Le 7 mars 2015 – Source Russia Today
Les commentaires exagérés d’un haut commandant européen de l’Otan sur le conflit ukrainien sont de la dangereuse propagande et mettent en jeu la crédibilité de l’Occident, ont déclaré des sources provenant de la Chancellerie allemande à Der Spiegel.
Le général Philip Breedlove a fait de graves commentaires sur la situation en Ukraine mercredi dernier, disant que les forces d’auto-défense, avec le soutien de la Russie, avaient préparé «plus d’un millier de véhicules de combat et des systèmes de défense aérienne sophistiqués, des bataillons d’artillerie» dans le sud-est du pays.
«Ce qui est sûr c’est que les choses ne s’améliorent pas, elles empirent de jour en jour», a conclu le commandement suprême allié pour l’Europe a l’Otan
Ces commentaires ont été faits le jour même ou l’OSCE a mis en évidence des progrès dans le respect des accords de Minsk entre le gouvernement ukrainien et les milices des régions de Donetsk et de Lougansk.
Le porte parole de la mission de surveillance en Ukraine, Michael Bociurkiw, a témoigné de la diminution des violations du cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes par les deux parties dans le conflit.
Les autorités allemandes sont alarmées par les commentaires du commandant de l’Otan et se demandent si «les Américains ne seraient pas en train de tenter de compromettre les efforts de médiation faits par la chancelière Angela Merkel» a écrit Der Spiegel.
Des sources du bureau de la chancelière ont dit au magasine qu’ils percevaient les propos de Breedlove comme de la dangereuse propagande.
Selon cet hebdomadaire, ce n’est pas la première fois que les autorités allemandes sont alarmées par les déclarations du général américain sur le conflit ukrainien car ses chiffres sur la présence russe présumée à Donetsk et Lougansk ont toujours été beaucoup plus élevés que ceux dont disposent les membres européens de l’Otan.
Maintenant, la Chancellerie allemande secoue simplement la tête chaque fois que Breedlove fait un commentaire sur l’Ukraine, selon Der Spiegel.
«De fausses affirmations et des comptes rendus exagérés ont mis l’Otan – et, par extension, tout l’Occident – en danger de perdre toute crédibilité», a averti un haut fonctionnaire lors d’une réunion récente sur l’Ukraine, selon le journal.
Les autorités allemandes ont décrit Breedlove comme un super faucon dont le rôle est de mettre la pression sur les partenaires transatlantiques les plus réservés dans leur approche sur l’Ukraine.
Berlin à demandé à ses services de renseignement de vérifier les chiffres donnés par le haut commandement de l’Otan et la vérification n’a révélé que quelques véhicules blindés.
Un agent des renseignements a dit à l’hebdomadaire que la manière dont il est arrivé à de telles conclusions reste une énigme encore aujourd’hui.
«Les renseignements allemands sont en général plus précautionneux dans leur estimation de la menace que ne le sont les Américains», selon un expert militaire international à Kiev cité par Der Spiegel.
Le magasine a ensuite donné quelques autres exemples sur la manière dont la langue du général Breedlove a fourché, dont une fois dès le début de la crise: Breedlove avait déclaré que les Russes avaient probablement concentré 40 000 hommes sur la frontière ukrainienne et que la situation était très préoccupante car ils se préparaient à une invasion.
Mais les recherches du renseignement allemand «ont contredit les déclarations de Breedlove sur presque tous les points».
«Il n’y avait pas 40 000 soldats sur la frontière, plutôt moins de 30 000 et sûrement moins de 20 000. De plus, la plupart de l’équipement militaire n’a pas été amené pour une éventuelle invasion mais était déjà sur place avant le début du conflit. Et encore, il n’y avait aucune indice d’une quelconque préparation àa une invasion, comme la mise en place d’un siège de campagne», a écrit Der Spiegel.
Le commandant à l’Otan a aussi fait des déclarations inexactes, contradictoires ou carrément fausses, ont dit les sources.
En novembre dernier, Breedlove avait parlé d’unités régulières de l’armée russe en Ukraine au cours d’une interview avec le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais le jour suivant, il a annoncé sur le site web du magasine allemand Stern «qu’ils étaient pour la plupart des conseillers et formateurs».
«Je maintiens toutes les déclarations publiques que j’ai faites durant la crise ukrainienne, a écrit Breedlove après que Der Spiegel lui avait demandé de commenter ses phrases controversées. Il est normal que tout le monde ne soit pas d’accord avec les déclarations que je fais.»
Le général a insisté sur le fait que la stratégie de l’Otan est de «donner des informations sur les événements en cours de manière claire, précise et dans les temps. En tant qu’alliance basée sur les valeurs fondamentales de liberté et de démocratie notre réponse à la propagande ne peut être encore plus de propagande, elle ne peut être que la vérité».
Mais il n’y a pas que Breedlove qui inquiète les Allemands. Ils perçoivent aussi la secrétaire d’État américaine aux affaires européennes, Victoria Nuland, comme une gène dans leur recherche de solution diplomatique au conflit ukrainien.
Les deux «font tout ce qu’ils peuvent pour arriver à une livraison d’armes», a écrit le magazine.
Le magazine a rappelé que Nuland voit l’Europe comme un joueur faible et décrit la visite de Merkel à Moscou, à la fin février, pour des pourparlers sur l’Ukraine avec Vladimir Poutine comme les histoires moscovites de Merkel.
Nuland est aussi à l’origine de la fameuse fuite au téléphone où elle dit Je nique l’UE, au cours d’une discussion sur la composition du futur gouvernement ukrainien pendant la révolte du Maïdan à Kiev. [comme si c’était ses oignons, Note du Saker Fr]
L’Allemagne est l’une des critiques les plus fermes contre l’envoi d’armes en Ukraine et, maintenant, les fonctionnaires en sont à remettre en question les affirmations de l’Otan sur la situation dans le pays.
«Les déclarations sur l’Ukraine en provenance de nos sources ne coïncident pas vraiment avec les déclarations faites par l’Otan», a dit Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, samedi dernier.
Cette déclaration a été faite le jour même ou la représentante aux affaire étrangères de l’Union Européenne, Frederica Mogherini, a déclaré de son coté que l’Europe avait une vision réaliste des événements russes et que «l’Union européenne ne sera jamais prise au piège, forcée, poussée ou tirée dans une attitude de confrontation» avec la Russie.
Traduit par Wayan, relu par jj, pour le Saker Francophone