Un acte d’accusation réfute l’allégation de piratage informatique par la Chine


Par Moon of Alabama – Le 3 janvier 2025

Le 25 octobre 2024, un certain nombre de grands médias ont diffusé une campagne de propagande anti-chinoise lancée par des sources de sécurité nationale américaines.

L’occasion immédiate était un incident au cours duquel un pirate informatique avait eu accès à un certain nombre d’enregistrements d’appels.

NBCnews a titré : 

La Chine a ciblé les téléphones des membres de la campagne de Trump, Vance et Harris, selon des sources

Le FBI et l’Agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures ont déclaré que le gouvernement fédéral menait une enquête.

Une vaste campagne chinoise de piratage des réseaux de télécommunications américains a visé les téléphones du candidat républicain à la présidence, Donald Trump, et de son colistier, le sénateur JD Vance, selon deux sources au fait de l’affaire. Une autre source a déclaré à NBC News que des personnes affiliées à la campagne de la vice-présidente Kamala Harris avaient également été visées.

Le personnel du leader de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, D-N.Y., a également été visé, a déclaré une source démocrate.

Dans un communiqué commun, le FBI et l’Agence pour la cybersécurité et la sécurité des infrastructures ont déclaré que le gouvernement fédéral « enquêtait sur l’accès non autorisé à des infrastructures de télécommunications commerciales par des acteurs affiliés à la République populaire de Chine ».

Le gouvernement américain a récemment conclu que la Chine avait piraté trois entreprises de télécommunications américaines : AT&T, Verizon et Lumen Technologies. Lumen a refusé de commenter. AT&T n’a pas répondu à une demande de commentaire.

Les entreprises de télécommunications conservent les métadonnées de tous les appels passés par l’intermédiaire de leurs réseaux. Ces enregistrements indiquent quel numéro a appelé quel numéro, à quelle heure et à partir de quel endroit. Si l’on a accès à ces enregistrements, on peut rechercher tous les appels qu’un numéro associé à une personne a passés ou reçus. Mais (à moins d’être la NSA), on n’a pas accès au contenu de ces appels.

Il est tout à fait concevable que quelqu’un ait obtenu un accès illégitime aux bases de données des enregistrements d’appels. Cette personne pourrait publier certains enregistrements réels ou en falsifier d’autres pour faire croire qu’une personne a communiqué avec une autre sans que ce soit le cas.

Pour conclure qu’un acteur spécifique, par exemple la Chine, a agi de la sorte, il faut des preuves. Aucun des rapports d’octobre n’en contenait. Les affirmations relatives à l’implication de la Chine reposaient uniquement sur des sources du gouvernement américain.

Les médias ont répété ces affirmations sans aucune réserve.

Ils se sont trompés.

Dix semaines plus tard, les anciens rapports s’effondrent. Un soldat américain est aujourd’hui accusé d’avoir piraté les bases de données des enregistrements de données d’appels et d’en avoir publié des passages, vraisemblablement de son propre chef.

Le New York Post fournit des informations à ce sujet :

Un soldat de l’armée américaine soupçonné d’être lié aux enregistrements téléphoniques piratés de Trump et de Harris vient d’être inculpé par les autorités fédérales

Un soldat de l’armée américaine basé au Texas a été arrêté et inculpé pour avoir vendu des enregistrements téléphoniques confidentiels, y compris des documents prétendument volés au président élu Donald Trump et à la vice-présidente Kamala Harris.

Cameron John Wagenius, 20 ans, a été inculpé par un grand jury de Seattle au début du mois pour deux chefs d’accusation de transfert illégal d’informations confidentielles sur un forum en ligne et sur une plateforme de communication en ligne.

Un pseudonyme en ligne associé à Wagenius aurait été lié à plusieurs cybercrimes très médiatisés, qui ne sont pas détaillés dans l’acte d’accusation.

Wagenius aurait utilisé le pseudonyme « Kiberphant0m » en ligne, pour se vanter d’avoir piraté plus d’une douzaine d’entreprises de télécommunications et d’avoir obtenu des enregistrements d’appels appartenant à Harris et à Trump.

En novembre, Kiberphant0m a publié des relevés d’appels AT&T non vérifiés censés appartenir aux deux candidats à la présidentielle de 2024 et a proposé de vendre les informations volées, selon The Verge.

Aucun fait ne permet d’associer Wagenius à la Chine ou vice versa. Les déclarations d’octobre sur un piratage chinois se sont évanouies. Personne (sauf ce petit blog), et certainement pas NBCnews, ne soulignera jamais que les anciennes déclarations de piratages chinois, faites par des sources de sécurité nationale américaines, n’étaient que des conneries.

Soyez assurés que toutes les autres déclarations, venant de sources de sécurité nationale, concernant des piratages similaires par des acteurs chinois, russes ou iraniens sont susceptibles d’être de la même qualité.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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