sur les points de crise, et établir une coopération sur la non-prolifération nucléaire et la sécurité globale.

Aucune mention n’est faite de la nature possible de ces « efforts conjoints ».

Le compte rendu étasunien, comptant en tout et pour tout 227 mots, est nettement plus bref. Il mentionne beaucoup moins l’Ukraine. Mais le quart du texte se préoccupe du Moyen-Orient :

Les dirigeants ont parlé du Moyen-Orient dans son ensemble, une région de coopération possible pour prévenir de futurs conflits. Ils ont discuté également de la nécessité de mettre fin à la prolifération des armes stratégiques, et vont s’engager avec d’autres [partenaires, NdT] pour assurer une application aussi large que possible. Les deux dirigeants partagent l’opinion selon laquelle l’Iran ne devrait jamais se trouver en position de détruire Israël.

Les Russes ne font aucune mention de l’Iran, mais les Étasuniens l’épinglent dans le contexte des armes nucléaires (« stratégiques »).

L’Iran semble être le prochain sujet sur la liste des ingérences internationales de Trump.

Des documents qui ont fuité récemment indiquent une planification majeure de la part des États-Unis d’une guerre contre l’Iran. Les bombardements récemment relancés par les États-Unis contre le Yémen, en dépit du fait qu’Ansarallah n’a lancé récemment aucune attaque sur des navires internationaux, semblent constituer une provocation en ce sens :

Téhéran a commencé à mettre les chariots en cercle alors qu’une nouvelle phase commence dans la politique étrangère menée par Trump, où l’on voit des tensions monter de manière continue sur le sujet du nucléaire. La date limite du mois d’octobre s’approche peu à peu, date à laquelle les clauses de retour de l’accord JCPOA (l’accord nucléaire iranien de 2015) pour réinstaurer des sanctions au niveau du Conseil de Sécurité de l’ONU expireront. D’un autre côté, le programme d’enrichissement de l’Uranium mené par l’Iran semble avoir permis à ce pays d’accumuler suffisamment de stocks pour fabriquer « plusieurs » bombes nucléaires, selon l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique.

Mais l’Iran dispose du soutien russe et chinois :

Le 14 mars, Wang Yi, ministre chinois des affaires étrangères, a organisé une réunion conjointe à Pékin avec des représentants des ministères des affaires étrangères russe et iranien, au cours de laquelle il a proposé cinq points « sur le règlement approprié du sujet nucléaire iranien », soutenant à tous égards la position de Téhéran. Cet événement résonne comme une victoire diplomatique pour Téhéran.

Chose intéressante, la réunion de Pékin s’est déroulée au même moment que la conclusion d’un exercice maritime d’une durée de 6 jours dans le port iranien de Chabahar, ayant pour thème la Création de la Paix et de la Sécurité Ensemble, entre les marines iranienne, russe et chinoise.


Moscou s’est récemment manifesté sur le sujet du nucléaire iranien, et se positionne actuellement comme potentiel médiateur. Sergeï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, s’est récemment opposé à ce que des sujets extérieurs (comme des arrangements vérifiables de la part de Téhéran pour assurer la fin de son soutien à des groupes de résistance en Irak, au Liban et en Syrie) soient accolés aux négociations sur le nucléaire. Lavrov s’est exprimé franchement : « Une telle chose aurait peu de chances de produire des résultats. »

Avant la reprise de bombardements sur le Yémen, le secrétaire d’État Marco Rubio et le ministre des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, ont échangé un coup de fil entre eux. Le bref compte-rendu étasunien affirme :

Le Secrétaire a informé la Russie d’opérations de dissuasion étasuniennes contre les Houthis, soutenus par l’Iran, et a souligné que les attaques houthies continues contre l’armée étasunienne et les navires marchands en Mer Noire ne seront pas tolérées.

Il ne fait aucune mention du fait que la Russe s’est opposée à cette idée :

Le ministère russe des affaires étrangères, dans un compte rendu en date de samedi, a affirmé que le secrétaire d’État étasunien Marco Rubio a appelé Lavrov pour l’informer de la décision par les États-Unis d’attaquer les Houthis. Il affirme que Lavrov, dans sa réponse, « a souligné la nécessité d’une cessation immédiate de l’usage de la force et de l’importance pour toutes les parties de s’engager dans un dialogue politique pour trouver une solution prévenant de futurs bains de sang. » Eh bien, on dirait que la balle a changé de camp, n’est-ce pas ?

Trump semble croire qu’il peut obtenir un soutien de la part de la Russie, ou au moins sa neutralité, dans un conflit futile contre l’Iran, en proposant de mettre fin à la guerre étasunienne par procuration en Ukraine.

Mais la Russie semble totalement rejeter une telle idée.

Moon of Alabama

Traduit par José Martí pour le Saker Francophone

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