La propagande médiatique étatsunienne à la rescousse de l’OIAC


2015-05-21_11h17_05Par Moon of Alabama – Le 2 decembre 2019

Une organisation internationale a publié deux faux rapports et s’est fait prendre la main dans le sac. Mais comme ces faux rapports ont été établis dans l’intérêt des États-Unis, une organisation de propagande parrainée par les États-Unis est envoyée pour embrouiller la situation. Alors que cette tentative se retrouve sous le feu des critiques, le New York Times intervient pour donner un coup de pouce supplémentaire.

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) a créé un prétexte pour la guerre en censurant ses propres recherches scientifiques :

Des courriels et des documents de l'OIAC ont fait l'objet de fuites organisées par des lanceurs d’alerte vers des journalistes et des avocats internationaux. L'ancien journaliste Jonathan Steele, qui s'est entretenu avec ces lanceurs d’alerte, a rédigé un excellent article sur le sujet. Dans le Mail on Sunday, le chroniqueur Peter Hitchens s'est penché sur la question et l'a mise en avant.

Sous la pression des États-Unis, la direction de l’OIAC a modifié ou supprimé les conclusions de ses propres scientifiques pour faire croire que le gouvernement syrien était responsable de l’incident chimique présumé survenu en avril 2018 à Douma.

L’attention que le public porte à cette manipulation de l’OIAC pousse à remettre en question d’autres études faites précédemment par l’OIAC. Quelqu’un devait donc venir à son secours.

C’est l’organisation de propagande Bellingcat, financée par les États-Unis, qui s’est lancée à la rescousse de l’OIAC. Elliot Higgins « suck my balls », fondateur de Bellingcat, a déclaré que les rapports de l’OIAC sont en droite ligne avec les préoccupations exprimées par les scientifiques de l’OIAC.

Cette affirmation est maintenant propagée par un article du New York Times qui, sous prétexte de faire une analyse en source libre sur le sujet, renforce Bellingcat et sa défense de l’OIAC :

Le blogueur Eliot Higgins a déjà fait parlé de lui, au début de la décennie, en couvrant la guerre en Syrie à partir de l’ordinateur portable de son appartement à Leicester, en Angleterre, tout en s'occupant de sa petite fille. En 2014, il fondait Bellingcat, un journal d'information en source libre qui compte aujourd'hui une douzaine de collaborateurs, avec un bureau à La Haye. M. Higgins a attribué sa compétence non pas à une connaissance particulière des conflits internationaux ou des données numériques, mais aux heures qu'il a passées à jouer à des jeux vidéo, ce qui, selon lui, lui a donné l'idée que tout mystère peut être résolu. ...
Les journalistes de Bellingcat ont fait connaître leurs techniques lors de séminaires auxquels ont participé des journalistes et des responsables de l'application des lois. Avec les subventions de groupes comme l'Open Society Foundations, fondée par George Soros, les séminaires sont une source importante de revenus pour Bellingcat, une organisation à but non lucratif.

Il semble que le New York Times ait oublié de mentionner une source financière importante de Bellingcat. Voici une capture d’écran actuelle de la page «A propos» de son site internet :

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Porticus, Adessium, Pax for Peace et le Postcode Lottery sont toutes des organisations néerlandaises. Ensuite, il y a la fameuse organisation de Soros que le New York Times a bien mentionnée. Mais pourquoi a-t-il négligé de dire à ses lecteurs que Bellingcat est financé par la National Endowment for Democracy, organisme lui-même financé à près de 100% par le gouvernement américain ?

Serait-ce parce que la NED, qui dépense l’argent du gouvernement américain pour financer plus de 1 600 organisations non gouvernementales, est un cheval de Troie, une couverture pour la CIA ?

Sous l'impulsion du Watergate - le Church committee du Sénat, le Pike committee de la Chambre des représentants et la commission Rockefeller, créée par le président, étaient tous occupés à enquêter sur la CIA. Régulièrement, la révélation d'un comportement horrible, même criminelle, dans laquelle la CIA était impliquée depuis des années, faisait la une des journaux. ...
Ce qui a alors été fait, fut de transférer la réalisation de bon nombre de ces choses horribles à une nouvelle organisation, avec un joli nom qui sonne bien - la National Endowment for Democracy. L'idée était que la NED ferait ouvertement ce que la CIA faisait secrètement depuis des décennies, et donc, espéraient-ils, éliminerait la stigmatisation associée aux activités secrètes de la CIA. ...

"Nous ne devrions pas avoir à faire ce genre de travail clandestinement", déclarait Carl Gershman en 1986, alors qu'il était président de ce Fonds de dotation. "Il était terrible pour les groupes démocratiques du monde entier d'être considérés comme subventionnés par la C.I.A. Nous l'avons vu dans les années 60, et c'est pourquoi cela a été abandonné. Nous n'avions pas la possibilité de le faire, c'est pourquoi le fonds de dotation a été créé."
Et Allen Weinstein, qui a participé à la rédaction de la loi établissant la NED, déclarait en 1991 : "Une grande partie de ce que nous faisons aujourd'hui était fait clandestinement depuis 25 ans par la CIA."

En fait, la CIA blanchit de l'argent par le biais de la NED.

Le fait que la NED fasse le travail de la CIA est probablement la raison pour laquelle l’article du NYT sur Bellingcat oublie de mentionner ces financements et aussi pourquoi il accourt à l’aide de Bellingcat et de l’OIAC :

Certains journalistes et militants hostiles envers ce qu'ils qualifient de "récits pro-occidentaux de Bellingcat" ont critiqué une partie de sa couverture de la guerre en Syrie.

En particulier une attaque du 7 avril 2018 contre Douma, en Syrie. Bellingcat a rapporté, sur la base d'une analyse de six vidéos trouvée en source libre, qu'il était "hautement probable" que des civils de Douma soient morts à cause d’armes chimiques. En mars, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques a indiqué qu'il existait des "motifs raisonnables" de dire que des armes chimiques avaient été utilisées dans cette attaque.

Les critiques de Bellingcat ont pointé du doigt un courriel d'un enquêteur de l'organisation, disant qu'il se posait des questions sur les résultats. WikiLeaks a publié le courriel le 23 novembre. En réponse, Bellingcat a défendu son article en affirmant que le rapport final de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques sur Douma tenait compte des préoccupations de l'enquêteur dont le courriel a été publié par WikiLeaks.

En jouant à des jeux vidéo, Elliot Higgins a appris à identifier les attaques chimiques vues dans des séquences vidéo douteuses publiées par des affiliés terroristes. Si c’est vrai, c’est une capacité admirable. Son affirmation selon laquelle le rapport de l’OIAC « tient compte des préoccupations de l’enquêteur » qui l’a critiqué est, comme le démontre Caitlin Johnstone, tout à fait fausse :

Bellingcat ne tient tout simplement pas compte de cet aspect absolument central du courriel, ni de la remarque du lanceur d’alerte au sujet des symptômes des victimes qui ne correspondent pas à une intoxication au chlore gazeux.

"Dans ce cas, la confiance dans l'identité du chlore ou de tout agent d'étouffement est remise en question précisément en raison de l'incohérence avec les symptômes signalés et observés", écrit le lanceur d’alerte dans son courriel. "L'incohérence n'a pas seulement été relevée par l'équipe [de la mission d'enquête], mais aussi par trois toxicologues spécialisés dans l'exposition à des agents [d’armes chimiques]."

Bellingcat ne dit rien de ces remarques faites par courriel, et ne dit rien sur le fait que l'OIAC les a exclues de son rapport intérimaire en juillet 2018 et de son rapport final en mars 2019, ce dernier affirmant exactement le contraire en disant qu'il y avait des "motifs raisonnables de croire que l'utilisation d'un produit chimique toxique en tant qu’arme a eu lieu. Ce produit chimique toxique contenait du chlore réactif. Le produit chimique toxique était probablement du chlore moléculaire."

Bellingcat ignore complètement tous ces points, ....

Dans sa défense du rapport de l’OIAC, Bellingcat écrit :

La comparaison des points soulevés dans la lettre avec le rapport final montre clairement que l'OIAC a non seulement abordé ces points, mais a même modifié la conclusion d'un rapport antérieur pour refléter les préoccupations de cet employé.

Le chroniqueur Peter Hitchens du Mail on Sunday n’est pas d’accord avec ce paragraphe :

Mis à part les mots "la" et "le", tout dans le paragraphe ci-dessus est, pour le dire poliment, erroné. Bellingcat était si impatient de démolir la fuite concernant l'OIAC qu'il s'est dépêché (comme beaucoup l'ont fait lorsque l'attaque a été annoncée pour la première fois) de juger sans attendre les faits. Les lanceurs d’alerte de l'OIAC en savent plus que ce qui a été publié jusqu'à présent...

Caitlin et Peter devraient jouer plus souvent aux jeux vidéo. J’ai lu dans le NYT qu’ils sont la véritable voie d’apprentissage pour l’évaluation factuelle des attaques chimiques présumées.

Le 7 avril 2018, des terroristes du groupe Jaish al Islam tenaient le quartier de la Douma. Ils ont tué 40 civils. Les corps ont été montrés dans des vidéos avec des bidons de chlore gazeux pour prétendre que le gouvernement syrien avait tué ces personnes. L’équipe d’enquêteurs de l’OIAC a analysé les éléments de preuve et a constaté que les bonbonnes n’avaient pas été larguées d’un avion mais placées manuellement. Les symptômes montrés par les victimes ne correspondaient pas à une attaque au chlore et des substances chlorées n’ont été trouvées qu’à des concentrations extrêmement faibles. Il n’y avait absolument aucun « motif raisonnable » de dire que des armes chimiques avaient été utilisées dans l’attaque.

Mais la direction de l’OIAC, sous la pression des États-Unis et malgré les protestations de ses propres scientifiques, a publié un rapport disant le contraire. Lorsque cette manipulation a été dévoilée, Bellingcat, un organisme financé par les États-Unis, a fait une superficielle tentative pour brouiller les pistes. Puis une autre organisation de propagande, le New York Times, a dû intervenir pour sauver Bellingcat et les fausses déclarations de l’OIAC.

Cela ne va pas aider. Il y aura bientôt d’autres preuves que la direction de l’OIAC a publié deux faux rapports sur Douma, et probablement encore plus sur un autre sujet. Le public saura que l’OIAC a failli.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone

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