De l’esprit de mensonge dans les relations OTAN-Russie. La tension monte


Par Mefrange – Le 6 août 2016 – Agora Vox

Quand on ment à des gens qui savent que vous mentez, tout ceci ne dure naturellement qu’un temps, et vient fatalement un moment où l’on s’entend dire « maintenant ça suffit ».

C’est ce qui se passe entre l’Ouest et la Russie, et qui commence à se passer entre les opinions publiques occidentales et leurs élites discréditées. 

Chacun fait ce qu’il peut avec ses moyens. Depuis 2012, on a écrit un certain nombre d’articles, tous datés, en restant toujours modeste et lucide : ne se perdraient-ils pas nécessairement dans l’océan du bruit formé par des millions d’autres, disant l’exact contraire. Cinquante-et-un pourcent des Français qui lisent des journaux ne les lisent pas sur internet, et les journaux TV et papiers sont cadenassés par la pensée unique/système.

Dans cette configuration, quel effet peuvent bien avoir des articles sur AgoraVox ? De minimes à insignifiants. Quel crédit avoir ?

Oui, mais seulement, derrière la façade, ça craque de partout, ça partage, ça re-blogue, ça youtube et d’article insignifiant en article insignifiant (non en qualité, naturellement, mais en audience réelle), un ça, neutre, qu’on peut appeler « esprit de réinformation et de résistance » est en train de gagner des points sur celui du conformisme, de la veulerie et de la prostitution. Un grand nombre des mensonges du système, relayés mécaniquement par habitude, ne passent plus. ll y a naturellement toujours la masse des imbéciles plus ou moins heureux, mais le mot de trahison commence à être ouvertement prononcé, sans honte ni peur, dans plusieurs pays occidentaux.

Après avoir bien ri sous Chirac et Sarkozy, un nombre de plus en plus grand de Français, laissons les autres, commencent à humer et se demander : « Mais qu’est-ce qui pue comme ça ? » Même en se bouchant le nez, on n’y arrive plus.

« La vérité se creuse comme un puits » écrivait Antoine de Saint-Exupéry. Bon, belle formule et on pourrait en rester là.

Plus intéressant est de savoir ce que signifie concrètement creuser un puits. Chose bien oubliée ! Un paysan nous a raconté comment il en avait creusé dans sa jeunesse.

  • D’abord ce n’est pas sans danger. Plusieurs n’en sont pas revenus, asphyxiés (plus d’air) ou victime d’un éboulement.
  • Ensuite il fait très chaud, très vite sous terre c’est dur et long, d’atteindre la nappe phréatique. Il faut creuser.
  • Ensuite il peut y avoir des rochers, et dans ce cas le chantier fait du sur-place ; il y a des moments de découragement : on n’y arrivera jamais. Il faut utiliser de la dynamite ou la barre à mine.
  • Enfin, atteindre la nappe phréatique ne se fait pas d’un coup. Ça commence d’abord à suinter, puis des jets d’eau de la taille d’un poing sont libérés de façon intermittente, puis d’autres, puis d’autres encore.
  • À la fin, ça pisse de partout et de tous les côtés et il faut arrêter. Le puits est creusé et la nappe dé-couverte.

Nous entendons « la vérité se creuse comme un puits » de cette façon et pensons qu’on en est arrivé au stade du suintement déjà bien visible de la vérité.

Sentant venir un vent mauvais, les autorités républicaines-européennes ont recours à quatre moyens pour essayer de reprendre la main :

  • La distraction-abêtissement : un Pokemon sort de la boîte. Pendant qu’ils jouent à ça, ils ne pensent pas et ça fait gagner du temps.
  • La répression : une matraque de plus en plus pesante et des gaz de plus en plus lacrymogènes.
  • La division (diabolos − διάβολος − celui qui divise). Monter les Français les uns contre les autres ou les protéger sélectivement. Les fragmenter. Processus différent de celui du bouc émissaire, qui vise au contraire à souder une communauté contre un individu, classe, groupe ethnique. On voudrait allumer une guerre civile, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.
  • L’état de guerre, qui permet de suspendre les libertés fondamentales. En état de guerre, tout devient nettement plus facile à gérer. Ne pas être Charlie sera une maladie à traiter (sic) et écouter la propagande russe ou utiliser un VPN (réseau privé virtuel) un délit.
  • Tant que l’Occidental moyen n’aura pas compris que, pour avoir une idée de la réalité, il faut aujourd’hui penser à priori le contraire de ce que disent les médias dominants, il sera toujours berné. S’ils le disent, ça doit être (au moins en partie) faux.

La presse porte Obama aux nues en 2007, comme premier noir président des États-Unis ? Méfiance : « yes, we can » peut être compris de façon très différente selon les acteurs, comme le « Tout devient possible » de Sarkozy. Tout devient possible en effet (même la Libye) et il n’est pas faux qu’on puisse le faire (déstabiliser tout le Moyen-Orient).

« Vous rendez-vous compte de ce que vous avez fait ? » a lancé Vladimir Poutine à l’assemblée de l’ONU.

La presse vomit Trump et porte aux nues Hillary Clinton comme potentielle première femme présidente de l’histoire des États-Unis ? Méfiance ! Le président des États-Unis exécute d’abord les directives du gouvernement invisible, à 95 % composé d’hommes (en se basant sur la parité hommes / femmes aux réunions Bildelberg). De qui se moque-t-on ? Pour que progresse le droit des femmes, il faut qu’elles existent, non ? Il est vrai que les guerres mondiales ont été un facteur d’émancipation féminine, puisque les hommes étaient au front et qu’il fallait bien les remplacer dans les usines malsaines et délétères avec des cadences infernales, mais la troisième guerre mondiale est de nature différente : là, c’est destruction, chaos, famines et régression, au mieux, tant qu’une arme de destruction massive n’est pas lancée.

On laisse à d’autres l’analyse de la situation intérieure française, en nous concentrant sur les effets des mensonges de l’OTAN et des États-Unis comme destructeurs de la paix, la stabilité et la sécurité dans l’espace européen (pour parler orwellien).

Dans les relations internationales, on peut dater le revirement de 2012, après que la Russie de Medvedev eut été bernée à propos de la Libye, et de la seconde élection de Vladimir Poutine à la présidence de la fédération de Russie.

Comme cet article sera long, il sera coupé en morceaux pour ne pas fatiguer le lecteur. Ce sera d’ailleurs le dernier. On estime avoir fait largement notre part du travail bénévole de réinformation ou de lanceur d’alerte.

I : De la guerre, comme moyen de maintenir la structure d’un Empire en Occident (occire = tuer).

A : Le cas de la Grande-Bretagne avant 1914.

« Tout système tend à maintenir sa structure. » C’est une loi fondamentale des systèmes.

Au XIXe siècle, le système dominant est l’Empire britannique, financier, territorial, militaire, mercantiliste, utilitariste, libéral. A la fin du XIXe, le développement accéléré des États-Unis et de l’Allemagne lui font perdre son équilibre.

La France devient l’enjeu d’une lutte d’influence entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Entre 1880 et 1911, l’Allemagne fait concessions sur concessions à la France. La volonté de réconciliation est bien réelle chez Bismarck, comme chez Guillaume II. Les économies sont complémentaires. Les deux pays ont à y gagner.

Mais ce sont les Anglais qui vont tirer leur épingle du jeu et faire en sorte que les pays du continent se détruisent mutuellement pour en sortir affaiblis, mais encore nettement dominants (diviser pour régner).

L’histoire ne se répète pas, l’état des techniques n’est pas le même, les mentalités sont différentes. Cependant des configurations peuvent se retrouver : des pays ne se font plus confiance, on assiste à une course aux armements, des milieux affairistes poussent à la guerre, une diplomatie secrète voire byzantine (Moyen-Orient) se met en place (le bon boulot à la Fabius).

Il y a un siècle, le sentiment de l’Allemagne d’être encerclée ne relevait pas de la « paranoïa de Guillaume II », comme le dit si rapidement Wikipedia, encyclopédie dont on commence à mesurer le caractère parfois partial. Bismarck n’était pas paranoïaque et comprenait très bien les implications de l’alliance franco-russe, les réseaux informels du prince de Galles à Paris, le caractère boiteux de l’alliance avec l’Italie (c’était lui qui l’avait conçue).

Pour contrer les clauses censées être secrètes (1892) du traité franco-russe (mais connues, naturellement) prévoyant l’aide militaire réciproque en cas d’attaque de l’Allemagne, Bismarck avait signé avec Nicolas II un anti-pacte secret pour annuler cette clause secrète : pas de guerre entre l’Allemagne et la Russie, en aucun cas.

Cet empilement de traités, clause secrète, anti-clause secrète, double-jeu, enchères qu’on fait monter (Italie), arrive naturellement, à un certain moment et en un certain endroit, au point d’ignition.

Ces clauses secrètes n’empêchaient pas Delcassé de nier leur existence, en présence de son homologue allemand. Comment parler avec un menteur ? Combien de temps peut-on supporter ça ? L’Allemagne finit par demander son renvoi, donnant un argument à la propagande anti-allemande.

Certains disent que c’est Angleterre qui, par l’intermédiaire de ses services secrets et des loges maçonniques très nombreuses en Angleterre, espionne, complote, crée des cellules terroristes dormantes ou non, achète des politiciens (Clémenceau), monte le Japon contre la Russie, la France contre l’Allemagne…  Perfide Albion.

D’autres accusent l’Allemagne de déstabiliser le jeu en construisant une flotte de guerre moderne, en soutenant les révoltés Boers d’Afrique du Sud et en s’installant en Namibie. Impatience. Les États-Unis ont fait une guerre contre un empire espagnol en décrépitude avancée, pas contre Charles Quint. Les capacités de l’Empire britannique étaient redoutables en 1914 et même encore en 1939. Gandhi, lui, a su attendre.

D’autre accusent la Russie dont l’exceptionalisme pan-orthodoxe (Troisième Rome) remet en question tous les équilibres existants, notamment dans les Balkans.

D’autres font remarquer que l’idiot utile français avait une diplomatie réfractaire à l’idée d’en référer à la représentation nationale. Les clauses secrètes demeurent inconnues du Parlement, qui vote à l’aveugle des engagements terribles. C’est la diplomatie Delcassé, complétée par celle de Poincaré. Quant aux Français, naturellement, on ne leur a jamais rien demandé, sauf leur sang et leur or.

Tout ceci, sur fond des rivalités commerciales féroces de la première mondialisation. Le continent est instable et des alliances défensives ont pour effet de transformer un conflit local potentiel, en une déflagration européenne. Des exercices militaires visant de chaque côté à montrer sa force sont organisés de part et d’autre des frontières. Ces chicken games, comme disent les Américains, loin de dissuader, ont l’effet inverse : face à cette menace, on augmente de part et d’autre les crédits militaires. (Ils explosent dans le monde depuis 2000.) Les populations sont ignorantes ou manipulées par des journaux stipendiés, comme aujourd’hui. Pas de Pokemon pour distraire la masse des questions importantes : juste l’isolement, la routine des champs ou le labeur des usines ou des mines.

À ceci s’ajoutent des plans militaires excellents sur le papier et destinés à donner une victoire rapide à tous les camps : attaque à outrance + rouleau compresseur russe (France), rapidité, efficacité + bombes illimitées (Allemagne). À ceci, s’ajoute la contestation socialiste en Allemagne, France, Russie. Un ouvrier mobilisé ne fait pas grève et ne manifeste pas. L’état de guerre qui suspend élections, manifestations et qui envoie la population masculine aux frontières est toujours le joker des classes dirigeantes.

Édouard VII a brûlé sa correspondance avant de mourir. La cheminée sert à réduire les secrets d’État en cendres et on ne saura pas. La même chose a été faite dans la même tradition, concernant le cadeau de la bombe atomique fait à Israël par la France et l’Angleterre. On ne l’a su qu’à cause de la manie française de tout mettre dans des dossiers. Antony Eden, lui, avait tout mis au feu.

Par contre, selon Guillemin, dont on ne peut mettre en doute ni l’honnêteté ni le caractère scrupuleux de son travail, en ce qui concerne Delcassé / Poincaré / Cambon, on peut affirmer qu’il y a bien eu un feu vert français à la mobilisation russe en 1914, « On vous couvre », alors que la Russie n’était pas attaquée et que pas un pouce de son territoire n’était menacé. Non seulement la représentation nationale (qui représentait déjà peu) avait signé un chèque en blanc, mais en plus on avait changé le montant à la fin. Résultat : 1 300 000 morts et 50 % de la richesse française évaporée. Quant à la déstabilisation du Maroc, de la Libye actuelle donnée à l’Italie en échange de l’abandon du traité avec l’Allemagne, ce sont des faits historiques avérés et pas la paranoïa personnelle de Guillaume II.

Les clauses secrètes militaires anti-allemandes, qui accompagnent la levée de fonds russes sur la place de Paris (les emprunts russes), la jactance vaniteuse incorrigible et insupportable du coq qui chante sur son tas de fumier (bien pire qu’aujourd’hui, ce qui n’est pas peu dire), les promesses faites dont on ne verra jamais la couleur Outre-Rhin et naturellement les manœuvres anglaises qui dirigent de fait la politique française via le pion Clemenceau, finissent par mettre Guillaume II en difficulté dans son propre pays (le Iéna diplomatique de la reconnaissance du Maroc contre quelques miettes en Afrique centrale).

Déstabilisé et déçu, pris dans la nasse de la toile diplomatique tissée contre lui par la Grande-Bretagne, contraint de défendre son dernier allié plus ou moins fiable, l’empire bicéphale, Guillaume II se retrouve pris dans le guêpier balkanique qu’il ne peut en aucun cas maîtriser. Comment l’aurait-il pu ? Le parti anglais est très puissant à Vienne, en plus un parti anti-prussien existe aussi. L’Autriche-Hongrie n’est en rien un protectorat ou une colonie allemande avant 1914.

L’alliance franco-allemande aux économies complémentaires et capable d’équilibrer la Grande-Bretagne sur terre et sur mer n’aura pas lieu. Dès la fin 1914, les soldats d’un côté ou de l’autre des tranchées ne sauront plus trop pourquoi ils s’entretuent. Il célébreront Noël ensemble et il faudra des barbelés et de la propagande massive bourrage de crâne, pour les pousser à se battre jusqu’au dernier.

Dès 1930, l’Allemagne ayant disparu en tant que menace, l’Empire britannique tente de casser son autre rival, les États-Unis, au moyen du Japon et de la dévaluation de la livre sterling. Le coup a été très dur, mais les États-Unis ont survécu. Dès 1939, la guerre en Europe (cash and carry) est la manne qui sauve les États-Unis et dès 1941, la colonne vertébrale de l’Empire britannique est partiellement cassée (Hong-Kong − Singapour). L’Australie, les Indes et Suez menacés, ainsi que les communications avec le Canada, le Royaume-Uni en danger de désintégration sauve les meubles en laissant la place sans condition aux États-Unis en échange de leur relation spéciale, de la fusion des élites financières américano-britanniques et du maintien de leur empire invisible (paradis fiscaux).

Aujourd’hui, la Chine dépasse les États-Unis, bien loin encore d’être en mesure de dicter ses conditions militairement. Quand on sait que la destruction de l’alliance franco-espagnole a pris un siècle (1715-1815 – Guerre de 7 ans et guerres napoléoniennes), que le passage de l’hégémonie britannique à l’américaine s’est fait après deux guerres mondiales, il faut s’attendre à des guerres terribles au XXIe siècle, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.

On note au passage que l’Angleterre s’est bien positionnée, avec son adhésion à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB)  pour accompagner ces mutations gigantesques. L’Angleterre n’a pas d’alliés permanents, mais des intérêts permanents.

 B : La Russie, État félon au système, dont il faut se débarrasser (Russia delenda est).

La Russie est aujourd’hui dans la situation de l’Allemagne d’avant 1914. Aujourd’hui, la puissance hégémonique [États-Unis, NdlR] se trouve déstabilisée économiquement (Chine), militairement (suite de guerres perdues, malgré des budgets colossaux), financièrement depuis 2008, médiatiquement (RT et internet diffusent autre-chose que la pensée unique ABC, BBC, CBS, NBC, NSBC, FOX, CNN, HOLLYWOOD, etc.). Et voilà que le phénomène Trump porte la dissidence au cœur du système (11 septembre, guerre d’Irak, état réel de l’économie, opération vérité Moyen-Orient). Une bombe permanente au cœur du système, en prime time. L’horreur absolue ! D’où l’hystérie (justifiée) du système. Trump = Poutine ou Trump = Hitler ou Trump n’aime pas les bébés, rumeurs d’assassinat. Dans tous les cas, une catastrophe pour les élites et leur agenda, qui est d’essayer de faire s’entre-tuer Russes et Européens de l’Est, pendant que les Européens de l’Ouest seront paralysés par la crise économique et des guerres civiles par importation des conflits moyen-orientaux.

Il est urgent de clarifier cet article 5 du Traité de l’Atlantique Nord, qui a servi a bombarder l’Afghanistan et à se débarrasser d’un chef d’État libyen qui ne menaçait pas un centimètre carré d’un pays de l’OTAN.

On va vers l’OTAN à la carte et à géométrie variable, en fonction des intérêts et des complots du moment. Il n’y a plus du tout de sécurité.

C’est d’autant plus urgent que tout s’accélère et, comme un conducteur dont la voiture roule de plus en plus vite et qui doit faire de plus en plus attention, il arrive un moment où les acteurs perdent le contrôle et où la situation dérape en un instant.

L’effroyable rapidité nécessaire de prise de décision et de réaction s’ajoute à la confusion produite par les diplomaties et les accords secrets, comme en Syrie, où on ne sait pas qui se bat avec quelles armes fournies par qui et après quels transits et trafics et quels retournements. Les combattants, comme les armes, passent d’un groupe à l’autre. C’est conduire une voiture à 200 km/h, avec un pare-brise sale sans lave-vitre.

Si un Trump fait irruption sur la route, c’est finalement assez providentiel. Tout les plans s’effondrent, et si les peuples ne jouent pas trop à Pokemon, ils devraient avoir quelques mois pour se ressaisir (l’année 2017 est celle de la toute dernière chance).  

Rappel juridique du tribunal de Nuremberg : le crime contre la paix.

En 1914, la jurisprudence du tribunal de Nuremberg n’existait pas et l’histoire étant écrite par les vainqueurs, le récit de l’Allemagne seule responsable de la guerre permit en 1919 de presser le citron jusqu’à ce que les pépins craquent. Désarmement unilatéral, réparations insoutenables pour l’économie allemande, occupation de la Ruhr, interdiction du rattachement (voulu) des populations allemandes de l’ex-empire autrichien à la république de Weimar, au mépris du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Malheur au vaincu !

En 1945, le tribunal de Nuremberg, bien que partiel et partial (silence fait sur les bombardement volontaires de villes ne présentant pas de caractère militaire) a quoi qu’il en soit défini un cadre juridique encore pertinent, pour y voir plus clair dans le monde d’aujourd’hui. Ces principes ne sont pas obsolètes.

Il faut donner la définition exacte des termes utilisés ; les mots ont un sens.

  1. Crimes contre la paix : i) Projeter, préparer, déclencher ou poursuivre une guerre d’agression ou une guerre faite en violation de traités, accords et engagements internationaux ; ii) Participer à un plan concerté ou à un complot pour l’accomplissement de l’un quelconque des actes mentionnés à l’alinéa i ;
  2. Crimes de guerre : Les violations des lois et coutumes de la guerre, qui comprennent, sans y être limités, les assassinats, les mauvais traitements ou la déportation pour les travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles dans les territoires occupés, l’assassinat ou les mauvais traitements des prisonniers de guerre ou des personnes en mer, l’exécution des otages, le pillage des biens publics ou privés, la destruction perverse des villes ou villages ou la dévastation que ne justifient pas les exigences militaires ;
  3. Crimes contre l’humanité : L’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation ou tout autre acte inhumain commis contre toutes populations civiles, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions sont commis à la suite d’un crime contre la paix ou d’un crime de guerre, ou en liaison avec ces crimes.

À la lumière de la jurisprudence rétroactive du tribunal de Nuremberg, si beaucoup de crimes de guerre seraient imputables, à partir de 1914, à l’Allemagne (exécutions d’otages belges, gaz, bombardement des quartiers populaires de Paris, coupe des arbres fruitiers, empoisonnement des puits), le crime contre la paix, lui, incriminerait Poincaré, (Edouard VII ?), Delcassé, Clemenceau.

Si a existé un courant en Allemagne avant 1880, inquiet du redressement trop rapide de la France, après 1880, le seul crime imputable à l’Allemagne est de se développer. Les Alsaciens ne se révoltent pas contre un pouvoir oppresseur, parce qu’il ne l’est pas. Juste un changement de style et des carnets de commande bien remplis. Aucune persécution religieuse étatique contre les juifs, ni un gouvernement qui fermerait volontairement les yeux sur des pogroms. Au contraire, selon wikipedia, s’était créée en 1900 une symbiose germano-juive. Non pas cohabitation, ni multiculturalisme, mais symbiose avec un nombre significatif de conversions et de mariages mixtes. On ne constate pas de crime contre la paix en Allemagne avant août 1914. 

Or, le crime contre la paix est naturellement le plus grave, celui qui rend possible les autres.

L’Occident coupable de crime contre la paix contre la Russie.

Aujourd’hui, Poutine a remplacé Guillaume II, dans la diabolisation mé(r)diatique occidentale (occire = tuer), alors que sa politique est fondamentalement conservatrice (préserver la Russie dans ses frontières de 1700).

C’est l’Ouest qui ne cesse de poser des actes déstabilisateurs majeurs. Poutine et Lavrov ont de bien meilleurs nerfs que Guillaume II et heureusement, compte tenu des enjeux qui se comptent en méga-morts.

On leur ment tout aussi effrontément, en tissant de la même façon une toile dont on n’ose pas imaginer les clauses secrètes.

Aujourd’hui la menace de l’OTAN qui fait défiler ses chars à Narva, à 300 m de la frontière russe et qui met en place des missiles qui peuvent détruire la dissuasion nucléaire russe, ne relève pas de la paranoïa russe. Ce sont des faits vérifiables, pour qui veut se donner la peine de le faire. Le traité stipulant que l’OTAN ne peut pas faire stationner de troupes dans les pays baltes a été contourné, en organisant une rotation permanente de troupes. L’esprit du traité est naturellement violé, même si on en respecte la lettre de façon assez minable.

Quel crédit peut ensuite avoir la signature de nos dirigeants ?

De même, l’article 18 de la convention de Montreux de 1936 interdit à des navires de pays non riverains de la mer Noire (aujourd’hui, les États-Unis avec leurs missiles Tomawhak et les Aegis, mais aussi les navires espions français) de rester plus de 21 jours d’affilée en mer Noire. Peu importe, on fera tourner en permanence des navires légers bourrés de missiles Tomahawk, dont les Russes ne peuvent pas savoir s’ils sont nucléaires ou pas (c’est la destination initiale du missile Tomawhak d’être nucléaire).

Pendant la préparation de la guerre de Géorgie de 2008, les navires marchands américains transportaient du lait en poudre.

Avant 2002, existait un traité assez restrictif ABM (anti balistic missiles) permettant aux deux parties de se faire relativement confiance. Mais l’esprit de mensonge planait à la surface des eaux de la thalassocratie américaine. Comme pour le lait en poudre, George Bush a dénoncé ce traité, au motif que les « relations avec la Russie ne relevaient plus de la guerre froide ». Ensuite, sont venus le bouclier anti-missiles contre la menace d’un missile iranien. L’épisode iranien et ses centrifugeuses ayant été réglé, il y a eu l’épisode révolution ukrainienne et annexion de la Crimée (putsch de la CIA, indépendance par référendum à 80 % pour l’autre partie). Puis une tentative de coup d’État (échec) s’est abattue sur la Turquie.

Comme pour l’Allemagne avant 1914 et comme l’UE pour les peuples, cette menace se met en place par petites touches, mais toujours dans le même sens, comme un plan pré-conçu. Coïncidences ? Paranoïa russe ?

La Russie est poussée lentement in the corner, au pied du mur, dans une situation stratégique intenable. Ni Saint-Pétersbourg, ni Moscou ne peuvent être à portée d’un missile d’on ne sait quelle arme, lancée de n’importe où sans contrôle.

Le 12 mai 2016 a été inaugurée en Roumanie la rampe de lancement Mk-41 qui, pour 700 millions d’euros, est censée lutter contre la menace iranienne.

  1. Pour les Russes, cette installation viole le traité des armes intermédiaires (500 à 5500 km) laborieusement signé le 8 décembre 1987. Pour l’amiral Vladimir Komoyedov, cette installation est une menace directe contre la Russie et pour cet ancien commandant de la flotte de la mer Noire : « Ils (les Américains) franchissent la ligne rouge. Ce n’est pas à 100 % dirigé contre nous, mais à 200%, 300%, 1000 %. Cela n’a rien à voir avec l’Iran, mais avec la Russie et son arsenal nucléaire. »
  2. Du côté américain, Franck A. Rose, secrétaire d’État adjoint au contrôle et à la vérification des armements, a fait savoir que les États-Unis comme l’OTAN ont dit clairement que ce système n’est pas destiné à affaiblir la capacité de dissuasion nucléaire russe.

Qui ment ?

Une crise des missiles d’Europe de l’Est se prépare inévitablement et, compte tenu des dirigeants occidentaux et de l’esprit de mensonge qui imbibe les médias système occidentaux comme un baba au rhum, il n’est pas sûr que la voie de la raison l’emporte.

Comme avec la politique Delcassé / Poincaré, les Russes sont fatigués par ces mensonges occidentaux permanents et de faire semblant de ne pas s’en rendre compte. 

  1. Militarisation des pays baltes
  2. Coup d’État-changement de régime en Ukraine
  3. Tentative de coup d’État en Turquie.
  4. La manufacture d’al-Quaïda par la CIA
  5. Les armes données à l’opposition libre syrienne, qui se retrouvent chez DAESH
  6. Al-Nosra qui fait du bon boulot en Syrie
  7. La coalition contre État islamique aussi, qui bombarde pour de faux, en avertissant ceux qui vont être bombardés et en fermant les yeux sur des colonnes gigantesques de camions-citerne. (Les satellites américains et français peuvent lire une plaque d’immatriculation de l’espace, et passent à côté d’embouteillages de camions-citerne remplis à craquer de pétrole vendu à l’Europe ?)
  8. Des centaines de milliers de réfugiés de toutes nationalités, bien canalisés, qui peuvent faire 3000 km à pied en territoire européen, sans se perdre ni se disperser ?

Pas de paranoïa russe, ni syrienne, ni chinoise mais une avant-guerre, un agenda de déstabilisation comparable à celui mis en œuvre par Delcassé en son temps.

Si le Français moyen veut gober les mensonges que le journal gratuit lui débite, libre à lui, mais il le paiera cher. Depuis 2012, dans ce journal, on dit ce qui se passe, avec au moins 80 % à 90% d’exactitude. Le problème est que l’autruche post-moderne casse le thermomètre au lieu de réagir efficacement.

Qu’est ce qui interdit aux Français de réunir 10 millions de signatures (ou au moins 3 millions − en dessous, c’est inaudible) en faveur d’un pacte d’amitié et de non-agression avec la Russie ? Ou de définir une interprétation très restrictive de l’article 5 de l’OTAN (en attendant d’en sortir, pour le général Pinatel) et laisser les Polono-ukraino-baltes régler leurs différends avec la Russie ?

Pour des Français, ça ne vaut pas la vie d’un seul soldat français. C’est une souricière et un bourbier.

Les agriculteurs se plaignent de la crise : ont-ils compris que, faute de pouvoir exporter en Russie, la Pologne allait inonder le marché français de porc, lait, légumes ? Il fut un temps où les agriculteurs savaient mieux se faire respecter. Maintenant, ils se suicident en silence.

Agriculteurs français, on vous ment. Le récit « nous lèveront les sanctions quand Moscou appliquera intégralement les accords de Minsk » est faux et ridicule.

    1. Les accords de Minsk II sont signés entre le gouvernement de Kiev et les séparatistes. Pas avec la Russie, qui n’en est que le garant, avec la France et l’Allemagne.
    2. Le gouvernement de Kiev ne cesse de violer ces accords, qu’il n’a jamais eu l’intention de respecter. Le 22 juillet, le commandant des forces de la République de Donetsk a déclaré dans un communiqué, que la région le long de la ligne de front a été bombardée 3 566 fois par les forces de Kiev, en une semaine (source). Que fait Jean-Marc Ayrault, qui représente la signature de la France, garante de la bonne exécution des accords de Minsk II ? Rien. Le silence, l’omertà. Nous avions dit que le but de ces accords était de donner à une des parties vaincue sur le terrain, le temps de se refaire et de gagner du temps. Encore une analyse qui se révèle exacte avec le temps.
    3. Tout ceci, au frais des agriculteurs français et du tissu industriel, artisanal et agricole. Une telle rage, de la part d’un gouvernement, de détruire sa propre économie est du jamais vu depuis la révolution. « Suicidez-vous et fermez-la ».

Crimes contre la paix :

  • Le changement de régime par services secrets interposés, visant à faire basculer un pays neutre pour lui faire abandonner son statut de neutralité, le transformer en base de lancement d’une agression, la neutralité de ce pays ayant fait l’objet d’engagements internationaux et étant la garantie de la stabilité du continent.
  • L’extension de l’OTAN à l’Est, au mépris des engagements donnés en 1990 et qui prend de plus en plus la forme d’un plan concerté en vue d’une guerre faite à la Russie.
  • La militarisation effective des pays baltes, au mépris de l’engagement de ne pas y faire stationner de troupes, ressemblant à la remilitarisation de la Rhénanie en 1936 par Hitler.
  • La fourniture d’armes, l’entraînement, le financement d’une nébuleuse qui vide la Syrie de ses chrétiens d’Orient (du bon boulot, selon notre ex-ministre des Affaires étrangères).

On peut supprimer des Constitutions les articles concernant la haute trahison, la jurisprudence du Tribunal de Nuremberg reste imprescriptible. Pour l’instant, ces criminels internationaux sont protégés par l’hyper-puissance de leur(s) commanditaire(s) et ne s’inculperont pas eux-mêmes devant le TPI. Cela durera-t-il toujours ?

Dans un conflit, celui qui a le droit de son côté est psychologiquement le plus fort et quand les armes ne sont pas trop déséquilibrées, cela peut faire une différence considérable.

Mefrange

Article original publié sur Agora Vox

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