Une interview de Seyyed Hachem Safieddine, le président du conseil exécutif du Hezbollah au Liban


Par Marwa Oswan – Le 26 mai 2016 – Source The Saker

Seyyed Hachem Safieddine

Dans une interview avec le site officiel du Guide de la Révolution islamique d’Iran réalisée à Beyrouth par Marwa Osman, Seyyed Hachem Safieddine, Président du Conseil exécutif du Hezbollah au Liban, commémore le 25 mai, Jour de la Résistance et de la Libération, en rappelant que l’entité sioniste est jusqu’à aujourd’hui incapable d’assumer sa défaite au niveau moral, militaire et combatif, après celle subie au cours de la guerre de 2006. Il dit que la libération du Sud-Liban en l’an 2000 est un véritable cauchemar touchant l’armée, les leaders politiques et militaires israéliens, et que ce cauchemar est toujours ancré dans leur conscience, leur culture, et leurs institutions sécuritaires et militaires.

Seyyed Safieddine déclare à Khamenei.ir : «Notre perception des intérêts israéliens autant qu’américains, nous indique que ce n’est pas le moment pour une nouvelle guerre.»

Il souligne : «L’Ayatollah Seyed Ali Khamenei nous assure que la victoire sera de notre côté, et ses paroles ont un grand impact sur nous tous et sur les âmes des moudjahidines (combattants de la résistance).» Son éminence déclare également que l’Ayatollah Khamenei voit toujours le futur avec optimisme et promet constamment que notre région regagnera son auto-détermination et reviendra à son peuple. Et que le jour viendra où il n’y aura plus d’Israël et où l’hégémonie américaine dans la région prendra fin.

Ce qui suit est une transcription de l’interview enregistrée avec Seyyed Hachem Safieddine, Président du Conseil exécutif du Hezbollah au Liban, exclusivement pour Khamenei.ir

Première partie : Le Hezbollah v/s l’Entité Israël

  1. En cette commémoration du Jour de la résistance et de la libération du 25 mai 2000, comment estimez-vous l’état de la Résistance islamique du Hezbollah, 16 ans après la fin de l’occupation israélienne du Sud-Liban, sachant que leur retrait est toujours incomplet ?

Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Seize ans après la libération du Sud-Liban et de quelques terres libanaises occupées, les faits ont prouvé que l’entité israélienne a subi une grosse défaite et a été incapable de réparer ces défaites au niveau moral, militaire et combatif. La preuve est ce qui s’est passé en 2006. L’entité sioniste la ressent jusqu’à aujourd’hui et est incapable d’envahir le Liban comme elle l’a fait par le passé. Et au moment où les sionistes trouveront les circonstances possibles pour vaincre la résistance au Liban, alors ils n’hésiteront pas à viser la résistance. Bien que nous leur donnions toutes les raisons selon la logique de notre ennemi, et je ne me justifie pas, de lancer une guerre contre la résistance, l’entité israélienne ne le fait pas. Par conséquent, l’ennemi israélien est tenu en échec, et vit toujours les durs moments de défaite. Jusqu’à aujourd’hui, dans leurs analyses politiques, militaires, sécuritaires, dans leurs études stratégiques et même lorsqu’ils parlent des défis majeurs auxquels doit faire face l’entité sioniste, ils placent la résistance au sommet de leur liste de défis. Cela prouve qu’ils vivent toujours avec ce cauchemar. La libération du Sud-Liban en l’an 2000 fut donc pour eux un vrai cauchemar touchant l’armée, les leaders politiques et militaires israéliens, et ce cauchemar est toujours ancré dans leur conscience, leur culture et leurs institutions sécuritaires et militaires. En contrepartie, la résistance devient plus forte et plus visible. Elle déclare ses intentions, et fait toujours ce qu’elle déclare. Nous avons subi plusieurs épreuves durant les dernières années lorsque l’ennemi voulait tester notre préparation, et la résistance a prouvé qu’elle était prête et présente. La résistance sera toujours là pour son peuple et ses partisans, et elle assure à tout le peuple libanais qu’elle reste tangiblement professionnelle, qu’elle protège le pays et elle l’a prouvé à travers ses expériences en servant de modèle à travers le monde entier. D’où, d’une part, l’impasse dans laquelle se trouve l’entité israélienne et, d’autre part, le renforcement de la résistance qui est devenue lourdement armée, et l’enrichissement de son savoir-faire. La puissance que nous reconnaît notre ennemi nous confère assez de fierté.

2. Dans un discours de mars 2016, le Secrétaire général Seyyed Hassan Nasrallah a écarté toute éventualité d’une guerre israélienne contre le Liban à court terme, constatant que l’entité sioniste n’opère aucun mouvement militaire sans l’assentiment américain. Pourtant, mi-avril 2016, les États-Unis signalèrent qu’ils pourraient augmenter leur soutien militaire à Israël, dans ce qui en fait le plus grand engagement de l’histoire, passant de 3,1 milliards de dollars à un probable 5 milliards de dollars de soutien militaire. N’est-ce pas là un feu vert de Washington et une approbation pour une grande guerre contre le Liban dans un futur proche ?

Au contraire, le fait que les États-Unis souhaitent augmenter leur soutien militaire à l’entité sioniste prouve que les Américains ne veulent qu’apaiser les Israéliens pour ne pas ruiner la région, puisque l’agenda américain n’inclut pas la guerre. Ils ont tout intérêt à devenir plus généreux à travers le soutien financier et l’armement, uniquement pour amadouer leur allié israélien et les dissuader de toute aventure ; cela peut marcher dans certains cas, mais pas toujours. C’est la première chose. Deuxièmement, il est vrai, l’entité israélienne ne peut lancer aucune guerre contre le Liban sans le consentement, le soutien et la signature des États-Unis, à l’exception de 2006 qui était le cas contraire où l’entité israélienne voulait la guerre, tandis que l’administration américaine ne faisait que suivre ses partenaires israéliens. Durant la guerre de 2006, l’entité israélienne n’a pas demandé la permission d’attaquer le Liban. Cette guerre spécifique était antagoniste du point de vue de la relation américano-israélienne, et son résultat fut catastrophique pour l’entité sioniste. C’est comme si les USA disaient aux Israéliens : «Il est vrai que vous avez perdu face à la Résistance au Liban, mais nous devons  augmenter notre soutien pour vous, afin de vous prouver cette supériorité, ne serait-ce que psychologiquement, et pour convaincre votre peuple de cette supériorité.» Troisièmement, nous savons exactement ce qui se passe dans la région, non seulement par rapport à la confrontation entre le Liban et l’entité sioniste, mais aussi sur tout ce qui est allié stratégique et allié clé de l’entité israélienne. Il est toujours du plus grand intérêt pour toutes les administrations américaines d’enrichir  l’entité sioniste en expérience, armement et soutien financier, et ceci n’est pas une exception. L’augmentation de la somme d’argent fournie à Israël par les États-Unis pourrait être le résultat d’une perception des immenses risques auxquels est confrontée l’entité sioniste après tous les changements touchant la région, comme le développement et le renforcement de la Résistance islamique. Et finalement, si les États-Unis voulaient la guerre, ou si les Israéliens voulaient s’engager dans une guerre avec l’accord des États-Unis, c’est qu’ils auraient pour motif leurs propres intérêts dans la région. Nous pensons que nous sommes à un moment où la décision de mener la guerre contre le Liban n’est pas encore prise. Notre perception des intérêts tant israéliens qu’américains, nous indique que ce n’est pas le moment d’une nouvelle guerre. En même temps, lorsque nos ennemis sentiront qu’ils peuvent atteindre leurs buts, ils se hâteront de s’y précipiter sans hésitation. Mais selon notre conviction et notre logique, la force dissuasive de la résistance est la première mesure préventive contre une guerre à l’heure actuelle.

  1. A travers ses exploits et ses capacités, le Hezbollah a réussi par le passé à convaincre l’entité sioniste que la moindre guerre qu’elle lancerait contre le Liban coûterait très cher aux Israéliens. Cependant, après l’engagement du Hezbollah en Syrie contre le terrorisme, l’entité israélienne prétend que le Hezbollah s’est affaibli à la frontière sud, d’où leur réussite à viser et assassiner plusieurs commandants du Hezbollah dans les récentes années. A quel point sera-t-il difficile pour le Hezbollah de défendre les territoires libanais en cas d’agression israélienne, sachant qu’il est pleinement engagé dans la guerre contre le terrorisme en Syrie ? Ajoutant à cela le fait que les civils n’aient plus où se cacher, la Syrie n’étant plus une option.

Nous avons dit depuis le début que le problème syrien ne nous distrait pas de notre ennemi israélien, Dieu merci. La résistance possède suffisamment de potentiel humain, de programmes d’armement, de plans, et est prête à faire face à n’importe quelle menace israélienne, n’importe quand. Tout au long de notre présence en Syrie, nous prenons en considération le danger israélien. À tout moment, chaque jour où nous sommes positionnés en Syrie, nous combattons pour défendre la résistance, et défendre notre pays. Nous considérons que la main israélienne est derrière le chaos qui a lieu en Syrie. Au niveau politique, de notre point de vue, l’enjeu de la lutte en Syrie a prouvé que nous avons à faire au même ennemi et aux mêmes instigateurs de guerre qui ont des buts spécifiques qu’ils veulent atteindre par la guerre en Syrie. Au niveau du combat, la résistance rassure toujours son peuple et son audience que le front de guerre avec notre ennemi Israël ne s’est jamais dégradé et que notre engagement en Syrie n’affectera pas notre disposition contre l’entité israélienne. Nous sommes parfaitement prêts à tout moment.

4. Comment évaluez-vous la valeur du leader Ayatollah Ali Khamenei dans la victoire divine de 2000 ainsi que la victoire du Hezbollah contre Israël durant la guerre de 33 jours en 2006 ? Pouvez-vous nous communiquer sa pensée à ce sujet, et si possible un peu de ce qui n’a pas encore été annoncé ou publié ?

Il s’agit bien sûr pour nous d’une chose tout à fait clarifiée et prouvée. Dans la bataille de 2006 pendant la guerre des 33 jours, un message a été envoyé par son éminence l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei au commandant en chef Secrétaire général du Hezbollah, son éminence Seyyed Hassan Nasrallah. Il y exprimait clairement son point de vue sur la nature de cette guerre, sur qui l’avait provoquée et qui exactement cherchait à la planifier, et sur les préparations antérieures à juillet. Nous étions étonnés par ces informations, car nous n’avions pas de preuve concrète, d’analyse ou d’information indiquant qu’une guerre était sur le point de nous frapper. Son éminence parlait de la manière dont cette guerre était préparée par les Israéliens et les Américains à l’avance, et que ce qui s’est passé en juillet n’était pas la raison du déclenchement de cette guerre. Ses paroles ont raisonné après la guerre, lorsque Ehud Olmert (Premier ministre israélien de l’époque) a clairement déclaré que les préparations pour la guerre de 2006 avaient en réalité débuté au mois de mars de cette même année. Le guide nous a dit dans sa lettre que cette guerre serait une guerre difficile, similaire à la Bataille de la Tranchée pendant les jours du Prophète Muhammad le messager de Dieu (Salut et bénédiction de Dieu soient sur lui). Mais il nous a aussi rassurés en nous disant que la victoire serait de notre côté et ses mots ont eu un grand impact sur nous tous et sur les âmes des moudjahidines. En se basant sur notre expérience avec Son éminence le guide, ses promesses sont le fruit de sa connaissance du Saint Coran et des traditions de l’histoire, principalement du fait de sa foi en Dieu Tout-Puissant qui nous a garantit une confiance totale en la victoire, et c’est effectivement ce qui est arrivé. D’où les mots du guide qui nous ont rassurés, parlant aussi de la nature de la bataille où cette lettre fut envoyée au début de la guerre, comme s’il savait qu’une longue et dure bataille était devant nous, qui causera de grandes pertes mais qui se terminera finalement comme la Bataille de la Tranchée. Le guide nous a garanti la victoire, et c’est ce qui s’est passé. Et après la victoire à la fin de la guerre, son éminence a envoyé une autre lettre à Seyyed Nasrallah, dans laquelle il évoquait clairement l’aptitude que le Hezbollah acquerra de cette victoire, en insistant sur ce point, car cette aptitude, nos ennemis travailleront avec tout leur pouvoir pour la cerner et l’atteindre. Mais leurs tentatives finiront par échouer, et la force du Hezbollah ne fera que croître, cette fois pas seulement en face de l’entité israélienne dans la région, mais à travers tout le monde arabe et islamique, et c’est également ce qui s’est passé.

5. Dans un des discours du Secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah évoque quelques aspects de sa rencontre avec l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, en particulier six opinions du guide sur différentes dates à propos de la défaite de l’Amérique et d’Israël. Comment expliquez-vous la vision du guide l’Ayatollah Khamenei de vaincre Israël ces vingt dernières années, et comment ces aspirations sont devenues une réalité ?

Son Éminence le guide Seyyed Ali Khamenei est doté d’une clairvoyance précise, il comprend les choses et offre des solutions pratiques appropriées. Le guide connaît la nature de l’ennemi qui influence notre région, à savoir les États-Unis. C’est pourquoi son éminence se concentre toujours sur la main des États-Unis dans tout ce qui se passe dans la région, à commencer par la Palestine, et tous les autres évènements survenant dans notre région, avec des preuves bien documentées. Le guide connaît également les capacités de nos ennemis. Il connaît tout ceci grâce à sa compréhension, son savoir-faire, son expertise, son savoir et son expérience. L’Ayatollah Khamenei voit toujours le futur avec optimisme et promet constamment que cette région regagnera son auto-détermination et retournera à son peuple, et que le jour viendra où il n’y aura plus d’Israël et où l’hégémonie américaine dans la région finira. Cette vision peut prendre des années pour commencer à se réaliser, et nécessite plus de sacrifices, mais le guide ne doute pas que le futur réserve les meilleures choses pour les peuples de la région. Cette vision révèle d’abord une compréhension et une analyse profondes de l’Histoire, et ensuite une forte foi dans la promesse de Dieu Tout-Puissant et une compréhension du Saint Coran et des traditions de l’Histoire. Enfin elle révèle la profonde expérience dans la nature des évènements et leur cours dans le futur. Finalement, au sein de la résistance, nous n’avons jamais traversé une épreuve à propos de laquelle Son Éminence nous aurait garanti le succès et dont on serait sorti sans succès, ce qui est toujours accompli par la grâce de Dieu le Très-Haut.

Deuxième partie : Hezbollah v/s Conseil de coopération du Golfe (CCG)

  1. La décision prise par le CCG mené par les Saoudiens de considérer le Hezbollah comme une organisation terroriste représente de manière évidente un soutien arabe et international pour la moindre guerre israélienne contre le Liban et surtout contre le Hezbollah. Cela n’a-t-il pas une influence profonde sur la dissuasion que le Hezbollah a réussi à entretenir à travers les années de lutte ? Et comment anticipez-vous la position du gouvernement libanais dans l’éventualité d’une confrontation avec Israël ? Sachant qu’il y a une division au sein du gouvernement libanais concernant la décision du CCG contre le Hezbollah.

Prévoir la position du gouvernement libanais en cas de guerre menée contre le Liban est trop hâtif, attendons le bon moment. En attendant, nous ne pensons pas que la décision prise par le CCG mené par les Saoudiens d’inscrire le Hezbollah sur la liste des groupes terroristes aura un impact sur la position du Hezbollah, surtout envers la confrontation contre l’ennemi israélien. Et la raison en est très claire : au cours des décennies passées, durant lesquelles nous avons résisté face à l’entité israélienne, ces États que vous avez mentionnés avaient exactement la même position qu’aujourd’hui à l’égard du Hezbollah. La différence est qu’auparavant, elle était non dite, alors qu’elle est maintenant ouvertement déclarée. Même durant la guerre de juillet 2006, pendant 33 jours, nous étions clair à ce sujet, et nous réaffirmons à présent que les Saoudiens et plusieurs États du Golfe étaient fortement et directement impliqués dans le financement de la guerre. Le coût de la guerre de juillet 2006 a été entièrement couvert par l’argent du Golfe. Même lorsque les administrations britannique et américaine envoyaient des armes, des équipements et des munitions aux Israéliens, tout cela était payé par les Saoudiens. Et avant cela, nous avons vu plusieurs cas dans les années 1980 et 1990, où la CIA a été aidée par les renseignements arabes du Golfe et des Saoudiens, visant déjà la résistance. Mais les circonstances de l’époque ne les autorisaient pas à le déclarer. Pour vous en dire plus, pour nous, depuis la Nakba palestinienne, le rôle de ces États, bien que les États arabes du Golfe n’aient pas encore existé, était de faire face à la résistance populaire de manière à ce qu’Israël conserve le dessus et reste l’entité la plus forte dans la région. Ces États sont simplement des outils fabriqués par les États-Unis d’Amérique. Ce qu’ils font aujourd’hui avec de telles déclarations, fait simplement partie de leur agenda, se révélant jour après jour. Ils ont toujours été en position d’obstructeurs, de perturbateurs et de harceleurs envers la résistance, mais la résistance s’est renforcée, et nous sommes aujourd’hui à un niveau bien plus élevé qu’il y a dix ou vingt ans. Ces États ont visiblement  des millions à dépenser en empires médiatiques et pour leur propagande intensive visant la résistance jour et nuit. Néanmoins, est-ce que quelqu’un vivant au Liban ou n’importe où dans le monde, un ami de la résistance ou un ennemi, a été affecté par cette propagande ? La résistance a-t-elle fait un seul pas en arrière ? Un seul soldat de la résistance a-t-il abandonné ses armes par crainte de l’Arabie saoudite ? Y a-t-il une digne famille qui a choisi de ne pas envoyer ses fils à la résistance pour combattre les Israéliens et les terroristes takfiris, à cause de la pression exercée par les médias du Golfe ? Ces États doivent savoir – car ils ne le savent pas, et je pense qu’ils ne le sauront jamais –, ils doivent savoir que notre peuple et nos familles, nos combattants, sont suffisamment conscients pour ne pas se faire avoir par une telle fausse propagande. Nous sommes arrivés à un point où notre société est maintenant certaine qu’à chaque fois qu’elle voit ces États prendre une certaine position, elle voit immédiatement qu’ils sont du mauvais côté et que la droiture se situe à l’exact opposé. Cette pression est bien sûr soutenue par d’immenses sommes d’argent acheminées dans les médias, mais par la volonté de Dieu Tout-Puissant, elle ne sera qu’un écran de fumée sans aucun impact pour la résistance.

2. Le Hezbollah a déclaré qu’il avait des informations sur un plan saoudien pour écraser la résistance, mais Seyyed Nasrallah a déclaré qu’il n’en parlerait pas, du fait de considérations locales. Ces considérations sont-elles pertinentes à l’heure où l’Arabie saoudite, d’après certaines sources, a dépensé des millions de dollars dans une tentative de destruction de la résistance, cette même résistance qui protège tous les territoires libanais ?

Les considérations locales doivent prendre en compte chaque action que nous pratiquons en tant que résistance, car nous sommes ardemment attachés à notre pays, notre terre, notre environnement et notre société. Et nous savons très bien que la capacité d’influence des Américains et des Saoudiens sur les communautés libanaises est très forte. En d’autres termes, nous prenons en compte la possibilité que certaines communautés libanaises puissent être affectées par cette influence contre la résistance et le Hezbollah, et ne puissent pas supporter certains faits, laissant les choses pour un temps, de sorte que les Libanais gardent le sens des priorités. Laissons les Libanais rester concentrés sur le véritable ennemi qui travaille sans relâche pour provoquer des séditions dans notre pays ou notre région. Comme le dit un proverbe libanais, «laisse les choses en l’état jusqu’au bon moment». La meilleure sagesse est de faire ainsi pour notre pays. Ces aspects ne font que confirmer notre point de vue sur la stabilité dans notre pays, spécialement quand nous combattons notre ennemi israélien et notre ennemi takfiri, et lorsque nous protégeons notre pays des campagnes de désinformation menées par les terroristes takfiris, incluant les médias et les politiques. Nous prenons toujours en compte la stabilité de notre pays et la sécurité de nos sociétés internes, c’est une priorité qui doit être prise en compte dans tout ce que nous faisons, et nous le faisons sans que cela ne nuise à nos devoirs et à nos responsabilités.

3. L’Arabie saoudite a le pouvoir financier, médiatique et religieux, qu’elle utilise pour menacer quiconque s’oppose et travaille efficacement contre la résistance, régionalement et internationalement, tout en interdisant plusieurs autres médias de rapporter l’autre versant de l’histoire. Avec les gains massifs des médias mainstream financés par le Golfe, quelles cartes la résistance et ses alliés dans la région ont-ils en main pour s’opposer à la propagande du CCG ? Peuvent-ils rivaliser, étant donné la censure médiatique dont ils font l’objet ?

Rivaliser avec eux n’est pas du tout une option. Malheureusement, aussi longtemps que le nerf des médias est l’argent, il est naturel que nous ne soyons pas en mesure de rivaliser avec les capacités financières de l’Arabie saoudite. Nous faisons face à cette campagne de propagande massive de la part de ces médias en restant fermes, en faisant valoir nos droits, en démontrant notre capacité à tenir notre position de manière forte et claire, en exprimant pleinement notre position, ce que l’histoire montre. Enfin, si nous ne possédons pas les mêmes capacités financières que nos ennemis, cela ne veut pas dire que nous devrions abandonner le terrain médiatique, au contraire, nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir. Il est important de ne pas nous retirer du terrain médiatique, de rester debout et de ne pas tomber. Il est important pour nous de ne pas permettre à l’ennemi et aux conspirateurs de sentir que nous sommes tombés dans le piège dans lequel ils veulent nous pousser. Le monde a changé aujourd’hui. Personne ne peut prétendre que les médias appartiennent à un groupe spécifique et peuvent propager leur point de vue spécifique. Oui, il y a d’une part un côté qui possède un énorme potentiel médiatique, et de l’autre  un côté qui est limité à ce niveau. Cependant, ce côté limité peut faire face à l’autre avec de la patience, de la fermeté dans la droiture, et Dieu merci nous avons fait beaucoup de bonnes expériences de ce genre. Imaginez, par exemple, en parlant d’expérience, pendant la guerre de juillet 2006, l’entité israélienne a reconnu que la résistance n’était pas seulement victorieuse sur le champ militaire, mais a réussi à atteindre un haut niveau de médiatisation et une grande audience, qui a dépassé le potentiel israélien dans ce qui est historiquement connu dans notre région comme étant la guerre psychologique. Il y a donc certains niveaux de médiatisation que nous pouvons atteindre en restant concentrés sur l’art du discours et la capacité à exprimer notre position au travers de déclarations, par la droiture, qui devient garantie avec le temps avec quelques sacrifices. Nous pouvons réussir à le faire. Nous croyons que le succès dont parlent les Saoudiens à travers leur argent et leurs médias est un succès dû à la possession d’outils, et non pas un succès lié à l’impact réel et à l’influence sur le public. L’impact et l’influence affectent habituellement le faible et l’incertain, tandis que la résistance dépend d’une large audience de partisans conscients, instruits, expérimentés et stables, ce qui leur permet d’être suffisamment immunisés contre les influences néfastes. Interdire les médias de la résistance n’affecte pas le cours de la guerre. Cela la prive certainement d’une arme vitale utilisée durant la confrontation dans un endroit spécifique. Nous essayons bien sûr de travailler en compensant cet outil par un substitut approprié. Mais dire qu’interdire les médias de la résistance influence le cours de la guerre ou affaiblit les combattants n’est pas juste. Même au Yémen, nous savons que les Yéménites sont suffisamment immunisés. Même s’ils n’ont pas de grands appareils médiatiques, ils se battent et tombent en martyrs, leurs maisons se font détruire et leurs lieux saints se font détruire, pourtant ils continuent de s’exprimer haut et fort. Si les Yéménites devaient tomber devant l’agression saoudienne, ils seraient tombés dans le premier mois de la guerre. Ils sont assurément plus forts que ça.

Troisième partie : Le Hezbollah en Syrie

  1. La fameuse déclaration de Seyyed Nasrallah : «Nous serons où nous devrons être» a mis fin à toute attente d’un retrait du Hezbollah de la Syrie dans un futur proche. Que répondriez-vous à ceux accusant le Hezbollah de jouer le même rôle en Syrie que l’armée syrienne au Liban avant leur retrait en 2005 ? Quelles garanties peut fournir le Hezbollah au peuple syrien que sa présence en Syrie ne sera pas indéfinie ?

Cette approche est imprécise. Dire que la présence du Hezbollah en Syrie est similaire à l’ancienne présence syrienne au Liban est injuste. Il y a de significatives différences et de vastes différentiels. Nous nous battons en Syrie pour défendre notre pays, notre peuple, ainsi que les Syriens eux-mêmes, et beaucoup de faits le prouvent. Tandis que nous avons les moyens de soutenir l’armée syrienne, et il est ici utile de s’exprimer clairement en citant les faits, ceux qui défendent la Syrie sont les Syriens eux-mêmes, de l’Armée arabe syrienne, la défense nationale et différentes forces populaires, et nous sommes là pour les aider. Lorsque nous sommes présents à certains endroits pour assister, par exemple à Homs, lorsque la libération est faite, Homs revient aux civils syriens, et les autres régions de Damas reviennent aux civils syriens. Nous aidons les Syriens à restaurer la sécurité et la stabilité, et à expulser le virus des terroristes takfiris qui menacent la Syrie et la région. Notre rôle n’est pas d’être comme l’Armée arabe syrienne et tout le monde sait que la résistance a assez de causes à défendre contre les agressions de l’ennemi israélien et que notre présence en Syrie vise à combattre le terrorisme et la défense d’une cause fondamentale. Nous le faisons car nous croyons fermement que la moindre négligence ou indulgence sur l’enjeu de la Syrie face au terrorisme résultera en une élimination de la résistance, nuira au Liban et annulera toutes nos réussites passées. C’est exactement ce que les États-Unis désirent atteindre, et ce qu’ils ont ouvertement déclaré comme étant leur objectif principal. Ils annoncent publiquement que leur objectif derrière Daech est de combattre le Hezbollah et la résistance. Nous n’avons pas de but spécifique à atteindre, ni en Syrie ni ailleurs. Nous savons comment protéger notre pays et notre peuple, et comment faire face au terrorisme takfiri qui souhaite nous viser et nous attaquer, ainsi que toute notre région.

2. Les États-Unis et la Russie se sont activement engagés dans des discussions pour trouver une solution politique en Syrie, et l’Histoire a montré que la politique est manœuvrée par ceux qui tiennent le pouvoir sur le champ de bataille. Maintenant, le Hezbollah a à maintes reprises déclaré les objectifs de l’axe de la résistance d’atteindre un règlement politique pour préserver le droit des Syriens à choisir le destin du système qui les dirige. Mais il doit y avoir un but plus personnel du Hezbollah dans le cas d’une solution politique. Que pourrait être ce but et est-ce que la Russie approuvera qu’il fasse partie de la liste des conditions pour une solution politique syrienne ?

Nous réaffirmons aujourd’hui comme nous l’avons fait au premier jour, que la solution en Syrie est politique, c’est-à-dire laisser les Syriens choisir seuls le propre système dirigeant, choisir la manière dont ils devraient gérer leur politique, leur économie et leurs affaires sociales, c’est un droit conscrit pour le peuple syrien. Nous n’avons pas de programme spécifique lié aux priorités et aux choix du peuple syrien. Même si nous sommes sur le champ de bataille, ça ne veut pas dire que nous devons investir les résultats de la table de négociations. Nous pensons que depuis le début des évènements en Syrie, il s’agit d’une agression contre le peuple syrien, ses décisions et ses choix. Et tout comme cette agression vise le peuple syrien, elle est aussi prévue pour viser le Liban, l’Irak, le Yémen et toute la région. Toutefois, personne ne doit penser que nous voulons un prix en retour de notre présence militaire en Syrie. Ce que nous voulons pour la Syrie, est de retourner à ses jours anciens, la fin de l’agression contre la Syrie. Car vaincre cette agression mettra fin à la possibilité qu’elle se propage au Liban, ou au reste de la région. Le camp russe parle avec clarté au sujet des solutions politiques, il cherche de toute ses force une bonne solution politique pour la Syrie, et il en parle constamment.

3. Il est bien connu que l’intervention russe dans la guerre en Syrie a aidé à de nombreuses victoires au sol pour l’Armée arabe syrienne et le Hezbollah. Comment décririez-vous la relation entre la Russie et le Hezbollah, et comment Israël voit-il cette coordination ?

La coordination au sol est principalement effectuée avec les Syriens. Les forces russes se coordonnent directement avec les forces syriennes. Notre tâche consiste à soutenir les Syriens dans cette guerre, et les Syriens choisissent leurs priorités et les moyens d’opérer. De l’autre côté, il est tout à fait naturel que l’entité israélienne n’apprécie aucune des actions du Hezbollah et de la résistance pour défendre leurs causes. Chaque jour, l’entité israélienne parle de ce qu’il en sera après la Syrie, du danger du Hezbollah et des capacités de la résistance, de son expertise militaire et des objectifs à atteindre, c’est normal, l’entité israélienne est l’ennemi, et est toujours hantée par la peur de l’expertise du Hezbollah et de ses capacités, et c’est ainsi que ça doit rester, nous ne voyons pas le moindre problème avec cette situation.

Quatrième partie : Le Hezbollah au Liban

  1. Au cours d’une vaste offensive l’année dernière, le Hezbollah a repoussé la plupart des terroristes hors de la frontière de la région de Qalamoun, mais il en reste plusieurs dans une zone à l’est d’Arsal et près de Ras Baalbek, où des milliers de miliciens de Daech et du Front al-Nosra sont supposément piégés à la frontière nord-est entre le Liban et la Syrie. Et récemment, fin avril 2016, le Hezbollah a rapporté avoir détruit un bunker appartenant aux miliciens d’al-Nosra, à la périphérie d’Arsal dans la région de Dahr al-Huwa. D’une manière relative, est-ce plus coûteux pour le Hezbollah de continuer à ne pas attaquer les takfiristes à Arsal pour éviter les tensions sectaires au Liban, ou de pénétrer à Arsal et de la libérer des terroristes qui peuvent et qui ont déjà infiltré d’autres régions libanaises, formant des cellules dormantes et ciblant des civils ?

Le Hezbollah n’a jamais parlé d’intention d’entrer dans la ville d’Arsal. Ceci relève de l’armée libanaise et des forces de sécurité libanaises, et dépend du caractère de la bataille. Nous ne pouvons pas parler maintenant de ce qui pourrait arriver dans le futur. Tandis que nous défendons toute la plaine de la Bekaa, nous empêchons aussi le peuple d’Arsal d’être ciblé militairement par ces terroristes, ou par la pression psychologique. Quoi qu’il en soit, les récentes élections municipales qui ont eu lieu dans la région de Bekaa et à Arsal ont prouvé que la résistance et l’armée libanaise étaient capable de protéger tout le peuple libanais et de garantir leur liberté et la stabilité qui leur a permis de participer aux élections, et Arsal a évidemment bénéficié de ces succès et de ces sacrifices. Nous avons donc toujours été très clairs, notre objectif est de repousser le danger takfiri loin du Liban. Aussi longtemps que ce front de terrorisme est éloigné du Liban, nous sommes confiants dans la stabilité du Liban, pour que les libanais vivent en sécurité. La nature de la lutte, comment elle sera, comment elle évoluera, dans quelle direction, quelle colline, dans quelle région, tout ça sera déterminé par le caractère des informations du champ de bataille et nous faisons face jusqu’à aujourd’hui à ces takfiris, pour les empêcher d’avancer et d’étendre leur zone d’influence.

  1. A propos de l’impasse présidentielle au Liban et des disputes sur la loi électorale, le Hezbollah a mainte fois insisté sur le fait que le Liban ne peut se construire que sur le principe de partenariat; ironiquement c’est cette même logique qu’utilisent les adversaires politiques du Hezbollah en disant : comment peut-il y avoir un partenariat entre le Hezbollah et les autres blocs politiques libanais quand la décision de guerre et de paix est entièrement entre les mains du Hezbollah ?

Nous avons expliqué ceci il y a longtemps. De telles déclarations viennent de certains politiciens libanais à destination de la population. Lorsqu’ils sentent qu’il convient mieux à leurs intérêts d’être avec nous dans la même formation gouvernementale, ils sont avec nous, et quand leurs intérêts se retrouvent du côté de l’autre position dans n’importe quel processus politique, vous les voyez à leur côtés, leur position est donc provisoire et non fixe. Ils affirment de telles choses pour obtenir un écho à l’étranger, et non au sein de notre pays, car ces déclarations les servent et leur procurent de l’argent et du soutien politique. Ils visent certaines ambassades par ces déclarations, à travers des rapports écrits par des employés d’ambassades officiels et finissent par être épinglés par cette ambassade ou d’autres puissances étrangères. Ces débats n’ont plus lieu d’être, ils savent parfaitement bien que toute discussion sur le désarmement de la résistance n’est plus à l’ordre du jour, car il a été prouvé que ces armes sont là pour protéger le pays et personne au Liban n’a le choix de permettre la mise en péril de la stabilité du pays, et nous ne laisserons personne au Liban réinstaurer la menace israélienne ou takfiri contre notre pays. L’enjeu du désarmement de la résistance est bien plus important que n’importe quelle discussion politique au Liban.

  1. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a par le passé indirectement accusé le chef des forces libanaises, Samir Geagea, de collaborer avec Israël pendant la guerre civile libanaise de 1975-1990. Et Geagea a pendant des années critiqué le Hezbollah sur ses liens avec la République islamique d’Iran et son engagement militaire en Syrie. Malgré cette claire inimitié, le Hezbollah a déclaré ne pas être embarrassé par le fait que son allié Michel Aoun reçoive l’approbation pour la présidence de la part de son farouche rival Samir Geagea. Le Hezbollah n’a-t-il pas de soucis quant à ce que Geagea pourrait demander en retour de ce soutien ?

Pas du tout. Nous faisons totalement confiance aux décisions de nos alliés libanais et nous savons ce qu’ils veulent et ce qu’ils espèrent atteindre, d’une part. D’autre part, nous avons totalement confiance en notre capacité à comprendre ce qui se passe dans le théâtre libanais. Nous ne sommes pas du tout inquiets des alliances au sein de ce théâtre, quelles que soient les positions politiques que nous défendons ou ne défendons pas. Ce problème n’affecte pas nos positions, notre vision et nos alliances. Car nos alliances, et spécifiquement celle avec le Courant patriotique libre, sont basées sur des fondations claires et une structure fondamentale solide. Cette alliance a prouvé son aptitude et son effectivité dans le théâtre libanais, au service des intérêts de tous les libanais.

4. Pensez-vous qu’il y ait une possibilité d’élire un président de la République libanaise dans un futur proche ?

La clé des élections présidentielles au Liban est entre les mains du Royaume d’Arabie saoudite. Les Saoudiens contrôlent le timing des élections, fin de la discussion.

  1. Le 14 mars, les adversaires politiques du Hezbollah ont déclaré qu’il n’y avait pas de «véto saoudien» contre Aoun, mais que l’Iran a un problème avec, depuis qu’au mois d’avril, Geagea a déclaré à propos de la position de l’Iran : «L’ambassadeur iranien a dit aux diplomates occidentaux de demander au Vatican de convaincre Aoun de retirer sa nomination pour que les élections présidentielles puissent avoir lieu.» Comment percevez-vous une telle allégation et pourquoi le Hezbollah persévère-t-il à boycotter les sessions parlementaires pour élire un président ?

Premièrement, nous avons déclaré depuis le début notre point de vue quant aux élections présidentielles et il en va de notre droit constitutionnel et légal de le manifester et de le défendre avec tous nos moyens légaux et constitutionnels. Deuxièmement, nous avons dit que nous soutenons notre propre candidat dans cette course, qui est le major-général Michel Aoun, et quiconque veut s’adresser à lui devrait le rencontrer et lui parler. Troisièmement, à tous les niveaux des élections et de la participation au Parlement, nous avons toujours souligné que le moment où nous sentirions que l’atmosphère est propice à des élections présidentielles, nous serions les premiers à participer au Parlement et à élire un président pour la république. Cependant une question demeure : qui a empêché  le candidat éligible de devenir président de la République libanaise ? La réponse est l’Arabie Saoudite.

*Marwa Osman est conférencière de l’Université internationale libanaise en études médiatiques et est commentatrice politique du Liban. Elle est également membre du réseau médiatique initié Blue Peace. Elle a tenu une émission politique sur la chaine TV Al Etejah English, et elle apparait souvent sur Russia Today en tant que panéliste.

Article original publie sur Khameini.ir

Traduit par Ismael, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone.

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1 réflexion sur « Une interview de Seyyed Hachem Safieddine, le président du conseil exécutif du Hezbollah au Liban »

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