«...On pourrait dire en étant très proche de la réalité que le Titanic est en train de sombrer alors que l'orchestre continue à jouer.
Tout le monde hait le capitaine et l'équipage, mais personne ne sait qui pourrait bien le remplacer.» The Saker
Par le Saker Original – le 27 août 2015 – Source thesaker.is
L’Europe est en chute libre. Personne ne peut plus le mettre en doute. En fait, l’EU souffre simultanément de nombreux problèmes cruciaux dont chacun peut devenir potentiellement catastrophique. Regardons les un par un.
Les 28 membres de l’UE sont un non-sens économique.
Le problème essentiel est que tout ceci n’a absolument aucun sens économiquement. A l’origine, au début des années 1960, nous avions un petit groupe de nations relativement identiques qui ont décidé d’intégrer leurs économies, ceux qu’on nomme les Six, initiateurs de la Communauté européenne (EC) : la Belgique, la France, l’Allemagne fédérale, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-bas. En 1960, ce noyau fut rejoint par sept nouveaux pays, les Sept ne désirant pas rejoindre la Communauté, mais plutôt entrer dans une Association européenne de libre échange, (EFTA), c’était l’Autriche, le Danemark, la Norvège, le Portugal, la Suède, la Suisse et le Royaume-Uni ; ensemble ces pays formaient ce qu’on a pu appeler communément la Communauté de l’Europe de l’Ouest. A leur décharge, ce traité reflétait une réalité, le fait que ces pays possédaient en général des points communs et leurs peuples désiraient partager leurs ressources. Après 1960, l’histoire de l’intégration européenne et son expansion devient plus compliquée et progresse en zig-zag avec des retours en arrière réguliers et à la fin le procédé est devenu de plus en plus incontrôlable, comme une tumeur maligne. Aujourd’hui, l’UE intègre 28 (!) États membres, y compris ceux qu’on a l’habitude de nommer d’Europe centrale et d’Europe de l’Est – même les ex-Républiques baltes sont maintenant intégrés à cette nouvelle Union. Le problème est que malgré l’attraction exercée par une telle expansion sur les élites européennes pour des raisons idéologiques, un aussi vaste ensemble n’a aucun sens économique en soi. Qu’est-ce que la Suède, l’Allemagne, la Lituanie, la Grèce ou la Bulgarie peuvent bien avoir de commun? Très peu en fait.
Aujourd’hui, des fissures apparaissent clairement. La crise grecque est une menace potentielle représentée par les conséquences de l’effet domino d’un Grexit sur ce qu’on appelle les PIGS (le Portugal, l’Italie, la Grèce, et l’Espagne). La France aussi est menacée par ces crises. La monnaie européenne, l’euro, est une monnaie sans but : est-elle supposée soutenir l’économie allemande ou l’économie grecque? Personne ne le sait, du moins officiellement. En réalité, tout le monde sait évidemment que Madame Merkel mène le bal. Les solutions clefs en main, que les eurobureaucrates apportent, gagnent seulement du temps mais ne présentent aucune solution à ce qui est clairement un problème systémique : la nature fondamentalement artificielle d’une Europe à 28 membres.
Pour ce qui concerne la seule solution réaliste, abandonner la chimère d’une UE à des 28 membres, elle est politiquement si absolument inacceptable qu’elle ne sera pas discutée, même si tout le monde a peur.
L’UE est sur le point de vivre un effondrement social et culturel
La réalité indéniable est simplement que :
- l’Europe ne peut pas absorber autant de réfugiés
- l’Europe n’a aucun moyen réel de les arrêter. Une arrivée massive de réfugiés représente un problème de sécurité très complexe que les pays de l’UE ne sont pas préparés à gérer. Tous les pays de l’UE ont trois instruments de base qu’ils peuvent utiliser pour les révoltes, les désordres publics, les crimes, et les invasions : les Services spéciaux de sécurité, les Forces de police et l’Armée. Le problème est qu’aucun d’entre eux n’est préparé à gérer une crise humanitaire comprenant des réfugiés.
Les Services spéciaux de sécurité sont malheureusement en sous-nombre quand il s’agit de gérer une crise comprenant des réfugiés. Leurs cibles habituelles – crime organisé, espionnage, terroristes – n’ont rien à voir avec une vague typique de réfugiés. Le plus souvent, ce sont des familles, ou des collatéraux, et même si parmi eux il y a quelques gangs criminels dissimulés, c’est bien loin d’être un cas général. Le problème est que si environ 10% de dealers de drogue entachent la totalité des réfugiés du Kosovo, ces réfugiés eux-même finissent par être traités comme des criminels. En général, les Services spéciaux de sécurité travaillent beaucoup avec des informateurs, et les gangs étrangers sont difficiles à infiltrer. Il est aussi très difficile de comprendre les différents langages avec un seul spécialiste des langues étrangères. Comme résultat, la plupart du temps les Services spéciaux sont impuissants lorsqu’il faut gérer les différents problèmes qu’ils rencontrent, autant en raison du manque de personnel que de leur impuissance à surveiller une telle population.
A l’opposé, les Forces de police ont un avantage sur eux : elles sont littéralement partout et leur spécialité est d’avoir une bonne compréhension des batailles de rue. Mais leurs pouvoirs sont sévèrement limités et elles doivent posséder une commission rogatoire pour accomplir la majorité de leurs missions. Les flics eux aussi travaillent beaucoup avec les criminels locaux, alors que la majorité des réfugiés ne sont ni des locaux, ni des criminels. La triste réalité est que la tâche de la plupart des flics lors d’une telle crise relève de l’action anti-émeute, une solution insatisfaisante pour tout le monde.
De même, pour les Forces armées, le mieux qu’elles puissent faire est de tenter de garder la frontière fermée. Dans la plupart des cas elles assistent les Forces de police lors des désordres publics mais pas plus.
Donc, les différents pays de l’UE n’ont aucun moyen de fermer les frontières, ou de déporter les réfugiés, ou même de les contrôler. Bien sûr, il y aura toujours des hommes politiques qui feront des promesses sur la façon dont ils pourront renvoyer ces réfugier chez eux, mais il s’agit de mensonges flagrants et éhontés. La vaste majorité de ces réfugiés ont fui la guerre, la famine, et une pauvreté abjecte, et personne n’a les moyens de les renvoyer chez eux.
Les garder, malgré tout, est également impossible, au minimum pour des raisons culturelles. Malgré toute la propagande de la pensée droit-de-l’hommiste bisounours au sujet de l’intégration des races, des croyances ou des cultures, la réalité est qu’il n’y a réellement rien que l’Europe puisse offrir pour les intégrer. Malgré tous leurs défauts et leurs problèmes, les USA offraient un Rêve américain qui, aussi faux qu’il puisse être, pouvait faire espérer les peuples du monde, spécialement les pauvres et les peu évolués. Non seulement cela, mais la société américaine est déjà largement acculturée au départ. Pour commencer, demandez-vous en quoi consiste la dite culture américaine? Ce n’est rien d’autre qu’un melting-pot, une salade composée, signifiant que tout ce qui y entre perd son identité originale, et cette mixture ne réussit pas à produire une vraie culture indigène, du moins au sens européen du mot.
L’Europe est, on pourrait dire couramment, radicalement différente des USA. Nous sommes habitués à vivre de réelles et profondes différences entre les régions et les provinces variées de chaque pays européen. Un Basque n’est définitivement pas un Catalan, un Marseillais n’est pas un Breton, etc.. Quant à la différence entre un Grec et un Allemand, elle est tout simplement immense. Le résultat de cette crise des réfugiés est maintenant une menace directe pour ces identités et ces styles. Tout est mis sur le dos de l’islam, mais en réalité les chrétiens africains ne s’intègrent pas mieux. Pas plus que les Roms chrétiens, par la même occasion. En conséquence, des affrontements surviennent littéralement partout, dans les boutiques, les rues, les écoles, les hôpitaux, etc… Il n’y a pas un seul pays en Europe où ces affrontements ne mettent pas en cause l’ordre public. Ces affrontements amènent des crimes, des répressions, de la violence, et la ghettoïsation des immigrants et des autochtones; et finalement ces derniers abandonnent leurs banlieues traditionnelles et partent vers des zones moins saturées d’immigrants.
[Entre parenthèses : pour mes lecteurs américains qui pourraient penser «Et alors? Nous avons aussi des ghettos aux USA», je voudrais dire que ce que les Français nomment des zones de non-droit sont bien plus dangereuses que ce que l'on peut connaître aux USA. Et gardez à l'esprit qu'aucun pays en Europe ne dispose d'une aussi nombreuse variété de forces de police militarisées dont chaque ville importante des USA dispose maintenant. Il n'y a pas ici d'équivalent de la Garde nationale. Au mieux il y a les unités anti-émeutes, tels les CRS français, mais ils n'ont pas les mêmes marges de pouvoirs.]
Le niveau d’aggravation, ressenti par beaucoup, sinon plus, des Européens résulte directement de cette crise qu’il est difficile de décrire à quelqu’un qui ne l’a pas connue. Depuis qu’exprimer ces frustrations est considéré comme raciste ou xénophobe par les pouvoirs établis – du moins, récemment, ceci changeant progressivement – le ressentiment est plus profondément enfoui, mais il est malgré tout perceptible. Et les immigrants en pâtissent définitivement, chaque jour. C’est la raison pour laquelle la notion de melting-pot style USA ne fonctionne pas : la seule chose que l’Europe a à offrir à toutes ces centaines de milliers de réfugiés est un silence hostile, souligné par la peur, le rejet, le dégoût, et l’absence de compassion. Même les autochtones qui ont par le passé aidé eux-même les réfugiés (ceux d’Afrique du Nord par exemple), sont maintenant écœurés et hostiles lorsque de nouvelles vagues arrivent. Pour finir aucun des réfugié arrivant en Europe ne croit à un quelconque rêve européen.
Et pour en rajouter, ces réfugiés pèsent d’un poids énorme sur les économies locales et les services sociaux qui n’ont pas été prévus pour assurer le flux d’autant de clients dans le besoin.
Pour le futur proche. le pronostic est clair : plus de la même chose, simplement pire, et peut-être même encore plus pire.
L’UE est tout simplement une colonie des USA incapable de défendre ses propres intérêts.
L’UE est dirigée par une caste de gens qui sont complètement vendus aux USA. Le meilleur exemple en est la triste histoire du résultat obtenu lors de la débâcle libyenne, qui a pu voir la France entièrement détruire le pays le plus développé d’Afrique simplement pour se retrouver maintenant avec des centaines de milliers de réfugiés qui traversent la Méditerranée et cherchent en Europe un refuge contre la guerre. Ce résultat était facile à prévoir, et en vérité aucun pays européen n’a fait quoi que ce soit pour l’empêcher. En fait, toutes ces guerres d’Obama – la Libye, la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak, le Yémen, la Somalie, le Pakistan – ont eu pour résultat un immense mouvement de réfugiés. Ajoutez à cela le chaos en Égypte, au Mali, et la pauvreté dans toute l’Afrique, et vous obtenez un exode massif qu’aucune quantité de murs, de barrières ou de gazages lacrymogènes massifs ne peuvent stopper. Et comme si ça n’était pas suffisant, l’EU a réalisé ce qu’on peut uniquement nommer un suicide politique et économique en amenant l’Ukraine à exploser dans une guerre civile majeure impliquant 45 millions de citoyens, dans une économie complètement détruite, et avec un parfait régime nazi au pouvoir. Ce résultat était aussi facile à prévoir. Mais tout ce que les eurobureaucrates européens ont fait est d’imposer des sanctions économique auto-destructrices à la Russie qui ont fini par pousser finalement celle-ci à diversifier son économie et commencer à produire localement au lieu d’importer n’importe quoi de l’extérieur.
Il serait bon de rappeler ici qu’après la Deuxième Guerre mondiale l’Europe était pratiquement un territoire occupé. Le Soviets possédaient la partie Centre-Est de l’Europe alors que les USA/GB/France en occupaient la partie Ouest. Nous avons été conditionnés à considérer que les gens qui vivaient sous l’oppression de ce que la propagande US appelait le Pacte de Varsovie – en réalité nommé Organisation du traité de Varsovie – étaient moins libres que ceux qui vivaient sous la protection bienveillante de l’Otan. Personne n’a en réalité imaginé que le terme Atlantique Nord était mis là délibérément pour lier l’Europe de l’Ouest aux USA. Le but principal étant que quelque choix que fassent les peuples, même en ayant plus de libertés qu’à l’Est, la partie occupée par les USA/GB ne pourrait jamais recouvrer une vraie souveraineté, en aucun cas. Et de même que les Soviets, prudemment, entretenaient une élite locale prédatrice dans chaque pays d’Europe de l’Est, les USA pratiquaient de même en Europe de l’Ouest. La grande différence est apparue à la fin des année 1980/1990 quand le système soviétique s’est effondré alors que le système dirigé par les USA se renforçait comme résultat de l’effondrement de l’URSS. Ainsi, depuis 1991, la mainmise des USA sur l’UE est devenue plus forte que jamais.
La triste réalité est simple : l’UE est une colonie, dirigée par des marionnettes des USA, qui sont simplement incapables de réagir pour les intérêts essentiels de base des Européens.
L’Europe affronte un crise politique profonde
Jusqu’aux années 1980, il y avait en Europe une opposition de gauche plus ou moins réelle. En Italie et en France, les communistes sont aussi arrivés au pouvoir. Mais aussitôt que le système soviétique s’est effondré, tous les partis de l’opposition européenne se sont évanouis ou ont rapidement coopéré avec le Système. Cela s’est aussi passé aux USA, ou les anciens trotskistes sont devenus des néocons [Eh oui, camarade, le pouvoir est au bout du fusil, NdT] du jour au lendemain. Comme résultat, l’Europe a perdu la petite opposition qui subsiste encore dans l’Empire anglo-sioniste, elle est devenu une zone politiquement pacifiée. Ce que le concept français de pensée unique recouvre a aujourd’hui triomphé, du moins si on en juge d’après les médias dominants. La politique est devenue une sorte de spectacle auto-fabriqué ou des acteurs divers prétendent gérer les différentes situations alors qu’en réalité ils agitent des problèmes artificiels qu’ils sont censés régler – le mariage homosexuel en étant un parfait exemple. La seule force politique courante permise dans l’UE [pour l’instant, NdT] est le séparatisme – écossais, basque, catalan – mais de toute façon il a échoué à produire une alternative efficace.
Dans ce Meilleur des Mondes, aucun des prétendus hommes politiques ne prend en charge un problème réel afin de le contrer directement, mais simplement le glisse sous le tapis jusqu’à la prochaine élection, ce qui inévitablement ne fait qu’empirer les choses. Mais pour les super-seigneurs anglo-sionistes, ce qui se passe importe peu, du moment que leurs propres intérêts n’en sont pas affectés directement.
On pourrait dire en étant très proche de la réalité que le Titanic est en train de sombrer alors que l’orchestre continue à jouer.
Tout le monde hait le capitaine et l’équipage, mais personne ne sait qui pourrait bien le remplacer.
The Saker
Traduit par Gabriel, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone