#TrudeauMustGo: le dirigeant canadien a perdu toute légitimité


Par Andrew Korybko − Le 5 février 2022 − Source One World

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Selon les propres standards occidentaux, avec en tête ceux des États-Unis, qui sont régulièrement appliqués aux dirigeants des nations du Grand Sud, on peut considérer que Justin Trudeau, le premier ministre canadien, a déjà abdiqué de facto en s’enfuyant de la capitale de son pays. Après tout, c’est exactement ce que l’on aurait dit du président syrien Bashar El Assad, ou du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, s’ils avaient agi de la même manière.


Justin Trudeau, le premier ministre canadien, a perdu toute légitimité après s’être enfui de la capitale de son pays en voyant arriver son propre peuple qui manifestait de manière pacifique, en réponse aux effets disproportionnés produit par ses propres annonces voulant imposer la vaccination aux 10 % de camionneurs canadiens qui ne sont pas vaccinés. Ces personnes risquent de perdre leurs moyens de subsistance s’ils souscrivent aux dernières exigences en date du gouvernement. De nombreuses personnes extérieures ont également rallié le mouvement, en solidarité avec les gens qui ont permis au pays de continuer de fonctionner durant la pandémie. Ils considèrent la politique de vaccination coercitive appliquée au Canada comme erronée à tous égards.

Quoi que l’on puisse penser de la vaccination, nul ne saurait retirer aux Canadiens leur droit à manifester pacifiquement, et c’est très exactement ce qu’ils sont en train de faire. Pourtant, leur dirigeant a condamné fermement une soi-disant frange minoritaire, qui selon lui aurait adopté des opinions haineuses, accusation portée sans le moindre élément de preuve. Les coups de klaxons qui se font entendre de manière ininterrompue dans la capitale dérangent certains Canadiens, mais il s’agit simplement de la conséquence d’avoir élu domicile à l’endroit où les gens vont manifester. Les truckers et leurs soutiens ne constituent pas une menace d’aucune sorte envers leurs concitoyens, pas plus qu’à l’ordre constitutionnel de l’État.

Trudeau n’en a pas moins affirmé qu’il ne les rencontrera en aucune circonstance. Bien qu’il affirme, de manière tout à fait opportune, avoir contracté la Covid-19, il pourrait toujours organiser par exemple une rencontre sur la plateforme Zoom s’il voulait vraiment échanger avec ce qu’il faut bien appeler une véritable révolution lancée par la classe travailleuse. Au lieu de cela, il se terre en un lieu inconnu, après s’être fait évacuer de la capitale, sous prétexte que les citoyens manifestant de manière pacifique constitueraient une menace pour sa sécurité.

La réalité est qu’il a peur de voir les héros de son pays se lever contre son mandat radical, dont les effets vont se faire sentir à bien plus que 10 % de ces camionneurs non-vaccinés. Selon les propres normes que l’Occident, États-Unis en tête, appliquent aux dirigeants des nations du Grand Sud, on peut considérer qu’il a déjà abdiqué de facto après s’être enfui de la capitale de son pays. Après tout, c’est exactement ce qu’on aurait dit du président syrien Bashar El Assad, ou du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, s’ils avaient agi de la même manière.

Pour en rester à ces deux dirigeants, ils sont fièrement restés en place dans leurs capitales respectives, en dépit du fait que des terroristes convergeaient à certains moments vers eux. Leurs armées respectives ont réussi à repousser ces menaces, et pourtant l’Occident, États-Unis en tête, continuent de considérer le dirigeant syrien comme illégitime. En contraste, aucun dirigeant du bloc occidental ne considère Trudeau comme illégitime, alors qu’il a pris la fuite, non pas face à de vrais terroristes, mais face à des manifestants pacifiques.

La situation est rapidement devenue très préoccupante, le chef de la police d’Ottawa ayant caressé l’idée de demander un soutien de l’armée pour disperser les manifestants pacifiques. Bien que Trudeau ait réfuté qu’un tel scénario puisse se produire, il ne faut pas prendre ses paroles pour argent comptant, car il a déjà menti en dénigrant les manifestants pacifiques, n’hésitant pas à les qualifier d’“antisémites, islamophobes, racistes anti-Noirs, homophobes et transphobes”. Cet homme pourrait véritablement envisager de massacrer son propre peuple dans l’avenir proche.

Car c’est bien ainsi, après tout, que l’Occident, États-Unis en tête, n’hésiterait pas à dépeindre un dirigeant d’un pays du Grand Sud, si celui-ci refusait d’envoyer l’armée disperser des manifestations pacifiques, quand bien même il s’agirait de regroupements terroristes, ou infiltrés par des terroristes. Que l’on n’applique pas ces mêmes standards aux dirigeants occidentaux comme Trudeau s’apparente bel et bien à du racisme. Chose étrange, il s’est lui-même fait accuser de racisme après avoir porté un masque noir un nombre de fois plus grand que ce qu’il parvient à s’en souvenir.

De manière objective, Trudeau est bel et bien à considérer comme raciste après ce scandale, et à considérer comme ayant abdiqué son pouvoir après avoir fui la capitale, exactement comme l’on considérerait les dirigeants du Grand Sud en Occident s’ils avaient agi comme il l’a fait. S’il était resté à Ottawa et avait rencontré les manifestants pacifiques (même pas en personne, puisqu’il prétend fort commodément avoir contracté la Covid-19), il n’en serait pas moins raciste, mais aurait au moins conservé sa légitimité à diriger le Canada.

Il est temps de traiter Trudeau selon les mêmes normes que celles que l’on impose aux dirigeants du Grand Sud. À l’instar des dirigeants occidentaux qui n’ont de cesse que de clamer : “Assad doit partir !”, les Canadiens patriotes et épris de paix devraient commencer à clamer “Trudeau doit partir !” jusqu’à sa démission. Il est évidemment peu probable qu’il démissionne, en dépit du fait qu’il s’agirait bien de la décision moralement juste au vu des circonstances et des normes que l’on impose aux dirigeants du Grand Sud. Cela n’en reste pas moins d’une idée intéressante à cultiver.

Andrew Korybko est un analyste politique étasunien, établi à Moscou, spécialisé dans les relations entre la stratégie étasunienne en Afrique et en Eurasie, les nouvelles Routes de la soie chinoises, et la Guerre hybride.

Note du Saker Francophone

En France, un convoi est en cours d’organisation, semble-t-il pour converger à Paris à partir du 12 février, puis à Bruxelles le 14 février en ralliant des convois d’autres pays. Les camionneurs français et européens ne sont en général pas propriétaires de leur propre camion, contrairement au Canada, si bien que la structure du mouvement en France et en Europe promet d’être assez différente, et d’impliquer des voitures particulières ainsi que des non-camionneurs. Le mouvement s’organise sur Telegram, avec le canal convoyFrance, sur le site Convois.fr, et semble-t-il également sur Facebook. et Vkontakt.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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