En Occident, l’État décide désormais de ce qui est vrai ou de ce qui relève de l’infox


Par Maria Heemskerk − Le 13 février 2022 − Source OneWorld Press

Les États occidentaux font de plus en plus usage de leur pouvoir pour décider des informations qui sont “vraies” ou qui relèvent de l’“infox”, ainsi que de ce qui est bien ou mal. Les citoyens n’ont plus la possibilité d’en décider par eux-mêmes, et de se pencher sur des options ou des sources alternatives.
Si, comme moi, vous êtes né à la fin du XXème siècle, vous avez sans doute lu 1984, le livre de George Orwell, à l’école. Dans 1984, on découvre un monde qui est victime d’une surveillance et d’une propagande gouvernementales omniprésentes. Une “fiction dystopique”, nous disaient nos enseignants. Vingt ans plus tard, les horreurs du livre ne relèvent plus vraiment de la dystopie.

Voici un bref résumé du mois passé : aux États-Unis, l’un des principaux syndicats enseignants vient de signer un contrat avec NewsGuard, un service controversé qui présente aux enfants les sources sur internet qui sont vraies, et celles qui ne le sont pas. Il s’agit indubitablement d’un service incroyablement dangereux, qui met un pouvoir colossal entre les mains de ceux qui le contrôlent, et qui ne relève absolument pas d’un système démocratique, une étiquette que les États-Unis continuent pourtant de s’accorder. La même semaine, GoFundMe la plateforme de financement participatif a gelé les fonds levés par une campagne de soutien aux camionneurs canadiens qui manifestent contre les obligations de vaccination anti Covid. Une fois de plus, une seule plateforme décide de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. En France, l’Assemblée Nationale a désormais interdit les thérapies de conversion homosexuelles, décidant que cette sorte de thérapie est non seulement “mauvaise” mais carrément interdite, s’en prenant à la liberté des gens qui décident de prendre part à ce genre de thérapie. L’État a ainsi décidé qu’il est interdit aux homosexuels d’aspirer à un mode de vie hétérosexuel. Autant pour la liberté en France. Dans le même temps, une femme qui militait pour les droits des femmes a été arrêtée pour “crime de haine” : elle avait collé des affiches critiquant le mouvement transgenre. Encore une opinion interdite. Et il ne s’agit que d’une petite sélection de toutes les restrictions exprimées par le gouvernement contre la presse libre et la liberté d’expression en Occident, sur un seul mois.

Qu’est-ce qui se passe ici ? Les États d’Occident utilisent de plus en plus leur pouvoir pour décider des informations qui sont “vraies” ou qui relèvent de l’“infox”. Les citoyens n’ont plus la possibilité d’en décider par eux-mêmes, et de se pencher sur des options ou des sources alternatives. Qui plus est, certaines opinions sont non seulement mauvaises mais également punissables, comme nous l’avons vu dans le cas de la militante britannique pour le droit des femmes. D’autres personnes ayant les mêmes opinions vont y réfléchir à deux fois avant de les exprimer. Ceci va finir par nous amener à une société au sein de laquelle les gens n’entendent plus que les opinions approuvées par l’État, et deviennent trop passifs pour rechercher quoi que ce soit par eux-mêmes. Le gouvernement contrôlera alors complètement ses citoyens. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

Comme illustré par les exemples présentés dans cet article, la surveillance et la censure accrues pratiquées par le gouvernement ne sont pas un grave problème uniquement en Chine et en Arabie Saoudite, mais également dans les pays occidentaux. Pour une nation, les conséquences de se retrouver emplie de gens contents d’eux et opinant systématiquement du chef peuvent être graves — nous en avons vu des précédents dans l’histoire. Derrière un tel processus, on trouve quelques personnes aux manettes du pouvoir. À eux-seuls, ils décident de ce qui est vrai. Les gens qui dénoncent ce qui est à l’œuvre dans ce processus sont qualifiés de théoriciens du complot, ce qui en soi constitue encore une autre affaire. Nous savons tous comment cela va se terminer, car nous l’avons déjà lu. Le problème est que la jeune génération ne le lit plus, car les universités émettent désormais des avertissements sur cette œuvre. Voilà qui en soi en dit long.

Traduit par José Martí, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

   Envoyer l'article en PDF