Un oligarque ukrainien siphonne les crédits du FMI


Le 27 août 2015 – Source Deutsche WirtschaftsNachrichten

Le FMI a injecté au cours des derniers mois des milliards de dollars dans le système financier ukrainien pour stabiliser les banques du pays. C’est ainsi qu’environ $1,8 Mds de dollars revenaient au plus grand établissement financier : PrivatBank qui est contrôlé par l’oligarque Igor Kolomoiski. Mais au lieu d’investir l’argent dans l’économie ukrainienne, Kolomoiski a créé des crédits d’urgence par un réseau d’ entreprises offshore à l’étranger.

Le FMI a accordé des milliards de crédits à l’Ukraine. Une partie de l’argent a semble-t-il été détourné. (La photo : agence de presse allemande)

Le Fonds monétaire international (FMI) décidait un crédit d’urgence pour l’Ukraine d’un montant de $17 Mds en avril 2014.

La décision de FMI prévoyait le paiement immédiat de $3,2 Mds au gouvernement ukrainien pour empêcher son insolvabilité. A l’époque, la cheffe du FMI Christine Lagarde parlait d’une «crise importante» et louait la «résolution exemplaire» du gouvernement qui avait présenté un «programme économique courageux pour la protection de la stabilité financière». Au cours des cinq mois suivants, le FMI virait environ $4,5 Mds s – dont environ $3 Mds en droits de tirage spéciaux – à la Banque centrale ukrainienne. Les banques du pays devaient se stabiliser grâce à cet argent, mais $1,8 Mds de dollars de cette somme disparaissaient dans de sombres canaux.

L’oligarque Igor Kolomoïski est soupçonné d’avoir détourné des crédits de la F.M.I


Théoriquement
le FMI devait garder le contrôle direct sur la distribution des fonds.

Cependant, dans les faits, il semble que les banques choisissent elles-même leurs experts comptables. La banque PrivatBank a exigé de recevoir environ 40% des fonds auxiliaires étant donné qu’elle était le plus grand institut de crédit du pays. Mais malgré les mesures du FMI, la situation des banques ukrainiennes s’s’est aggravée de plus en plus.

En janvier 2015, le fonds monétaire écrivait dans un rapport que «le ratio de capitaux propres  des banques était tombé de 15,9% à 13,8% fin juin». En février 2015, la banque PrivatBank devait même être préservée d’une faillite à court terme.

L’établissement financier a reçu de la Banque centrale un crédit de liquidité d’environs €62 Mio mis à disposition pour deux ans. Où étaient donc les milliards du FMI?

La PrivatBank se trouve sous le contrôle de l’oligarque ukrainien Igor Kolomoïski

Sa fortune est estimée par Forbes à $1,24 Mds. Il contrôle un empire d’entreprises dans les domaines de l’énergie, les médias, le transport aérien, l’industrie chimique, la construction métallique et les finances. Au centre de ce conglomérat se trouve la PrivatBank, le plus grand établissement financier d’Ukraine avec plus d’un quart de tous les comptes bancaires. Kolomoiski doit sa richesse, avant tout, à ses raids de pillage, appelés en Ukraine achats de firme agressifs et fusions de firme.

Avec cela, les méthodes appliquées sont telles que même les banquiers de Wall Street les plus aguerris reculeraient, comme le relate Matthew Rojanski, de l’institut Kennan du Woodrow Wilson Center for International Scholars :

«Il y a, vraiment, des entreprises en Ukraine, officiellement enregistrées, ayant des bureaux et cartes de visite, qui se sont spécialisées dans les différents aspects de ces pillages d’entreprise. Cela inclut l’exercice de pression par des hommes armés, la falsification de documents ou la corruption des notaires et des juges», disait Rojanski au magazine Harpers.

Le chercheur décrit Kolomoïski comme «le plus célèbre des brigands parmi les oligarques. Il est accusé d’avoir effectué une campagne de pillage massive pendant dix ans jusqu’en 2010». Les pratiques commerciales de Kolomoïski étaient connues au-delà des frontières du pays et lui ont valu même une place sur la liste d’interdiction de visas des États-Unis, ce qui lui rendait une visite là-bas impossible.

Kolomoïski s’est acquis, comme gouverneur de la région de Dniepropetrovsk, la faveur du nouveau gouvernement à Kiev

En mettant sur pied une armée privée de 20 000 soldats. Les bataillons Dnipro-1 et Dnipro-2 ont empêché l’avancée des séparatistes plus efficacement que l’armée ukrainienne n’a jamais pu le faire. De plus, Kolomoïski se vantait de cofinancer la lutte des troupes ukrainiennes et même de fournir du carburant a l’armée. Sans ces ressources, l’armée aurait connu probablement une défaite rapide à l’est de l’Ukraine. C’est probablement la raison pour laquelle personne n’en a fait grand cas quand la première tranche du FMI à hauteur de $1,8 Mds disparaissait vers l’étranger à travers les comptes de la banque de Kolomoïski, PrivatBank.

L’initiative anti-corruption Nashi Groshinotre argent»)
a révélé au grand jour comment les fonds du FMI d’un montant de $1,8 Mds  ont été transférés à l’étranger.

La fraude présumée concernait des comptes à Chypre, à Belize et dans les Iles Vierges. Ainsi, 42 entreprises ukrainiennes, qui se trouvaient en possession de 54 entreprises offshore avec des sièges dans les Caraïbes, aux États-Unis et à Chypre et avaient des liens avec PrivatBank, ont obtenu des crédits d’un montant de $1,8 Mds de cette dernière. Les entreprises ukrainiennes commandaient avec cela des marchandises chez six fournisseurs étrangers dont trois avaient leur siège en Grande-Bretagne, deux dans les Iles Vierges et un dans les Caraïbes.

L’argent était viré alors sur les comptes des vendeurs qui se trouvaient par hasard dans une succursale de la banque PrivatBank à Chypre

Les entreprises ukrainiennes utilisaient les marchandises commandées comme une garantie pour leurs crédits auprès de la banque privée, mais les fournisseurs étrangers n’ont pas respecté leurs contrats et n’ont jamais livré les biens. Ensuite les 42 entreprises sont allées se plaindre devant le tribunal de Dniepropetrovsk pour obtenir le remboursement des paiements effectués et la suppression de l’opération de crédit avec la banque PrivatBank. Le tribunal décidait de la même façon dans tous les cas : les entreprises étrangères devaient rembourser le montant, et les contrats de crédit resteraient valables.

«Au fond, cette transaction de 1,8 milliards de dollars à l’étranger avec l’aide de traités falsifiés était un siphonnage de capital et une violation des lois existantes», a déclaré la journaliste Lesya Ivanovna de Nashi Groshile au magazine Harpers. «Toute l’histoire avec les procédures judiciaires était seulement nécessaire pour garder l’apparence que la banque PrivatBank n’était pas impliquée dans le schéma frauduleux. Maintenant officiellement, c’est comme si la banque PrivatBank possédait ces produits bien qu’ils ne aient jamais été réellement livrés.»

Au moment de la fraude présumée, Kolomoïski était le gouverneur de la région Dniepropetrovsk dans laquelle PrivatBank à aussi établi son siège principal

Mais quelques mois plus tard, il a perdu la lutte de pouvoir contre l’oligarque et président de l’Ukraine Petro Porochenko, qui dispose aussi, à côté du pouvoir politique, d’une fortune de $1,3 Mds. Kolomoïski était soumis à la pression après que ses unités armées ont occupé les entreprises d’énergie, à moitié propriétés de l’État, Ukrnafta et Ukrtransnafta à Kiev. Il a été ensuite limogé par Porochenko du poste de gouverneur de Dniepropetrovsk. Après la chute du pouvoir de Kolomoïski, un intime de celui-ci a été remplacé à Odessa par l’ex-président géorgien Michaïl Saakachvili.

«D’après ce que je comprends, ceci fait partie d’une entente. En conséquence, Kolomoïski a cessé ses tentatives de prendre le contrôle sur Ukrnafta et Ukrtransnafta et cédé son poste de gouverneur de Dniepropetrovsk et son contrôle sur Odessa. En contrepartie, l’ambassadeur des États-Unis lui proposait de retirer son nom de la liste d’interdiction de visas», a dit Rojanski à Harpers.

Le milliardaire lui-même est entretemps parti aux États-Unis, devenant ainsi intouchable pour les administrations ukrainiennes

Malgré les nombreuses indications des organisations comme Nashi Groshi et le Centre Anti-Corruption Action (ANTAC), les administrations d’exécution pénales ukrainiennes sont restées longtemps inactives. Entretemps, suite à la pression publique des enquêtes ont été diligentées à l’encontre de PrivatBank, comme le rapporte Johnson’s Russia List en se référant aux médias ukrainiens.

«Nous sommes conscients de l’existence d’une procédure pénale. La PrivatBank collabore sans conditions avec les agents et mettra à disposition toutes les informations et les documents pour prouver incontestablement la vérité dans ce cas», selon Interfax Ukraine qui cite là un porte-parole de la PrivatBank.

L’Ukraine a convenu, entre-temps, d’une réduction de sa dette avec ses créanciers

Les créanciers occidentaux renonçaient sous la pression du FMI à 20% de leurs créances. Cela correspond à une remise de dette d’au moins $3,6 Mds. Mais face aux raids de pillage récents de Kolomoïski aux frais de l’économie ukrainienne, il n’est pas surprenant que la Russie ne participe pas à une remise de dettes à l’Ukraine. La Russie à lancé une enquête contre l’oligarque, entre autres pour les crimes organisés, le meurtre et l’utilisation d’armes illégales dans la région de guerre du Donbass. Du côté russe, Kolomoïski est vu comme un danger pour le processus de paix dans l’Ukraine de l’Est.

En savoir plus 

Quelques liens supplémentaires sur Kolomoïski, grand criminel protégé par les Occidentaux :

Interpol refuse d’émettre un «signalement rouge» à l’encontre de Kolomoïski

Un législateur ukrainien admet que la moitié des gens qui combattent dans le bataillon Azov ( fondé par Kolomoïski) est composé de criminels

MH17 et le commanditaire présumé : Kolomoïski

La mort du témoin clef contre Kolomoïski pour corruption enterre le procès qui traîne depuis 2005

Les milices privé de Kolomoïski sèment le chaos en Ukraine

The Saker : comment Kolomoïski en finit avec l’Ukraine

Kolomoïski, oligarque israélien, le plus puissant juif du monde?

Kolomoïski et le massacre du 2 mai 2014 à Odessa

Cet article important fait référence à un appel téléphonique entre deux juifs en Ukraine en rapport avec un troisième juif ayant organisé le massacre de manifestants anti-Kiev à Odessa le 2 mai 2014.
… Ihor «Benny» Kolomoiski avait aussi offert une récompense de 5 000 dollars pour chaque corps trouvé dans le bâtiment des syndicats. Il était très actif derrière la scène dans ce massacre.

L’article pointe aussi vers Arseniy Yatsenyuk, Yulia Tymoshenko et une conversation téléphonique rendue publique : «Qu’allons-nous faire des 8 millions de Russes restant en Ukraine?» Réponse: «Tuez-les tous avec des armes nucléaires»

YouTube ; se qui s’est réellement passé à Odessa, 2 mai 2014

Traduit par Jefke, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

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