Par Jose Marti − Le 13 octobre 2024 − Source Le Saker Francophone
Il est monnaie courante dans la communauté des médias alternatifs français de désigner comme castors les masses électorales qui portent l’inertie du pays en « faisant barrage aux extrêmes ». Nous allons voir que cette désignation est trompeuse.
On a commencé à beaucoup utiliser la désignation de « castors » envers les électeurs qui « font barrage aux extrêmes » avec les élections de 2017, et ce à chaque élection depuis lors. En réalité le phénomène est évidemment plus ancien, puisque le second tour de l’élection présidentielle de 2002 était déjà un épisode très marquant du phénomène.
Il s’agit à chaque fois du même processus, qui est permis par le fonctionnement à deux tours de nos élections. Les médias, après s’en être accommodés pendant des années, désignent le parti « opposant » comme « dangereux extrême » et l’électeur va voter pour lui faire barrage. On a vu que le plus souvent, c’est le Rassemblement National qui est ainsi utilisé comme repoussoir. Mais l’on constate bien que, si la France Insoumise se hissait au second tour, le système médiatique et politique la désignerait comme « menace extrémiste » à sa place.
Le castor est une sorte de rat d’eau, qui fait vivre sa famille en construisant des digues, barrages le long des cours d’eau. Il entretient une relation avec son écosystème et contribue à un certain équilibre. À cet égard, désigner les masses électorales sous ce terme est faux. L’électeur en question n’entretient aucune réelle pensée politique, il est simplement un mort-vivant politique, un zombie, manipulable à souhait, tantôt pour faire barrage tantôt à l’extrême-droite, tantôt à l’extrême-gauche. Il n’entretient aucune relation avec un écosystème, et n’a aucune pensée à nourrir.
Emmanuel Todd avait introduit la comparaison de zombies, avec le phénomène « Je suis Charlie« , au moment du « flash totalitaire » qui avait suivi les attentats du Bataclan en 2015. Nous pensons que cette désignation est nettement mieux adaptée, ici également.
La désignation de zombie est tout à fait adaptée à ce « corps » politique :
- Il n’est dangereux que par sa masse. Un individu seul est aisé à négliger ou à contourner, c’est son agglomération en horde, sortie de nulle part, qui fait son poids dans le « jeu ».
- Il n’a pas besoin d’être nourri pour agir. Comme dans un film de zombies, il se meut sans jamais mourir de lui-même, sans apport d’aucune sorte. Il n’y a pas de doctrine, pas d’idée. Il s’agit d’un corps manipulable à souhait. Comme dans un film de zombies, faites un peu de bruit à droite ou à gauche, et il va se diriger dans la direction souhaitée et vous laisser le champ libre.
- Il tient à peine debout, mais se relève toujours. Sa démarche est précaire et bancale, il ne sait pas où il va. Mais à chaque élection, vous pouvez compter sur lui pour se lever et aller poser un bulletin dans l’urne, de manière totalement automatique et programmée.
- Son statut est désespéré et inéluctable. Il n’y a pas de remède au statut de zombie. Avez-vous essayé de discuter avec ce type d’électeur ? C’est le même processus qu’essayer de négocier avec un mort-vivant
Qui est à blâmer ?
On peut conspuer les médias, la classe politique, la fausseté des oppositions. En fin de compte, tout cela n’est permis que par l’apathie d’un peuple entier, qu’il est difficile d’expliquer et d’accepter. C’est bien parce que nous, collectivement, avons laissé prospérer ces élites qu’elles nous dominent aujourd’hui.
En fin de compte, il est frappant de constater comme ce corps de zombies est proche de la perception du peuple qu’entretient la classe « élitaire » au pouvoir. Il est patent que cette classe considère le peuple dans son ensemble comme un cheptel de bétail, exploitable à l’envi, incapable de décider pour lui-même. On aura vu, d’un côté, le mouvement des Gilets Jaunes, par exemple, se lever contre cette idée, et se désigner comme souverain. Et de l’autre côté, en exacte opposition, on a ce corps électoral de zombies, qui en quelque sorte revendique ce statut d’apathie, de passivité, et de « Je suis Manipulable ». Un mouvement pour la vie, et un mouvement déjà mort.
Il apparaît en tous cas que le processus électoral ne permettra plus à notre pays de se relever, et que d’autres phénomènes auront à se produire si la France doit retrouver un semblant de souveraineté et de dignité. Nous vivons une désagréable fin de cycle. Espérons avoir le privilège de contribuer au démarrage du prochain, il n’en tient qu’à nous-mêmes.
José Martí
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