Discours de Hassan Nasrallah …


L’Axe de la Résistance est plus puissant que jamais, l’Accord du Siècle est voué à l’échec


Par Sayed Hasan – Le 19 juin 2019 – Source Le cri des peuples


Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le vendredi 31 mai 2019, à l’occasion de la Journée Internationale d’Al-Quds (Jérusalem).

Traduit par lecridespeuples.fr

Voir les extraits précédents du discours :

Extrait 1 – La Résistance et les peuples arabo-musulmans n’abandonneront jamais la Palestine

Extrait 2 – En cas de guerre, le Hezbollah et la Résistance à Gaza s’empareront de vastes territoires israéliens

Transcription 

[…] (Passons à) l’Irak. Même après 2011, et après le retrait américain d’Irak, toutes les tentatives américaines de s’emparer à nouveau de l’Irak et de le contrôler complètement en matière politique et sécuritaire ont échoué. Ils ont soutenu Daesh pour qu’il constitue un prétexte au retour des forces américaines, et ce double jeu a été démasqué. La position de l’Irak dans les équations régionales est très différente aujourd’hui, et ce au niveau officiel. Je commenterai la position irakienne durant le récent sommet arabe (de La Mecque). Il en va de même aux niveaux populaire et djihadiste (capacité à combattre) en ce qui concerne les causes de la région et la Palestine.

En ce qui concerne le Yémen – gardons l’Iran pour la fin – la force qui a résisté à l’agression (saudo-américaine) pendant 4 ans, et on entre dans la 5e année, il y a une véritable Résistance au Yémen, une force populaire, politique, de combat, militaire… Le régime saoudien et tous les mercenaires qu’il a fait venir des 4 coins du monde, aidés et assistés de manière totale par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et par les usines d’armement britanniques, françaises et autres, a échoué à imposer sa volonté au peuple yéménite et à le forcer à la reddition. Face à cela, aujourd’hui, pourquoi ce (triple) sommet (exceptionnel des pays arabes et musulmans) a-t-il été convoqué ? Pourquoi ce sommet arabe à La Mecque… Mon Dieu ! durant les 10 derniers jours de Ramadan (30 mai au 1er juin), en plein jeûne, alors que tout le monde (musulman) jeûne, et à La Mecque… Pourquoi (ce sommet exceptionnel) ? Pourquoi le roi Salmane a-t-il convoqué à un sommet de la Ligue Arabe, à un sommet de la Conférence des Pays Islamiques et à un sommet du Conseil de Coopération du Golfe ? Je vais vous le dire en termes familiers : les Arabes, les Musulmans et les Pays du Golfe, au pied ! Voilà tout. Quel est l’arrière-plan de cet appel ? J’y reviendrai lorsque je parlerai de la (possibilité de) guerre dans la région. Pourquoi (ce sommet) ? Parce que des drones de l’armée yéménite et des Comités (de défense) populaires au Yémen sont parvenus à vaincre toutes les mesures, toute la sophistication et toutes les technologies américaines, israéliennes, britanniques, etc. (protégeant l’Arabie Saoudite), à parvenir à leurs objectifs avec précision, et à frapper des installations pétrolières (saoudiennes) qui ont été ciblées. Trump ne les a protégés, car il est incapable de les protéger, ils n’ont pas non plus été capables de se protéger eux-mêmes, alors qu’ils ont acheté pour des centaines de milliards de dollars des avions (de combat), des missiles, des radars, etc. C’est là un exemple (édifiant). Et c’est pour cela que les Saoudiens ont appelé au secours avec ce Sommet qui se tient en ce moment même.

Ce Sommet est un appel au secours de l’Arabie Saoudite, qui exprime son impotence et son échec face au peuple yéménite, à l’armée yéménite, aux Comités (de défense) populaire, à AnsarAllah, au jeune homme yéménite intelligent, courageux, croyant, combattant, héroïque. Et cette force se développe, grandit et devient de plus en plus imposante.

Entre parenthèses, je tiens à dire à tous ceux qui ont condamné les frappes de drones contre les cibles pétrolières en Arabie Saoudite, ils les ont condamnées, (mais) je leur dis de se reconsidérer sur les plans moral, humain et intellectuel. Vous condamnez une frappe contre des installations pétrolières, mais vous gardez le silence depuis 4 ans sur un peuple arabe, un peuple musulman, un peuple opprimé et indigent, qui se fait tuer chaque nuit et chaque jour, dont les enfants, les femmes et les hommes se font massacrer, sans que ni les êtres vivants ni les pierres (constructions) ne soient épargnés ! Vous êtes restés silencieux face aux tombes (des centaines de milliers de Yéménites tués), et vous avez avalé vos langues ! Mais lorsque quelques conduits de pétrole subissent des dégâts en Arabie Saoudite, vous êtes sortis (de votre silence) en rivalisant d’ardeur et de vitesse pour exprimer votre proximité et votre adulation aux Saouds ! Regardez donc vos visages (abjects) dans un miroir ! Et mettez donc une note à votre niveau d’éthique et d’humanité ! Quoi qu’il en soit, toutes ces condamnations et tous ces Sommets ne parviendront pas à protéger les envahisseurs, les tyrans, les despotes et les armées de l’agression (saoudo-américaine) du châtiment des hommes de Dieu (yéménites), car Dieu est avec eux ! Dieu est avec eux au Yémen. Il était avec eux, Il est toujours avec eux et Il restera avec eux, car ils sont un peuple de foi, de sagesse, de principes et de sacrifice !

[Audience : A ton service, ô Nasrallah !]

Ce Yémen aujourd’hui est un membre essentiel de l’Axe de la Résistance : il rejette l’Accord du Siècle, il manifeste (par millions) malgré les bombardements et les massacres pour crier « Non à l’Accord du Siècle » et exprime sa solidarité entière avec le peuple palestinien et Al-Quds (Jérusalem). Les peuples et les forces dans notre région qui se sont manifestés durant ces jours en l’occasion (de la Journée internationale) d’Al-Quds pour exprimer leur rejet de l’Accord du Siècle font également partie de nos points forts.

Et l’un de nos points de force les plus importants durant notre situation actuelle et dans notre Axe (de la Résistance) est l’Iran. La République Islamique d’Iran. La très grande puissance régionale. La première puissance régionale. Détentrice d’une puissance intérieure et authentique. La puissance qui, au début de la Révolution (Islamique), a combattu et résisté victorieusement huit ans (durant la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein) alors que le monde entier l’assiégeait.

Certains nous parlent de puissances régionales (rivales). Certains déclarent par exemple qu’aujourd’hui, la principale puissance dans la région est l’Arabie Saoudite. Très bien. Le dirigeant de l’Axe qui nous est opposé, M. Trump, que dit-il au sujet de la (prétendue) grande puissance régionale qu’est l’Arabie Saoudite ? « Si vos avions décollaient sans notre assistance, ils ne redescendraient pas au sol (ils s’écraseraient). » ; « Sans notre soutien, vous ne tiendriez pas deux semaines (au pouvoir). » ; « Si on ne vous défend pas, en une semaine, vous parlerez tous persan (du fait de l’hégémonie iranienne). » Mais je ne comprends pas comment ils pourraient apprendre le persan en une semaine. Ils ne savent même pas parler l’arabe (convenablement) ! L’Arabie Saoudite est décrite comme une puissance régionale, mais elle n’a pas de capacités intérieures (par elle-même). Elle se repose (complètement), pour son existence, son maintien et sa force apparente, sur les États-Unis, sur l’Occident, sur la CIA, sur les services de renseignement, sur les destroyers (américains) et sur les bases militaires américaines. Telle est la vérité. Telle est la situation. Mais ce n’est pas le cas de l’Iran.

L’Iran est un État véritable (et non fabriqué de toutes pièces comme l’Arabie Saoudite), puissant, (ayant un avenir) prometteur et montant (en puissance), et il devient de plus en plus proéminent dans cet Axe (de la Résistance). Voilà ce qui en est pour notre Axe. Nous avons des éléments de force très importants et une très grande puissance, sans précédent. Ni la Résistance au Liban, ni la Résistance en Palestine et ni l’Iran n’ont eu, par le passé, une puissance comparable à celle d’aujourd’hui. Ni le Yémen, ni l’Irak n’ont jamais été dans la position (de force au sein de l’Axe de la Résistance) qu’ils ont aujourd’hui. Et avec la grâce de Dieu, la Syrie reviendra plus forte que jamais au sein de l’Axe de la Résistance.

Considérons maintenant l’Axe adverse (américano-israélo-saoudien). Dans l’Axe adverse, quels sont les principaux éléments de force qui veulent imposer l’Accord du Siècle ? Parmi les principaux éléments de force (ennemis), considérons premièrement Israël.

Je ne dis pas qu’Israël est faible. Un tel propos ne serait pas réaliste. Israël est un État puissant. Israël est une armée pour laquelle un État a été érigé (de toutes pièces, qui n’est qu’un avant-poste militaire américain). Mais l’Israël de 2019 est plus faible que jamais, ou disons plutôt qu’il est moins puissant que jamais, pour être plus précis. Nous pouvons dire qu’Israël est plus faible que jamais, ou moins fort que jamais il ne l’a été dans toute son histoire. Les deux propos sont exacts.

De quelle manière ? Les dirigeants politiques et militaires israéliens eux-mêmes reconnaissent que depuis de longues années, Israël, cette puissance militaire considérable, n’est pas parvenue à remporter une seule bataille. Son prestige et son emprise ont considérablement diminué. Qui a encore peur d’Israël aujourd’hui ? Le Liban ? Le peuple palestinien ? Les peuples de la région ? (Jamais de la vie !). Tout cela a été détruit en 2000 et après 2000. La force de leur infanterie a considérablement diminué, comme ils le reconnaissent tous unanimement, et s’est majoritairement retranchée dans une position défensive. Le front intérieur israélien est aujourd’hui plus exposé que jamais face aux missiles et aux forces de la Résistance. Aujourd’hui, Israël, l’entité sioniste, redoute les missiles de Gaza, les missiles du Liban, les missiles de Syrie, on prétend qu’il y a des missiles en Irak (capables de frapper Israël), il y a les missiles de l’Iran, et peut-être même les missiles du Yémen. Quand donc, dans l’histoire, le front intérieur israélien était-il exposé et menacé à ce point ? Même à l’âge d’or de la puissance des Arabes (1973), ils combattaient à la frontière, mais les combats aujourd’hui seront portés en profondeur dans le front intérieur.

Une corruption sans précédent en Israël au niveau des dirigeants, des juges et des généraux. Des divisions internes profondes au niveau social. Des divisions politiques profondes au niveau politique. Le spectacle récent lié aux élections, et l’échec de Netanyahou a former un gouvernement (qui conduit) à la tenue de nouvelles élections. L’absence de dirigeants (israéliens dignes de ce nom et faisant l’unanimité). Le besoin pressant d’un soutien américain direct. Aujourd’hui, les généraux israéliens disent que dans toute prochaine guerre, ils veulent que les Américains soient avec eux (et combattent) sur place. Quand Israël a-t-il été dans une telle situation ? L’une des raisons annoncées de la présence des destroyers américains dans la région est la protection de l’État d’Israël face à l’Axe de la Résistance. Quand donc dans l’histoire Israël a-t-il eu besoin des destroyers américains pour être protégé face aux Résistants ?

Considérons maintenant l’élément essentiel de l’Axe adverse, qui en est le dirigeant, ce sont les États-Unis eux-mêmes. Qu’est-ce que Trump est en train de faire ? Trump mène une guerre psychologique et exerce une pression morale colossale sur le monde (entier). Mais les États-Unis aujourd’hui ne sont plus ce qu’ils étaient par le passé, il y a 20, 30, 40 ou 50 ans. Les États-Unis ont envoyé leurs armées dans notre région et ont dû en sortir vaincus, brisés, et sérieusement amenuisés (par leurs pertes), que ce soit au Liban, en Irak, en Somalie, et ils continuent à manger (subir des pertes) en Afghanistan. Et à chaque signe de troubles, ils commencent à s’inquiéter (sérieusement). Sans parler du Yémen et d’ailleurs.

Les États-Unis d’aujourd’hui, ô mes frères et sœurs, durant toute cette période, montrez-moi donc un seul projet (militaire entrepris) dans lequel ils aient enregistré un succès. Bien sûr, pour notre part, nous étions en position défensive, faisant échouer tel et tel projet, nous tous ensemble (Liban, Gaza, Yémen, Irak, Syrie, Iran…). Considérez la situation intérieure des États-Unis, aux niveaux social, économique, financier. Il y a quelques jours de cela, Son Éminence l’Imam Khamenei a déclaré – je n’ai pas consulté le rapport original, mais j’ai entendu cette information de lui – qu’un rapport officiel du Ministère de l’Agriculture des États-Unis parle de 40 ou 41 millions de citoyens américains au bord de la famine ou souffrant de malnutrition. Et ce sont ces États-Unis qui prétendent dominer le monde entier ?! Avec leur situation économique, peuvent-ils supporter un baril de pétrole à 150 ou 200 dollars ? Où se retrouverait Trump (si cela devait arriver) ? Vous savez où il se retrouvera ? Au Congrès. Au Tribunal. En prison. Telle est (la situation réelle) des États-Unis.

Qu’en est-il du statut des États-Unis dans le monde ? Du respect du monde pour eux ? Même leurs propres alliés, que ce soit les Européens et les autres ! (Les États-Unis mènent) des confrontations contre le monde entier : la Chine ; la Russie ; même l’Europe ; l’Amérique Latine ; le Venezuela ; l’Iran, la Corée du Nord. l’Accord du Siècle, qui constitue un défi à toute la Communauté (arabo-musulmane)… Et le plus important actuellement avec cette administration (américaine), c’est sa crainte de lancer de nouvelles guerres. Et (Trump) le dit avec franchise : lancer une nouvelle guerre entrainerait des pertes financières et humaines (considérables). Et soyez bien attentifs, relisez sa déclaration, vous verrez qu’il dit bien « financières et humaines », car qu’est-ce que qui est le plus important pour Trump ? (Les pertes) financières. (Les pertes) humaines ne viennent qu’en deuxième position. Et c’est pour cela que la stratégie américaine depuis l’arrivée de Trump au pouvoir est les sanctions (financières) et les guerres économiques. Quant à envoyer des soldats pour combattre, (c’est hors de question). J’en parlerai au point suivant (consacré à la possibilité d’une guerre avec l’Iran).

Lui (Trump) qui s’est opposé à tous ses prédécesseurs pour avoir envoyé les armées américaines dans la région et avoir combattu à la place des pays de la région et dépensé 7 000 milliards de dollars dans la région sans contrepartie… Ce Trump, avec son mode de pensée, sa culture, sa mentalité et ses calculs, serait un homme de guerre et un chef militaire ? Certainement pas ! Il mise (tout) sur l’aspect économique.

Troisièmement, considérons (la situation de) leurs instruments dans la région (Arabie Saoudite et pays du Golfe). Ils sont dans un état de confusion, effrayés, inquiets, ahuris. Les takfiris sur lesquels ils ont placé leurs espoirs vivent leurs derniers jours, avec la grâce de Dieu. Le régime saoudien et les armées de mercenaires ont échoué face au peuple yéménite. Tel est l’état des régimes sur lesquels comptent les États-Unis (pour implémenter l’Accord du Siècle). Ils sont incapables de se protéger eux-mêmes, et demandent aux États-Unis de venir les protéger. Et certains autres régimes arabes sont également dans un état d’inquiétude.

La Jordanie est aujourd’hui inquiète au sujet de l’Accord du Siècle, (très) inquiète, car elle craint qu’il mène à une transformation de la Jordanie en pays alternatif pour les Palestiniens, et mette fin à la dynastie Hachémite (régnante). Et régulièrement, la Jordanie est confrontée à des problèmes sécuritaires, politiques, économiques, etc.

L’Égypte, même l’Égypte, malgré sa position annoncée, est (très) inquiète de l’avenir de l’Accord du Siècle, et n’a aucune idée de ce qui adviendra de sa position et de son rôle régional si l’Accord du Siècle était appliqué. Car l’Accord du Siècle repose sur trois pôles essentiels : les États-Unis, Israël et l’Arabie Saoudite. Tous les autres ne peuvent être que des suiveurs.

Quoi qu’il en soit, les États de notre monde arabe et musulman… Voyez donc, ô mes frères et sœurs, c’est une épée à double tranchant. Un tranchant en notre faveur, et un tranchant en notre défaveur. En notre défaveur, c’est qu’ils sont accaparés par leur propre situation interne. Aujourd’hui, la plupart des pays arabes et musulmans ne s’occupent que de leurs troubles intérieurs. Mais pour ma part, j’essaie de voir le côté du verre à moitié plein, comme on dit. C’est peut-être un point positif. (Toutes ces crises sont négatives en elles-mêmes), mais elles ont peut-être un aspect positif. Vous savez pourquoi ? Parce que (la plupart de) ces régimes, s’ils n’avaient pas si fort à faire pour régler leurs propres problèmes, ils auraient été du côté des États-Unis et d’Israël, et non du coté de la Palestine. Ils n’auraient certainement pas été avec les Palestiniens. C’est pour cela que je considère cette situation positive du point de vue général et en ce qui concerne la direction que prennent les choses.

En me basant sur toute cette lecture, non, j’affirme qu’aujourd’hui, l’Axe de la Résistance, le Front de la Résistance et le Front de ceux qui rejettent l’Accord de Trump, ou Accord de la Honte, sont très puissants, et peuvent faire face à cet Accord (avec succès). […]

Sayed Hassan Nasrallah

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