Par Moon of Alabama − Le 8 mai 2019
Un de nos lecteurs, J. Swift, commente à la fin de notre fil de discussion sur le traité iranien JCPOA (mise en caractères gras ajoutée) :
Après m'être endormi avec toutes les déclarations de plus en plus stridentes de Bolton & Cie, dans le but de renforcer la pression et de rameuter tous les tambours de guerre contre l'Iran, je me suis réveillé avec une pensée étrange ce matin. Depuis quelque temps, il semblerait que Nuttyahoo [Netanyahou, jeu de mot sur Nut (crétin)] envisage une attaque estivale contre le Liban / Hezbollah. Les États-Unis voient leur propre influence diminuer au Liban et, bien sûr, Bolton veut une excuse pour une frappe lourde mais "limitée" contre l'Iran. Je dis "limitée" parce que je suis sûr que les planificateurs militaires actuels ont été assez francs sur ce à quoi ressemblerait une véritable guerre contre l'Iran, et ce ne serait pas bon du tout. Mais tout comme avec le Venezuela, les néocons ont tendance à croire leur propre propagande et pensent que tous leurs ennemis sont sur le point de basculer à cause de toutes leurs guerres économiques, de telle sorte que des frappes militaires sur des infrastructures civiles critiques suffiraient pour que la population "se débarrasse du joug de l'oppression". Je crois comprendre que les États-Unis ont déjà une présence de plus en plus provocatrice au Liban, j'entends tous les avertissements étranges et vagues sur les mandataires iraniens et les attaques imminentes, ainsi que les rumeurs sur les desseins israéliens au Liban, et le "renseignement" ouvertement fourni par Israël. Et si tout est connecté ? Et si les Israéliens avaient convaincu les néocons américains qu’ils étaient prêts à "éliminer" le Hezbollah, afin d'assurer une partie de leur paix et de leur sécurité, et que tout ce que les États-Unis avaient à faire, c’était beaucoup de sale boulot - fournir un appui aérien, etc. Étant donné que le Hezbollah est probablement le "mandataire iranien le plus célèbre", la menace implicite serait que, si le Hezbollah tentait de se défendre ou surtout de riposter contre Israël - ce qui sera évidemment le cas -, Bolton déclarera que l'Iran doit être puni pour son agression contre le bien-aimé Israël et une frappe aérienne et antimissile massive se déchaînera contre l'Iran, dans l'espoir que celui-ci ne puisse que basculer. Si l’Iran tente de fermer le détroit d'Ormuz, le Venezuela sera frappé de la même manière. Oui, je sais que tout cela est fou, mais comme cela décrit à peu près tous les plans de guerre américains des 20 dernières années, on peut se poser la question ...
Premièrement : je ne suis pas au courant d’une « présence provocative au Liban » des États-Unis. De temps à autre, quelques forces spéciales américaines entraînent l’armée libanaise, mais c’est tout.
Il y a en effet de fortes rumeurs d’attaque sur le Liban au cours de cet été. Il y a eu des discussions au sein du Hezbollah au sujet d’une guerre à venir, qui ont été divulguées à Elijah Magnier et Abdel Bari Atwan. Le Hezbollah a démenti ces informations, mais les deux journalistes sont sérieux et disposent des sources nécessaires.
Dans son discours du 2 mai, Hassan Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah, a évoqué une menace de guerre contre le Liban. Selon lui, la menace de guerre n’est pas venue d’Israël, mais de l’administration Trump :
Les diplomates américains font pression sur l’État libanais pour qu’il donne une partie de nos eaux territoriales à Israël pour ses ressources pétrolières et gazières potentielles, mais nous ne leur donnerons même pas un verre d’eau. Les diplomates américains menacent le gouvernement libanais d'une guerre avec Israël s'il ne se débarrasse pas des capacités de missiles balistiques du Hezbollah. Les stratèges israéliens mettent en garde contre les points faibles mortels de l’armée israélienne, malgré l’affirmation de ses points forts. Et je les avertis des points forts mortels du Liban, en dépit de ses points faibles apparents. L’Axe de la résistance, malgré les sanctions, est plus fort que jamais. Tout le monde en Israël convient que toute guerre future avec le Liban doit être brève, décisive et se terminer par une victoire claire du côté d'Israël. Mais qui peut le faire maintenant ? Cette époque-là est révolue. Israël qui craint une guerre avec un Gaza bloqué et encerclé ne peut jamais espérer mettre un pied au Liban. Nous promettons à toutes les unités israéliennes qui envisagent d'entrer au Liban une destruction et une humiliation à la télévision en direct.
Les relations actuelles entre le gouvernement libanais et les États-Unis sont mauvaises. Les États-Unis donneraient sans aucun doute le feu vert à Israël s’il voulait mener une guerre. Ils pourraient même l’inciter à attaquer le Liban. Le but recherché d’une telle guerre serait de détruire les missiles à longue portée du Hezbollah. Un autre objectif serait de placer le gouvernement libanais sous le contrôle d’une direction USrael, amie des États-Unis.
Les deux objectifs sont délirants.
Une grande partie des cibles économiques vulnérables d’Israël seraient touchées avant même qu’une petite partie des missiles du Hezbollah soit trouvée et éliminée. La courte guerre menée récemment contre Gaza a montré une nouvelle fois qu’Israël n’était pas disposé à subir beaucoup de dommages lors d’un combat et avait tenté de l’arrêter le plus rapidement possible.
Le Liban a traversé une longue guerre civile et a trouvé un modus vivendi qui sous-tend le gouvernement actuel. Cela ne peut être changé que par une autre guerre civile que personne au Liban n’est disposé à accepter.
Espérer qu’une guerre contre le Liban résoudrait tous les problèmes d’Israël est irréaliste et ne peut être cru qu’à Washington. Bibi Netanyahoo, en Israël, est conscient du danger et ne prend pas de risques. De plus, la capacité de représailles du Hezbollah n’est que l’une des nombreuses raisons pour lesquelles une guerre semble peu probable.
Une fois de plus, le Jihad islamique, un groupe qui se bat à côté du Hamas dans la bande de Gaza mais qui est financé par l’Iran, parle également d’une guerre estivale.
Elijah J. Magnier @ejmalrai - 5h05 utc - 8 mai 2019 Le secrétaire général du Jihad islamique palestinien, Ziyad al-Nakhla, à @AlMayadeenNews: "J'attends une grande guerre cet été avec #Israël".
Les partenaires de «l’Axe de la Résistance», le Hezbollah au Liban, la Syrie, l’Iran et les milices chiites en Irak, ont annoncé à plusieurs reprises qu’ils se soutiendraient mutuellement dans une guerre contre Israël. Il est donc probable que toute attaque contre le Liban – ou la Syrie ou l’Iran – susciterait une réaction de la part d’un autre pays. Hassan Nasrallah, par exemple, a déclaré qu’il « ferait son devoir » si l’Iran était attaqué. Toute guerre pourrait donc dégénérer de manière imprévisible.
Aux États-Unis, certains faucons seraient probablement favorables à une telle escalade, mais ni Israël, ni ses alliés silencieux en Arabie saoudite et dans les Émirats arabes unis ne pourraient échapper à des dommages importants. Ils le savent et agiront en conséquence.
Donald Trump est la principale raison pour laquelle une guerre d’été est peu probable. Il veut gagner sa réélection. Des mois de guerre imprévisible qui pourraient causer de graves dommages à Israël et à d’autres alliés des États-Unis dans la région pourraient être catastrophiques pour lui.
Certains de ses conseillers, notamment John Moustache Bolton, mais d’autres aussi, pourraient bien tenter de déclencher une guerre. Mais le décideur ultime est Donald Trump et pour le moment je ne vois aucune raison pour qu’il en déclenche une.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par Wayan pour le Saker Francophone
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