Par Moon of Alabama – Le 5 novembre 2017
Aujourd’hui, l’armée arabe syrienne a libéré la ville de Deir Ezzor d’État islamique. Les dernières résistances ont cédé pendant la nuit. Les combattants restants d’EI ont essayé de fuir à travers l’Euphrate vers le nord, vers la zone tenue par les forces américaines. La plupart d’entre eux n’y sont pas arrivés. Il faudra encore quelques jours pour enlever les mines artisanales qui restent dans la ville et pour mettre en sécurité les munitions et les armes abandonnées par État islamique.
Cela faisait cinq ans qu’un contingent de quelque 5 000 à 7 000 soldats et policiers syriens tenait une partie de la ville de Deir Ezzor d’abord contre Jabhat al-Nusra, et ensuite contre l’EI. Ils protégeaient la vie d’environ 100 000 civils. Beaucoup de soldats et de civils sont morts pendant le siège. Malgré ses efforts incessants et le soutien aérien américain, l’EI n’a pas réussi à déloger les forces gouvernementales syriennes. Il y a seulement deux mois, l’Armée arabe syrienne a lancé une opération d’envergure pour venir au secours de la ville. Cela s’est remarquablement bien passé. La défense de Deir Ezzor et le sauvetage de ses habitants mériteraient de figurer dans un roman épique.
Avec la libération de Deir Ezzor, les lignes d’approvisionnement de l’armée syrienne sont sécurisées et elle peut avancer le long de l’Euphrate vers la dernière zone urbaine tenue par État islamique.
Les villes jumelles d’Abu Kamal (al-Bukamal) en Syrie et d’Al-Qaim en Irak sont le dernier refuge urbain d’État islamique. Les villes se situent au sud de l’Euphrate avec un important passage frontalier entre elles. En venant de l’est, les troupes gouvernementales irakiennes ont repris le passage d’Al-Qaim aujourd’hui. Elles contrôlent maintenant la frontière et elles sont en train de rentrer dans la ville proprement dite. Les forces gouvernementales syriennes s’approchent d’Abu Kamal par le nord-ouest et le sud-est. Ces forces doivent encore traverser environ 30 kilomètres de zone désertique. L’EI avait préparé de solides lignes de défense et les progrès de l’armée syrienne ont été plus lents que prévu. Au cours des trois derniers jours, l’armée de l’air russe a mené une intense campagne de bombardements contre les positions d’État islamique. Le Hezbollah libanais a réinjecté plusieurs milliers de combattants en Syrie pour soutenir la campagne. Les forces irakiennes et syriennes sont étroitement coordonnées et vont faire mouvement ensemble pour prendre Abu Kamal dans les deux ou trois prochains jours.
Les forces américaines par procuration stationnées au nord de l’Euphrate ont annoncé qu’elles avaient pris plusieurs champs pétroliers au nord de la rivière et qu’elles progressaient également vers Abu Kamal. Mais il n’y quasiment pas eu de combat. Les États-Unis préfèrent soudoyer les tribus locales de la région avec de l’argent saoudien. Ces tribus avaient auparavant juré allégeance à État islamique et faisaient partie de ses forces. Quand elles changent de camp, les États-Unis prétendent qu’ils contrôlent les terres qu’elles détiennent. Le gouvernement syrien et ses alliés craignent que les États-Unis ne fassent la même chose avec la ville de Bukamal toute entière. Ils pourraient alors prétendre détenir le contrôle du passage frontalier vers l’Irak et couper cette importante voie de communication. C’est la course pour les en empêcher.
Deux journalistes dignes de confiance, Ibrahim Al Amin d’Al-Akhbar et Elijam Magnier d’Al-Rai, ont rapporté qu’un haut responsable de la CIA s’était récemment rendu à Damas pour enquêter sur des membres des services secrets américains disparus. Le fonctionnaire a affirmé que les États-Unis n’avaient pas le projet d’établir de bases permanentes en Syrie et qu’ils étaient là uniquement pour vaincre EI. L’officiel n’a pas dit combien d’années encore cela prendrait pour « vaincre EI ».
Damas se méfie énormément de tout projet américain sur la Syrie et ne baissera pas sa garde. Le haut responsable américain du renseignement n’a pas été reçu par les hauts fonctionnaires du gouvernement syrien. Damas exige un échange diplomatique public avec Washington.
Le gouvernement irakien a rétabli son autorité sur le pays. Il tient à sa souveraineté nationale et au contrôle centralisé du pays. La région kurde du nord devra accepter le contrôle de Bagdad sur les frontières et les relations extérieures. S’ils ne se soumettent pas, les Kurdes irakiens se retrouveront en guerre avec l’armée irakienne, une guerre qu’ils sont sûrs de perdre. Bagdad n’acceptera ni le contrôle iranien, ni le contrôle américain.
Le gouvernement syrien est tout aussi déterminé à reprendre le contrôle de tout le pays. Il n’y aura pas de zones turques, kurdes, jordaniennes ou israéliennes mais une seule Syrie. La guerre continuera jusqu’à ce que ce soit le cas. La Syrie a rejeté la suggestion russe d’une fédération du pays. Moscou a, semble-t-il, accepté la décision syrienne.
La situation dans les autres parties de la Syrie a peu changé au cours des dernières semaines. Les forces turques à Idleb se sont repliées en position défensive autour de la zone kurde d’Efrin. Les forces gouvernementales syriennes préparent, mais n’ont pas encore lancé, une campagne plus large sur Idleb pour déloger les forces d’al-Qaïda qui contrôlent actuellement le gouvernorat. Les forces kurdes du nord-est ont été priées de regagner pacifiquement leurs régions d’origine. S’ils ne le font pas parce qu’ils ont le vain espoir que les États-Unis vont continuer à les soutenir, ils seront attaqués et vaincus par l’État syrien et ses alliés.
2017 a vu la fin d’EI en Syrie et en Irak. 2018 verra la fin d’al-Qaïda en Syrie. 2019 verra, espérons-le, la défaite de l’expansion kurde et de tous les projets étrangers sur la Syrie.
PS : Une petite anecdote reflète la fin de la campagne de propagande sur les « rebelles modérés ». Un réalisateur syrien de l’opposition formé récemment aux États-Unis a mis en scène une fausse tentative d’assassinat contre lui-même. Il voulait en accuser le régime syrien et gagner de l’argent pour financer d’autres fausses œuvres de propagande. The Guardian et d’autres médias de #fakenews s’y sont laissé prendre : Un cinéaste syrien qui fait un film sur la torture en prison survit à une « tentative d’assassinat ». C’était un coup publicitaire comme la plupart du matériel fourni par les « rebelles ». Il semble que cette production, la dernière de toutes celles qui pendant des années ont été vendues comme la « vérité » vraie aux Occidentaux, a finalement eu le sort quelle méritait.
Traduction : Dominique Muselet