Une tentative de coup d’État contre Trump menée par Clinton et la CIA


Par Alexander Mercouris – Le 11 Décembre 2016 – Source The Duran

Le dernier rapport de la CIA impliquant la Russie, pour les fuites concernant la convention démocrate et Podesta, n’est fondé sur aucune preuve. Venant quelques semaines avant l’inauguration de Donald Trump, il s’avère plutôt être une dangereuse interférence de la communauté du renseignement américain dans le processus politique américain.

À la lumière des allégations de la CIA, que des responsables de l’administration Obama ont allégrement répandues de façon anonyme dans les médias, prétendant que la Russie a aidé matériellement Donald Trump à remporter l’élection présidentielle américaine, je répéterai ce que j’ai écrit le 31 octobre 2016.

Notez bien que cela a été écrit une semaine avant les élections présidentielles américaines, et que le titre de l’article était Hillary Clinton vient de placer une bombe sous la démocratie américaine.

De loin, l’acte le plus irresponsable et dangereux qu’Hillary Clinton ait commis est d’accuser une puissance étrangère – la Russie – d’ingérence dans l’élection afin de l’empêcher de gagner, et d’imposer Donald Trump au peuple américain.

C’est dangereux et irresponsable à tellement de niveaux, qu’il est difficile de savoir par où commencer.

Premièrement, ce n’est pas vrai. Il n’y a aucune preuve que Donald Trump soit un agent russe ou ait des liens avec la Russie, ou même que la Russie le soutienne. Tous les «éléments de preuve» cités pour prouver qui il est et ce qu’il a fait – comme la citation erronée d’un seul commentaire de Poutine et les prétentions au sujet de prétendues connexions de Trump avec le monde des affaires russe – se sont avérées si peu convaincantes, que même Hillary Clinton a cessé d’en parler.

Deuxièmement, cela pollue le système politique américain d’utiliser les agences du gouvernement pour diffuser cette fausse histoire.

J’ai déjà exprimé mes propres doutes sur le fait que la Russie soit derrière les fuites concernant la convention démocrate et Podesta. Craig Murray – un ancien ambassadeur britannique qui (contrairement à moi) est un ami personnel de Julian Assange – a fini par dire qu’il sait à 100%, comme un fait, que la Russie n’est pas derrière ces fuites (voir ici).

Craig Murray est un homme d’une intégrité éprouvée qui, en tant qu’ancien diplomate de haut rang, a traité des documents de renseignement classifiés et qui sait donc séparer les faits de la fiction. S’il dit qu’il est à 100% sûr que la Russie n’est pas responsable des fuites, étant donné les sources auxquelles il a accès, qui sont assez bonnes pour moi, cela devrait l’être pour toute personne raisonnable.

Ce que cela signifie, c’est que la récente déclaration des services de renseignement américains, selon laquelle la Russie est à l’origine des fuites, est fausse. J’ai déjà discuté du langage profondément manipulateur utilisé dans cette déclaration, ce qui prouve en fait que le renseignement américain n’a pas les preuves pour étayer ce qu’il dit.

J’ai également déjà souligné ce fait sans précédent pour les renseignements américains, de s’immiscer dans une élection américaine de cette façon.

Maintenant que nous avons la confirmation de Craig Murray que l’affirmation de la responsabilité russe pour les fuites, comme faite dans la déclaration, est fausse, nous pouvons juger encore plus clairement du côté profondément malhonnête de cette déclaration.

La grande question est de savoir ce qui a convaincu le renseignement américain de faire cette déclaration. D’après tout ce que nous savons, le soupçon doit être qu’Hillary Clinton et sa campagne, presque certainement avec l’aide de hauts fonctionnaires de l’administration Obama, ont en quelque sorte convaincu les services de renseignement américains de publier cette déclaration, afin de faire osciller l’élection en sa faveur.

Si oui, il faut dire clairement que l’utilisation des services de renseignement du pays pour répandre une fausse histoire, afin de vaincre un adversaire politique lors d’une élection démocratique, est bien pire que ce que Richard Nixon a jamais fait, que ce soit pendant la campagne électorale de 1972 ou à tout autre moment de sa carrière.

Troisièmement, ces fausses affirmations sur la Russie corrompent le débat public, ce qui rend presque impossible une discussion approfondie sur les relations vitales entre les États-Unis et la Russie – une superpuissance nucléaire.

Le résultat est que les positions «réalistes» qui sont maintenant associées à Donald Trump – qui ont une histoire longue et respectable dans la politique étrangère américaine (c’était la politique de John F. Kennedy dans les mois précédant son assassinat, de Lyndon Johnson, de Nixon et Kissinger, de Ronald Reagan dans son second mandat, et de George HW Bush) – ne sont plus prises au sérieux, puisqu’elles sont associées à un homme qui a été désigné comme traître.

Quatrièmement, ces affirmations fausses compliquent les relations avec la Russie presque au-delà de la raison.

Comment Donald Trump ou Hillary Clinton peuvent-ils maintenant négocier avec Poutine, lorsque le premier a été publiquement accusé d’être son agent et l’autre est présenté comme le président qu’il a essayé d’arrêter ? Comment – si Hillary Clinton devient présidente et essaie de conclure un accord avec Poutine – l’expliquera-t-elle à ses partisans, après tout ce qu’elle a dit à son sujet ?

Cinquièmement, le point le plus dangereux de tous, faire cette affirmation complètement fausse revient à placer une bombe sous la légitimité de celui qui va être le prochain président des États-Unis.

Si cette personne est Donald Trump, alors il devra faire face au fait qu’il est le candidat qu’Hillary Clinton, sa campagne, la plupart de l’establishment politique, presque tous les médias et la communauté du renseignement américain ont affirmé publiquement que la Russie avait aidé à gagner.

Comment, dans ce cas, si Trump gagne, pourrait-il, en tant que président, commander le respect et la loyauté de la bureaucratie de politique étrangère, de la communauté du renseignement, de l’armée, des médias et du Congrès, alors qu’on leur dit qu’il est le candidat préféré, et très probablement l’agent, d’une puissance étrangère ? Ne verraient-ils pas cela comme leur devoir de le gêner et de lui désobéir à chaque instant, afin de l’empêcher de vendre le pays à ses marionnettistes étrangers ?

Comment Trump va-t-il se défaire de cette suspicion qui entachera sa présidence dès le premier jour, s’il est élu, que ce n’est que grâce à l’aide de la Russie (jusqu’au piratage des machines à voter) qu’il a gagné et qu’il n’est donc pas le vrai choix du peuple américain ? Trump n’aurait-il pas à craindre d’éventuelles procédures de mise en accusation, dans le cas où il commettrait la moindre erreur, avec beaucoup d’Américains estimant que toute mesure serait justifiée pour enlever un président qu’on leur présente comme l’agent d’un pouvoir hostile ?

Cette dernière histoire circulant dans le rapport de la CIA sur le rôle de la Russie dans l’élection confirme chaque point ci dessus.

Pour être bien clair, la CIA n’apporte rien de nouveau. Elle ne prétend pas que la Russie a piraté les machines à voter et a manipulé les votes parce que, malgré les efforts de Jill Stein et Hillary Clinton pour trouver des preuves de cela dans le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie, aucune preuve n’a été trouvée.

L’affaire tout entière repose entièrement sur l’allégation que la Russie était derrière les fuites démocrates. Toutefois, aucune preuve nouvelle n’a été fournie, pas plus qu’avant les élections, pour la simple raison qu’aucune preuve de ce genre n’existe.

J’ai déjà souligné que le langage manipulateur dans la déclaration faite par la communauté de renseignement lors de la campagne présidentielle accusant la Russie d’être à l’origine des fuites des courriels démocrates confirmait qu’aucune preuve contre la Russie n’existait.

J’ai également demandé ce que le FBI – l’organisme compétent pour déterminer cette question – pensait des «preuves» sur lesquelles les services de renseignement américains s’appuyaient et si on les leur avait montré. Il s’est ensuite avéré que l’on avait présenté ces preuves au FBI et qu’il a ensuite refusé de cosigner la déclaration.

Il s’avère maintenant que la CIA n’a en réalité aucun élément de preuve à l’encontre de la Russie, que l’affaire entière contre la Russie n’est basée que sur des soupçons et que certaines sections de la communauté de renseignement américaine commencent à avoir des doutes. Tout cela est confirmé par le passage suivant de l’article du Washington Post sur ce rapport de la CIA.

«La présentation de la CIA aux sénateurs au sujet des intentions de la Russie n’a pas réussi à obtenir un soutien formel par les 17 agences de renseignement. Un haut fonctionnaire américain a déclaré qu’il y avait des désaccords mineurs entre les agents du renseignement au sujet de l’évaluation de l’agence, en partie parce que certaines questions demeuraient sans réponse.

Par exemple, les agences de renseignement ne disposent pas d’information spécifique montrant que des fonctionnaires du Kremlin «ont dirigé» les individus identifiés pour qu’ils transmettent les emails démocrates à WikiLeaks, a déclaré un autre haut responsable américain. Ces acteurs, selon le fonctionnaire, étaient «un niveau» en dessous du gouvernement russe, plutôt que des employés du gouvernement. Moscou a par le passé utilisé des intermédiaires pour participer à des opérations de renseignement sensibles, pour avoir une possibilité de dénégation.

Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, a déclaré dans une interview à la télévision que le «gouvernement russe n’est pas la source».

Les «individus identifiés» – qui ne sont pas des fonctionnaires du gouvernement russe – ne sont évidemment pas identifiés, mais le placement prudent du nom de Julian Assange à la fin de ce passage semble être destiné à suggérer qu’il est l’un d’eux. Si oui, alors même insinuer que Julian Assange puisse être «‘un niveau’ en dessous du gouvernement russe» est une insulte et un mensonge.

Quoi qu’il en soit ce passage confirme que les «individus identifiés» – quels qu’ils soient – ne sont pas des fonctionnaires du gouvernement russe et – puisqu’on les appelle «intermédiaires» – qu’ils n’ont aucun lien confirmé avec lui. En effet, la formulation suggère qu’ils peuvent même ne pas être russes.

En mettant tout cela de côté, Donald Trump n’a évidemment pas gagné les élections en raison de l’aide de la Russie, et le rapport de la CIA est loin de dire qu’il l’a fait.

Comme je l’ai déjà dit, Donald Trump a gagné parce qu’Hillary Clinton était un mauvais candidat et parce qu’un grand nombre d’Américains croient qu’il va améliorer leur vie.

La déclaration de la CIA montre cependant ce que risque d’affronter Donald Trump.

La campagne Hillary Clinton a déjà exercé de fortes pressions auprès des électeurs du Collège électoral pour qu’ils transfèrent leur soutien à Hillary Clinton. Bien que cette campagne ait apparemment rencontré peu de succès, la CIA et les médias continuent à être de son côté, tout comme avant les élections, la communauté de renseignement américaine essayait d’aider Hillary Clinton à gagner.

Dans les deux cas, la méthode utilisée est la même : la diffusion de fausses histoires et la paranoïa sur la Russie. La fausse histoire est que Donald Trump est en quelque sorte l’agent de la Russie, transformant toute mesure pour l’empêcher de devenir président en un devoir patriotique.

Je n’ai pas besoin de souligner que c’est jouer avec le feu. Jamais auparavant, dans l’histoire américaine, il n’y eut de campagne orchestrée contre un président élu pour l’empêcher d’être investi. Jamais auparavant la communauté du renseignement des États-Unis ne s’est engagée dans une telle campagne.

Bien que je m’attende à ce que cette tentative échoue, personne ne devrait douter de l’énorme colère des dizaines de millions de personnes qui ont voté pour Donald Trump, si son investiture échouait.

Bien que je m’attende à ce que cette tentative échoue et que Donald Trump soit investi président le 20 janvier 2017, il ne fait aucun doute que la campagne pour le déstabiliser, en le peignant comme un agent russe, continuera après son investiture.

La seule façon d’arrêter cette campagne est qu’il renonce publiquement à sa politique de rapprochement envers la Russie, comme certains le demandent déjà.

Indépendamment de ce qui arrivera finalement, il est à la fois sinistre et sans précédent, pour les renseignements américains, de s’immiscer dans le processus politique américain de cette façon.

Comme je l’ai dit à la fin de mon article du 31 octobre 2016, la république américaine vit des temps sombres. Peut-être, parce que la situation politique à Washington commence à porter la marque de ce qui, dans d’autres pays, serait appelé un environnement de pré coup d’état, cela explique-t-il pourquoi Donald Trump choisit de s’entourer de généraux.

Alexander Mercouris

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

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