La conférence de « Paix » de Trump à Varsovie : une parodie orwellienne


Éditorial – Le 15 février 2019 – Source Strategic Culture

logoCette conférence a été présentée comme une conférence sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient, qui s’est tenue cette semaine à Varsovie, la capitale polonaise. Le sommet tant vanté dirigé par les États-Unis était tout sauf une conférence sur la paix et la sécurité dans la région déchirée par le conflit. C’était un sommet de guerre contre l’Iran.

Trump’s Warsaw ‘Peace’ Conference an Orwellian Parody

Même le lieu, Varsovie, avait une tournure involontairement orwellienne. Warsaw ? Plutôt War [Fore] saw. [Guerre annoncée].

Depuis plusieurs mois, l’administration Trump organise le sommet « au niveau ministériel » qui se tient cette semaine. Il s’avère que les grandes puissances ont fait un grinçant bras d’honneur, sachant pertinemment qu’il s’agissait d’une tentative à peine voilée de la part de Washington d’organiser un sommet dénonçant l’Iran. À quel point les Américains pensent-ils que le reste du monde est stupide ? Ils sont sans vergogne dans leur arrogance.

La Russie, la Turquie, le Qatar, le Liban et la plupart des dirigeants européens ont décidé de rester à l’écart du lieu de la réunion. Ceci en dépit de l’envoi par la Maison Blanche d’une délégation de haut niveau dirigée par le vice-président Mike Pence et le secrétaire d’État Mike Pompeo. Le gendre de Trump, Jared Kushner, le meilleur ami du prince héritier saoudien Mohammed, et tribun spectaculairement incompétent pour le Moyen-Orient, était également présent.

Le boycott de facto par d’autres puissances peut être perçu comme un signe de la diminution du rôle de Washington, si ce n’est de sa position d’arbitre diplomatique dans ses déclarations mensongères.

La raison de l’absence de la Russie et d’autres, est la connaissance du fait que l’agenda américain visait à mobiliser le soutien international pour contrer l’Iran avec des sanctions économiques renforcées. Bien qu’elle prétende être une conférence sur « la paix et la sécurité », peu de pays ont estimé que c’était  autre chose qu’un sommet de guerre pour mobiliser le soutien international ou l’acceptation de l’agression obsessionnelle de Washington contre l’Iran.

Le fait que tant de puissances internationales, en particulier l’Union européenne, aient évité la conférence à Varsovie dirigée par les États-Unis montre que les années de leadership mondial autoproclamé de Washington sont comptées. La crédibilité de Washington est épuisée. En vérité, grossièrement déchue.

La farce est presque au-delà des mots. Après des décennies de machinations clandestines et de changements de régime illégaux au Moyen-Orient, comment Washington pourrait-il espérer que quiconque prendrait sa conférence de cette semaine sur « la paix et la sécurité » au sérieux, sans rigoler ?

Une arrogance mal placée ou une illusion sont les seules explications de la conviction de Washington selon laquelle elle pouvait organiser une telle conférence – et de l’espoir que toute personne ayant une importance significative y assisterait.

Pendant des années, Washington a brandi la foudre dans la région, détruisant des nations entières, de l’Afghanistan à l’Irak, de la Libye à la Syrie, tuant des millions de civils lors de ses guerres impérialistes criminelles. La paix et la sécurité réclamées par les États-Unis ? Donnez-nous une pause dans cette écœurante prétention délirante.

L’abrogation unilatérale par le Président Donald Trump de l’accord nucléaire international avec l’Iran, l’année dernière, témoigne de la nature d’État voyou des États-Unis. Pourtant, Washington, dans son arrogance, s’attend à ce que d’autres assistent à une conférence cette semaine sur le Moyen-Orient et sa représentation péjorative de l’Iran comme État voyou.

Il convient de noter que, alors que les États-Unis tentaient de rallier la conférence à Varsovie – et échouaient manifestement – les dirigeants de la Russie, de la Turquie et de l’Iran étaient réunis à Sotchi pour poursuivre leurs efforts diplomatiques en vue de résoudre la guerre en Syrie. Rien ne pourrait mettre davantage en évidence l’inutilité et la banqueroute morale de Washington. Sa conférence à Varsovie, qui visait à accroître les tensions avec l’Iran, était en grande partie ignorée, tandis que la Russie et d’autres poursuivaient des efforts diplomatiques sérieux pour parvenir à un accord de paix en Syrie – un pays ravagé par huit années de guerre largement financée secrètement par Washington.

Pourquoi Warsaw ou plutôt War Foresaw ? Ces dernières années, la Pologne a obséquieusement courtisé Washington, achetant des systèmes de missiles américains anti-INF et appelant même à la création d’une nouvelle base militaire américaine sur son territoire, proposée avec insistance sous le nom de « Fort Trump ».

Les contradictions coupent le souffle. Trump est accusé par ses opposants politiques nationaux d’être un « larbin » des Russes. Pourtant, le gouvernement russophobe polonais déroule le tapis rouge du militarisme américain, dirigé par Trump, pour contrarier la Russie.

La conférence sur le Proche-Orient dirigée par les États-Unis ne pouvait se tenir dans aucun pays européen qui se respecte, en raison de la contradiction flagrante de l’hostilité de Trump à l’égard de l’Iran, qui va à l’encontre de l’engagement de l’Union européenne en faveur du maintien de l’accord nucléaire avec Téhéran.

La soi-disant conférence « Paix et sécurité » de Trump cette semaine était une mascarade orwellienne pour battre les tambours de guerre contre l’Iran. L’Allemagne, la France et d’autres États, parties prenantes de l’accord nucléaire, savaient qu’ils ne pourraient certainement pas accueillir un événement aussi absurde.

La véritable belligérance sous-jacente à la conférence de Varsovie a été trahie par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui se rendait sur le lieu de la réunion en se vantant qu’il s’agissait de former un front de guerre contre l’Iran.

Le sommet de Varsovie était ainsi conçu comme une conférence de guerre contre l’Iran. Heureusement, l’événement a perdu toute pertinence en raison de l’absence de la Russie et des grandes puissances européennes.

Cependant, cela montre néanmoins que Washington est déterminée à déclencher une autre guerre au Moyen-Orient – contre l’Iran. Ses efforts de propagande ont peut-être mal tourné cette semaine, mais le non-événement démontre au moins l’intention belliciste ruminée par les Américains vis-à-vis de l’Iran.

Heureusement aussi, on peut affirmer que les décennies de criminalité, de duplicité et de tromperie de Washington l’ont finalement rattrapée. Personne ne peut plus croire ce que disent les dirigeants américains – en particulier en ce qui concerne la paix et la stabilité pour le Moyen-Orient. Chaque mot de Washington sur le sujet est une parodie orwellienne.

Strategic Culture, éditorial

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

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