Il faut oser s’opposer à Israël


Par Philip Gilardi – Le 14 août 2018 – Source Unz Review

On me demande souvent pourquoi j’ai « quelque chose » contre Israël, et des amis me disent que je serais beaucoup plus respecté en tant qu’expert si je me concentrais plutôt sur la sécurité nationale et la corruption politique. Le problème c’est que notre soi-disant « relation spéciale » avec Israël est elle-même le résultat de choix catastrophiques en matière de sécurité nationale et de politique étrangère soutenus par une corruption politique et médiatique omniprésente, de sorte que toute tentative honnête d’examiner l’une mène inévitablement à l’autre. La plupart des faiseurs d’opinion qui s’expriment dans les médias échappent à ce dilemme en prenant le parti d’ignorer complètement le côté obscur d’Israël.

Israël – et non la Russie – est le seul pays étranger qui peut s’ingérer avec une totale impunité dans les processus politiques aux États-Unis, pourtant cela ne suscite aucune critique. C’est aussi lui qui menace le plus notre réelle sécurité nationale, car, avec son puissant lobby étasunien, il a été le principal promoteur de la poursuite des guerres interventionnistes américaines. La décision de faire la guerre à l’Irak sous de faux prétextes, largement encouragée par un groupe d’éminents juifs américains, au Pentagone et dans les médias, a tué 4 424 Américains ainsi que des centaines de milliers d’Irakiens et aura coûté 7000 milliards de dollars au contribuable américain lorsque toutes les factures seront payées. Ce même groupe, principalement composé de néoconservateurs juifs, pousse maintenant à déclarer une guerre à l’Iran, en utilisant un plan tactique d’escalade concocté par Israël, qui s’avérera, sans nul doute, encore plus catastrophique.

Et ce n’est pas tout. Selon le FBI, Israël, de toutes les nations soi-disant « amies », est celle qui mène les opérations d’espionnage les plus agressives contre les États-Unis, volant fréquemment notre technologie militaire pour que ses propres marchands d’armes puissent la revendre ensuite. Le recrutement de Jonathan Pollard, l’espion le plus dévastateur de l’histoire des États-Unis, est un de ses plus grands succès en matière d’espionnage. Israël s’est également introduit dans les systèmes de communication américains et s’est emparé illégalement des technologies pour le carburant et les détonateurs pour son propre arsenal nucléaire secret.

Israël fait peu de cas de la souveraineté américaine. Les premiers ministres Ariel Sharon et Benjamin Netanyahou se sont vantés de contrôler les États-Unis. En 2001, Israël était en train de mener en secret une opération d’espionnage massive sur les Arabes aux États-Unis. De nombreux membres des services de renseignement et de la police pensent qu’Israël disposait d’énormément de renseignements sur le complot du 11 septembre, mais qu’il ne les a pas partagés avec Washington. Il y a eu « la danse des Shlomo », des « danseurs » israéliens d’une compagnie du New Jersey qui apparemment avaient une connaissance anticipée de l’attaque terroriste et qui ont dansé et ri en regardant les Twin Towers exploser.

C’est la puissance du lobby juif 1, tant en termes de moyens financiers que d’accès aux personnes et aux mécanismes qui comptent vraiment, qui permet à Israël d’agir en toute impunité et de rendre, par là-même, les États-Unis à la fois plus pauvres et moins sûrs. Son lobbying massif et bien financé, impliquant des centaines de groupes et des milliers d’individus dans le pays, a nui aux réels intérêts américains, en partie en privant chaque année les États-Unis des milliards de dollars donnés à Israël simplement parce que c’est Israël et que ce pays peut obtenir tout ce qu’il veut d’un Congrès et d’une Maison Blanche serviles, sans que les média aux ordres y trouvent rien à redire.

Israël a également obtenu une protection politique inconditionnelle de la part des États-Unis dans des forums comme les Nations Unies, ce qui nuit à la réputation de l’Amérique et à ses intérêts réels. Cette protection s’étend maintenant à la mise à disposition, dans des bases en Israël, d’unités étasuniennes qui, aussi sûrement que le fil caché qui déclenche une bombe, garantissent que Washington s’impliquera si jamais Israël est attaqué ou même si Israël déclare lui-même une guerre. L’actuel ambassadeur des États-Unis à l’ONU, Nikki Haley, n’est rien d’autre que le porte-parole d’Israël, tandis que l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman, soutient ouvertement ses colonies illégales, malgré l’opposition des États-Unis, et passe une grande partie de son temps à justifier les crimes de guerre israéliens.

Et ici, sur le front intérieur, Israël cause des dommages sans doute encore plus graves à travers la tentative du sénateur Ben Cardin de supprimer les droits garantis par le Premier amendement en rendant illégale toute critique d’Israël. Le mouvement de boycott israélien non-violent (BDS) a déjà été sanctionné dans de nombreux États, grâce au lobbying intensif du gouvernement israélien et de ses puissants amis.

Donc, à l’aune des dommages réels infligés, le véritable ennemi des États-Unis, s’il en a un, parmi les puissances étrangères, c’est Israël. Les récentes enquêtes sur le Russiangate ont révélé que c’est Israël, et non la Russie, qui a demandé des faveurs à Michael Flynn et à la nouvelle administration Trump, mais le conseiller juridique spécial Robert Mueller n’a manifestement pas l’intention de creuser cette piste pour son enquête, ce qui ne devrait surprendre personne.

Noam Chomsky, une des icônes des intellectuels progressistes, a fini par comprendre ce qu’était Israël et ce que cela signifiait. Il avait toujours soutenu de manière quelque peu incohérente que le mauvais comportement d’Israël était dû au fait qu’il était l’outil de l’impérialisme et du capitalisme américains. A 89 ans, il a finalement compris qu’il s’agit en fait de ce qu’Israël veut, sans égard pour l’hôte américain dont il se nourrit à l’instar des parasites, et il écrit sur Democracy Now :

… prenons, par exemple, la grande question de l’ingérence dans nos élections. Les Russes se sont-ils immiscés dans nos élections ? C’est un sujet de préoccupation inouïe dans les médias. Pour la plupart des pays, c’est de la blague. Tout d’abord, si on s’intéresse à l’ingérence étrangère dans nos élections, tout ce que les Russes ont fait n’a quasiment aucune incidence par rapport à ce qu’un autre État fait, ouvertement, effrontément et avec un soutien incroyable. L’intervention israélienne dans les élections américaines dépasse largement tout ce que les Russes ont pu faire… C’en est même au point où le premier ministre d’Israël, Netanyahou, va directement au Congrès, sans même en informer le président, et s’adresse au Congrès, qui lui fait des standing ovations, pour essayer de saper la politique du président – comme Netanyahou la fait contre Obama en 2015… 2

Les politiciens ont une peur panique de contrarier le lobby juif en disant quoi que ce soit de négatif sur Israël, et par conséquent le Premier ministre Benjamin Netanyahou obtient toujours un blanc-seing du gouvernement américain, même lorsqu’il affame les civils et bombarde les hôpitaux et les écoles. Netanyahou utilise des tireurs d’élite pour abattre des dizaines de manifestants non armés et les tireurs d’élite plaisantent et rient de leurs meurtres sans même que Washington, qui se définit lui-même comme le « leader du monde libre », ne fronce les sourcils.

Tout récemment, Israël s’est déclaré État juif avec tout ce que cela implique. Certes, les chrétiens et les musulmans israéliens étaient déjà soumis à toute une batterie de lois et de règlements qui privilégiaient les juifs à leurs dépens, mais maintenant, le fait qu’Israël soit dirigé en fonction des juifs et seulement des juifs, est devenu officiellement sa ligne de conduite. Et ce pays continue de se vanter d’être une « démocratie » !

Une récente émission de télévision donne la mesure de l’assujettissement des dirigeants américains à Israël. Le comédien britannique Sacha Baron Cohen anime un nouveau show intitulé Qui est l’Amérique ? dans lequel il utilise des déguisements et des alias pour interviewer des politiciens et d’autres personnalités qui montrent leur degré d’ignorance ou de duplicité. Plusieurs épisodes récents font penser au sketch de février 2013 de l’émission Saturday Night Live sur la confirmation imminente de Chuck Hagel en tant que Secrétaire à la Défense. Un sénateur demande à Hagel : « S’il était vital pour la sécurité d’Israël que vous alliez à la télévision nationale et que vous fassiez une fellation à un âne… feriez-vous CELA pour Israël ? » Hagel était bien sûr supposé répondre « oui ». Le sketch n’a jamais été diffusé suite aux protestations des habituels suspects.

Baron Cohen, qui a contacté plusieurs notables du GOP (Grand old party : les Républicains) en se faisant passer pour le colonel Erran Morad, un spécialiste de la sécurité israélienne, laissait filtrer pas mal d’indices montrant que son interview était bidon, mais aucune de ses victimes n’a été assez maligne pour s’en apercevoir. Cohen, qui se prétendait colonel, portait un uniforme militaire israélien avec des galons de sergent. Cohen laissait entendre qu’il pourrait être un agent du Mossad, tout en arborant un T-shirt sur lequel le texte hébreu était imprimé à l’envers, et il prétendait que la devise de l’agence d’espionnage israélienne était « Si vous voulez gagner, montrez un peu de votre peau ».

Cohen a piégé Dick Cheney en le félicitant d’être le « roi des assassins terroristes » avant de raconter que « mon voisin à Tel Aviv est en prison pour meurtre, ou, comme nous préférons dire, pour “chatouillis améliorés” ». Morad a poursuivi en disant à Cheney qu’il avait un jour soumis sa femme à la torture de la noyade 3 parce qu’il la soupçonnait de l’avoir trompé, puis il a convaincu l’ancien vice-président de signer un « kit de torture de la noyade » qui « avait déjà » la signature de Benjamin Netanyahou, Ariel Sharon et Demi Lovato.

Dans un autre sketch encore plus spectaculaire, il a persuadé le sénateur de l’État de Géorgie, Jason Spencer, de crier n… 4 pour une soi-disant vidéo contre le terrorisme. Après que Cohen a dit à Spencer qu’il fallait effrayer les djihadistes homophobes, Spencer a baissé son pantalon et son slip, puis il s’est retourné pour montrer son derrière en criant « USA ! » et « America ! » Spencer a également pris un accent asiatique ridicule en faisant semblant de se servir d’une perche à selfie pour insérer secrètement un portable avec caméra dans la burqa d’une femme musulmane.

Dans une autre série d’interviews, Cohen déguisé en Morad a réussi à convaincre des membres républicains actuels et anciens du Congrès – y compris l’ancien leader de la majorité au Sénat Trent Lott – de soutenir un programme israélien fictif dont l’objectif était d’armer les enfants des écoles primaires en autodéfense.

Dans la même séquence, on voyait un ancien membre du Congrès de l’Illinois et animateur de radio, Joe Walsh, qui disait : « Le cours intensif de trois semaines ‘Kinderguardian’ fait découvrir aux enfants de 4 à 12 ans les pistolets, les fusils, les semi-automatiques et leur inculque quelques rudiments sur les mortiers. En moins d’un mois – moins d’un mois – un enfant de CP peut devenir grenadier. »

Cohen a piégé les deux juges controversés d’Alabama, Roy Moore et Walsh, en les invitant à une conférence pro-israélienne fantôme où ils devaient recevoir un prix pour « contributions importantes à l’État d’Israël ». Le député Dana Rohrabacher a également été interviewé et il a dit : « Peut-être qu’avoir des jeunes bien formés qui savent comment se défendre et défendre leur école pourrait aussi augmenter notre sécurité ici. » Et le membre du Congrès Joe Wilson a observé qu’« un enfant de 3 ans ne peut pas se défendre contre un fusil d’assaut en lui lançant un étui à crayons Hello Kitty ».

Les prestations de Cohen sont instructives. Un homme se présente en uniforme israélien, prétend être un expert en terrorisme ou même un agent du Mossad, et il peut rencontrer des Américains puissants qui sont prêts à faire tout ce qu’il dit. Ce que Cohen a fait en dit long sur le soutien automatique et totalement inconditionnel à Israël que de nombreux politiciens américains – en particulier les Républicains – choisissent maintenant comme ligne de conduite. C’est cela le mal qu’Israël et son lobby ont fait aux États-Unis. Israël a toujours raison aux yeux de nombreux décideurs politiques et même les juifs fantasmagoriques comme le colonel Morad sont instantanément perçus comme plus intelligents que nous, et donc il vaut mieux faire ce qu’ils disent. Cette façon de voir nous a apporté l’Irak, la Libye, la Syrie et la possibilité d’encore bien pire avec l’Iran.

Israël s’immisce régulièrement dans la politique américaine et corrompt nos institutions et ça ne lui coûte rien. C’est pour ça que j’écris et que je m’exprime fréquemment sur le danger que ce pays représente pour notre République. Il est temps de changer notre vision des choses qui est complètement déraisonnable. Israël est un problème. Il a le droit de se défendre et de protéger ses intérêts, mais cela ne devrait pas impliquer les États-Unis. On ne peut qu’espérer qu’une majorité de mes concitoyens étasuniens finiront par le comprendre. Cela peut prendre un certain temps, mais les méthodes sans foi ni loi qu’Israël utilise ouvertement pour conduire sa politique, sans se soucier de personne d’autre que de lui-même, nous permettent d’être optimiste et de penser que ce jour ne tardera plus.

Philip M. Giraldi, Ph.D., est directeur exécutif du Council for the National Interest, une fondation éducative qui promeut une politique étrangère américaine plus axée sur ses propres intérêts au Moyen-Orient. Son site Web est www.councilforthenationalinterest.org, l’adresse est P.O. Box 2157, Purcellville VA 20134 et son adresse électronique est inform@cnionline.org.

Traduction : Dominique Muselet

Notes du traducteur

  1. Ce terme tout à fait courant aux USA est parfois considéré comme raciste et/ou discriminant et/ou diffamant en France, où on tend à ignorer l’existence des lobbys en général et du lobby juif en particulier. La récente loi votée en Israël, se définissant lui-même comme un « État juif » aura, j’espère, réglé cette question.
  2. https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/03/03/la-charge-de-netanyahou-contre-la-politique-d-obama-envers-l-iran_4586828_3218.html
  3. Waterboarding en anglais
  4. En anglais n-word (pour nigger). Le mot péjoratif nigger, nigga ou negro (« nègre ») est un mot tabou aux États-Unis.
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