À entendre ce que racontent les candidats républicains vous pourriez croire que c’est vrai
Par Eric Margolis – Le 22 septembre 2015 – Source Russia Insider
«Les Russes arrivent! Les Russes arrivent!» Voilà ce qu’on entend brailler depuis une semaine au Pentagone, dans les médias américains et dans les discours des candidats républicains à la présidence.
Comme c’est stupide. Il semble que les Russes ont envoyé six chars en Syrie, de l’artillerie moyenne et un tas de techniciens militaires dans deux bases sur la côte syrienne près de Lattaquié. Selon les bellicistes républicains, les méchants Soviétiques … oups! désolé, Russes … sont intervenus militairement dans la vieille guerre syrienne de cinq ans et planifient de nouvelles bases dans cette nation stratégique du Moyen-Orient.
C’est l’hôpital qui se moque de la charité. Les États-Unis comptent environ 800 bases et installations militaires dans le monde entier. La Russie ne dispose que d’une poignée de petites bases à proximité de ses frontières.
L’exception est en Syrie, où la Russie a une petite installation pour l’approvisionnement et la réparation navale à Tartous et un poste d’écoute électronique depuis près de 50 ans. Moscou a longtemps été un allié et le principal fournisseur d’armes étrangères de la Syrie.
Alors que les États-Unis gouvernent presque tout le Moyen-Orient – ce que j’appelle le Raj américain – la Syrie a été considérée comme une sphère d’influence soviétique / russe limitée. Rien de plus.
Washington a déclenché la guerre civile en Syrie, en infiltrant les forces anti-gouvernementales du Liban et de la Jordanie. Au cours des cinq dernières années, les États-Unis, avec Israël, la France, la Grande-Bretagne et l’Arabie saoudite, ont armé, financé et dirigé les rebelles du régime anti-Assad en Syrie. Les Saoudiens ont engagé leur armée secrète contre Damas, le mouvement État islamique syro-irakien.
L’objectif de l’Ouest en Syrie était de renverser le gouvernement, car il est étroitement lié à l’Iran, au Hezbollah, à la Russie et au Liban. Le gouvernement laïc du président Bachar al-Assad à Damas essaie seulement de repousser les rebelles et les foules de djihadistes fanatiques envoyés par les Saoudiens et Washington – qui prétend être en lutte contre l’État islamique. État islamique est un allié américain de fait.
Bizarrement, il semble que peu de gens dans les cercles du pouvoir de Washington aient imaginé que les machinations américaines en Syrie finiraient par provoquer une réaction de la Russie.
Les candidats républicains comme Marco Rubio, Ted Cruz, et Carly Fiorina semblent avoir des démangeaisons pour en découdre avec la Russie. Ce sont des créatures du chef des néocons aux US, le magnat des casinos Sheldon Adelson. La plupart des non-Américains doivent être horrifiés d’observer un tel bellicisme et une telle affinité aux thèses de l’extrême-droite israélienne.
On se demande si ces stratèges amateurs pourraient nommer plus d’une ville syrienne. Ou s’ils comprennent que la Syrie est aussi proche de la Russie que New York l’est de Columbus, Ohio? Quelqu’un se souvient-il que la Russie du XIXe siècle prétendait défendre les chrétiens du Moyen-Orient? Cette semaine, le président Vladimir Poutine a réitéré cette affirmation, disant qu’il voulait protéger deux millions de chrétiens du Levant qui sont maintenant gravement menacé par État islamique.
Pourquoi les États-Unis peuvent-ils avoir des bases militaires dans des endroits comme Djibouti, Okinawa, Diego Garcia, l’Ouganda, la Somalie, le Qatar, l’Afghanistan, la Corée du Sud, la Bulgarie, le Japon, l’Italie, la Roumanie, le Pakistan, l’Irak et l’Espagne, pour ne citer qu’eux, alors que c’est un grand-délit pour la Russie d’oser avoir une très petite base en Syrie?
Parce que l’Empire dit non.
Le budget militaire de la Russie est un dixième de celui des États-Unis. Combiné avec ses riches alliés comme l’Europe et le Japon, les États-Unis représentent 70% des dépenses militaires mondiales. La seule véritable menace que la Russie pose à la sécurité des États-Unis ne viendra que si Washington agit maladroitement, par des gaffes en Syrie, en Irak ou en Ukraine, provoquant un affrontement direct avec les forces militaires russes. L’Occident a la chance d’avoir au Kremlin un président prudent et sobre, Vladimir Poutine. Il a déjà permis d’éviter une guerre américano-russe en Syrie et appelle à nouveau à des pourparlers directs entre les États-Unis et la Russie sur la crise qui s’étend.
Mais qui pensait vraiment que Poutine le dur ne ferait rien alors que les USA et ses sbires déchirent son alliée, la Syrie?
Comme tout ceci est stupide et arrogant, un hubris imperial doublé d’une ignorance crasse.
Article original paru dans The Unz Review
Eric Margolis
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone