89% : qu’est-ce que la cote de popularité de Vladimir Poutine signifie vraiment ?

 


The Saker

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Par le Saker Original – Le 30 juin 2015 – Source: thesaker.is

Le Washington Post semble être complètement abasourdi par les derniers sondages sur l’approbation de la politique de Poutine. Voyez plutôt :

Vous pensez que les Russes sont fatigués du conflit avec l’Occident? Non, selon le taux d’approbation du président Vladimir Poutine, qui a atteint mercredi le niveau le plus élevé de tous les temps 89% (…) Les cotes de Poutine ont bondi de 65% en janvier 2014 à 80% deux mois plus tard, et ils ont séjourné depuis dans les 80% , selon les mesures du Centre Levada, basé à Moscou, la seule organisation de sondages indépendante en Russie. Ils ont continué à monter : en quinze ans de Poutine au pouvoir, ils ne sont jamais allés plus haut que les 89% du mois de juin (…) Le taux d’approbation de 89% est aussi un témoignage de la quasi-unanimité de vues quant à l’orientation actuelle de la Russie.


Le Washington Post a raison : le peuple russe soutient pleinement Poutine, en particulier si vous considérez que les 11% qui ne sont pas heureux avec lui sont en grande partie composés de communistes qui accusent Poutine d’être trop favorable aux pratiques capitalistes de l’économie de marché, de nationalistes qui pensent que le Kremlin est trop mou ou indécis à soutenir la Novorussie contre les Ukronazis et peut-être de 1% à 3% (maximum!) qui soutiennent généralement les États-Unis et l’UE, quoiqu’il arrive. Donc, en termes de confrontation actuelle avec l’empire anglo-sioniste la cote d’approbation réelle de Poutine serait de l’ordre de 97%-98%.

Qu’est-ce que cela signifie?

1. Il n’existe pas de position politique sur l’Ukraine de la part de Poutine ou même du Kremlin. Il y a une position russe sur l’Ukraine.

2. Les sanctions ont eu l’effet inverse de celui espéré : au lieu de déclencher une vague de mécontentement contre Poutine, les Russes se sont ralliés autour de lui.

3. Le message des anglo-sionistes n’a absolument aucun écho en Russie. L’Occident n’a plus aucune crédibilité, aucun attrait, aucune autorité morale ou politique. La plupart des Russes considèrent les États-Unis comme un ennemi dangereux qui essaie de soumettre la Russie et ils considèrent l’UE comme une colonie sans voix, asservie aux États-Unis.

4. La Russie ne se laissera pas impressionner. Comme je l’ai répété sur ce blog encore et encore, les Russes ne veulent pas la guerre, mais ils sont prêts pour la faire. Le pays est pleinement mobilisé, à la fois psychologiquement et matériellement. Aucun volume de menaces ou de sanctions ne va changer cela.

5. La base du pouvoir de Poutine est plus forte que jamais. Non seulement le peuple russe le soutient pleinement, mais les anti-Poutine pro-USA libéraux et démocrates (selon le sens de ces mots de Russie) sont en plein désarroi et en fuite (surtout politiquement, mais parfois littéralement).

6. Il est de plus en plus clair que si l’économie russe a souffert des sanctions et, plus encore, de la baisse des prix de l’énergie, elle a fait beaucoup mieux que prévu (y compris par le Kremlin) et que l’isolement programmé de la Russie est un échec lamentable.

7. La plupart des indicateurs semblent pointer vers la même conclusion : le régime ukronazi est à un point de rupture. Les purges ont commencé, le nombre de déserteurs est en hausse, le régime prend des décisions complètement folles (Saakachvili à Odessa), Goldman Sachs prévoit un défaut officiel sur la dette pour le 24 juillet (officieusement l’Ukraine est déjà dans une situation de défaut).

En d’autres termes, alors que la Russie est maintenant plus forte qu’à tout autre moment au cours de ce conflit, l’Ukraine n’a jamais été aussi faible. Les États-Unis n’ont plus de plan réalisable à mettre en œuvre. L’Empire a échoué à attirer la Russie dans une guerre avec l’Ukraine, les Ukrainiens ont échoué à écraser le Donbass et l’UE se fissure politiquement de toute part. Et tandis que toutes les rodomontades le long de la frontière russe ont provoqué la colère du peuple russe, elles ont complètement échoué à impressionner, encore moins à faire peur. Il semble que Poutine tienne Obama par les cojones.

Alors, et la suite ?

Eh bien, pour l’essentiel cela dépend maintenant des États-Unis. La Russie peut maintenir cette position pendant aussi longtemps que nécessaire. En revanche, l’UE souffre économiquement et, plus encore, sur le plan politique. Si le peuple grec se soulève contre la ploutocratie anglo-sioniste et rejette son ultimatum, la crise politique résultante rendra l’UE encore plus faible. La Moldavie et la Roumanie n’ont montré aucun signe qu’elles étaient prêtes à affronter directement la Russie sur la Transnistrie, ce qui est aussi une très bonne nouvelle. Je soupçonne que certains avertissements clairs ont été donnés à l’Ouest à ce sujet par la Russie (y compris un rappel de ce qui est arrivé la dernière fois que des soldats de la paix russes ont été attaqués [en Géorgie, en 2008, NdT]). Plus les États-Unis s’entêteront dans une politique ukrainienne qui a échoué, plus les tensions à l’intérieur de l’UE augmenteront.

Minsk 2 est mort et les Ukronazis ont clairement renoncé au Donbass : ils bombardent tous les jours, ils ont coupé toutes les lignes d’approvisionnement (y compris pour l’eau et les médicaments), ils n’ont pas repris le paiement des pensions (en violation flagrante des termes de Minsk 2) et leur rhétorique politique est encore plus hostile et belliqueuse qu’auparavant.

Pourtant, il n’y a aucune façon pour les élites occidentales d’accepter cela. Ils ont investi tout leur capital politique et leur crédibilité dans une politique qui a complètement raté, et maintenant, admettre cette état de fait leur ferait perdre la face. Ainsi, tout comme la junte ukronazie à Kiev, je pense que les dirigeants occidentaux aboieront de toutes leurs forces, mais ne mordront pas, de peur que l’ours russe contre-attaque.

The Saker

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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