Par Wayan – Le 14 aout 2023 – Le Saker Francophone
Le Niger et le terrorisme
Il semble, pour l’instant, que la menace d’attaque militaire lancée la semaine dernière par la Cédéao ne fut qu’une tentative d’intimidation ratée. Car tous les pays de la région auraient trop à perdre dans une telle attaque.
Mais il est possible que la rétorsion se fasse par le biais d’attaques terroristes intensifiées, comme le pense Andrew korybko :
« La semaine dernière, les médias occidentaux ont affirmé que les attaques terroristes avaient diminué au Niger pendant cette période, alors qu’elles avaient augmenté au Mali et au Burkina Faso, mais la révélation susmentionnée et tout ce qu’elle implique suggèrent qu’il se passait quelque chose d’infâme dans les coulisses. Il se pourrait très bien que les États-Unis et la France lui aient demandé de faire la paix avec les terroristes afin qu’ils puissent utiliser le Niger comme base pour déstabiliser les juntes militaires patriotiques du Mali et du Burkina Faso.
Cela expliquerait la baisse des attaques terroristes au Niger alors qu’elles se sont multipliées dans ces deux pays voisins au cours de la même période. Ceux-là mêmes que Bazoum qualifie de criminels de guerre barbares n’auraient aucune raison de s’en prendre à son régime s’il s’était allié à eux à la demande de ses protecteurs occidentaux pour les aider à se développer au Mali et au Burkina Faso. Les États-Unis et la France pourraient avoir accepté ce marché faustien dans le cadre de leur guerre par procuration contre la Russie en Afrique, qui a été expliquée ici, ici et ici. »
C’est ici le moment d’aborder une thèse qui circule dans de nombreux pays africains et moyen orientaux subissant le terrorisme et que Korybko prend comme hypothèse dans son analyse : les services secrets occidentaux se servent régulièrement des jihadistes, qui ne sont autres que des mercenaires musulmans, pour déstabiliser les gouvernements récalcitrants ou considérés ennemis.
Bien sûr, cette thèse provoque immédiatement des réactions indignées des gouvernements et est directement étiquetée « théorie du complot » par les médias, ce qui permet de la balayer d’un revers de la main et de continuer à penser confortablement « une démocratie occidentale ne ferait jamais une telle chose ». Une pensée confortable pour un esprit occidental mais une pensée bien naïve. Ayons donc ici le courage d’examiner un peu plus une telle thèse.
Les premiers faits documentés de l’utilisation du phénomène jihadiste par les Etats-Unis remontent aux années 80 quand les services secrets étasuniens utilisent le groupe encore inconnu qu’est Al Qaida pour attaquer le gouvernement afghan, d’obédience communiste, et entrainer l’URSS dans le bourbier afghan.
C’est Brezinski lui-même qui, 20 ans plus tard, le confesse dans une interview :
« Q : Robert Gates, ancien directeur de la CIA, raconte dans ses mémoires (From the Shadows), que le renseignement américain a commencé à aider les moudjahiddins en Afghanistan six mois avant l’intervention soviétique. Vous étiez à cette époque le conseiller à la Sécurité nationale du Président Carter. Est-il exact que vous avez joué un rôle dans cette affaire ?
Brzezinski : En effet. Selon la version officielle, l’aide de la CIA aux moudjahiddin a commencé au cours de l’année 1980, autrement dit, après que les Soviétiques eurent envahi l’Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais en réalité, et le secret a été bien gardé jusqu’à présent [l’interview date de janvier 1998, NdT], c’était tout l’inverse : c’est le 3 juillet 1979 que le Président Carter a signé la première directive pour une aide secrète aux opposants du régime pro-soviétique de Kaboul. Et c’est ce jour-là que j’ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquai qu’à mon avis cette aide allait provoquer une intervention militaire soviétique. »
https://lesakerfrancophone.fr/brzezinski-comment-jimmy-carter-et-moi-avons-cree-les-moudjahiddin
Puis l’aide aux jihadistes s’est poursuivi pour infliger une défaite aux armées soviétiques venues à la rescousse du président afghan. Wikipedia lui-même a une page, non traduite en français, dédiée à cette affaire :
« Dans un article de 2004 intitulé « Al-Qaeda’s origins and links », la BBC écrit que « [d]urant la guerre antisoviétique, Ben Laden et ses combattants ont reçu des fonds américains et saoudiens. Certains analystes pensent que Ben Laden lui-même a reçu une formation à la sécurité de la part de la CIA[4].
Dans un article paru dans The Guardian, Robin Cook, ministre britannique des affaires étrangères de 1997 à 2001, a déclaré que :
Ben Laden était cependant le produit d’une monumentale erreur de calcul de la part des agences de sécurité occidentales. Tout au long des années 80, il a été armé par la CIA et financé par les Saoudiens pour mener le djihad contre l’occupation russe de l’Afghanistan. Al-Qaida, littéralement « la base de données », était à l’origine le fichier informatique des milliers de moudjahidines recrutés et entraînés avec l’aide de la CIA pour vaincre les Russes[5].
Selon le journaliste Ahmed Rashid, en 1986, Ben Laden « a aidé à construire le complexe de tunnels de Khost, que la CIA finançait comme un important dépôt d’armes, un centre d’entraînement et un centre médical pour les moudjahidines »[6] Bien que Ben Laden ait affirmé ailleurs que « les [Américains] n’ont pas eu de rôle notable »[7] et « mentent quand ils disent qu’ils ont coopéré avec nous » pendant la guerre soviéto-afghane[8], Ben Laden lui-même a déclaré lors d’une interview en 1995 que « les Américains n’ont pas joué de rôle dans la guerre soviéto-afghane »[9] :
Pour contrer ces Russes athées, les Saoudiens m’ont choisi comme représentant en Afghanistan, […] je me suis installé au Pakistan dans la région frontalière afghane. J’y ai reçu des volontaires venus du Royaume saoudien et de tous les pays arabes et musulmans. J’ai établi mon premier camp où ces volontaires ont été formés par des officiers pakistanais et américains. Les armes étaient fournies par les Américains, l’argent par les Saoudiens[6][9].
Dans The New Jackals, le journaliste britannique Simon Reeve, citant une « source de renseignement pakistanaise de haut rang et un ancien responsable de la CIA », écrit que « [les agents américains] ont armé les hommes [de Ben Laden] en leur permettant de payer des armes de base à des prix défiant toute concurrence » et que « des émissaires américains se seraient rendus au Pakistan pour y rencontrer des dirigeants moudjahidin… ». [Un ancien responsable de la CIA] suggère même que les émissaires américains ont rencontré directement Ben Laden et que c’est Ben Laden, agissant sur les conseils de ses amis des services de renseignements saoudiens, qui a suggéré pour la première fois que les moudjahidines reçoivent des Stingers »[10].
Avant la formation d’Al-Qaïda en 1988, Ben Laden (entre autres) dirigeait une organisation précurseur connue sous le nom de Maktab al-Khidamat (MAK). Le journaliste d’investigation Joseph Trento écrira, en citant un « ancien officier de la CIA qui a effectivement rédigé ces rapports », que « l’argent de la CIA était en fait acheminé vers le MAK, puisqu’il recrutait de jeunes hommes musulmans pour qu’ils rejoignent le djihad en Afghanistan »[11]. « De même, Michael Moran, de NBC, affirme que « le MAK a été nourri par les services de sécurité de l’État pakistanais, l’agence Inter-Services Intelligence, ou ISI, principal canal de la CIA pour mener la guerre secrète contre l’occupation moscovite »[12].
Michael Springmann, fonctionnaire consulaire au consulat américain de Djeddah, en Arabie saoudite, de 1987 à 1989, déclarera avoir délivré plus d’une centaine de visas à des candidats non qualifiés sous la pression de ses supérieurs au département d’État, affirmant avoir appris que les visas étaient destinés à des militants recrutés par la CIA et Ben Laden à des fins d’entraînement [13][14]. »
https://en.wikipedia.org/wiki/Allegations_of_CIA_assistance_to_Osama_bin_Laden
Ces détails donnés par des personnes directement impliqués montrent bien que ce n’est pas une « théorie du complot », comme le proclament médias et dirigeants. Pour ceux qui veulent aller plus en profondeur, cet article détaille l’historique d’Al Qaida :
« Cette série en trois parties sur « L’anatomie impériale d’Al-Qaïda » examine les origines historiques géopolitiques et la nature de ce que nous appelons aujourd’hui al-Qaïda, qui est en fait un réseau de renseignement anglo-américain d’actifs terroristes utilisés pour faire avancer les États-Unis et les objectifs impériaux de l’OTAN dans diverses régions du monde.
La première partie examine les origines du réseau de renseignement connu sous le nom de Safari Club, qui a financé et organisé un conglomérat international de terroristes, le rôle de la CIA dans le commerce mondial de la drogue, l’émergence des talibans et les origines d’Al-Qaïda. »
Je rappelle aux non anglophones que le traducteur DeepL fait un bon travail de traduction.
Un autre fait documenté est l’aide au groupe terroriste iranien MEK dans sa lutte contre le gouvernement iranien. Au début il était considéré comme « groupe terroriste » par le département d’Etat étasunien lui-même :
« Les partisans du MEK affirment que le groupe a été interdit par l’administration Clinton dans le but d’apaiser le gouvernement iranien. Le département d’État américain, qui décide des groupes à inclure dans la liste des organisations terroristes désignées, met en avant une histoire longue et sanglante.
Le MEK a mené une campagne de bombardements en Iran contre le régime du Shah dans les années 1970. Les cibles étaient parfois américaines, notamment le bureau d’information des États-Unis, Pepsi Cola, PanAm et General Motors. Le groupe dénonçait régulièrement le sionisme et « l’Israël raciste » et appelait à « tuer l’Amérique ».
En 1992, un rapport du département d’État a identifié le MEK comme responsable de l’assassinat de six Américains en Iran dans les années 1970. Il s’agissait de trois officiers militaires et de trois hommes travaillant pour Rockwell International, un conglomérat spécialisé dans l’aérospatiale et l’armement, qui ont été assassinés en représailles à l’arrestation de membres du MEK pour le meurtre des officiers militaires américains.
Le MEK a soutenu avec enthousiasme la prise de l’ambassade américaine à Téhéran à la suite de la révolution iranienne. Il a qualifié la libération des otages américains de « capitulation ».
Après s’être brouillé avec les nouveaux dirigeants iraniens, dirigés par l’ayatollah Khomeini, le MEK a lancé une campagne d’attentats à la bombe contre le gouvernement islamique. En 1981, il a attaqué le siège du parti de la République islamique, tuant 74 hauts fonctionnaires, dont le chef du parti, et 27 membres du parlement. Quelques mois plus tard, il a fait exploser une bombe lors d’une réunion du conseil national de sécurité de l’Iran, tuant le président et le premier ministre de l’Iran.
Le département d’État a décrit le MEK comme ayant semé la terreur dans tout le pays au cours des années suivantes et comme étant à l’origine de « violentes attaques en Iran dont les victimes sont des civils ».
« Depuis 1981, les [MEK] ont revendiqué le meurtre de milliers d’Iraniens qu’ils décrivent comme des agents du régime », indique le rapport.
Les attentats à la bombe se sont poursuivis dans les années 1990, notamment sur la tombe de Khomeini et contre des raffineries de pétrole. »
https://www.theguardian.com/politics/2012/sep/21/qanda-mek-us-terrorist-organisation
Puis, soudainement, ce groupe est passé du statut de terroriste à celui d’allié des Etats Unis contre le gouvernement iranien
« Voici comment le MEK iranien est passé de la liste des organisations terroristes américaines aux salles du Congrès
Décrit par ses détracteurs comme une « secte », le groupe d’opposition iranien est désormais salué par de hauts responsables américains comme une alternative au gouvernement iranien….
Une fois sorti d’Irak, le MEK a commencé à se réinstaller en Albanie en 2013. Un an plus tôt, l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait retiré le groupe de la liste noire des organisations terroristes du département d’État – 15 ans après son inscription initiale -, permettant ainsi à ses membres de travailler ouvertement aux États-Unis.
Lors du débat sur la légalisation du MEK aux États-Unis, Elizabeth Rubin, collaboratrice du New York Magazine, a prévenu à l’avance que le groupe pourrait utiliser son nouveau statut pour entraîner Washington dans une guerre contre Téhéran.
« Si le groupe est retiré de la liste des organisations terroristes, il pourra librement faire pression sur le gouvernement américain sous le couvert d’un mouvement démocratique iranien », écrivait-elle en 2011, comparant cette situation à l’influence exercée par les exilés irakiens sur la décision des États-Unis d’envahir l’Irak.
« L’histoire récente a montré que les États-Unis finissent souvent par soutenir à tort et à travers non seulement les mauvais groupes d’exilés au Moyen-Orient, mais aussi les moins pertinents. » »
https://www.middleeasteye.net/big-story/Iranian-MEK-US-terror-list-halls-congress-PMOI-Iran
« Le passé sordide du MEK montre clairement pourquoi les seuls amis qui lui restent sont les nations occidentales et leurs alliés qui recherchent un changement de régime à Téhéran. Le groupe était heureux de jouer ce rôle et de soutenir cette cause en échange de protection et de ressources.
Le MEK est rapidement devenu un outil pour toutes les entités anti-iraniennes qui cherchent à renverser le gouvernement de Téhéran, y compris Israël, qui se coordonne régulièrement avec le MEK et utilise l’organisation comme une sorte de blanchisseur de renseignements pour divulguer des informations au public sans les créditer. L’exemple le plus marquant de cette relation a été la diffusion d’informations par le MEK qui prétendaient prouver que l’Iran développait une technologie d’armement nucléaire. Bien que ces allégations se soient révélées fausses, ce qui les a rendues encore plus infâmes, c’est que ces informations auraient été communiquées au MEK par le Mossad.
Le MEK est également soupçonné d’être à l’origine de l’assassinat de scientifiques nucléaires civils iraniens, pour lequel il a été formé par le Mossad, au cours d’une période où le groupe était abrité dans le camp militaire américain d’Achraf en Irak et aurait été autorisé à poursuivre des activités terroristes secrètes en Iran.
Le MEK a également continué à soutenir d’autres projets israéliens. En Syrie, le MEK a diffusé des « renseignements » sur la lutte pour Alep et d’autres zones de conflit dans le pays. Le groupe, qui était auparavant condamné par les politiciens américains des deux bords, est soudainement devenu la coqueluche de l’establishment néoconservateur, rencontrant tout le monde, de Newt Gingrich à Rudy Giuliani, et accueillant une délégation sénatoriale qui s’est déplacée pour rencontrer les membres du groupe vivant en Albanie. »
https://www.mintpressnews.com/mek-revolutionary-group-imperialist-asset/236653/
Une des techniques de blanchiment du MEK est de dire qu’il n’organise plus d’attentat terroriste. Pourtant l’Iran en subit encore régulièrement, mais cette fois ce serait Etat Islamique qui les organise :
« Au moins 15 personnes ont été tuées et 40 autres ont été blessées mercredi lors d’une « attaque terroriste » au sanctuaire de Shahcheragh dans la ville de Shiraz, dans le sud de l’Iran, selon les médias d’État et les autorités iraniennes.
Deux enfants figurent parmi les victimes, selon la chaîne publique Press TV.
Les forces de sécurité iraniennes ont arrêté deux des attaquants présumés, et une chasse à l’homme est en cours pour capturer un troisième, selon les médias d’État.
Le groupe terroriste ISIS a revendiqué l’attaque, publiant une déclaration par l’intermédiaire de son agence de presse affiliée Amaq, selon laquelle l’un de ses membres a « ciblé des groupes d’infidèles sunnites à l’intérieur du sanctuaire avec sa mitrailleuse, causant la mort de dizaines d’entre eux ».
L’agence de presse Nour, qui est affiliée au principal organe de sécurité iranien, a déclaré que les suspects étaient des ressortissants étrangers. »
https://edition.cnn.com/2022/10/26/middleeast/iran-terror-attack-intl/index.html
Justement, il y a de nombreux indices concordants montrant que, dans sa tentative de renverser Bachar Al Assad, une alliance occident/pays arabes a créé le groupe Etat Islamique/ISIS qui est apparu un peu avant que la guerre contre la Syrie soit lancée, dans des Toyotas toutes neuves, des uniformes tous frais et armés jusqu’aux dents, tout cela financé par qui ?
« La Maison Blanche a pris la décision d’aider les rebelles armés en Syrie malgré les avertissements des services de renseignements prévoyant l’avènement du groupe État islamique.
Dans le dernier épisode d’Head to Head sur Al Jazeera, l’ancien directeur de la Defense Intelligence Agency (DIA), Michael Flynn, confirme au journaliste Medhi Hasan qu’il a non seulement bien étudié le rapport de la DIA prédisant que l’Occident soutenait l’idée d’un État islamique en Syrie lorsque ce dossier lui fut soumis en 2012, mais prétend même que le sponsoring de djihadistes radicaux (qui deviendront EI et Nusra) par la Maison Blanche pour contrer le régime syrien fut une décision délibérée. »
https://lesakerfrancophone.fr/un-aveu-de-la-dia-le-monstre-etat-islamique-est-une-creature-us
« L’ancien président afghan Hamid Karzaï a qualifié mercredi le groupe terroriste État islamique d’« outil » des États-Unis et a rejeté les critiques à l’encontre de la Russie pour ses liens avec les talibans et ses efforts pour engager le groupe militant dans des pourparlers de paix.
« Même si les États-Unis ont largué la bombe sur l’Afghanistan, cela n’a pas éliminé Daesh », a déclaré Karzaï, faisant référence à l’attaque faite avec la « mère de toutes les bombes [MOAB] », la semaine dernière contre État islamique.
« Je considère Daech comme leur outil », a déclaré Karzaï à l’agence de presse afghane VOA dans une interview exclusive à Kaboul, en utilisant l’acronyme arabe pour IS. « Je ne fais aucune différence entre Daech et l’Amérique. »
« La vérité troublante est que moi et la plupart des soldats professionnels de l’armée post-11 septembre n’ont presque jamais combattu l’ennemi qui avait attaqué les États-Unis en premier lieu : al-Qaïda. Les troupes américaines ont passé une grande partie de ces deux dernières décennies à lutter contre des fermiers afghans, des milices tribales africaines, des islamistes arabes locaux et diverses franchises d’État islamique − le véritable monstre de Frankenstein de la guerre mondiale contre le terrorisme.
Je raconte cette triste histoire dans un but précis : avertir. Pour mettre en garde contre les interventions à courte vue ou le fait de travailler avec négligence par le biais des mandataires régionaux.
L’ami commode d’aujourd’hui est trop souvent l’ennemi juré de demain.
Nous récoltons ce que nous semons dans un Moyen-Orient houleux où le plus souvent les États-Unis sèment le chaos. »
https://lesakerfrancophone.fr/absurdite-en-boucle-tuer-les-islamistes-que-nous-creons
Pour ceux qui veulent aller plus en profondeur sur ce sujet, voici d’autres textes en français compilés ici et ici
Il existe donc suffisamment d’indices pour au moins garder un doute raisonnable sur la possibilité que de tels tactiques de guerre hybride soient aussi utilisées en Afrique, par la France et les Etats-Unis, contre les gouvernements récalcitrants et considérer l’analyse de Korybko comme très probable :
« Au lieu de combattre les mêmes terroristes “dont la barbarie a dépassé toutes les limites” et qu’il a accusés de “commettre de véritables crimes de guerre“, Bazoum a fini par accueillir certains de ces mêmes criminels de guerre barbares au palais présidentiel, ce qui fut un crachas au visage de chacune des victimes de ces terroristes. L’influent Financial Times britannique l’a même félicité pour cette politique et a cité des responsables occidentaux qui pensaient la même chose dans son article de juillet intitulé “Niger : le rempart de l’Occident contre les djihadistes et l’influence russe en Afrique“.
L’article est payant mais peut être lu ici pour ceux qui sont intéressés. L’intérêt d’attirer l’attention sur cet article est de montrer que l’Occident a malhonnêtement présenté sa capitulation face aux terroristes comme une victoire antiterroriste, ce qui discrédite son dernier discours selon lequel son retour au pouvoir est nécessaire pour éviter que la région ne tombe sous le coup de cette menace. En outre, cela suggère également que cela a été fait avec l’approbation des Américains et des Français, ce qui signifie que leurs missions militaires officielles “antiterroristes” sur place n’étaient rien d’autre qu’une ruse. »
C’est le gouvernement malien issu du dernier coup d’Etat qui a d’abord lancé de telles accusations contre la France :
« Lors d’une initiative historique, le gouvernement malien a écrit une lettre de protestation aux Nations unies accusant la France de fournir du renseignement aux groupes terroristes au Mali dans le cadre d’une tentative de renversement de la junte actuelle. Les médias français réfutent unanimement ces accusations mais ont-ils une quelconque crédibilité ? Un coup d’œil rapide à l’implication de la France dans la région depuis plus de dix ans va démontrer que les accusations du Mali sont convaincantes et hautement crédibles. »
https://afriquemedia.tv/2022/09/20/la-france-soutient-elle-le-terrorisme-au-mali/
« Les représentants de la France et du Mali se sont lancés des piques lors du Conseil de sécurité des Nations unies, Bamako demandant en vain depuis des mois une réunion spéciale de l’Onu en accusant la France de soutenir les terroristes, ce que Paris réfute.
La réunion ordinaire du Conseil de sécurité de l’Onu qui s’est tenue à New York le 18 octobre a tourné en clash diplomatique entre la France et le Mali. Les relations entre ces deux pays sont au plus bas depuis plus d’un an. »
Enfin, cette semaine, les putschistes nigériens ont lancé des accusations similaires :
« Dans un communiqué, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), accuse la France, de « planifier un désordre sécuritaire » dans le but « de discréditer le CNSP et créer une rupture avec le peuple nigérien ».
Les putchistes donnent ainsi l’exemple de « 16 terroristes prisonniers libérés de façon unilatérale par la France ». Selon la junte, ils se seraient ensuite retrouvés pour préparer des attaques dans la zone des trois frontières. »
« Les « forces françaises ont fait décoller » mercredi de N’Djamena, au Tchad, « un avion militaire » à « 6H01 locales », indique un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir au Niger, ajoutant: « Cet aéronef a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l’entrée de notre espace de 6H39 à 11H15 locales ».
Dans le même communiqué, le CNSP accuse Paris d’avoir « d’une facon unilatérale libéré des terroristes prisonniers », le mot « terroriste » désignant des jihadistes armés.
Après leur libération, ces jihadistes ont participé à « une réunion de planification » d’une attaque « de positions militaires dans la zone des trois frontières » entre Niger, Burkina Faso et Mali, dans l’ouest nigérien, ajoute le CNSP.
Sans faire de lien direct avec cette « libération » de jihadistes prisonniers, il annonce dans le même communiqué que, mercredi matin, « la position de la garde nationale de Boukou », dans la zone des trois frontières, « a fait l’objet d’une attaque dont « le bilan n’est pas encore établi ».
« Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays », affirme le CNSP, dont le but est de le « discréditer » et de « créer une rupture avec le peuple qui le soutient, de créer un sentiment d’insécurité généralisée ».
En conséquence, il est demandé aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de « relever leur niveau d’alerte sur l’ensemble du territoire » et « au peuple de rester mobilisé et vigilant ». »
https://fr.africanews.com/2023/08/09/niger-la-junte-accuse-la-france-davoir-libere-des-terroristes/
Evidemment la France dément :
« Des « accusations infondées » fermement démenties par la France. Dans un communiqué commun, les ministères des Affaires étrangères et de la Défense français expliquent que les militaires positionnés au Niger le sont pour lutter contre les groupes terroristes. Et ils rappellent que cela s’est fait au péril de la vie de plusieurs soldats français. »
Nous verrons bien si le Niger est soumis à une vague terroriste dans les semaines qui viennent.
Il faut quand même préciser ici que le phénomène jihadiste existe bien en tant que tel. Des jeunes musulmans au ban de la société sont manipulés ou rémunérés, par d’autres musulmans plus âgés, pour leur faire croire qu’ils trouveront l’espoir dans le jihad. Le terrorisme islamique existe bel et bien.
Ce que les indices ci-dessus montrent est que ce phénomène est récupéré par certains gouvernements comme un outil pour déstabiliser des pays dans leur ligne de mire. De plus, l’évident retour de bâton de ces manipulations, c’est-à-dire des attentats terroristes sur leur sol même, comme en France par exemple, ne les empêche pas du tout de continuer à pratiquer ce dangereux double jeu.
Le Golfe Persique
« Plus de 3 000 soldats américains sont arrivés en mer Rouge à bord de deux navires de guerre, dans le cadre d’un nouveau déploiement visant à dissuader l’Iran de s’emparer de pétroliers, a annoncé lundi 7 août la marine américaine. »
« Selon l’armée américaine, l’Iran a saisi ou tenté de s’emparer de près de 20 navires battant pavillon international dans la région ces deux dernières années. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs incidents dans le golfe Persique entre la marine des Gardiens de la révolution et des navires américains. »
Il semble que le trafic en tout genre soit important dans le secteur :
« « Le corps des Gardiens de la révolution islamique a saisi par la force un navire marchand probablement impliqué dans des activités de contrebande et transitant par le Golfe (…) dans les eaux internationales », a indiqué dans un communiqué la 5ᵉ flotte américaine, basée à Bahreïn. »
L’Iran dit qu’elle ne fait que son devoir de police régionale, dans une région qui attire la piraterie. Il est à noter qu’aucun des pays riverains du Golfe Persique ne s’en plaint. Ils sont au contraire en train de renouer des relations de bon voisinage avec l’Iran, comme nous l’avons vu il y a quelques semaines.
Voici la version de Press TV, le media iranien anglophone :
« Cette décision a été prise après que la marine américaine a accusé l’Iran d’avoir « attaqué, saisi ou tenté de saisir » près de 20 navires marchands battant pavillon international dans la région au cours des deux dernières années.
Toutefois, malgré les affirmations de Washington, la marine du Corps des gardiens de la révolution islamique a déjoué ces dernières années plusieurs attaques contre des pétroliers iraniens et étrangers dans la région stratégique du golfe Persique et dans d’autres zones de haute mer.
La marine du CGRI a également confisqué plus de 50 millions de litres de carburant de contrebande, principalement du diesel, au cours de diverses missions l’année dernière.
L’Iran considère les navires militaires américains qui rôdent dans les eaux du golfe Persique comme une menace pour sa sécurité et une source de tension et d’instabilité dans la région.
Abolfazl Shekarchi, porte-parole des forces armées iraniennes, a déclaré samedi que la sécurité du golfe Persique, de la mer d’Oman et de l’océan Indien n’avait rien à voir avec les États-Unis. »
On en revient toujours au fait que les Etats Unis ne peuvent se défaire de leur attitude auto proclamée de « gendarmes du monde ».
Le Pakistan
Mais il n’y a pas que dans le Golfe Persique que cette attitude se fait sentir. Au moment où le Pakistan est en pleine lutte politique fratricide :
« Le gouvernement pakistanais et le parlement ont été dissous mercredi 9 août, a annoncé la présidence, avant des élections qui selon les autorités pourraient n’être organisées que l’an prochain. Dans l’attente, un gouvernement intérimaire, dirigé par des technocrates, sera chargé de superviser le scrutin qui devrait se tenir sans l’homme politique le plus populaire du pays, Imran Khan.
Le pays connaît des remous politiques depuis que l’ex-Premier ministre Imran Khan a été écarté du pouvoir en avril 2022. Dernier événement en date : la condamnation pour corruption samedi du septuagénaire et son emprisonnement, après des mois de répression à l’encontre de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI). »
Le média The Intercept publie un document fuité par un militaire pakistanais anonyme qui révèle les pressions étasuniennes à la base de ces remous politiques :
« LE DÉPARTEMENT D’ÉTAT DES ÉTATS-UNIS a encouragé le gouvernement pakistanais, lors d’une réunion tenue le 7 mars 2022, à démettre Imran Khan de ses fonctions de premier ministre en raison de sa neutralité face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, selon un document classifié du gouvernement pakistanais obtenu par The Intercept.
Cette réunion, qui s’est tenue entre l’ambassadeur du Pakistan aux États-Unis et deux fonctionnaires du département d’État, a fait l’objet d’un examen minutieux, de controverses et de spéculations au Pakistan au cours de l’année et demie écoulée, les partisans d’Imran Khan et ses opposants militaires et civils s’étant disputé le pouvoir. La lutte politique s’est intensifiée le 5 août lorsque Khan a été condamné à trois ans de prison pour corruption et placé en détention pour la deuxième fois depuis son éviction. Les défenseurs de Khan rejettent les accusations comme étant sans fondement. La condamnation empêche également Khan, l’homme politique le plus populaire du Pakistan, de se présenter aux élections prévues au Pakistan dans le courant de l’année.
Un mois après la réunion avec des responsables américains décrite dans le document du gouvernement pakistanais qui a fait l’objet d’une fuite, un vote de défiance a été organisé au Parlement, ce qui a conduit à l’éviction de Khan du pouvoir. Ce vote aurait été organisé avec le soutien de la puissante armée pakistanaise. Depuis lors, Khan et ses partisans se sont engagés dans une lutte avec l’armée et ses alliés civils, qui, selon Khan, ont organisé sa destitution à la demande des États-Unis.
Le texte du câble pakistanais, rédigé par l’ambassadeur à l’issue de la réunion et transmis au Pakistan, n’a jamais été publié auparavant. Ce câble, connu en interne sous le nom de « cypher », révèle à la fois les carottes et les bâtons que le département d’État a déployés dans sa campagne contre Khan, promettant des relations plus chaleureuses si Khan était démis de ses fonctions, et l’isolement s’il ne l’était pas.
Le document, qualifié de « secret », comprend un compte rendu de la réunion entre des fonctionnaires du département d’État, notamment le secrétaire d’État adjoint chargé du bureau des affaires de l’Asie centrale et du Sud, Donald Lu, et Asad Majeed Khan, qui était à l’époque l’ambassadeur du Pakistan aux États-Unis.
Le document a été fourni à The Intercept par une source anonyme de l’armée pakistanaise qui a déclaré n’avoir aucun lien avec Imran Khan ou le parti de ce dernier. The Intercept publie ci-dessous le corps du câble, en corrigeant les fautes de frappe mineures dans le texte, car ces détails peuvent être utilisés pour filigraner les documents et suivre leur diffusion. »
https://theintercept.com/2023/08/09/imran-khan-pakistan-cypher-ukraine-russia/
Je rappelle aux non anglophones que le traducteur DeepL fait un bon travail de traduction.
L’armée pakistanaise et l’armée étasunienne entretiennent des liens étroits depuis longtemps, en particulier pendant la guerre d’Afghanistan ou le Pakistan servait de base logistique arrière pour le ravitaillement de l’armée étasunienne en Afghanistan.
Par contre, pour des raisons économiques, le gouvernement civil pakistanais a aussi accepté d’héberger un important couloir logistique de la Nouvelle route de la soie chinoise. Evidemment les chinois travaillant sur ce projet ont dû subir les attaques terroristes d’Etat Islamique :
« Poussée par la revendication d’État islamique prétendant avoir tué deux enseignants chinois enlevés, le Pakistan renforce la sécurité autour des citoyens chinois qui affluent dans le pays pour cause de construction de la nouvelle Route de la soie chinoise.
La Chine a souvent exhorté le Pakistan à améliorer sa sécurité après avoir engagé environ 57 milliards de dollars US pour construire des centrales électriques, des chemins de fer et des routes qui traverseront l’Himalaya pour relier l’ouest de la Chine au port pakistanais de Gwadar, sur la mer d’Arabie. »
Car ce projet chinois ne plait pas aux Etats Unis :
« Les États-Unis cooptent l’Inde comme un partenaire à part entière, dans une stratégie de rééquilibrage qui évidemment oppose l’Inde à la Chine et au Pakistan. Les Américains comptent que l’Inde se joigne à leur effort pour perturber le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) et contrecarrer la stratégie de la Chine et de la Russie pour créer un bloc économique eurasien.
La guerre en Afghanistan devient le parfait alibi pour renforcer la présence militaire américaine dans la région, le but du jeu étant d’intimider le Pakistan et de briser son axe avec la Chine. Cette poussée de la politique américaine correspond aussi aux intérêts de l’Inde. »
https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-dechainent-les-chiens-de-guerre-en-afghanistan
Et là encore, les Etats Unis utilisent, comme en Iran et en Syrie, des extrémistes venant de régions séparatistes, le Baloutchistan en l’occurrence, pour lancer des attaques terroristes dont le but est de déstabiliser le gouvernement récalcitrant :
« L’ambassade pakistanaise à Moscou a organisé le 23 mars une célébration de la fête du Pakistan qui a vu la participation du Dr. Jumma Khan Marri pour la première fois depuis sa défection du mouvement séparatiste baloutche le mois précédent, où il a soulevé d’importantes questions sur le soutien que ces groupes reçoivent de l’étranger alors qu’il parlait avec les médias. L’homme qui fut un partisan engagé de ce mouvement au point d’avoir lui-même conçu le drapeau séparatiste encore utilisé aujourd’hui, n’a ménagé aucun effort pour attirer l’attention sur les vérités suivantes, « politiquement incommodes ».
Comment se fait-il que des terroristes comme Brahamdagh Bugti, Hyrbyair Marri et Mehran Marri soient autorisés à diriger leurs organisations, BRA, BLA et UBA, depuis le Royaume-Uni et la Suisse ? Pourquoi les médias internationaux sont-ils si calmes au sujet de ces soi-disant leaders baloutches qui mènent des activités terroristes au Pakistan tout en jouissant d’une vie luxueuse en Europe ?
Le patriote pakistanais faisait allusion à la présence de ces trois séparatistes-terroristes baloutches en Europe malgré une approche soi-disant de « zéro-tolérance » du continent à l’égard du terrorisme, qui n’a jamais été qu’un slogan creux mais dont on prouve sans aucun doute aujourd’hui qu’il n’est qu’un mensonge. Brahmdagh Bugti, le jeune fondateur et leader du « parti républicain baloutche », avait auparavant demandé l’asile politique en Suisse mais sa demande avait été refusée en raison de ses liens avec « des incidents de terrorisme, de violence et des activités militantes ». »
« La plupart des médias internationaux mentionnent l’attentat de samedi qui a touché l’hôtel Pearl Continental de Gwadar comme ayant été mené par des « hommes armés » ou des « militants », alors qu’il s’agit bel et bien de terroristes ; la BBC signale qu’ils ont choisi leur cible pour tuer des investisseurs chinois et d’autres nationalités.
On assiste ici de nouveau à une pratique du « deux poids, deux mesures » où les attentats terroristes « politiquement corrects » se voient qualifiés en « fusillades » ou en « actes militants », et les actions de résistance « non politiquement correctes » sont dénommées « terrorisme ».
Plusieurs terroristes ont essayé de débarquer dans l’hôtel Pearl Continental, dans le port de Gwadar, terminus du Couloir économique Chine-Pakistan (CPEC) samedi après-midi, mais une tragédie de grande ampleur a heureusement pu être évitée, les services de sécurité ayant réussi à évacuer presque tous les clients. La BBC indique que l’« Armée de Libération du Baloutchistan » (ALB) a revendiqué la responsabilité de l’attentat, et cité l’organisation décrivant sa volonté de « cibler les investisseurs chinois et d’autres pays ». L’incident constitue un acte de terrorisme patent, à l’image des attaques très dévastatrices qui ont été menées le mois dernier contre plusieurs hôtels et églises au Sri Lanka, mais les médias internationaux font usage de leur « deux poids, deux mesures » habituel : la plupart d’entre eux décrivent les assaillants comme des « hommes en arme » ou des « militants », et ne les nomment pas pour ce qu’ils sont de fait : des terroristes.
La raison en est simple : cet attentat terroriste est « politiquement utile » aux USA et à l’Inde, du fait qu’il s’en est pris à des civils chinois et à des infrastructures dans le cadre de la Guerre hybride contre le CPEC ; et les deux pays alliés s’appliquent ensemble à appliquer une pression impressionnante sur l’espace médiatique mondial. L’objectif de l’attentat est évident : enrayer les investissements et les visites de la part d’investisseurs étrangers dans ce port, qui tient une place géostratégique très importante dans l’État pivot mondial qu’est devenu le Pakistan. »
Finalement, la pression US a eu gain de cause :
« Un tribunal pakistanais a condamné le chef de l’opposition Imran Khan à trois ans de prison pour des allégations de corruption, menaçant de retirer l’ancien Premier ministre populaire du pays de la politique avant les élections nationales prévues plus tard cette année. »
https://www.ft.com/content/f996b877-f5fd-4e0e-83f6-4f0ff4ad9a45
Et, comme le disait l’article de France24 en début de chapitre : « Le gouvernement pakistanais et le parlement ont été dissous mercredi 9 août, a annoncé la présidence, avant des élections qui selon les autorités pourraient n’être organisées que l’an prochain ». Ce sont donc les Etats Unis, par l’intermédiaire de l’armée pakistanaise, qui vont décider de la politique étrangère pakistanaise jusqu’à au moins l’an prochain.
***
Après le Golfe Persique et le Pakistan, passons donc à ce petit pays tellement inconnu, le Kyrghyzstan, qu’il a fallu que je m’y prenne à deux fois pour l’écrire correctement 😉 :
« Cette semaine, le sénateur américain Bob Menendez (D-N.J.), président de la commission sénatoriale des affaires étrangères, a envoyé une lettre au président de la République kirghize concernant les allégations selon lesquelles le Kirghizstan aurait aidé la Russie, ou ses mandataires, à échapper aux sanctions internationales imposées en réponse à l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie. Le président a souligné que ces allégations ont été formulées dans un contexte de recul démocratique généralisé et a exhorté le président Japarov à prendre des mesures pour inverser la tendance.
« Depuis le début de la guerre, le Kirghizstan a considérablement développé ses activités d’import-export avec la Russie. Dans le même temps, l’absence d’application de la part de votre gouvernement ou, pire, la facilitation complice du commerce avec la Russie de produits impliquant des sanctions, tels que les drones, les pièces d’avion, les accessoires d’armes et les circuits, permet apparemment à la Russie d’échapper aux sanctions internationales », a écrit le président. « Je demande instamment à votre gouvernement d’enquêter immédiatement sur ces graves allégations d’évasion des sanctions et de mettre en place des processus plus fiables et plus robustes pour empêcher le flux illicite de marchandises à travers votre territoire.
« En outre, je crains que l’incapacité du Kirghizistan à respecter les sanctions internationales contre la Russie ne soit qu’un symptôme de son recul démocratique continu et de ses violations généralisées des droits de l’homme », a poursuivi le président. « Votre gouvernement a affaibli les institutions, violé à plusieurs reprises les droits des journalistes et des médias indépendants, harcelé les défenseurs des droits de l’homme et imposé des restrictions aux acteurs de la société civile. Autrefois phare de la démocratie en Asie centrale, la République kirghize s’est engagée sur la voie dangereuse de l’autocratie. Je vous demande instamment de lever toutes les restrictions imposées aux médias indépendants et aux journalistes, de libérer les défenseurs des droits de l’homme emprisonnés et d’abroger les mesures restreignant les libertés fondamentales telles que la liberté d’association. »
La relation Chine-Etats-Unis
Histoire de bien mettre en valeur aux yeux du reste de la planète le double standard de « l’ordre basé sur des règles » étasunien, un convoi conjoint de navires militaires russes et chinois ont décidé d’exercer leur « liberté de navigation » au large des cotes de l’Alaska, reprenant l’argument de l’US Navy quand elle navigue dans le détroit entre l’ile Taiwan et la Chine continentale :
« Onze navires russes et chinois ont navigué près des îles Aléoutiennes, selon des responsables américains. Les navires, qui n’ont pas pénétré dans les eaux territoriales américaines et sont partis depuis, ont été suivis par quatre destroyers américains et des avions P-8 Poseidon.
“C’est une première historique“, a déclaré Brent Sadler, chargé de recherche à la Heritage Foundation et capitaine de la marine à la retraite. “Compte tenu du contexte de la guerre en Ukraine et des tensions autour de Taïwan, cette action est extrêmement provocatrice.” »
https://lesakerfrancophone.fr/quod-licet-iovi
Evidemment, Global Times n’a pas raté le coche :
« La troisième patrouille navale conjointe de la Chine et de la Russie, qui aurait atteint les eaux internationales près de l’Alaska la semaine dernière, a touché les nerfs des médias américains, qui ont qualifié ce voyage de « hautement provocateur », ignorant le fait que les États-Unis envoient constamment des navires et des avions de guerre aux portes de la Chine pour des exercices militaires et de reconnaissance rapprochée dans le cadre de la soi-disant liberté de navigation. »
https://www.globaltimes.cn/page/202308/1295829.shtml
Voici la traduction française de l’article du Global Times.
Et la traduction française d’un article d’un analyste étasunien sur la relation Chine-USA et les effets de la propagande anti-chinoise sur les esprits :
« Attirer la Chine dans un bourbier taïwanais est la première phase d’une stratégie d’endiguement plus large visant à préserver la première place des États-Unis dans l’ordre mondial tout en empêchant la Chine de devenir l’économie dominante de la région. Le plan comprend notamment des éléments économiques, cybernétiques et informationnels conçus pour fonctionner de concert avec le volet militaire. Dans son ensemble, la stratégie représente le meilleur effort de Washington pour revenir à l’âge d’or de l’ordre mondial unipolaire, lorsque les États-Unis fixaient l’ordre du jour mondial et que les États-Unis n’avaient pas de rival… »
https://reseauinternational.net/cible-chine/
Et cet autre article qui montre l’aspect biaisé de la propagande médiatique anti-chinoise :
« Ce dernier point est la critique la plus évidente du rapport Pew. L’agence a interrogé des adultes dans 24 pays ; il y a 193 États membres des Nations unies, ce qui indique qu’il n’y a pas de tendance mondiale sérieuse basée uniquement sur sa méthodologie. Il y a également un fort biais de sélection en faveur des pays à hauts revenus et des alliés américains. Toutefois, certains pays à revenus moyens et plus pauvres ont été interrogés et les données révèlent ce que beaucoup savent être vrai : le Sud global a une opinion largement favorable de la Chine.
Par exemple, l’enquête Pew a révélé que des pays comme le Kenya (72 %), le Nigeria (80 %) et le Mexique (57 %) ont une opinion favorable de la Chine, l’Inde étant l’exception qui a une opinion plus négative de la Chine. Étant donné que les pays les plus pauvres sont les bénéficiaires de la coopération bilatérale avec la Chine, notamment dans le cadre de l’initiative des Nouvelles routes de la soie menée par Pékin, il est naturel qu’ils aient une meilleure opinion de Pékin. Pew, cependant, n’a pour la plupart pas sélectionné de pays ayant une coopération stratégique de haut niveau avec Pékin. »
On parle beaucoup de la « guerre des puces » électroniques entre les Etats-Unis et la Chine mais peu de la « guerre des câbles » internet. Cet article explique ce qu’il en est et où nous même une telle « guerre » :
« Près de 1,4 million de kilomètres de fibres à enveloppe métallique sillonnent les océans du monde entier, acheminant le trafic internet de manière fluide dans le monde entier. La fourniture et l’installation de ces câbles sont dominées par des entreprises françaises, américaines et japonaises.
Le gouvernement chinois a commencé à pénétrer avec succès le marché mondial, mais les administrations américaines successives ont depuis lors réussi à exclure la Chine de vastes pans de ce marché. Cela s’expliquerait semble-t-il par des craintes d’espionnage et des inquiétudes quant à ce que Pékin pourrait faire pour perturber les actifs stratégiques exploités par des entreprises chinoises en cas de conflit.
Bien qu’elles soient régulièrement exclues des projets internationaux de câbles sous-marins impliquant des investissements américains, les entreprises chinoises se sont adaptées en construisant des câbles internationaux au profit de la Chine et d’un grand nombre de ses alliés.
Cette situation fait craindre une scission dangereuse entre les propriétaires et les gestionnaires de l’infrastructure qui sous-tend le web mondial. »
https://www.les-crises.fr/cables-sous-marins-comment-les-etats-unis-evincent-la-chine-de-l-internet/
Partant de ce constat de création de blocs, cet analyste italien analyse la contradiction mondialisation/démondialisation qui scindent la société marchande occidentale qui, jusqu’à récemment, était celle qui poussait à la mondialisation :
« En synthèse, le cadre offert par les faits décrits ci-dessus démontre que l’affrontement géopolitique et stratégique avec la Russie et surtout avec la Chine se caractérise par une contradiction à l’intérieur des USA (mais aussi de l’UE) qui se creuse de plus en plus : contradiction entre les forces politiques mais aussi économiques tendant à produire la fragmentation du marché mondial, autrement dit la dé-mondialisation, et les forces politiques et économiques qui tentent de défendre l’unité du marché mondial, autrement dit la mondialisation. Pour le moment il semble que ces forces s’équilibrent. »
L’Ukraine
La « presse système », comme la nomme De Defensa, est bien embarrassée pour annoncer à ses lecteurs que, malgré tout ce qu’elle prétendait depuis le début de cette guerre, les russes ne sont finalement pas vaincus, ce serait même le contraire :
« On commence par un article de CNN (du 8 août) qui a eu beaucoup d’échos. Plein de précautions de langage, de phrases farcies de conditionnels, de verbes et d’expressions tels que “sembler” et “il se pourrait que”, il présente “sobrement” le naufrage des dernières illusions du simulacre que fut le conflit en Ukraine aux origines de l’affrontement, – lorsqu’il n’était pas insensé ni obscène, vous vous en rappelez, de prévoir que l’armée ukrainienne irait jusqu’aux murs de Moscou, à la poursuite d’une armée russe débandée, incompétente, armée de pétoires et de guenilles d’un autre temps.
Ainsi commence l’article de CNN : »
https://www.dedefensa.org/article/honnetete-et-franchise-de-la-pressesysteme
Dedefensa fait référence à la presse étasunienne mais cet article de RFI lui aussi montre un net changement de ton :
« Après plus de deux mois de contre-offensive ukrainienne et à l’heure où des Occidentaux sous couvert d’anonymat commencent à faire part de leurs doutes, pour la Russie, le verdict est déjà tombé : il n’est plus possible pour Kiev de renverser le cours des événements. Aujourd’hui, l’armée russe s’enorgueillit de ses atouts qui lui ont permis de tenir le choc, en particulier les drones. »
Maintenant que l’armée ukrainienne est bien affaiblie, la Russie en profite pour lancer l’offensive :
« Dans le nord-est, autour de Kupyansk, les Russes ont lancé leur propre offensive qui a mis les Ukrainiens en fuite. L’Ukraine a ordonné l’évacuation de la zone :
Une évacuation obligatoire a été ordonnée pour la ville ukrainienne de Kupyansk et ses environs, alors que la Russie intensifie le pilonnage de la région de Kharkiv, au nord-est de l’Ukraine, et a affirmé, jeudi, avoir capturé des positions ukrainiennes près de la ville.
Mais Kupyansk est une ville peuplée de russes et les habitants refusent de la quitter.
La campagne russe s’accélère lentement. Comme le rapporte le site ukrainien Strana.news (traduction automatique) :
En Ukraine aussi, on enregistre que de Kupyansk à Bakhmut, la Russie a augmenté le nombre d’attaques. »
https://lesakerfrancophone.fr/ukraine-sitrep-la-fin-de-la-contre-offensive
Ce rapport du Oakland institue explique en partie pourquoi l’Occident ne veut absolument pas que la Russie reprenne la main en Ukraine :
« Les plus grands propriétaires terriens [en Ukraine] sont un mélange d’oligarques et de divers intérêts étrangers – principalement européens et nord-américains, y compris un fonds d’investissement privé basé aux États-Unis et le fonds souverain d’Arabie Saoudite. À l’exception d’une seule, les dix plus grandes sociétés foncières sont enregistrées à l’étranger, principalement dans des paradis fiscaux tels que Chypre ou le Luxembourg. Même lorsqu’elles sont dirigées et encore largement contrôlées par un oligarque fondateur, un certain nombre d’entreprises sont entrées en bourse et des banques et des fonds d’investissement occidentaux contrôlent désormais une part importante de leurs actions…
La plupart de ces entreprises sont fortement endettées auprès d’institutions financières occidentales, en particulier la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Société financière internationale (SFI) – la branche de la Banque mondiale consacrée au secteur privé. Ensemble, ces institutions ont été les principaux bailleurs de fonds des entreprises agroalimentaires ukrainiennes, avec près de 1,7 milliards de dollars US à seulement six des plus grandes entreprises foncières ukrainiennes au cours des dernières années…
Ce financement international profite directement aux oligarques, dont plusieurs sont accusés de fraude et de corruption, ainsi qu’aux fonds étrangers et aux entreprises associées en tant qu’actionnaires ou créanciers. Pendant ce temps, les agriculteurs ukrainiens ont dû travailler avec des terres et des financements limités, et nombre d’entre eux sont aujourd’hui au bord de la pauvreté. Les données montrent que ces agriculteurs ne reçoivent pratiquement aucun soutien, comparé aux agro-industries et aux oligarques. 4 Le Fonds de garantie partielle de crédit mis en place par la Banque mondiale pour soutenir les petits agriculteurs ne s’élève qu’à 5,4 millions de dollars, une somme négligeable comparée aux milliards de dollars alloués aux grandes entreprises agroalimentaires.5 »
Mais, racontent les médias et nos dirigeants, le monde occidental s’est lancé dans la bataille pour « sauver la démocratie ukrainienne »
A lundi prochain.
Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien.