Par Moon of Alabama – Le 13 décembre 2018
The Integrity Initiative, une pseudo-ONG britannique chargée de mener une opération de propagande anti-russe, a récemment été démasquée. En creusant davantage, on a découvert une opération beaucoup plus large. Elle semble impliquer un espion britannique, une taupe insérée dans la campagne électorale de Bernie Sanders.
Il y a trois semaines, des propositions budgétaires internes et des listes de membres de Integrity Initiative ont été postées anonymement sur un site Web. Nous avons discuté de cela en détail sous le titre « Le gouvernement britannique mène des campagnes secrètes de calomnie anti-russes » :
En 2015, le gouvernement britannique a lancé une opération secrète visant à insérer de la propagande anti-russe dans les médias occidentaux. Nous avons déjà vu de nombreuses conséquences de ce programme et de programmes similaires conçus pour discréditer quiconque ne suit pas la ligne anti-russe du gouvernement. La campagne de calomnie, contre Donald Trump, sur la «collusion russe» , basée sur le dossier Steele, était également une opération essentiellement britannique, mais semble faire partie d’un projet différent.
Integrity Initiative crée des «cellules» ou des groupes de contact composés de journalistes de confiance, de personnels militaires, d’universitaires et de lobbyistes dans des pays étrangers. Ces personnes reçoivent des alertes via les médias sociaux pour prendre des mesures lorsque le centre britannique en ressent le besoin.
Les documents divulgués par Integrity Initiative ont depuis été confirmés comme authentiques. Des détails plus pertinents ont continué à émerger :
Nous avons à peine effleuré la surface, de ce que sont Integrity Initiative et leur projet. Partout où nous regardons, nous trouvons des liens vers ce que l’on pourrait appeler «l’état profond», y compris, mais sans s’y limiter (et de loin), l’Institute of Modern Russia, la 77ème brigade, l’Initiative de guerre de l’information, Prop or Not et un tas d’autres organisations qui, sous couvert de nous protéger contre la désinformation, s’avèrent mener des opérations de désinformation secrètes via les médias institutionnels et les médias sociaux.
Integrity Initiative et son organisation mère, l’Institute for Statecraft, sont enregistrés en tant qu’organisme de bienfaisance écossais logé dans une usine désaffectée. L’usine appartient à l’un des directeurs de l’institut, Daniel Lafayeedney, qui était membre du SAS et, plus tard, du renseignement militaire britannique.
Le gouvernement britannique a confirmé avoir versé 2,2 millions de livres sterling à Integrity Initiative, mais il a refusé de révéler « la nature et le but » des fonds pour des motifs de « sécurité nationale ». Il a également confirmé que trois des employés de Integrity Initiative sont membres des forces armées britanniques.
La BBC a rendu compte de l’organisation mais, après s’être entretenue avec le gouvernement, elle a complètement changé l’histoire originale.
Plusieurs tweets émis par le compte Twitter de Integrity Initiative étaient dirigés contre le parti travailliste et son chef, Jeremy Corbyn :
Un tweet cite un article de journal qualifiant Corbyn d ‘ “idiot utile”, et poursuit en disant : « son anti-occidentalisme viscéral et public a aidé la cause du Kremlin, aussi sûrement que s’il avait secrètement colporté des ragots de Westminster pour de l’argent. »
Les députés travaillistes du Parlement britannique ont demandé pourquoi le contribuable paierait pour de tels tweets. Dans sa réponse, le gouvernement a essayé de prétendre qu’il n’avait rien à voir avec les tweets. Mais l’utilisation du compte Twitter de Integrity Initiative pour diffuser de la propagande faisait explicitement partie de la proposition de budget et la députée travailliste Emily Thornberry continue de poser des questions détaillées :
Emily Thornberry @EmilyThornberry-18: 15 utc-12 Dec 2018
Récemment, à la Chambre des communes, j’avais demandé à Alan Duncan pourquoi l’argent des contribuables avait été utilisé par la soi-disant ‘Integrity Initiative’ pour diffuser des attaques politiques à partir de son site Twitter (1/2).
Il a insisté sur le fait que le financement par le FCO [Foreign Office] ne soutenait pas l’opération Twitter de Integrity Initiative, ce qui soulève des questions intéressantes. Voir ma lettre de ce soir demandant des réponses (2/2).
Le fait que le gouvernement britannique finance secrètement une « organisation non gouvernementale » pour propager sa propagande contre son opposition est une affaire sérieuse.
Mais le problème va beaucoup plus loin. L’ancien ambassadeur britannique Craig Murray vient de publier une bombe qui relie Integrity Initiative à une opération d’espionnage beaucoup plus importante : l’infiltration des services de sécurité Britanniques et l‘Institute for Statecraft :
[..] J’ai appris à quel point il était hautement improbable que le boute-feu provocateur de gauche, Simon Bracey-Lane, se trouvait être en vacances aux États-Unis, avec de l’argent disponible pour se financer quand il est tombé sur la campagne de Bernie Sanders
Au début de 2016, Simon Bracey-Lane avait déclaré soutenir Corbyn et avait travaillé comme « volontaire » pour la campagne de Bernie Sanders où il était devenu un « organisateur sur le terrain à part entière » :
Bracey-Lane a gravi les échelons de la campagne de Sanders, mais les règles de l’immigration l’empêchaient d’être payé. Cependant, il s’est engagé à suivre la campagne jusqu’au bout, tout en utilisant ses propres économies pour couvrir les frais de base.
Murray continue :
En effet, c’est pour le moins très intéressant qu’un an plus tard, Bracey-Lane, l’homme de gauche «soutien de Corbyn et Sanders» organise un événement d’extrême-droite, intitulé «La Guerre froide jadis et aujourd’hui», pour le compte du crypto-néocon Institute for Statecraft, au cours duquel un groupe totalement fanatisé de militaires britanniques, de nationalistes de l’OTAN et d’Ukraine, a vanté les vertus du réarmement contre la Russie. Il ne semblerait pas non plus probable que Bracey-Lane puisse être associé à Integrity Initiative. …
En fouillant dans les données de cette société «caritative écossaise», et après quelques appels téléphoniques, j’ai découvert que l’Institut for Statecraft était situé dans le sous-sol du 2 Temple Place, à Londres. Ce n’est pas n’importe quel sous-sol – c’est le sous-sol de l’ancien manoir londonien de William Waldorf Astor, un bâtiment étonnant. En bref, il s’agit peut-être du sous-sol le plus cher de Londres.
Ce qui est intéressant parce que les comptes de l’Institute for Statecraft déclarent qu’il n’y a pas de personnel permanent et ne montrent rien pour le loyer, les services publics ou les frais de bureau. En fait, je comprends que le loyer est payé par le ministère de la Défense.
Après avoir appris où l’Institute for Statecraft se planquait, j’ai informé le journaliste Kit Klarenberg de Sputnik Radio pour qu’il aille le vérifier physiquement. Ce que Kit a fait. Mais il a été éjecté de manière agressive par le célèbre partisan de Corbyn et Sanders, Simon Bracey-Lane. Il semble plutôt étrange que notre héros de gauche soit profondément ancré dans une organisation qui lance des attaques de trolls contre Jeremy Corbyn.
Même si Craig Murray ne prétend pas que Simon Bracey-Lane est une taupe des services secrets britanniques qui a espionné la campagne de Bernie Sanders, l’idée ne semble pas trop éloignée. Integrity Initiative a été lancée en 2015. Bracey-Lane a infiltré la campagne Sanders au début de 2016.
Nous savons que les services de renseignement britanniques ont été fortement impliqués dans l’opération contre Trump. Christopher Steele, un «ancien» officier du MI6, a écrit le faux dossier calomnieux sur les relations présumées de Trump avec la Russie. Sergej Skripal a été lui aussi « novichocké », probablement après avoir menacé de dénoncer l’opération. « Assurez-vous que Clinton soit élue » était probablement l’ordre que le gouvernement britannique avait donné. Ses services ont échoué.
Nous apprenons maintenant que d’autres opérations étaient en cours concernant Sanders et également Jeremy Corbyn. Craig Murray semble en avoir appris plus et promet de le dire dans une prochaine livraison. Plusieurs autres personnes approfondissent la question et on peut s’attendre à ce que cela devienne un scandale encore plus grave.
La campagne anti-russe des anglo-saxons, dont fait partie Integrity Initiative, semble viser un objectifs beaucoup plus large que la Russie. Il est utilisé pour contrer, par la censure, toutes les opinions importunes qui vont à l’encontre du récit concocté par «l’État profond». Il est utilisé pour saper l’opposition politique à ses projets au pays et à l’étranger. Et, comme le dit Murray, nous pouvons nous attendre à ce que cela devienne encore plus sordide à mesure que cela avance.
Moon of Alabama
Traduit par jj, relu par wayan pour le Saker Francophone